Chapitre 14

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PDV Wyatt Prescott


Qu'importe dans quelle direction j'allais, tout me paraissait identique. Il n'y avait pas âme qui vive. Je n'avais même pas aperçu un seul animal aux alentours. Sur le chemin, je vérifiais de nombreuses fois les blessures de Rébecca. L'une d'elles me préoccupait un peu. Toutefois, même si la blonde n'était pas très en forme, elle avait repris connaissance, ce qui me rassurait grandement. J'avais passé environ une bonne heure de marche avec elle sur mon dos. L'épuisement se faisait de plus en plus sentir dans mes membres. Je n'étais pas un gringalet mais je n'étais pas Musclor non plus. J'avais mes limites. Je m'arrêtais trente secondes pour reprendre mon souffle. Ce fut à cet instant que je l'entendis : le ruissellement de l'eau. Nous ne devions plus être très loin. Regonflé à bloc par ce simple son, je repris la route. Après avoir passé un pont en pierre, j'aperçus enfin la cabane. Je puisais dans mes dernières forces pour clôturer les quelques mètres qui nous séparaient de notre planque.


De plus près, cette cabane s'avérait être, en réalité, un chalet en bois. De l'extérieur, il ne payait pas de mine. Le bois n'était pas entretenu et certaines planches étaient en mauvais état. Du lierre et de la mousse ornaient la bâtisse, reprenant ses droits sur la création des Hommes. Toutefois, elle ne paraissait pas inhabitée. Elle avait un air de vieux chalet à moitié rafraîchi. J'avançais lentement, grimpant une à une les quelques marches du perron. Je fixais le sol, regardant avec beaucoup de précaution où je mettais les pieds, de peur de passer à travers le plancher. Devant la porte, je tentais, sans grand espoir, de tourner la poignée. Étonnamment, elle s'ouvrit par miracle comme si elle m'invitait à y entrer. Toujours avec des yeux ébahis, je découvris l'intérieur, balayant la décoration du regard. Je rentrais, refermant la porte derrière moi. Je trouvais la chambre et je déposais délicatement Rébecca sur le lit. Elle était en sueur et arborait un teint livide. Je fouillais toutes les pièces de la petite maisonnette, espérant mettre la main sur une trousse de secours. J'en trouvais une assez rapidement dans la salle de bain. Elle contenait tout ce dont j'avais besoin. De retour dans la chambre, j'enlevais ma veste et me remontais les manches.


« Il fallait le dire tout de suite si tu voulais me faire un strip-tease ! plaisanta-t-elle d'une voix faible. »


Cette fille était vraiment pas croyable. Dans son état actuel, elle arrivait encore à trouver le moyen de se moquer de la situation. Je secouais la tête, désespéré.


Avant de commencer, je me désinfectais les mains et enfiler une paire de gants en latex. Je découpais son t-shirt noir afin de regarder plus en détail l'état de ses blessures. L'épaule n'avait qu'une éraflure. Je nettoyais et pansais la blessure. Ensuite, je me concentrais sur son abdomen. Je voyais un point d'entrée mais pas de point de sortie. C'était bien ce que je craignais, la balle n'était pas ressortie. Je pris la paire de pinces hémostatiques et m'attelais à sa recherche. Après plusieurs secondes qui me parurent interminables, je finis par la trouver et à l'extraire. Rébecca avait fini par succomber depuis longtemps à la douleur et était retournée dans l'inconscience. Je désinfectais, recousis la plaie et je finis par bander tout ça. La chambre s'était en quelque sorte transformée en bloc opératoire. Il y avait du sang partout. Je pris soin de tout nettoyer. Je recouvris Rébecca avec un plaid trouvé dans l'armoire.


Une bonne heure s'était écoulée maintenant. J'avais réussi à trouver des vêtements de rechange pour Rébecca et pour moi. J'en avais également profité pour me doucher rapidement et prendre le temps de visiter plus amplement le chalet. L'intérieur me laissait sans voix. Alors que l'extérieur laissé à désirer par son abandon visible ; l'intérieur était, quant à lui, très spacieux et magnifiquement décoré. Une ambiance chaleureuse et cosy y régnait, provenant d'une décoration à la fois rustique et moderne. Une fine couche de poussière recouvrait les meubles et quelques toiles d'araignée venaient agrémenter les murs. La demeure donnait l'impression d'attendre patiemment le retour de son propriétaire. En continuant mon inspection, une porte attira mon attention. Elle n'était pas totalement différente des autres. Au contraire, elle était identique, sauf sur un point : sa fermeture. Toutes comportaient une serrure basique alors que celle-ci était cadenassée. Que venait faire une porte verrouillée ainsi au milieu de nulle part ? Que pouvait-elle bien renfermer ? La curiosité l'emportant sur la raison, je sortis mon précieux kit de crochetage. Je m'approchais et admirais le cadenas sous toutes ses coutures. Les serrures représentaient pour moi un défi, une tentation à laquelle je ne pouvais pas lutter. C'était mon péché mignon. Je m'attelais à la tâche et en deux ou trois cliquetis, l'affaire était jouée. Dans un grincement de porte, je découvris progressivement un autre monde que celui de ce chalet. Il s'agissait d'un monde que je ne connais que trop bien. Devant moi, disposaient telles des œuvres d'art, se tenaient des armes en tout genre. J'avais l'impression de me trouver dans un musée tellement il y en avait de toutes sortes. J'en effleurais quelques-unes du bout des doigts, comme si c'était de la porcelaine. Je m'apprêtais à en prendre une en mains lorsqu'une voix féminine m'interrompit. Sa réaction fut semblable à la mienne. Nous étions tous deux surpris par cette découverte.


« La dernière fois que j'ai vu autant d'armes différentes en même temps c'était... sembla-t-elle réfléchir. C'était jamais en fait ! finit-elle par répliquer, perplexe.

En temps normal, je dirais que la personne qui vit ici est complètement malade ! Mais là, tu vois ! Je suis soulagé d'avoir trouvé cet endroit ! J'espère juste que le mec ne fait pas que collectionner ses armes et qu'il y a des munitions quelque part ! Parce que je t'avouerais qu'il ne me reste plus qu'un seul chargeur et que toi, tu es à sec ! Donc on ne risque pas d'aller bien loin ! »


Je fouillais dans les diverses armoires de cette "armurerie" et comme je m'y attendais, je ne trouvais absolument rien. C'était bien la peine d'avoir autant de joujoux et de ne pas pouvoir s'en servir. J'étais dépité et ma frustration était à son comble. Je m'apprêtais à retourner dans le salon lorsque je remarquais que Rébecca ne me suivait pas. Elle continuait de parcourir de long en large, d'inspecter les moindres recoins et de sonder chaque objet de cette pièce. Elle s'arrêta finalement devant un tableau représentant une forêt. Ce tableau semblait l'intriguer. Je le remarquais aux tics qu'elle avait lorsqu'elle trouvait quelque chose de bizarre. Elle se touchait le lobe de l'oreille et son front se plissait. Et c'était exactement ce qu'elle faisait à l'instant.


« Tu ne trouves pas ça bizarre ? me fit-elle remarquer, en désignant le tableau.

Qu'est-ce que je devrais trouver de bizarre ?

Le tableau !

Je ne vois pas où tu veux en venir ! Il est très bien ce tableau ! objectais-je.

Tu le fais exprès ou quoi ? rétorqua-t-elle, exaspérée, levant les yeux au ciel. Regarde autour de toi ! En dehors de ce tableau, tu vois d'autres objets décoratifs ? »


Elle ne me laissa pas le temps de répondre, qu'elle était déjà repartie dans la contemplation de ce fameux tableau. Je devais bien admettre qu'elle n'avait pas tort. Après une trentaine de secondes où je la regardais faire, je vis le tableau s'ouvrir comme on ouvre une armoire. Derrière, un coffre-fort fit son apparition. Rébecca me laissa l'honneur de m'en occuper. Comme pour la serrure, je ne mis que quelques instants. Rien ne pouvait me résister. À son ouverture, on découvrit avec soulagement les munitions. Mais il n'y avait pas que ça. Plusieurs liasses de billets et plusieurs passeports y étaient entreposés.


« Je te jure que si tu nous as emmenés dans l'entre d'un tueur à gages, je t'étripe Wyatt ! »


Je fis abstraction de sa menace et je pris les balles dont on pouvait avoir besoin. On ne pouvait pas rester éternellement cachés ici. Les hommes de mon frère allaient finir par nous retrouver. On devait retrousser chemin et prendre Ezra de court. Il ne s'attendra certainement pas à voir son pire ennemi arrivé. Et encore moins me voir. Il avait beau être mon frère, je ne le reconnaissais plus. Il n'était plus lui-même. Je voulais en finir avec tout ça. Ça n'avait que trop duré. Rébecca était à peu près en état de riposter. Je l'aidais à enfiler une veste lorsque, soudainement, la porte s'ouvrit. Nous retrouvant face à des armes pointées sur nous.

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