La coiffe de naissance - Alan Moore

6 minutes de lecture

 Tout le monde connait Alan Moore. C’est le génial auteur de V pour Vendetta, Watchmen, la ligue des gentlemans extraordinaire, from hell…(il a conchié les films, lisez les livres)  Plus récemment, il a écrit le merveilleux Jérusalem un pavé de plus de 1000 pages à la densité si immense que le lire coupe le souffle et rompt les mots. En 2014, il a annoncé cesser d’écrire des comics pour ne faire qu’écrire des romans, sa plume était d’une beauté rare, la transition est réussie.
 Avant d’aller plus loin, je précise que je n’ai pas tout lu de lui, je n’ai pas encore achevé Jérusalem et Nécrénomicom traine quelque part dans ma bibliothèque. Mais je compte bien vous parler de chacun de ces titres quand j’aurais le temps.
 Parlons un peu de l’auteur, vite fait, comme ça, avec les adjectifs qui lui plaise. Britannique, bien sûr, païen inconditionnelle (il vénère Glycon), végan, anarchiste, antiautoritaire, anticléricale, hédoniste si ce n’est pornographe, magicien. C’est un personnage à part entière, un de ceux qu’on appellera Monsieur dans quelques siècles pour son apport à la littérature.

 Mais si je vous parle de lui aujourd’hui, c’est pour la dernière claque qu’il m’a mise, un revers du droit direct sur le cœur et qui m’a aidé à avancer : La coiffe de naissance. Un de ces rares textes autobiographique.

 Je vais prendre ici le résumé de babelio pour vous le présenter qui est assez adapté.

Alan Moore commence son récit par la mort de sa mère, quelques mois avant le spectacle. Il retrouve dans les affaires de la défunte un « birth caul », ou coiffe de naissance, morceau de membrane de la poche des eaux recouvrant parfois la tête des nouveaux nés. Impressionné par cette découverte, il confère à l’objet des propriétés magiques. C’est le point de départ d’une superbe réflexion sur la mémoire et l’enfance. Il suit les tracés visibles sur la coiffe pour remonter le temps et sa propre histoire, depuis le présent, jusqu’à sa naissance, donnant ainsi sa vision du monde, décrivant les liens entre la magie, l’enfance et la trame du temps.
 Ce roman graphique, c’est une poésie mise en image par celui qui avait dessiné from hell avec ce même scénariste. Et c’est un livre qui change a vie, qui narre cette violence superbe qu’est l’existence, cette douleur de chaque instant d’où exsude la poésie. On y parle de mort, de sexe, de joie, de larme en fait de tout. C’est un roman graphique qui s’inscrit dans notre cœur et qui s’y niche, comme un feu pour les jjour d’orage, une promesse de souvenir pour ceux qui sont trop seuls trop longtemps.

 Je vais finir cette critique en vous invitant à la lire par quelques extraits issu d’internet, je n’ai malheureusement pas mon exemplaire sous la main. J’ajouterais une ou deux planche égaement.

Trouvez le, achetez le, volez le. Mais aimez cette œuvre.

Elle fait partir des livres qu’il faudra sauver quand le monde disparaitra.

 Quelques extraits

Au dessin d'adord, l'extraordinaire trait de campbell qui apporte à l'œuvre une maturité et une beauté innaltérable. (bon, vu que c'est pas possible d'insérer des images, copiez les liens, déso)


http://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L450xH667/La-coiffe-182-139a9.jpg?1469029312

http://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L450xH667/La-coiffe-311-0ca01.jpg?1469029312

 Et maintenant des extraits textes (babelio encore une fois, j'ai pas le livre à côté)

La coiffe de naissance est un filament de spores, une piste de miettes de pain qui nous guide et nous ramène en arrière, nous fait redescendre la colline des singes vers le creux de la vallée et le marécage en contrebas

***

 Là, sur l’oreiller adjacent, décomplexée et démasquée par le sommeil, la figure à laquelle nous espérons nous ajuster, partenaire choisie comme pour une danse qui ne durera pas. Ce mélange de réflexe social, de circonstances et de besoin, que nous pouvons prendre pour de l’amour. Une pyrite du cœur.
Nous nous acharnons à jouer le mieux possible au papa et à la maman, et dans cette joyeuse imitation de vraies pièces et de vraies personnes, une partie de nous attend l’arrivée de nos parents venus nous ramener à la maison, qui mettront fin au jeu mais à présent, il est tard et ils ne sont toujours pas là.

***

 Il y a les filles dont on est amoureux et que l’on ne touche jamais et à qui l’on parle à peine, on ne fait qu’effleurer leurs pull-overs en rang pour la prière, nos passions étant trop profondes et trop graves pour jouer à se poursuivre et à s’embrasser. Même leurs noms sont faits pour être aimés, syllabes enchantées évoquant parfaitement leur présence parfaite. Dans nos pensées qui coulent comme l’eau des robinets, nous les tournons et retournons, et dans le dedans de nos bouchons, nous les murmurons. […] Nous les aimons et n’imaginons pas que quelque chose d’autre fût requis. Un jour nous espérons les sauver.

***

 Jour un mamie elle est morte et juste d’y penser c’est presque maintenant.
 Jour un papa et maman morts et c’est maintenant on pleure et on pleure.
 Et jour un est une chose pire que nous pas peut penser et pleure et pleure et pleure et c’est maintenant et c’est maintenant.

***

 La coiffe de naissance, petit à petit déployée, est un lambeau fragile, un planisphère perdu qu’il va falloir reconstituer à partir de fines traces, lignes aussi minces et hésitantes que des veines. Cette délicate membrane dresse la carte d’un continent monstrueux et oublié, chaque vive éclaboussure de sang maternel y est un archipel. C’est une carte postale froissée, égarée par la poste, en provenance d’une nation disparue, son message rédigé dans une antique écriture difficile à déchiffrer. La coiffe de naissance documente une Atlantide personnelle, un temps du rêve d’avant l’apparition de la parole, un état chamanique naïf riche de totems abandonnés ; une danse oubliée autour du feu ; les flamboyantes signatures de démons médiévaux à demi apparentes à travers les sinuosités des graffitis à la craie sur le mur d’une cour de récréation. L’obscurité sans réconfort.

***

 De furtifs coups d'oeil inquiets par-dessus nos épaules pour vérifier si nous avons assez de place pour reculer devant les horreurs de la société en même temps que nous les dénonçons.

****

 Dix-sept ans […]
 Tout est possible. Un glorieux potentiel tout au fond de nos poitrines. Rien n’est décidé pour l’instant. Nous pourrions encore être n’importe qui.

***

 Vingt ans à peine, avec des chaussures de catalogue et des visages empruntés, nous faisons nos premiers pas dans le palais du rire, dont le sol se dérobe. Nous sommes maladroits au début mais, rapidement, nous adoptons la démarche requise, un cake-walk paraplégique presque gracieux en comparaison des rythmes de la société.
 Nous achetons de vieilles voitures, de nouveaux habits, nous prenons bien garde à ne pas nous attarder sur les rares sentiments de malaise.

***

 Ces journées vides, ces inconnus dans le miroir de la salle de bains, grimaçant de douleur, ou affaiblis. Nous nous sommes trop éloignés de quelque totem vital, un objet essentiel pour nous que nous avons égaré et vers lequel nous devons retourner en suivant un poil de sens, guidés par quelque ancienne carte tachée de sang.

***

 La coiffe de naissance documente une Atlantide personnelle, un temps du rêve d'avant l'apparition de la parole...

****

 Les véritables matières au programme sont la ponctualité, l’obéissance et l’acceptation de la monotonie, tout ce dont nous aurons besoin plus tard dans la vie.
 Une thérapie indirecte par aversion pour nous guérir de notre soif d’information et nous conditionner à associer par la suite indolence et plaisir. Nous confondons la rébellion avec une coupe de cheveux.

 Alors après tout ça, pourquoi le lire. Pourquoi mettre 20€ dans un roman graphique étrange et mélancolique. Parce qu'il a la force des grands romans. La coiffe de naissance c'est un monologue poétique, c'est une ode à la vie, une ode à ses souffrances, un chant pour être, un cri pour exister, et un murmure pour demeurer.
 Et ce murmure, il m'a permis de pleurer, il m'a permis d'aimer à nouveau, il m'a permis de comprendre qu'Alan Moore n'avais pas que créer des super héros iconique d'une génération, il a créé une oeuvre qui réponds au siècle et à sa question lancinante. Sans sens, on ne répond que par cliché. Sans but, on erre dans notre quotidien.
Sans vie, on existe dans le coeur de ceux qui nous ont aimé.

 Avec ce roman graphique, d'abord monologue de théatre, Alan Moore a montré qu'il était un grand auteur. Il a même fait mieux. Il a démontré que c'était l'un des auteurs majeurs de la transition entre nos deux millénaires

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