Chapitre 4

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La salle d’attente est pleine, oui.

Pourquoi ça me surprend autant, au fait ? Maëlle a une famille, après tout. Une famille qui l’aime, la chérit et désire plus que tout qu’elle revienne parmi nous. Même si j’ai tendance à l’oublier, je ne suis pas la seule à la connaître par cœur.

C’est ça le problème avec l’amitié. Ça nous rend égoïstes.

Et mon égoïsme me frappe en pleine gueule tandis que je regarde, impassible, ces parfaits inconnus me fixer en silence.

Je ne les connais pas, et pourtant, ils me semblent terriblement familiers.

Mes yeux se posent sur chacun d’entre eux comme pour les passer aux rayons X. Et sur chacun de leur visage, dans chacune de leurs expressions, je la reconnais.

La fossette qui creuse la joue de cette jeune femme blonde.

Les yeux bleus en amande de ce petit garçon.

Les boucles anglaises de cette trentenaire épuisée.

Les oreilles un peu décollées de l’homme brun et grand qui se tient près de la porte.

Elle est partout. Si elle était là, avec moi, je lui dirais : « Tu ressembles à ta tante. Ton petit cousin a les mêmes yeux que toi. Lui là-bas, c’est ton oncle ? Ça se voit aux oreilles. » Oui, voilà ce que je lui aurais dit. J’aurais même tenté une blague à deux balles du genre : « Pas de doute, tu n’as pas été adoptée ! »

Mais elle n’est pas là. Elle n’est pas là, puisqu’ils sont là. Je suis bel et bien seule, puisque tous me regardent de travers comme si j’étais une intruse.

Scruter ces gens me fait mal. Oui, ça me fait mal de les voir là, aussi différents les uns des autres et en même temps aussi semblables.

Je ne sais pas ce qui écorche le plus mon cœur : la savoir entre la vie et la mort ou supporter leur regard pressant.

Non.

Il y a autre chose qui serait pire que tout cela.

J’ai honte d’y penser, mais c’est vrai :

Le pire serait que l’un d’entre eux la réveille à ma place.

Oui, j’ai bien dit : « à ma place ».

Parce que s’il y a une personne qui doit la réveiller, c’est moi. Moi et personne d’autre. J’ai une dette envers elle qu’il est temps de payer. Elle m’a donné quelque chose, il y quatre ans, et je dois lui rendre la pareille.

Je sais, c’est atroce de penser ainsi, et même cruel. Cruel envers elle, envers ses parents, envers Bastien et Jules, la grand-mère, les tantes et les oncles.

Mais comment ne pas réagir ainsi dans une situation pareille ? Comment garder les pieds sur terre, ne pas devenir dingue et rester humain, tout simplement ?

Bastien me met une main dans le dos. Je le sens me pousser en avant, comme s’il voulait que je me bouge, que je fasse quelque chose comme tout à l’heure dans la chambre 47. Je vois les lèvres de Sabine bouger en silence. Elle nous présente aux inconnus, je pense. Mais je n’entends pas ce qu’elle dit. Je jette un coup d’œil à mes amis. Ils semblent la comprendre, eux, puisqu’ils esquissent un sourire poli à l’adresse de la famille de Maëlle.

Moi, je reste sourde.

Les regards ricochent sur moi sans que je les attrape pour les rendre à son propriétaire. Je m’enferme à nouveau dans le silence. Ça va finir par devenir ma spécialité. Alexia, la reine du silence.

Je ne sens même plus mes membres. Mes mains semblent engourdies, mes pieds figés dans le sol. Je ne peux plus bouger un muscle. Un vrai zombie.

Tout à coup, Bastien me ranime en me murmurant à l’oreille :

-Regarde ce qu’ils ont apporté.

Je fronce les sourcils sans comprendre. Puis je suis la direction de son regard.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine pour la centième fois aujourd’hui.

Il y en a partout.

Dans leurs mains pour la plupart, sur les genoux de certains, dans les sacs à main ouverts des autres. Les plus petits jouent avec, la vieille de tout à l’heure les tourne et retourne inlassablement dans ses mains ridées.

Ils sont là, eux aussi.

Les parcelles de souvenirs.

Des cadres à photo, avec Maëlle bébé souriant dans les bras de Sabine. Des jouets, des peluches ternies par les ans et les multiples passages dans la machine à laver. Des CD, aussi. Des posters d’acteurs américains au sourire factice et à la peau parfaite. D’autres objets dont je ne perçois même pas l’intérêt mais qui doivent avoir leur propre histoire. Des anecdotes, enfin, que je sens germer sur toutes les lèvres tandis que les yeux bleus, marron et verts se tournent vers la porte bleue de la chambre 47. Des souvenirs qui défilent dans leur tête, devant leurs yeux. Des voix, des rires qui se rappellent à eux constamment comme c’est le cas pour moi à chaque minute qui s’écoule.

Mais dans ces souvenirs, aucune trace de Bastien, Jules ou moi.

Nous n’existons pas. L’image qu’ils ont de Maëlle ne correspond pas à celle que nous nous sommes faite. Nous ne sommes même pas figurants dans le film qu’ils ont tourné avec elle. Tous se sont fabriqués des souvenirs auxquels nous n’aurons jamais accès.

Ces photos de Maëlle, je ne les ai jamais vues. Ces objets, elle ne m’en a jamais parlé. Tout comme je ne lui ai jamais touché un mot de mes premières peluches ou des stars que j’admirais petite.

A ma droite, une femme aux cheveux auburn tient dans ses mains une série de photos de Maëlle qui doivent dater de l’année dernière. Et, comme une voyeuse, je les regarde aussi par-dessus son épaule.

Et je contemple ces photos d’un monde où je n’existe pas. Où Maëlle ne pense pas à moi.

Ces photos d’une vie que je n’ai jamais vécue.

Et ce sont ces dernières pensées qui me font tourner le dos et courir dans le couloir en claquant la porte de la salle d’attente derrière moi.

Le sang bourdonne dans mes tempes. Mon cœur danse dans ma poitrine, se heurtant sans cesse à la paroi de sa prison. J’aimerais pouvoir le cracher, ce cœur, le vider sur le sol propre de l’hôpital comme on essore un linge. J’aimerais le vomir, encore et encore, jusqu’à ce que le poids qui pèse sur ma poitrine s’estompe enfin.

Des regards, à nouveau. Des regards qui s’accrochent à mon visage, à mes pieds, à mon corps tout entier tandis que je cours dans l’hôpital.

Mais je ne m’arrête pas.

Je cours toujours.

Je cours sans savoir où je vais.

Je cours sans savoir qui je suis.

Et, étrangement, ça me fait du bien. Même si ma poitrine menace d’exploser, même si mes jambes manquent de se dérober à chaque seconde, ça me fait du bien. Comme si, occupée à maintenir le rythme de ma course, ma tête se concentrait moins sur tout ça.

Je dévale des escaliers, prends à droite, puis à gauche, gauche droite, gauche droite. Me perdre dans ce labyrinthe de douleur rend la mienne un peu plus supportable.

Mon sac de survie martèle mes vertèbres en rythme. Pour la première fois, je sens le poids des ans peser sur mon dos. Il était tout léger, au début, ce sac. Maintenant, il me semble peser une tonne.

Mes jambes tremblent. La tête me tourne de plus en plus. Mon souffle égrène les secondes, comme si lui aussi voulait m’avertir du temps qui passe.

Le temps… Je l’avais oublié, celui-là.

Je finis par m’arrêter, le cœur à l’envers, au beau milieu d’un couloir. Un désagréable arrière-goût de sang rôde dans ma bouche. Haletante, je m’appuie contre le mur pour reprendre mes esprits.

En face de moi se trouve la salle de jeux réservée aux jeunes patients. D’ici, je peux entendre le rire cristallin qui s’échappe de leurs bouches jeunes et innocentes.  

Parce qu’ils rient, oui.

Malgré ce qui leur arrive, malgré le monde sans pitié dans lequel ils vivent, ils rient toujours, comme tous les enfants de leur âge.

Je me demande comment ils font.

-Alexia !

Encore. On ne peut pas me laisser tranquille ? Je me retourne avec un soupir. Jules se tient derrière moi, le souffle court. Comment a-t-il fait pour me retrouver au milieu des dédales de l’hôpital ? Peut-être qu’il m’a tout simplement suivie. Ça ne m’étonnerait pas de lui. Malgré son côté farceur et sa capacité à sortir deux blagues en quelques secondes, Jules s’inquiète toujours. Pour moi, pour Maëlle et Bastien, pour sa petite sœur qui vient à peine de naître. Pour tout le monde. Il se soucie  tellement des autres que, parfois, il oublie de s’occuper de lui-même.

Une fois arrivé devant moi, Jules me lance d’un ton autoritaire :

-Qu’est ce que tu fous ?

Bonne question. Je ne sais pas, Jules. Je ne sais plus rien.

Comment répondre à ça ? Tout à coup, j’ai envie de lui demander s’il ressent la même chose que moi. Cette impression constante d’être totalement impuissant, faible et sans armes pour se défendre. Pour la première fois, je réalise que je ne suis qu’une poussière dans l’univers. Une poussière ridicule, minuscule, qui peut être balayée à chaque instant. Voilà, c’est ce que je suis. Une toute petite partie de l’univers dont personne ne se soucie. Peut-être que c’est pareil pour lui. Si c’est le cas, on pourrait fonder la Ligue des Poussières de l’Univers.

Au lieu de ça, je me contente de lui adresser un faible :

-Pardon.

Il lève les yeux au ciel.

-Tu sais très bien que je déteste ce mot. Arrête d’être toujours désolée pour tout, Alexia. Je ne suis pas ton père !

-On n’a pas notre place ici, murmuré-je plus pour moi-même que pour lui. On devrait la laisser avec sa famille. De toute façon, on est des intrus pour eux. Ils doivent nous prendre pour les simples copains de virée de Maëlle. Mais on était plus que ça, n’est-ce pas ? On était importants pour elle, non ?

J’ai adopté un ton suppliant que je ne supporte pas. S’il me foutait une baffe, là, tout de suite, maintenant, je l’aurais bien méritée. Qu’est-ce qu’il me prend de réagir comme ça ? Je devrais être dans la chambre 47, auprès de Maëlle, comme je l’ai fait la semaine passée. Mais mon cerveau ne semble plus m’appartenir, désormais, comme s’il était détaché du reste de mon corps. Je commence réellement à perdre mes moyens. Je panique. Mon cœur est un signal d’alarme.

-Je sais, Alexia, déclare Jules d’un ton ferme.

Mes yeux quittent mes pieds pour se poser sur lui. Il poursuit :

-Bien sûr que nous sommes des intrus pour eux, au même titre qu’ils sont inconnus à nos yeux. Mais ils font partie d’elle, Alex. Ils l’ont élevée, éduquée. Les valeurs qu’elle porte, les passions qui l’animent, ce sont eux qui les lui ont transmises. Ils ont défini ce qu’elle est. Ils ont forgé son caractère. Ils ont crée Maëlle. On ne doit pas oublier ça. Alors, maintenant, on va monter la voir tous les deux. D’accord ?

Ses doigts se mettent à bouger délicatement, comme s’ils hésitaient à prendre doucement ma main ou au contraire saisir mon bras avec violence. Mais Jules ne bouge pas. Moi non plus.

Indécise, je reporte à nouveau mon regard sur la salle de jeux.

Toboggan. Cerceaux. Pâte à modeler. Effluves du steak-frites infâme de la cafétéria du premier étage. Des enfants, qui courent comme ils le peuvent dans cet espace confiné. On pourrait presque oublier l’odeur de produit désinfectant et le bip des appareils médicaux qui règnent dans le couloir comme une menace pesant sur ces jeunes enfants.

Leurs jambes frêles volent sur le parquet ciré. Certains, encore pleins d’énergie, sautent dans tous les sens tels des petits singes.  D’autres, trop fatigués pour jouer, se contentent de regarder leurs camarades en silence.

Comment font-ils, tous ? Ils sont tellement beaux, tellement angéliques malgré leurs pyjamas infâmes et leurs cernes gris. Ils me paraissent invincibles,  même si leur corps, pour certains, est sur le point de les lâcher.

Et soudain, je comprends. Je comprends ce qui fait la force de ces jeunes enfants. Et cette révélation m’illumine, m’émerveille. Un sourire se dessine sur mon visage.

La différence qu’il y a entre ces enfants malades et les autres patients plus âgés, c’est qu’ils ne se comportent pas de la même manière. Les adultes sont désabusés, ternis par l’âge et parfaitement réalistes sur ce qui les entoure. Les radios, scanners et autres examens médicaux font partie de leur quotidien. Certains s’y sont même habitués, je pense.

Pour les enfants, c’est différent. Je ne dis pas qu’ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. C’est faux. Je pense même que, dans certaines situations, les enfants sont plus intelligents que les adultes et comprennent certaines choses avant eux.

Non. La différence réside ailleurs. Ce qui rend ces enfants différents, c’est que, malgré tout ce qui les entoure, ils gardent un pied dans l’imaginaire. Ils s’octroient des moments féeriques, comme ceux-ci, où ils peuvent s’échapper de leur quotidien. Des jeux, des activités qui peuvent paraître dérisoires aux yeux de certains mais qui les rendent plus forts que jamais et leur apportent quelque chose dont chaque être humain, quelles que soient les épreuves qu’il doit endurer, a besoin :

De l’espoir.

Ils rêvent, ces enfants. Comme Peter Pan, son amie Wendy et les jeunes héros des films de Spielberg. Ils arrivent à croire à l’impossible, chose qu’un adulte ne peut plus faire.

Ils sont vivants.

Et je les admire.

Peut-être devrais-je les plaindre, comme ça doit être le cas de la plupart des gens qui passent près de cette salle de jeux et les regardent jouer avec un sourire triste. Mais non. Au contraire. Je les admire profondément.

Et ils m’en donnent. De l’espoir.

Alors, je me tourne vers Jules et, le cœur battant et le sourire aux lèvres, je le suis dans le couloir.

 

Quand nous parvenons au deuxième étage, Bastien nous attend devant la salle d’attente. Il sourit en me voyant. J’ouvre la bouche pour m’excuser de mon attitude de tout à l’heure, mais la referme aussitôt en croisant le regard espiègle de Jules.

-Le cortège est encore dans sa chambre, j’imagine, ironise ce dernier, la voix chargée d’humour noir.

Bastien lui lance un regard désapprobateur.

-Arrête, Jules, tu crois que c’est drôle ?

-Oh ça va, je plaisante. Faut bien désamorcer un peu la situation, non ?

Je demande d’un ton ferme, comme pour mettre fin à leur différent :

-Où sont Sabine et Victor ?

Bastien fait la moue, puis désigne du regard le couloir près de l’ascenseur. Je me retourne.

Ils sont là, en effet. Tous les deux. Face à face. Malgré la distance qui nous sépare, je peux voir distinctement les expressions de leur visage et leurs lèvres remuer en rythme.

Ils ne s’engueulent pas. Du moins, je ne crois pas. Ils ont l’air de parler calmement, ce qui est presque pire. Ils se tiennent raides l’un devant l’autre, sans un geste amoureux ou même amical. A les voir, comme ça, ils ressemblent davantage à deux inconnus qui se croisent au détour d’un couloir qu’à un couple marié.

Je regarde Sabine.

Son regard est froid, vide. Comme dénué de toute émotion. Lorsqu’elle prend la parole, ses lèvres remuent à peine, si bien qu’il est impossible de deviner ce qu’elle dit. Quant au reste de son corps, il semble porter avec difficulté les pensées lourdes qui obscurcissent sa tête.

Sabine, je n’ai jamais vraiment réussi à la cerner. Elle semblait toujours gaie, joyeuse, sans que rien ne paraisse obscurcir son bonheur. Je la revois encore, comme dans un songe, monter quatre à quatre les marches de l’escalier qui mène à la chambre de Maëlle. Parfois, j’enviais mon amie d’avoir une mère comme la sienne.

Mais, lorsqu’elle fumait sur le balcon ou jetait négligemment un objet quelconque sur le buffet de l’entrée, le regard de Sabine semblait se voiler, et elle s’enfermait alors dans un silence lourd et mélancolique dont personne ne pouvait la libérer. Elle pouvait être dure, aussi. Rien qu’un simple mot échappé de sa bouche sèche suffisait à me clouer sur place. J’ai toujours admiré l’aura, le charisme qu’elle dégageait sans s’en rendre compte. Sabine Cartier est une femme imposante, parfois froide, qui n’a besoin de personne pour se défendre, et tout cela la rend extrêmement fascinante.

-Elle est aigrie, me répondait Maëlle lorsque je lui parlais du mystère que suscitait sa mère. Elle avait beaucoup d’ambition à notre âge, et elle me répète souvent qu’elle n’a jamais réussi à mener la vie dont elle rêvait.

Une femme aigrie et perdue dans ses rêveries irréalisables. Voilà ce qu’est Sabine. Peut-être que c’est à cause d’elle que Maëlle s’inquiète autant pour son avenir. Parce qu’elle ne veut pas reproduire les mêmes erreurs que celle qui lui a donné la vie.

Mes yeux sont encore rivés sur le couple distant lorsque les proches de Maëlle sortent l’un après l’autre de la chambre 47. Aucun ne se regarde ni ne se touche.

Victor accourt aussitôt, son épouse sur les talons.

-Alors ? demande-t-il dans un souffle.

La femme blonde, qui doit être sa jeune sœur, secoue la tête.

-Rien. Pas un geste.

Sabine pâlit, comme si son corps entier s’était vidé de son sang.

Après un silence, la blonde se tourne vers nous et murmure d’une voix à peine audible :

-Vous pouvez venir la voir si vous le désirez, jeunes gens.

Je jette un coup d’œil à Sabine. Elle acquiesce de la tête.

Les garçons et moi nous dirigeons vers la chambre 47. En passant devant la blonde, Bastien lui glisse :

-Merci, Madame.

-Cassandre, rectifie-t-elle. Appelez-moi Cassandre.

Arrivée devant la porte, je pose la main sur la poignée de la porte. Je sens le souffle de Bastien s’accélérer, comme à chaque fois.

Soudain, une voix retentit dans le couloir :

-Alexia ! Bastien ! Jules !

Je me retourne. Un sourire naît sur mes lèvres.

-Pascal, murmuré-je.

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