JOURNAL D'ALBA, MAMAN

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Deux jours après mon installation, je décidai d'aller chercher ma mère, à Saint-Paul-de-Fenouillet. Elle avait quatre-vingt-deux ans et je ne voulais pas la laisser seule, mais elle avait refusé de venir. Elle préférait finir son existence dans la maison où elle avait passé toute sa vie.

J'aivais eu beau argumenter sur les difficultés d'approvisionnement, le risque d'agression, le manque de soins. Rien n'y avait fait. On avait pris le dîner dans sa petite cuisine en discutant. Je voulais qu'elle me parle de mon grand-père, mais rien non plus. Je pense qu'elle était déjà à moitié partie le rejoindre.

Finalement je l'avais embrassée et serrée dans mes bras...

— Maman, s'il te plaît …
— Non, Alba. Je reste chez moi. Prends soin de toi, ma chérie. Je t'aime.
— Moi aussi, maman.

Elle s'était endormie, bien installée dans son fauteuil. Repartie seule, j'avais pleuré pendant tout le trajet.

* * *

Nouvelle sortie de mon domaine pour aller récupérer tout ce qui serait utile à ma survie dans les mois à venir. C'était comme ça que j'avais trouvé le 4/4, dans la cour d'une ferme dont le propriétaire gisait face contre terre dans l'herbe. Il avait lâché ses bêtes : chèvres, vaches, poules etc... Les clés étaient sur le contact, le réservoir plein. La jauge de ma voiture était calée à fond, à gauche, annonçant la panne de carburant. Je n'avais pas hésité. Ce nouveau véhicule me plaisait bien !

J'avais pris un peu de vaisselle, du linge, des bougies, des outils, des stylos, du papier, tous les livres de jardinage qui étaient dans le salon, j'arrête l'inventaire.

C'était en revenant que je vis un homme blessé déboucher du sous-bois et dégringoler du talus. J'avais pilé, laissant une traînée de gomme sur la route et il avait rebondi sur le capot, avant de retomber dans l'herbe de l'autre côté. J'étais descendue en hâte, horrifiée à l'idée d'avoir tué quelqu'un, mais il se releva déjà en s'exclamant :


— Remontez dans la voiture ! Et ouvrez-moi la porte !

Dans sa voix et son regard il y avait une peur panique, quasi animale.

— Faut pas rester ici !

Sueur froide.

Il boucla sa ceinture et s'était laissé aller dans le fauteuil en soupirant un merci pendant que je passais la première.

C'est ainsi que j'ai connu Llordat, qui s'étonnait que je n'aie pas peur.

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