Le livre des morts (suite et fin)

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Il tendit à Alrick un manuscrit de prières confectionné avec des peaux. Après un bref coup d’œil, Alrick le passa à Philippe.

— Crois-tu que tu puisses déchiffrer quelque chose, au moins phonétiquement, de ce qui est écrit sur ce manuscrit ?

— Impossible que je lise quoi que ce soit, affirma Philippe en secouant la tête avec véhémence.

Le Nagspa comprit que Philippe ne pouvait pas interpréter les signes. Il en parut contrarié. Il fit une petite moue tout en se caressant le menton en signe de réflexion. De nouveau, il observait tantôt l’un puis l’autre à la recherche d’une solution. Enfin, il finit par déclarer :

— Cela n’a pas d’importance. Parmi le peuple très peu de gens savent lire, il vous suffira d’apprendre quelques prières par cœur. Nous avons encore quelques jours avant que nos chemins ne se séparent et je crois pouvoir réussir à vous apprendre plusieurs sortilèges qui devraient suffire à tromper la vigilance des paysans mécréants. D’ici là, je me ferai passer pour votre maître.

Alrick s’empressa d’expliquer à Philippe ce que l’on attendait de lui. Il était peu convaincu de l’efficacité de toute cette supercherie, mais l’enthousiasme d’Alrick le retint de formuler ses doutes.

— Ah, j’allais oublier…

Le nagspa prit un peu de cendre du brasero qu’il mélangea avec de l’eau et du beurre rance. Après avoir mélangé le tout dans un bol, il l’appliqua sur les cheveux et le visage d’Alrick.

— Voilà, ajouta-t-il, votre apparence est suffisamment répugnante pour que ceux que vous croiserez détourne le regard. Je vous suggère de ne pas vous laver. Votre odeur n’ajoutera que plus de crédit à votre personnage et détournera l’attention de ceux qui chercheraient à s’approcher de vous.

Philippe se jouait de ce retournement de situation alors qu’Alrick, ainsi travesti, recevait une belle leçon d’humilité. Car outre cet accoutrement grotesque, il lui fallait aussi jouer le rôle de son personnage, ce qui consistait entre autre, comme lui avait appris le Nagspa, à se moucher dans ses doigts, uriner en public dans une position semi assise et à se contenter de la nourriture qui restait après que « son maître et son élève» soient rassasiés.

Le chant d’un coq ramena la petite troupe à la réalité. Il fallait se dépêcher si elle voulait s’éloigner suffisamment du village avant que les habitants ne commencent à sortir de leur demeure.

— Je ne pourrai pas vous accompagner jusque là-bas mais je vous emmène jusqu’à la lisière de leur région XXX; Il y a plusieurs tribus dans ce monde, elles sont dirigées par des xxx. J’ai eu des problèmes avec l’un d’eux et risque la mort si je franchis leur territoire. De là, vous devrez alors voyager seuls, mais il n’y a qu’une seule route. Il vous faudra quémander et prétendre être un apprenti lama qui se rend à l’école de la Sagesse. En échange de quelques prières, vous devriez obtenir suffisamment de vivres pour vous deux.

 

Silencieux, le nagspa, Alrick et Philippe se mirent en route. Quelques oiseaux commencèrent à pépier annonçant l’arrivée du soleil. Un chien se mit à aboyer dans le lointain. Juste avant de partir le sorcier avait confié à Alrick un énorme ballot contenant ses affaires. En tant que Maître il se devait de marcher libre de toute entrave. Très vite, le Nagspa  marcha en tête, suivi de Philippe et enfin d’Alrick. Ce dernier, courbé sous le poids de son fardeau se laissa assez vite distancer. Philippe tenta de faire ralentir le sorcier mais celui-ci refusa catégoriquement d’adapter son pas. De temps en temps, Philippe se retournait pour s’assurer qu’Alrick suivait malgré la charge qu’il avait sur le dos et ce dernier lui faisait un petit signe de la main pour le rassurer.

Après deux jours de marche vers la vallée, ils arrivèrent enfin sur un terrain où la neige ne régnait plus en maitresse des lieux mais où la nature semblait déterminée à remporter la lutte. Ici et là quelques brins d’herbes, de la mousse sur la rocaille qui bordait le chemin et quelques arbres rabougris. Une longue route sinueuse à travers les rochers les précédait leur ouvrant la voie vers l’inconnu.

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