Le mariage (suite et fin)

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Il courut dans les escaliers, prêt à renverser quiconque se trouva sur son passage.

Lorsqu’il dénicha enfin un trousseau de clefs et regagna le sous-sol, l’eau lui arrivait cette fois jusqu’aux genoux. Il avança péniblement jusqu’à la cellule. Toutes les clefs se ressemblaient et il n’avait aucun moyen de trouver celle qui convenait sans les essayer toutes, pendant ce temps l’eau continuait de monter. Les mains d’Hakim tremblaient de rage de la voir ainsi. Finalement, une clef tourna dans la serrure et, tant bien que mal, il réussit à entrouvrir la porte en luttant contre le poids de l’eau qui constituait un obstacle. Il poussa de toutes ses forces afin d’ouvrir la porte suffisamment pour qu’il puisse passer. Adila avait les cheveux plaqués contre la figure. L’eau avait dû à un certain point la submerger et son instinct de survie avait été plus fort que tout, l’obligeant à se mettre debout. Trempée jusqu’aux os par l’eau des douves, elle grelottait les bras croisés dans une vague tentative de se réchauffer. De la voir ainsi, sa poitrine se remplit à la fois de joie, de peine et de rage.

La voie la plus sûre pour échapper du palais était le passage par les douves. Hakim envisagea donc un instant de sortir par là mais la jeune femme était bien trop faible pour nager en apnée sur une si longue distance. Il fallut donc se résigner à remonter.

Dans l’escalier, sur le palier le Massaké les attendait.

— Comment as-tu pu me trahir de la sorte ?

Il cracha ses mots, visiblement fou de rage que son propre fils pu lui tourner le dos. Contre le courroux du souverain, Hakim sentit que sa chance était de se soumettre et de feindre le repentir.

— Pardon père. Ce n’est pas contre vous que j’ai agi de la sorte mais par amour. Je l’aime, Adila est innocente, implora-t-il à genoux, sa promise toujours dans ses bras.

Cette attitude de soumission loin d’attendrir le Massaké lui fit éprouver un profond dégout.

— Ainsi elle t’a perverti. Tu n’es pas mieux que les autres. À partir de ce jour, je n’ai plus de fils. Il tourna le dos avant d’ajouter : Que l’on s’empare de ce traître et qu’il soit pendu sur le champ.

Les gardes ébahis par cette décision pour le moins inattendue et abrupte hésitèrent à obéir. Aussitôt les deux félins qui assuraient la garde du souverain se mirent à gronder de concert et s’avancèrent menaçants vers les gardes.

À la vue de leurs crocs acérés, ils s’exécutèrent aussitôt. Arracher Adila aux bras du Prince ne fut pas chose aisée car il refusait de la lâcher. Recroquevillé sur lui-même il la protégeait de toutes ses forces. Finalement, il s’écroula sous un coup plus violent asséné sur son crâne et Adila roula par terre comme une poupée de chiffon. Les gardes trainèrent le prince aux remparts. Pendant que l’on préparait le nœud qui allait lui enserrer la gorge, il regarda une dernière fois cette place qu’il avait parcouru tant de fois auparavant. Au moment où la corde lui enserrait le cou, Hakim remarqua la présence de son beau-père parmi la foule à ses pieds. Ses yeux s’élargirent de surprise et d’incompréhension. Etait-ce bien lui ou une simple hallucination ? Quoi qu’il en fût, sa présence le réconforta. Il se sentit en effet soulagé d’avoir l’espoir que quelqu’un put encore s’occuper d’Adila. Cette ultime pensée l’aida à quitter ce monde en paix alors que sous ses pieds se dérobait le sol lui brisant les cervicales.

La pluie n’avait toujours pas cessé et les quelques chalands encapuchonnés présents sur le marché s’approchèrent curieux de voir qui avait bien pu déchaîner la fureur du souverain. Quelle ne fut leur surprise de constater qui était en proie à la justice du Massaké. Avant même que la foule n’ait le temps de s’organiser pour protester, tout était fini. Le corps du jeune homme pendait mollement au bout de sa corde. Un des gardes s’approcha pour le détacher quand la voix du souverain retentit derrière lui.

— Halte.

Ses yeux exorbités de fureur, les veines de son cou gonflaient, les cheveux éparpillés par le vent, il semblait dément. Il se tourna vers les spectateurs du macabre spectacle et pesta contre les éléments qui s’étaient de nouveau déchainés en écartant les bras comme s’il prenait à témoin le ciel lui même :

— Que sa dépouille serve d’exemple à tous. Personne ne peut trahir ma confiance, pas même la chair de mon propre sang.

Il régnait un silence de mort parmi le peuple sous le choc, déjà profondément secoué par les drames de ces derniers jours. S’il avait compris la mise à mort de Zarhan, il restait incrédule face à cet événement incompréhensible.

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