La prison dorée (suite et fin)

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Pour éviter de le croiser, elle prit la direction inverse de celle de son fiancé. Soudain, quelqu’un l’attrapa par le bras et l’attira vers un coin sombre près d’une tente.

— Suivez-moi sans faire de bruit, murmura-t-on à son oreille.

Elle était effrayée mais ne pouvait demander de l’aide sans risquer d’être démasquée. Elle se trouva donc contrainte d’obtempérer.

Dans la pénombre, il lui était impossible de distinguer qui était son interlocuteur encapuchonné. Sans arriver toutefois à mettre un nom sur l’inconnu, elle était certaine de reconnaitre cette voix. Sa peur l’empêchait de réfléchir calmement et de mettre en ordre ses idées.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle en tentant de dégager son bras.

— Peu importe, j’ai un message de la part du marabout : « Ne faites rien qui puisse éveiller les soupçons.»

— Il est ici ? demanda-t-elle un peu trop fort soudain excitée à l’idée qu’il puisse être tout près d’elle.

Surpris par sa vive réaction, l’inconnu chercha à la bâillonner de sa main par crainte qu’elle n’attire les regards et la griffa légèrement au visage.

Adila poussa un petit cri de douleur.

— Pardonnez-moi Princesse. Je vous en prie, retournez au palais. Soyez rassurée, votre père a encore des amis.

L’inconnu disparut comme il était arrivé laissant Adila tremblante. Hakim avait peut-être raison de penser qu’elle se comportait encore comme une enfant. Elle avait bêtement mis sa vie en danger. Par chance cet inconnu ne lui voulait aucun mal, il l’avait même appelé Princesse ce qui avait éveillé en elle des émotions insoupçonnées. Elle ne pouvait pas s’empêcher toutefois de se dire qu’elle avait eu raison de prendre des risques et que même si son comportement n’était pas raisonnable cela en valait la peine. Son grand-père connaissait donc la situation. Comment avait-elle pu en douter ? Ragaillardie par cette nouvelle, elle essuya au mieux ses yeux et serra contre sa poitrine les oranges pour se donner du courage et affronter les gardes.

Elle attendit patiemment qu’ils furent occupés avec un petit groupe qui voulait visiblement entrer dans le Palais sans autorisation. Passant négligemment près d’eux, elle tendit le petit paquet au garde en grande conversation avec un charretier et, sans demander son reste, tenta de s’éclipser.

— Falda ! Attends, je vais te les payer.

Adila s’arrêta de nouveau, elle essayait de contenir sa peur mais elle ne pouvait empêcher ses mains de trembler. Tout espoir de passer inaperçue s’était évanoui. Elle ne pouvait qu’espérer que le garde se montre conciliant. Elle chercha rapidement une excuse qui pourrait justifier la position dans laquelle elle se trouvait mais rien ne lui venait en tête de plausible.

Hakim arriva derrière elle sans qu’elle ne le remarque. Il l’empoigna avant que le garde ne soit trop près pour la reconnaître et la tira violemment vers le palais en criant afin que le garde l’entende :

— Vous êtes censée rester avec la princesse, elle vous cherche partout.

Elle le suivit sans rien dire ne sachant pas s’il avait découvert sa supercherie et qu’il la tirait d’affaire ou s’il la prenait vraiment pour la domestique. Alors qu’il l’emmenait tout droit vers sa chambre sans la lâcher. Elle comprit alors par sa façon de la tenir, ferme mais sans intention de la blesser, qu’il savait très bien qui elle était.

Hakim ferma la porte derrière lui et se retourna vers elle, visiblement fou de rage. Elle comprit immédiatement que sa meilleure tactique serait d’éviter l’affrontement et surtout de ne pas parler du véritable motif de sa sortie.

— Qu’est-ce qui t’a pris de sortir du palais sans m’en parler ?

— Je suis désolée, je n’ai pas réfléchi. Je ne suis qu’une petite sotte. Mon petit frère me manquait et je suis allée lui rendre visite.

Les larmes qui coulaient le long de ses joues calmèrent le prince qui la prit dans ses bras pour la consoler.

— Pardonne-moi de m’être mis en colère. J’oublie parfois comme cela doit être difficile pour toi d’être séparée de ta famille.

— Tu ne m’en veux pas trop ? Ses grands yeux noirs plein d’espoir le firent chavirer.

— Non, mais promets-moi de ne pas retenter une telle folie. Il s’approcha davantage d’elle et remarqua la petite blessure qu’elle avait sur la joue. Comment t’es-tu griffée de la sorte ?

Adila posa instinctivement sa main sur son visage et se rappela en rougissant violemment comment l’inconnu avait dû la faire taire.

— Je l’ignore, bredouilla-t-elle.

Elle lui cachait visiblement une information mais il décida de ne pas l’interroger davantage si elle ne voulait pas en parler.

— Si quelqu’un te voulait du mal, tu m’en informerais aussitôt, n’est-ce pas ? demanda-t-il avec douceur.

— Bien sûr, concéda-t-elle en se blottissant dans ses bras.

Par tous les sages réunis, comment un homme peut-il résister à tant de fragilité et de douceur ? se demanda Hakim soudain submergé d’amour et de tendresse.

Il lui caressa longuement les cheveux jusqu’à ce qu’il sentit enfin sa fiancée se détendre complétement. Lorsqu’elle souleva la tête vers lui en souriant, il effleura ses lèvres du bout des siennes. Elle lui rendit son baiser avec fougue et passion, s’abandonnant complètement aux émotions qui l’assaillaient. Hakim sentit monter en lui l’envie impérieuse de la prendre dans ses bras et de la transporter jusqu’au lit pour la couvrir de baisers. Il la repoussa gentiment pour résister à la tentation mais elle se rapprocha à nouveau de lui, plaquant son corps contre le sien. Une fois qu’elle fut ainsi pelotonnée dans ses bras, il la serra avec amour avant de la prendre dans ses bras posant ses jambes de part et d’autre de ces cuisses pour l’enlacer un peu plus. Elle était si belle et si vulnérable à la fois. Il se rappela aussi qu’elle était si jeune qu’elle n’avait sans doute connu aucun homme avant lui et il s’en voulut de faire passer ses besoins avant son honneur. Il la déposa délicatement sur le lit et l’embrassa tendrement sur le front avant de s’enfuir.

Adila le regarda quitter la chambre sans comprendre ce brusque virement de situation. Il avait osé éveiller tous ses sens et il l’abandonnait ainsi sans explication la laissant pantelante sur son lit. Vexée et furieuse, elle hurla dans le coussin pour étouffer ses cris de frustration.


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