Retour à la capitale (suite )

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Ce qui suivit fut si rapide que personne ne comprit réellement la succession des événements. Sans en avoir apparemment reçu l’ordre, les deux félins du souverain sautèrent à la gorge du pauvre soldat qui finit ses jours comme pitance. Les autres membres de l’expédition ne purent que reculer de quelques pas devant l’horreur de la situation. Le Massaké regarda tour à tour chaque homme présent autour de lui avec un mélange de dédain et de provocation dans l’attente du moindre commentaire. Bien sûr, personne n’osa soulever la plus petite objection.

L’exemple avait été donné et les autres soldats regagnèrent leur rang avec l’amertume de celui qui a tout accompli pour mener à bien sa mission mais qui a tout de même échoué et se voit puni injustement.

Les restes encore sanglants du sentencier furent déplacés sur le côté de la route de manière à ce que chacun profita du spectacle et en tira les conclusions nécessaires. Cette ultime humiliation laissa une profonde empreinte parmi les soldats. Car ce que le Massaké n’avait pas vraiment compris était à quel point Alrick, par sa seule apparition, avait changé le sens de la vie de tous ces hommes. Si, encore quelques semaines auparavant, la terreur et le meurtre semblaient la seule solution, la rumeur avait circulé que le Tout Puissant avait avec lui le pouvoir des Anciens car il avait bravé Bwerani et échappé au Massaké.

Lorsque Hakim et Adila passèrent près des lambeaux de chair assaillis rapidement par les insectes surgis de nulle part, ils se contentèrent d’échanger un regard. Pour le bien de tous, Hakim se dit qu’il fallait à tout prix trouver une solution. Mais qu’était le bien de tous au juste ? Quelle voix s’imposerait après tant d’années passées sous le joug du Massaké ? Qui aurait le courage de se montrer assez brave pour affronter la terreur qu’évoquait le nom lui-même du Massaké ?

Hakim savait qu’il se devait d’être à la hauteur des espérances de son peuple. Toutefois, il était par ailleurs conscient qu’il lui serait difficile, voir impossible, de rallier tous les chefs de Tribu à son commandement. Encore inexpérimenté dans les arcanes du pouvoir, il imaginait facilement que l’on mettrait en exergue sa jeunesse et sa loyauté face à un père qui l’avait toujours protégé pour le contrer. Si seulement le Tout puissant se trouvait encore parmi eux, regretta-t-il, il pourrait sans doute prévaloir sur l’autorité des Chefs due à leur rang. Mais qui pouvait connaître la date du retour de ce dernier ? Qui pouvait avoir la certitude qu’il reviendrait ? Si le Royaume était en train d’imploser comme il le pressentait, quelles devaient être les mesures les plus urgentes à mettre en place pour sauver la population ?

Toutes ces questions tournaient encore et encore dans la tête d’Hakim lorsque le phare de Majuda fut en vue. Sa lumière dans l’obscurité naissante rappela à tous que bientôt cet interminable voyage prendrait fin et qu’il faudrait prendre les décisions qui s’imposaient pour le bien de tous. Il fallait à tout prix qu’il garde espoir. Comme si elle avait pu partager ses pensées, Adila se tourna vers lui et lui sourit. Ses yeux embués de larmes lui rappelèrent qu’il le devait aussi et surtout pour celle qu’il aimait car elle ne dépendait que de lui à présent. Elle comptait certainement sur lui pour la protéger.

 


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