Retour à la capitale (suite)

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Encore sous le choc de son arrestation, Zarhan, quant à lui, essayait d’envisager toutes les implications de l’annonce des fiançailles de sa fille avec Hakim. Même si cette nouvelle lui avait été communiquée de manière insolite et abrupte, les dizaines de témoins qui avaient assisté à l’acceptation de cet état de fait, par le souverain, rendaient difficile une éventuelle marche arrière. Le jeune Prince avait l’air sincèrement amoureux d’Adila mais, plus que tout le reste, c’était le profond désaccord avec son père qu’il avait aussi décelé dans son regard qui pouvait lui être utile. Loin de penser à son propre sort, il se savait de toute façon condamné, Zarhan redoutait avant tout les conséquences directes et indirectes que sa mort pourraient avoir pour le reste de sa famille et de sa tribu. Malgré la chaleur, la soif et la lancinante douleur que lui causaient ses poings liés derrière la taille, il avançait la tête haute. Il ne voulait pas déshonorer sa famille en manquant de courage et il acceptait son sort avec philosophie plus qu’avec résignation. Il s’était volontairement coupé du reste du groupe pour que personne ne fût accusé de vouloir lui venir en aide.

Adila, sa fille, voyageait sur une jument grise aux côtés du Prince. Nerveuse et inquiète, elle attendait que les gardes envoyés par le Massaké reviennent bredouilles de leur expédition. Terrorisée à l’idée qu’ils puissent revenir avec la tête d’Alrick au bout d’une pique, elle priait avec ferveur pour qu’ils puissent, lui et son ami, quitter le Grand Royaume des Sables sains et saufs.

Hakim la couvait du regard, persuadé que son mutisme était lié à l’arrestation de Zarhan. Loin de s’imaginer que sa fiancée considérait comme un mal nécessaire la mort de son père pour que le Tout Puissant puisse revenir les sauver, il essayait de mettre au point une stratégie pour pouvoir délivrer son futur beau-père sans encourir le courroux de son propre père. Parmi les Chefs présents pendant l’expédition, certains seraient plus conciliants que d’autres à lui venir en aide et il essayait d’imaginer quelles alliances il se devait de renforcer discrètement pendant le voyage. Zarhan, même s’il appartenait à un autre Clan, était respecté et son arrestation sans l’ombre d’une preuve ne manquerait pas de radicaliser les positions de ceux qui d’habitude avaient une attitude modérée face aux décisions de leur souverain. Il savait qu’il se devait de se montrer fin stratège s’il voulait obtenir la confiance des anciens. Les différents entre Zarhan et Idriss étaient connus de tous, mais qui pouvait prétendre ne pas avoir eu de différents avec Idriss ? Lui et Bwerani, son ancien Second, avaient à eux deux assassinés plus de personnes que tous les autres Chefs de tribus réunis et personne ne regrettait sincèrement leur disparition. Mais cela suffirait-il ?

 

Alors que les jours se succédaient inlassablement sans événements majeurs, la tension qui régnait entre les tribus sembla augmenter au gré de l’humeur du souverain. Si d’ordinaire son humeur versatile ne surprenait plus personne, le silence qu’il maintenait depuis plusieurs jours inquiétait ses proches. Malgré cela, peu à peu, l’innocence de l’enfance avait repris ses droits et les cris et les babillages des plus jeunes retentissaient à nouveau parmi la troupe de voyageurs allégeant un tant soit peu l’atmosphère plombée du convoi.

 

Adila dut attendre encore cinq jours pour que ses vœux et ses prières silencieuses soient enfin exaucés. Alors que la caravane arrivait à la lisère de l’oasis de Monga, un cri provenant de la fin de la colonne attira son attention. Tirant brusquement sur les mors de son cheval qui s’arrêta net, elle se retourna vivement. Annonçant finalement le retour des soldats, une colonne de poussière provenant de l’ouest se rapprochait à vive allure. Les soldats dépassèrent Hakim et Adila et se dirigèrent directement vers leur souverain qui se trouvait en tête du convoi, une centaine de mètres plus loin. Sans pouvoir entendre clairement leurs propos, elle fut assurée que les gardes revenaient bredouilles car elle déduisit immédiatement aux vociférations du Massaké qu’il s’était mis dans une fureur noire après le compte rendu du chef d’expédition.

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