Le maraudeur

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En voyant Argos s’écrouler au sol, l’àlfar s’approcha à grand pas vers son compagnon de voyage, s’agenouilla à ses côtés. Il le retourna avec précaution sur le dos, examinant un court instant le visage du jeune dieu devenu pâle qui respirait avec difficulté. Il baissa le regard vers le sang qui se répandit sur la tunique blanche, enleva la ceinture qui permit de transporter l’épée. Il retira le manteau de velours bleu en soulevant légèrement son dos et décousu son accoutrement afin de le soigner. Il nettoya le sang qui s’écoulait de la blessure, prit dans sa grande sacoche un flacon de verre épais contenant un onguent. Il mit la texture du récipient ouvert dans sa paume puis appliqua la pâte sur la blessure. À son contact, l’invalide sentit si soudainement une sensation d'une brûlure qu'il voulut éloigner celui qui le soignait. Ne s’agrippant seulement au bras de Naranwe, il laissa retomber sa main, sa respiration s’accélérant. Il luit mit un bandage puis le vit fermer les yeux. Quand il eut terminé, il plia le manteau qu’il mit dans sa besace et prit l’épée en le replaçant dans le fourreau.

Il porta son attention vers l’endroit où son paternel vivait mais le rétablissement d’Argos étant l’unique priorité pour le moment, il décida de l’emmener à l’abord septentrional d’Haerast. Il prit le bras du corps endormi sur le sol, leur peau s’illumina telle des lucioles qui s’envolèrent dans la nuit. Ils arrivèrent bientôt sur une lande herbeuse proche de l’océan et lorsque leur anatomie se reconstitua, Naranwe s’avança vers l’étendue d’eau. Il huma l’air maritime, essayant de ne se remémorer l’apparition du visage de celui qui avait disparu depuis des décennies. Malgré cela, il sut à présent ce qu'il était advenu de son partenaire d'arme. Il sentit alors sa gorge se nouer ainsi que son cœur qui serrait peu à peu.

L’àlfa se retourna vers le jeune dieu, fit apparaître un feu proche du corps allongé sur l’herbe. Il s’approcha de quelque pas en direction des braises, pouvant se réchauffer. Il sentit l’épuisement l’emporter,la cause étant les nombreuses incantations, pensa qu’un voyage supplémentaire à destination du lieu de résidence de son paternel réduirait ses forces. Il n’avait apporté de nourriture, de vêtements de rechange et par surcroît de couvertures pour la durée d’une nuit. Examinant la situation, il n’avait guère le choix que de s’envoler en direction de Fornost et se transforma en une nuée de libellules bleues.

Lorsque Naranwe eut atteint sa destination, il vit des lumières éclairant les couloirs d'une forteresse érigée sur une des falaises de l’abord septentrionale. Il aperçut une fenêtre dans laquelle il s’y engouffra, reprenant son apparence initiale. Il se trouvait devant une table rectangulaire entourée de six sièges sur laquelle étaient posés une coupole de fruit et un pichet rempli d’hydromel dans une grande pièce qui fut dans la pénombre de la nuit. Il se servit sans ménagement dans le récipient puis mit la nourriture à l’intérieur de sa sacoche. Il aperçut à sa droite un petit meuble, s'avança en contournant la table puis s'arrêta quand il fut devant le mobilier. Il ouvrit le tiroir et à sa légère stupéfaction, il vit des couvertures et des vêtements. Il prit ce dont il avait besoin puis referma le compartiment. Il se figea lorsqu’il perçut le son de la respiration d’un àlfar d’un âge avancé dormant dans une chambrée, qui changeait de position dans l'alcôve et ouvrit les yeux. Il se redressa brusquement de son lit, regarda dans la pièce à présent vide.

L’aube se leva sur la lande en apportant sa fraîcheur matinale de l’automne. Les quelques braises du feu mourant s’éteignaient peu à peu, il sentit son corps frissonner malgré la couverture. Argos leva les paupières, regarda le ciel éclairé par un soleil qui projetait sa faible chaleur. Il essaya de se redresser, remarqua le changement de paysage. Il vit alors Naranwe qui l’observait en se nourrissant d’un fruit. Il enleva la couverture, se releva en se mettant debout avec difficulté et posa sa main sur sa blessure douloureuse.

- Où sommes-nous ? demande Argos.

- Nous sommes à Haerast, dit Naranwe. Un lieu isolé des autres contrées d’ Àlfheim. Tu devrais t’accoutrer avant qu’on reprenne la fin du voyage.

Argos rattrapa la tunique propre que l’àlfar lui lança, leva les yeux afin de saisir des poires. Il se vêtit puis savoura le goût des fruits. Il s’abreuva du liquide rafraîchissant de sa gourde et lorsqu’il eut pris son repas de maigre consistance, il trouva le manteau de velours plié dans la sacoche de l’àlfar. Il enfila le vêtement, ramassa la ceinture qu’il attacha à sa taille.

-Comment puis-je me nommer ? dit Argos. Bien que cela me déplaise d’avoir le physique d’un àlfar, je dois pouvoir me présenter.

-Tu te nommeras….dit Naranwe avec un sourire ironique.

- Levez vous et déposez vos armes !

Un archer de la garde royale de Fornost venait d’apparaître sur la lande, tendait son arc à bout portant derrière Naranwe qui se levait lentement en crispant sa mâchoire, tandis que la milice se montrait en entourant les compagnons de voyage. L’archer baissa son arc et sortit de la poche de sa longue tunique rouge magenta légèrement plissée au col et aux manches ornés d’or, des entraves qu’il attacha solidement aux poignés du maraud.

- Vous êtes coupables d’avoir dérobé des textiles du régent de Fornost la nuit précédente, dit l’archer. Vous vous exprimerez au sujet de ce vol en présence de Sa Majesté.

Le jeune dieu porta son attention vers Naranwe en dissimulant son étonnement face à l’annonce de cet acte prémédité. Il fut à son tour enchaîné tout en étant privé de son épée que l’un des àlfars saisit à son encontre et disparurent de la lande.

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