Chapitre 32 : Bienvenue chez moi

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Le seuil à peine franchi, Deagan délaisse mes hanches pour refermer le battant derrière nous. Les yeux toujours fermés, je ne discerne que les bruits et mon odorat et décuplé. D’ailleurs, si je ne m’abuse, je crois que quelque chose cuit dans la cuisine, car une délicate odeur sucrée embaume l’air environnant. Sous mes pieds, je suis presque certaine qu’il s’agit de moquette, car le sol semble moelleux. C’est comme si je marchais sur un nuage. À moins que ce ne soit qu’un rêve ?

— Je vais retirer tes chaussures poupée, laisse-toi faire, d’accord ?

J’acquiesce de la tête, même si je ne sais pas s’il me regarde et tente de trouver à tâtons, un mur ou un quelconque meuble afin de garder l’équilibre, mais c’est le vide total autour de moi. Je le sens se baisser, il saisit ma cheville droite et retire délicatement ma botte après avoir défait la boucle qui la maintient fermée. Ma main se pose sur ce qui semble être son épaule, un sourire mutin né sur mes lèvres tandis que je suis perturbée de savoir son visage si près de ma fleur, mon orchidée.

Lorsque mes deux chaussures ont enfin quitté mes pieds, je remue les orteils et je peux à présent confirmer que de la moquette recouvre le sol de son entrée. Sans prévenir, Daegan m’agrippe une main et m’entraîne au plus profond de son antre. Nous marchons tout droit sur dix pas, puis tournons légèrement à gauche sur six pas. Là, en me tenant par les épaules, il me guide pour que je prenne place dans un canapé doux et confortable. Je ne peux m’empêcher de chercher quelconque indice de la main, mon bras droit brassant l’air autour de moi, mais mon diable m’en empêche.

— Nous y sommes, tu peux ouvrir les yeux maintenant…

Ce que je fais immédiatement. Après quelques battements de cils, je scrute les alentours et suis stupéfaite de l’accueil chaleureux qu’il m’offre. Des bougies illuminent la pièce de façon romantique et des pétales de roses ont été disséminés un peu partout sur le sol ainsi que la table basse en verre. Je suis tellement émue et étonnée de cet accueil que, si je ne savais pas me retenir en sa présence, j’aurai pleuré ce moment tant attendu.

Mis à part l’effort spectaculaire qu’il a fait pour moi, son intérieur reste plutôt simple, mais très propre et bien entretenu. Une télévision géante est posée sur un meuble bas blanc où trônent mille et un DVD et une console de jeu. Une vitrine de la même couleur est installée non loin, regroupant des souvenirs, des photos et objets divers à l’intérieur. Le canapé sur lequel je suis assis est d’une jolie nuance grise, tandis que la moquette accentue la beauté du lieu grâce à sa teinte crème. Sur le mur, il n’y a aucune fioriture, si ce n’est un cadre montrant la photo de deux jeunes gens en tenue de mariage. Il me semble qu’il s’agit de ses parents.

— Tu aimes le champagne ? me demande-t-il en s’emparant de deux coupes.

J’acquiesce, il me sourit et récupère la bouteille que je n’avais pas remarquée dans son seau à glace.

Daegan remplit nos verres et m’en tend un. Je le saisis, il approche le sien du mien et trinque :

— À notre rapprochement.

Nos verres tintent à l’unisson tandis que je répète ses paroles en fixant mon regard dans ses prunelles ardentes. Pour sûre, je m’attendais à tout sauf à cette soirée romantique ! Non pas que ça me déplaise, évidemment. Mais là, tout de suite, je ne me sens pas à mon aise. Qu’allons-nous faire ? J’imagine qu’une discussion au sujet du passé va venir s’insinuer au cours de la soirée et à ce moment-là, je devrais sans doute lui déclarer ma flamme. Enfin, celle qui me consumait à l’époque…

Après avoir bu une gorgée qui me donnera sûrement du courage, je pose mon verre sur la table basse en prenant soin de ne pas bousculer une bougie et me lève pour retirer mon manteau. Je ne sais pas si le chauffage fonctionne au plus haut ou si c’est juste moi qui boue de l’intérieur, mais je suis presque sûre d’être toute rouge. Mes joues me brûlent et mes oreilles aussi, même mon front commence à perler de transpiration. Je retire aussi mon chemisier et reste en débardeur, en espérant que la soirée suive un autre cours que la papote qui s’installe.

— Tu es en chaleur, poupée ? Me demande Daegan avant de mordre sa lèvre inférieure, les yeux rivés sur mon corps que j’aimerai tant lui offrir.

— Avoue que tu as fait exprès de mettre le chauffage à fond, je réplique en minaudant.

— Je n’oserai pas, conclut-il en se levant pour retirer son pull à son tour.

Il dépose son vêtement sur le rebord du fauteuil d’une place et saisit ma chemise au passage.

— J’ai quelque chose à te montrer, viens avec moi…

Passablement surprise, je me lève et le suis jusque dans la cuisine, là où la chaleur s’intensifie. Daegan s’arrête devant le four et l’ouvre avec prudence.

— Tu sens cette bonne odeur ?

Curieuse et l’eau à la bouche, je me baisse et scrute l‘intérieur de l’appareil de cuisson. Je découvre avec plaisir une superbe tarte aux pommes qui cuit lentement, laissant une odeur sucrée et mielleuse inonder mes narines et attisant mes papilles.

— J’adore les tartes aux pommes ! Et je comprends mieux pourquoi il fait si chaud chez toi ! Je croyais que c’était ton corps de rêve qui faisait grimper la température, mais tu n’y étais donc pour rien !

— C’est ton dessert préféré, n’est-ce pas ?

— Oui, comment le sais-tu ? je demande, curieuse.

— J’ai écouté une de tes conversations au lycée. Tu expliquais à Maeva que ta mère faisait toujours des tartes aux pommes pour les dimanches et tes anniversaires…

— Je trouve ça trop mignon, dis-je en me pendant à son cou.

Daegan semble aussi surpris que moi lorsque mon corps en surchauffe s’écrase contre le sien. Je n’ai pas pu m’empêcher de le serrer très fort dans mes bras suite à cette annonce. En réalité, cela prouve certaines choses pour moi. Comme le fait qu’il cachait ses sentiments à l’époque du lycée. Je suis à la fois heureuse et peureuse en même temps, car si lui m’ouvre son coeur à l’heure actuelle, moi, je peine à ouvrir le mien. J’ai tellement attendu ce moment que maintenant qu’il se présente, je ne sais quoi dire, ni par où commencer et pourtant, Daegan mérite sincèrement de tout savoir à son sujet.

Alors que je réfléchis, toujours entre ses bras musclés, Daegan pose ses mains de part et d’autre de mon visage et soulève ma tête pour que nos yeux se rencontrent. Dans son regard, je peux lire quelque chose de bien différent du désir. Une étincelle s’illumine dans mon coeur au moment même ou ses lèvres se posent sur les miennes. Mes yeux se ferment et je ne peux m’empêcher de profiter de cet instant tant attendu.

A cet instant précis, mis à part un désir immense à son encontre, je peux ressentir tous les sentiments que je gardais enfouis depuis tant d’années. Mon coeur bât la chamade, les papillons dans mon ventre se laissent aller à une danse frénétique, mes jambes tremblent et les larmes me montent aux yeux sans que je ne puisse les retenir. Mon être tout entier est parcouru de frissons…

Le coup de foudre est toujours bel et bien présent !

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