Chapitre 20 : P'tit Paradis

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La lumière du soleil filtre à travers la vitre et m’éblouit. Néanmoins, j’ouvre très vite les paupières, les frotte quelques secondes et me précipite sur mon smartphone, toujours allongée dans mon lit. Daegan me revenant tout de suite en tête, je ne peux m’empêcher de regarder si Gabin a répondu à mon SMS, histoire que mon plan machiavélique se mette en marche pour de vrai. Et bingo ! Ce petit coquin est bien tombé dans le panneau ! Pour l’instant, on dirait que mon piège à con va se dérouler à la perfection.

« Gabin : 09H14 : Pourquoi pas ? Moi aussi j’ai envie… de te revoir ! Désolé pour la réponse tardive…»

En vitesse, je file me rafraîchir et m’habiller avant de l’appeler. Il décroche dès la première sonnerie :

— Hello ma belle ! fait-il d’une voix enjouée.

— Salut beau gosse ! Tu vas bien ?

— Mieux depuis que j’entends ta douce voix…

Je glousse à l’autre bout du fil et j’imagine son visage, un rictus de diablotin, les yeux pétillants, séducteur à souhait. Tout à coup, je ressens un sérieux pincement au coeur. Je me maudis de l’utiliser, il est si gentil, si doux, si affectueux… Mais ce n’est pas le moment de m’apitoyer sur son sort, j’ai un autre chat à fouetter ! Alors, comme lorsque je me donne en spectacle, je ferme les yeux, inspire une grande bouffée d’air et entre dans mon rôle. Celui de la femme fatale, la séductrice sans foi ni loi. Leila sans coeur…

— Tu veux qu’on sorte manger un morceau ce soir ? Et puis… on pourrait aller chez toi ensuite ? dis-je sans oublier que je dois mener l’enquête à son sujet.

En effet, l’image de sa voiture garée devant les locaux d’Amy me turlupine depuis ce soir-là. Il faut absolument que je sache sinon je vais devenir folle. C’est un peu comme quand cherche le titre d’un film ou d’un acteur et qu’on ne se souvient plus. On l’a pourtant sur le bout de la langue, mais impossible de le sortir ! Pour ma part, je ne suis pas à l’aise si je ne trouve pas rapidement ce que veux. Ça peut me perturber durant des jours et j’ai horreur de cette sensation d’oubli !

— Ouais ! Soirée parfaite on dirait ! Je passe te prendre à quelle heure ?

Heu…Ma main se pose sur ma bouche en pouffant. J’ai soudain très envie de rire comme une idiote et tant pis pour la blague pourrie, mais je lui sors :

— Bah écoute, on va d’abord aller manger et ensuite tu pourras me prendre, où tu veux, à l’heure que tu veux, en missionnaire ou en levrette, peu importe le temps qu’on mange avant !

J’éclate de rire. Gabin me rejoint dans ma folie puis me dit plus sérieusement :

— Je ne peux pas refuser de telles avances, ma coquine ! Mais sans rire, on dit, dix-neuf heures ?

— Plutôt dix-neuf heures trente, je dois me faire belle pour toi mon chou…

Gabin acquiesce sans hésiter. Et voilà, en à peine trois minutes, le tour est joué !

Toute souriante, je pars à la recherche de la robe idéale dans ma valise, celle qui mettra mes courbes en valeur et qui me permettra de ne pas mourir de froid dehors. Pour le coup, j’ai une idée précise de la tenue que je vais porter, ce qui est plutôt rare, il faut dire vrai.

***

Dix-neuf heures quinze, je vérifie mon spectaculaire reflet dans le miroir sur pied près du lit. Cette robe est vraiment la plus belle de toutes celles que je possède ! Je ne remercierais jamais assez Patrick de me l’avoir offert !

D’une magnifique couleur blanc cassé, elle met parfaitement mes cheveux blonds ondulés, mes yeux d’un bleu profonds et mon teint quelque peu hâlé en valeur. Sans compter ses manches longues surplombés de dentelle qui laisse apparaître une lisière de peau nue sur mes épaules, ma nuque et mon décolleté. Sa longueur est tout aussi séduisante, pile au-dessus du genou, ni trop grande, ni pas assez, juste comme j’aime.

La tenue idéale je disais donc, agrémenté de talons rouge sang, comme celui qui boue actuellement dans mes veines. Pour ne pas choper la crève et finir mes vacances au fond de mon lit avec des mouchoirs partout sur le sol, je parfais le tout d’un manteau long, en laine vermeille. Mon portable et mes papiers d’identité sont déjà prêts dans une petite pochette de soirée.

Avant de m’aventurer à l’extérieur, je regarde l’heure : 19 H 22, je crois qu’il est enfin temps…

Lorsque je passe les portes vitrées de l’hôtel, deux coups de klaxon me font sursauter. Mon regard plissé sonde le parking inondé de noir, en direction du bruit et trouve immédiatement cette Clio blanche aux enjoliveurs rouges que je cherchais. Horreur ! Je n’avais pas pensé à ça ! C’est trop la honte d’être aussi jolie, aussi bien habillée dans un véhicule avec de si affreuses couleurs ! Néanmoins, je laisse planer ce défaut esthétique et gagne le côté passager.

— Bonsoir, chère demoiselle…

— Bonsoir, beau mâle, dis-je, taquine.

Un sourire éblouissant né sur son visage, il me fait signe de m’installer. Je prends donc place et boucle ma ceinture. Une enivrante odeur de musc emplit mes narines, délicieuse, mais beaucoup trop forte à mon goût lorsqu’il se penche pour me faire les quatre bises.

QUATRE BISES ! C’est long ! Très long, lorsqu’on suffoque à cause du parfum !

— J’ai fait péter le chauffage pour que tu n’attrapes pas froid, ça va ?

— C’est gentil ça ! C’est parfait merci.

Mais ça empli fit l’odeur ! J’ai même l’impression d’en avoir dans la gorge ! Tu as mis la bouteille où tu as rempli la baignoire ?! Enfin ça, je le garde pour moi…

— Tu as une idée pour le choix du resto ? me demande-t-il en sortant de sa place de parking.

— Beh écoute, je voulais bien tester « O p’tit Paradis » tu connais ? J’ai vu qu’ils étaient notés cinq étoiles, ça me paraît très bien !

— Ouais, bon choix, bien qu’un peu cher… Mais allons-y, soyons fous ! termine-t-il en s’engageant dans la circulation du soir.

Une fois sorti de la voiture, je remarque que Gabin aussi a fait un effort vestimentaire ! Quoique, la première fois que je l’ai vu, en jean et t-shirt, même à poil pour dire vrai, il était déjà plus que plaisant à regarder ! Mais là, ce n’est pas comparable. Il porte un pantalon chino bleu nuit et des chaussures de ville noires, une chemise blanche et un pull azur à col V. Il est à tomber. Le parfait cliché du mec qui prend soin de lui et de son apparence, j’adore ça !

Il se saisit de mon bras qu’il maintient au creux du sien en m’entraînant vers l’entrée. Tant bien que mal, j’essaie de regarder à travers les vitres afin de voir si Daegan est présent, mais je n’y vois rien. Nous entrons et nous présentons à l’entrée et je suis heureuse de voir que bien qu’il soit l’heure du repas, le restaurant ne semble pas bondé. Une hôtesse nous installe non loin de la baie vitrée et nous donne la carte des menus.

— C’est très beau ici ! dis-je en scrutant les peintures murales représentant des chérubins, des bouquets de roses ou encore des mains enlacées.

Dans les tons carmin et crèmes, la salle nous emporte dans les confins de l’amour, pour le meilleur ET pour le pire…

Étrangement, lorsque je pense à ce mot « pire » Daegan se matérialise derrière Gabin. Ses yeux revolver braqués sur moi. La bouche pincée. Les poings serrés…

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