Chapitre 15 : Que fais-tu là ?

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Mes mains commencent à trembler, mais je ne suis pas certaine que ce soit à cause de la peur. J’imagine qu’il s’agit plus d’appréhension vis-à-vis du nouveau client.

Que voudra-t-il ?

C’est une question lourde à mes yeux, mais l’autre jour, Amy m’a dit que j’avais le choix sur toute la ligne. Qu’elle ne me fera pas faire des choses que je ne veux pas. Dans ce sens, je suis assez sereine alors, je réponds :

— Oui ! Tu as déjà les informations ? On peut en parler tout de suite si tu veux…

À l’autre bout du réseau, j’entends Amy tousser puis les clics de sa souris d’ordinateur retentissent.

— Alors il s’agit d’un groupe de jeunes gens qui fêtent un enterrement de vie de garçon. Ils ont besoin de trois filles, tu ne seras pas seule. Ils veulent juste passer un moment avec de jolies femmes avant le grand saut pour l’un d’entre eux, rien d’exceptionnel si ce n’est que du show, tout ce que tu sais très bien faire ! Tu seras parfaite pour ce rôle, m’explique-t-elle.

— Oh ! Ça m’a l’air plutôt chouette ! Ils prévoient de la faire quand cette soirée ? Combien seront-ils ? je demande vraiment intéressée.

— Alors, c’est prévu pour samedi soir et ils seront six… Ah, et aussi, ils ont tous moins de trente ans… Je ne sais pas si cette info te sera utile, mais autant que tu en sais le plus possible, conclut-elle en riant.

— Très bien. Je suis partante, cette mission me plaît bien ! Du coup, j’attends que tu m’envoies l’adresse par message alors ! je réponds, conquise.

Amy m’informe qu’elle me transmet les coordonnées immédiatement puis raccroche. Pour le coup, je suis véritablement pressée d’y être ! Offrir un spectacle coquin à des hommes, je ne connais rien de mieux, c’est l’histoire de toute ma vie! C’est ma passion et si c’est ça le métier d’escort, alors je signe direct !

La semaine est passée en flèche et j’ai quelque peu allongé mes vacances dans le Pas-de-Calais, histoire d’être toujours dans les parages pour pouvoir signer facilement mon contrat chez A.S Girls.

Parce que OUI, je me suis décidé à ce sujet ! Avec Amy, nous avons longuement discuté cette semaine autour d’un plat ou d’un café, et ses arguments, ses promesses de prendre soin de moi ont bien fini par me convaincre.

De plus, j’ai farfouillé sur la toile à la recherche de témoignage et rien n’a réussi à me débouter de cette envie. Le charme, je ne connais que trop bien, c’est d’ailleurs ce qui me permet de recevoir de quoi vivre une belle vie. Puis, dans ce métier, je prends ce qui me plaît et je laisse le reste pour mes collègues, donc je ne vois vraiment pas où il pourrait y avoir de problème !

Surtout lorsque je vois le salaire ! Rien que pour les deux clients de ma période d’essai, Amy va me faire un chèque de 794 euros ! Sans compter le cadeau à 350 euros que Patrick m’a fait en m’offrant cette robe hors de prix ! Je ne peux que signer ! Je sais, ce n’est pas bien de vivre en pensant à l’argent, mais il en faut tout de même et là, on m’offre sur un plateau d’or l’opportunité de m’en mettre plein les poches, ou le string, c’est possible aussi, même s’il n’y a pas beaucoup de place…

Quoi qu’il en soit, j’ai rendez-vous dans un restaurant privatisé dans une heure à peine et je suis tellement excitée que je suis déjà prête. Cela fait bien dix minutes que je marche en long et en large dans ma chambre, impatiente, mais le temps d’attente semble interminable, il se moque de moi…

Me voici enfin sur le parking de l’hôtel. Je gare ma Golf loué sur l’une des places V.I.P, puis coupe le contact. Le trac monte, j’inspire bien fort et vérifie mon maquillage et ma coiffure dans le rétroviseur avant de sortir.

La pluie qui est tombée cet après-midi ne joue pas en ma faveur lorsque j’avance, à petits pas, avec mes talons aiguilles sur le sol gelé. Il ne manquerait plus que je tombe et que je me casse une jambe. Chose qui m’empêcherait sévèrement de travailler ! De ce fait, j’avance lentement, mais sûrement. Ça ne sert à rien de prendre des risques pour rejoindre les filles qui attendent devant les portes, fumant leur dernière cigarette qui leur donnera une haleine de phoque, presque nues sous ce petit degré. Intérieurement, je me félicite pour ma tenue, je suis loin des cruches qui se promènent à poil juste pour prouver qu’elles sont jolies. Ce que je veux renvoyer comme image, moi, c’est que j’ai du talent !

— Salut Alicia ! Tu vas bien ? Prête pour affronter les tigres ? s’enquiert la petite brune à petits nichons.

— On ne dirait pas, lance l’autre brune en me scrutant de la tête aux pieds, elle est plutôt prête pour un défiler de mode hiver avec son trench là…

— Ouais, je me disais aussi, tu es au courant de ce que tu viens faire ici au moins ? me pique petits nichons.

Je ne réponds pas à leurs remarques, elles ne m’atteignent même pas avec leur méchanceté gratuite. Elles vont vite comprendre de quel bois je me chauffe, en tout cas, nous ne vivons pas dans le même monde elles et moi. Elles ne sont que des apprenties et moi, je suis leur reine, même si, formellement, je suis arrivée dans ce monde après elles, mais ça, c’est mon secret à moi !

J’ouvre la porte et me faufile à l’intérieur. J’entends encore les mégères dehors dire des conneries sur mon dos, mais je n’en ai cure. Dans la salle principale, les garçons font étonnamment beaucoup de bruit alors, j’avance en direction des exclamations lorsque mes « collègues » entrent et me suivent.

À peine sommes-nous arrivées dans la grande salle que les applaudissements, les sifflements et les acclamations surgissent. Cela remplit mon cœur de joie et ma crainte de décevoir ses messieurs s’envole immédiatement aussi. Ils sont assis sur les banquettes en cuir rouges, devant la scène qui doit habituellement servir pour des karaokés ou des petits concerts sympathiques. Je ne m’y rends pas tout de suite, la politesse avant tout, je m’en vais saluer ces hommes.

Plus je m’approche d’eux et plus je tombe sur le cul. Ma mâchoire va littéralement s’écrouler au sol sans que je ne puisse la retenir. Ils sont tellement putain de séduisant à mourir ! N’y a-t-il que des beaux spécimens de ce genre dans cette région ? Si c’est le cas, qu’on me le dise ! Je déménage illico presto !

Amy m’avait dit qu’ils étaient six, pourtant, l’un d’entre eux semble manquer à l’appel, mais qu’importe, je les embrasse tous et me présente, chose qu’ils font aussi chacun leur tour. La bonne nouvelle, c’est que celui qui va se marier dans quinze jours et certainement le moins mignon à mon goût. Tant mieux j’ai envie de dire.

Les présentations sont faites, mes collègues, tout comme moi, bavent de désir devant eux, mais les garçons attendent impatiemment que la soirée commence, whisky à la main. Je leur tourne le dos afin de gagner ledit lieu de spectacle, et là, c’est le choc total.

À tel point qu’un petit cri se bloque dans ma gorge, mes yeux s’écarquillent, je ne peux détourner le regard de cet homme qui se trouve devant les marches qui mènent à la scène.

Je n’ose plus avancer, qu’est-ce que je vais faire ?!

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