Chapitre 9 : J'adore les surprises !

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Je ne suis pas convaincue des dires de ma sœur. Dans la vie, tout se sait et lorsque le moment est venu, ce n’est jamais très bon d’entendre les remontrances et surtout, d’avouer nos péchés… Et là, je parle en connaissance de cause ! C’est d’ailleurs ce qui a causé ma perte lors de ma dernière relation… Mais passons, je n’ai pas envie d’y penser maintenant et j’aurai tout le temps d’en discuter demain avec Alizée.

Quatre heures plus tard, le spectacle est terminé et je suis exténuée. La salle est maintenant vide et je ne sais même pas où je dois rejoindre mon étalon masqué. J’espère qu’il m’attend quelque part, entre ici et là-bas, qu’il soit quelque part, près de moi…

De retour aux casiers, j’attrape mon portable et constate qu’Alizée m’a envoyé un message pour me dire qu’elle m’attend dans la voiture. Je me rhabille rapidement et troque mes Louboutin contre une paire de boots qui ne me font pas mal aux pieds. Dans mon sac, j’entasse mes ensembles et tous les autres accessoires que j’ai emportés, puis j’enfile mon trench-coat avant de me diriger vers la sortie en saluant de la main mes copines de soirée.

Dehors, les véhicules partent dans toutes les directions, mais près de la porte Alizée m’attend au volant de son Audi tout confort. Le froid glacial de ce mois de novembre me fait trembler de tout mes membres et me congèle presque le sang, alors, rapidement, je grimpe à bord de la voiture de ma sœur en demandant :

— Tu as passé une bonne soirée ?

Ma sœur que je croyais frigide me gratifie d’un sourire spectaculaire.

— Une excellente soirée tu veux dire ! Je me suis amusée comme une ado ! C’était extra ! lance-t-elle vraiment joyeuse.

— Et donc, tu ne rentres avec personne ce soir ? Pour… mettre en œuvre ton apprentissage, je conclus en la regardant de travers.

Alizée ne me répond pas. À la place, elle s’engage sur le chemin qui nous mène à l’hôtel. Son silence ne me dit rien qui vaille alors, j’insiste :

— Ne me dis pas que c’est déjà fait, je ne te croirais pas ! J’ai eu l’œil sur toi toute la soirée et tu n’as pas bougé une semelle de mon stand !

— Non, en effet. Je n’ai rien fait et je suis restée avec toi. De plus, j’ai appris beaucoup de choses en te regardant et ce soir, je vais les mettre en pratique très bientôt, quoi qu’il arrive, me dit-elle comme si tout était normal.

Je voudrais bien lui faire une leçon de morale sur les relations hors couples qu’elle espère, mais ai-je vraiment le droit de lui dire quoi que ce soit ? Moi, sa petite sœur, j’ai merdé, moi aussi de toute façon et j’ai appris de mes erreurs ! D’ailleurs, c’est bien pour ça que je m’interdis tout attachement et tout sentiment envers les hommes ! Je ne suis pas bonne en amour, je ne suis bonne qu’en séduction !

Mais au moment où j’ouvre la bouche pour lui dire deux mots, son portable sonne sur le tableau central de la voiture. C’est justement lui, Cédric… à croire que c’est fait exprès tient ! Tout en gardant un œil sur la route, Alizée décroche et met le haut-parleur :

— Salut toi ! fait-elle comme une midinette. Alors, tu en es où ?

— J’y suis ! répond-il sans plus d’informations.

— Très bien, j’y suis presque aussi, patience mon amour…

— Je t’aime ma puce, réplique-t-il avant de raccrocher.

Les bips sonores résonnent dans l’habitacle lorsqu’Alizée tire le frein à main devant les portes le l’hôtel. Elle descend du véhicule alors que je suis encore en train de réfléchir à leur conversation tellement discrète, peut-être même secrète à laquelle je n’ai rien compris.

— Alors, tu descends ?

Alizée me tire de mes pensées, un énorme sourire gravé sur ses lèvres rouges. Sans rechigner et sans piquer cette fois, elle tend ses clés à Bastien qui a pour rôle de garer la voiture dans le parking souterrain. Ma sœur, passablement joyeuse pour je ne sais quelle raison, m’agrippe le bras et m’entraîne dans le hall en courant, comme nous ne l’avions jamais fait lorsque nous étions gamines. C’est là que je comprends pourquoi.

Cédric est là. Assis sur l’une des causeuses de l’espace détente. Une jambe repliée sur l’autre, il admire un magazine de relooking de voiture de choc. Son regard s’illumine aussitôt que ses prunelles se posent sur ma sœur, qui rayonne, elle aussi, d’épanouissement. Pour dire, ces deux-là semblent vraiment amoureux !

— Tu m’avais manqué ! Lui dit-il en la serrant dans ses bras.

Soudain, je me sens comme la cinquième roue du carrosse et c’est peu dire que je déteste ça. Je danse d’un pied sur l’autre en attendant que les deux tourtereaux se pourlèchent dans tous les sens du terme, puis, au bout d’un moment, je me dis qu’il est temps de signaler ma présence, au cas où l’un des deux aurait oublié que j’étais là, moi aussi !

Alizée se confond immédiatement en excuse tandis que Cédric me salue. Il me claque deux baisers bruyants sur les joues, ma sœur m’annonce :

— Monte, j’ai un cadeau pour toi en haut, et je suis certaine qu’il te plaira !

Mes yeux vont d’elle à son homme, puis de l’accueil à l’extérieur tandis que je me demande ce qu’elle veut dire par « cadeau ». Du genre : un gâteau au chocolat ? Une bonne bouteille de rouge ? Une séance détente et massage ? Un bon roman à l’eau de rose dégoulinant d’amour ? Elle a réservé la balnéo pour moi ? Bref, j’ai le don de me poser tout le temps soixante-six mille questions à la seconde, j’y peux rien !

Avant de me laisser partir, toujours en me questionnant évidemment, Alizée me prend dans ses bras pour un câlin inhabituel et me glisse à l’oreille :

— Merci du fond du cœur ma sœur, je te jure que je te revaudrais ça un jour où l’autre ! Et sache que passer ce temps avec toi me comble de bonheur. Vraiment. Je t’aime…

Je lui réponds que ce n’est rien, que ça me fait plaisir, mais j’ai tout de même les larmes aux yeux d’entendre ses compliments, qui, il faut le dire, sont touchants et très rares !

Je l’embrasse et la serre une dernière fois avant de la laisser aux mains de l’homme de sa vie. Silencieuse, j’entre dans l’ascenseur qui me mène à mon étage sous les notes d’une musique classique appréciable.

Au passage, j’aime vraiment cet hôtel !

Lorsque j’arrive près de ma chambre, je suis étonnée de voir une lueur éclairée sous la porte. Plus encore, une odeur de pomme caramélisée se propage dans mes narines qui semble provenir de ma suite. Je scanne ma carte, le battant s’ouvre et là, une incroyable surprise m’attend, Alizée avait belle est bien raison, cette visite impromptue me comble de bonheur à mon tour.

L’homme masqué est là, debout face à la baie vitrée qui donne sur la vue scintillante de la ville endormie. Une main triturant la barbe naissante sur sa mâchoire carrée, l’autre dans la poche arrière de son jean. La fragrance que je sentais provient d’une bougie allumée sur la table basse, là ou sur l’un des fauteuils, repose sa chemise, pliée. Torse nu, le bellâtre se tourne vers moi, un sourire en coin fendant son visage, il annonce :

— Je suis heureux de te revoir, bella…

Cette voix ! J’en suis amoureuse !

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