Chapitre 5 : Aubade, mon amour !

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J’aimerai tant qu’Alizée vienne me sauver la mise, là, maintenant, mais comme toujours, impossible de compter sur madame je prends tout mon temps ! Il me faut une excuse, et vite !

— Je dois retourner sur Paris dès que la représentation sera terminée. Cela veut dire que je n’aurai pas le temps de venir dans votre agence… Beaucoup de travail m’attend chez moi.

C’est un mensonge, évidemment. J’ai bien l’intention de rester quelques jours dans le Pas-de-Calais. J’ai besoin de repos, de calme pour me ressourcer et cette ville me l’offre chaque année. Ma chambre d’hôtel est déjà louée pour une semaine, mais tout ça, je ne peux pas lui avouer au risque qu’elle ne me laisse pas tranquille durant mon temps libre vacancier !

— Soyez honnête Alicia, je suis capable de renifler les excuses bidon à des kilomètres à la ronde ! fait-elle en riant. Néanmoins, je suis une femme tolérante et sympathique parait-il alors, je vais vous laisser quelques jours pour réfléchir, peser le « pour » et le « contre » même si je sais qu’il n’y en a que très peu. Je vous laisse ma carte, rappelez-moi dès que vous vous sentez prête. En tout cas, je vous bloque le rendez-vous pour lundi. Sait-on jamais…

Madame Standford me tend une carte d’une rose pale sublime au nom de son agence, puis part comme si rien ne s’était passé en lançant d’une façon plus que convaincue un très bruyant « à bientôt ! ». J’avoue que son intérêt pour ma personne est touchant, mais je ne pense pas être capable de changer de métier… J’aime beaucoup trop la danse pour ça !

Alors que je suis en pleine réflexion, pesant le pour et le contre comme madame Standford m’a conseillé de le faire, Alizée débarque comme une fleur. L’air de rien, elle prend place en face de moi et attrape immédiatement son café. Ses cheveux sont encore mouillés de la longue douche qu’elle a dû prendre et son visage dépourvu de maquillage est bien plus beau qu’à l’ordinaire.

— Désolée d’avoir été si longue, commence-t-elle, ça fait tellement longtemps que je ne prends plus de temps pour moi !

Elle trempe ses lèvres dans sa tasse et recrache le contenu à nos pieds, sans gêne.

— Punaise, mais c’est dégueulasse ! je me plains en grimaçant.

— Bah écoute, ton café est tout froid ! Je ne boirai pas ça, impossible !

Après avoir perdu trente précieuses minutes, le temps qu’Alizée commande un nouveau café, qu’elle le boit et tout le tintouin, nous nous dirigeons enfin vers les rues pavées de la magnifique ville d’Arras. Alors que nous arrivons devant l’une des boutiques que j’aime le plus, mon portable sonne les premières notes de « Shape of you ». Je l’extirpe de mon sac à main bien trop petit pour accueillir toutes mes affaires et décroche :

— Coucou ma petite mamounette que j’aime de tout mon cœur !

— Bonjour ma puce, comment vas-tu ?

— Bah écoute, ça va super et toi ?

— Très bien ! Ton père termine d’installer ma nouvelle cuisine, elle est splendide ! Je t’enverrai une photo dès qu’elle sera terminée, tu veux ?

— Avec plaisir, je réponds tendrement à cette femme que j’aime plus que tout au monde.

— Tu as des nouvelles de ta sœur ? Je lui ai envoyé des messages en lui demandant de m’appeler, mais elle ne l’a toujours pas fait…

Je me tourne vers Alizée qui écoute attentivement la conversation en faisant de grands yeux. Du regard je la questionne sur ce que je dois répondre à notre mère. C’est alors qu’elle secoue la tête violemment ainsi que l’index pour me signaler de dire « non ».

— Attends une seconde, s’il te plaît, j’ai un double appel...

J’appuie sur la touche pour mettre ma mère en attente et demande à ma sœur :

— Tu n’as pas dit à maman que tu venais avec moi ?

— Non ! Bien sûr que non ! dit-elle en rougissant, j’ai déjà eu beaucoup de mal à te demander cette faveur, alors en parler à maman !

— Bon, ok, je peux comprendre, mais je lui dis quoi, moi ? Elle attend ton appel…

— Je… Dis-lui que… Je ne sais pas, en fait…

— Tu es irrécupérable, tu sais ça, je réplique à ma sœur en souriant devant sa gêne.

Dans le même temps, je reprends ma mère au bout du fil et lui dit :

— On s’est parlé hier soir, vers vingt-deux heures et elle me disait avoir des rendez-vous aujourd’hui. Je pense qu’elle te rappellera dès qu’elle aura terminé, dis-je alors que je déteste lui mentir.

Alizée joint ses deux mains devant elle, en signe de gratitude, puis forme un coeur avec ses doigts.

— J’espère qu’elle le fera ! Bon, je te laisse ma puce, papa à besoin de moi… Gros bisous !

J’embrasse ma mère verbalement et lui promets de la rappeler demain.

Quelques mètres plus loin, je m’arrête net devant ma boutique préférée : Aubade.

À chaque fois que je passe devant l’une des vitrines, il faut absolument que j’entre et que j’achète quelque chose. C’est inévitable ! D’autant plus que je dois initier ma sœur à la coquetterie ! Quoi de mieux qu’une boutique qui regorge de tous ces plaisirs ?

Tout en papotant avec Alizée, j’entre dans la boutique et lorgne sur tout ce qui s’y trouve, les yeux brillants de désir. Du doigt, je lui montre des ensembles, du plus sobre au plus sexy, mais Alizée semble perdue.

De mon côté, il ne me faut pas longtemps pour jeter mon dévolu sur quelque chose de particulier. La vendeuse, voyant que mon choix est fait, s’approche de moi pour me jouer son plus beau sketch de commerçante. Un sourire bienheureux gravé sur les lèvres, je lui indique le duo qui me fait envie en lui précisant que j’ai besoin d’un 95 bonnet C. La jolie brune s’empresse alors de partir dans l’arrière-boutique et revient quelques secondes plus tard avec l’objet de mes désirs : un magnifique soutien-gorge en soie argentée avec le string assorti.

Alizée a opté pour quelque chose de plus simple, plus discret tout en restant timidement sexy à souhait. La dentelle d’une jolie couleur grenat mettra, à coup sûr, ces beaux cheveux bruns en valeur. C’est un superbe premier pas dans sa nouvelle vie de charmeuse… Enfin, je vais peut-être un peu loin, là !

Quoi qu’il en soit, après une journée chargée en shopping et balade en tout genre, nous sommes bien contentes de retrouver nos chambres d’hôtel.

La porte à peine franchie, je retire mes chaussures puis appelle le room service. J’ai une faim de loup et une furieuse envie de détendre mes muscles dans un bon bain chaud et moussant. Alors, pour commencer en beauté, je commande une pizza ainsi qu’une onctueuse mousse au chocolat qui saura me ravir à coup sûr. En attendant mon plat qui arrivera dans une quinzaine de minutes, je décide de demander conseils à ma mère au sujet de madame Stanford, mais son portable sonne occupé. Tant pis. Elle doit être déjà en conversation avec Alizée, elle avait promis de la rappeler plus tard…

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