Chapitre 4 : Madame Standford

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Il est une heure du matin lorsque, épuisée par le voyage, Alizée décide d’aller se coucher. Désormais seule, je ressens le besoin de faire le vide dans ma tête, confortablement installée dans ce grand lit douillet. J’ai ma lecture en main et il reste encore quelques petites choses à grignoter, rien de mieux pour me remettre de mes émotions ! De plus, mon cœur fond de plaisir quand je repose mes yeux sur ce texte, mon sexy avocat me manquait avec ses conneries !

Lorsque je termine le roman et que je referme le livre, je ressens comme un vide dans mon cœur et je déteste cette sensation immonde d’abandon. Le fait est qu’à partir du moment où je suis captivée par une histoire, je vis avec et à travers les personnages et je n’aime pas du tout lorsqu’il est temps de les quitter. Alors, avant de fermer les yeux pour m’endormir, pour oublier cette fin de journée qui m’a quelque peu déroutée, je dépose un avis sur Amazon, car j’imagine que ça peut toujours faire plaisir à l’auteur de savoir ce qu’en ont pensé les lecteurs ! En tout cas, moi, j’aime que l'on complimente mon travail…

Je me réveille le lendemain en pleine forme. Le soleil est déjà levé et une belle journée s’annonce si j’en crois le chant mélodieux des oiseaux ! Je sors de mon lit bien trop chaud sans attendre et m’habille de plusieurs couches de vêtements avant de rejoindre le rez-de-chaussée pour prendre un bon petit-déjeuner. Je commande deux cafés et deux croissants puis je m’installe à une table sous la terrasse couverte en attendant Alizée qui pour le coup, aurait dû s'appeler Désirée…

Alors que, du coin de l'œil, j’aperçois la serveuse qui semble pas mal occupée, j’envoie un texto à ma sœur pour lui dire de se grouiller puis scrute une à une, les notifications reçues au cours de la nuit.

Tandis que je réponds à l’un des nombreux messages de ma mère, une main se pose sur mon épaule au même moment où une voix féminine me demande :

— Je peux me joindre à vous ?

Je sursaute, comme prise la main dans le sac, mais courageusement, je me tourne et fais face à mon interlocutrice.

— Heu… Oui, allez-y… dis-je en désignant la chaise libre en face de moi.

J’ai comme l'impression d’avoir déjà vu cette femme quelque part, mais là, sur le moment, je serais incapable de dire où et quand. En tout cas, une chose est sûre : son visage de poupée m’inspire gratitude et confiance. Cependant, au fond de moi, une alerte sonne. J’ai le pressentiment qu’il faut aussi que je me méfie un minimum, malgré le charisme que cette personne dégage.

Mon portable me signale l’arrivée d’un nouveau message que je m’empresse de consulter. C’est Alizée qui m’informe qu’elle vient seulement de sortir de la douche. En clair, il me faudra l’attendre encore quinze bonnes minutes ! Je me demande comment elle fait pour être à l’heure chaque jour au travail ! Alors que je repose mon téléphone sur la table, la serveuse arrive et dépose ma commande. Immédiatement, je me rends compte que ma nouvelle amie est venue s’installer les mains vides.

— Vous prenez quelque chose ? je lui demande par pure politesse.

— J’ai déjà déjeuné, mais c’est gentil, merci… me dit-elle avant de reprendre plus sérieusement. Je suis désolée, je ne me suis pas présentée : Amy Standford, directrice de l’agence A.S girls, conclut-elle en me tendant une main aux ongles parfaitement manucurés.

Je ne sais pas pourquoi, mais tout à coup, je me sens prise d’une légère crise de panique. Cette femme magnifique est directrice d’une agence ? De quelle sorte d’agence s’agit-il ? Et déjà, qu’est-ce qu’elle me veut de si bon matin ? On n’accoste pas les gens de cette manière alors que toutes les tables sont vides ! Si elle est là, c’est sûrement parce qu’elle a quelque chose derrière la tête et tout ça, eh bien ça me fait peur !

— Enchantée, dis-je en piquant un far, chose qui ne m’arrive presque jamais.

— Moi de même, mademoiselle Candiano ! termine-t-elle sa phrase par un sourire que je trouve étrange.

Si elle cherche à me déstabiliser, c’est réussi ! Elle connaît mon identité ?! D’où, pourquoi ? Comment je fais pour esquiver la suite de la conversation ? Dois-je simuler une envie pressante ? Un rendez-vous important ? L’appendicite ? Mouais… Je ne suis, moi-même pas convaincue.

Alizée ! Rapplique s’il te plaît !

Alors que je me dérobe mentalement, madame Standford reprend :

— J’ai eu bon vent de vos talents, Alicia… Je vous surveille depuis quelque temps déjà, mais sans avoir aucun moment de répit pour venir vous voir à Paris pour vous en parler de vive voix.

— Vous me surveillez ? je demande interloquée.

Non, mais vraiment, je dois le prendre comment ? Elle commence à sérieusement me stresser !

— Oh, mais n’ayez pas peur ! Je ne vous veux que du bien, dit-elle en posant sa douce main sur la mienne, en signe d’apaisement. Je vous ai envoyé un courrier il y a quelques mois, mais je n’ai pas eu de retour de votre part. Alors, puisque je savais que vous veniez dans ma région ce week-end, je me suis dit qu’il serait bon de venir vous voir afin de vous proposer un job dans mes locaux…

— Mais… je ne sais même pas de quoi vous parler et je n’ai pas le souvenir d’avoir reçu quelconque courrier de votre agence !

— J’aurai plus de temps pour vous expliquer tous les termes et le reste du tintouin lors d’un rendez-vous, disons… Lundi, quatorze heures ?

Ah ouais, elle tourne autour du pot tout en y allant franco la vieille aux ongles parfaits !

N’empêche que maintenant, madame la directrice me scrute intensément en attendant une réponse.

— Je suis désolée, madame Standford, mais je vais devoir refuser…

Surtout, ne me demandez pas la raison, car je ne la connais pas ! Juste, vous me faites peur et vous êtes bien trop direct ! De plus, je ne sais pas de quoi vous parlez alors zut !

— Pour quelle raison Alicia ? Vous n’aimeriez pas devenir escort-girl de renommée mondiale ? Vous pourriez tripler vos revenus, si ce n’est plus ! Vous pourriez voyager, voir du pays, du monde, mener la grande vie ! Votre destin semble déjà tout tracé pour cela ! Vous êtes une femme si belle et si sûre d’elle ! Vous possédez un charisme naturel et mon équipe serait comblée par votre prestance, j’en suis certaine !

Pour le coup, elle m’a littéralement cloué le bec ! Elle pense sincèrement que je mérite une place dans son agence d’escort ?! J’en doute fortement de mon côté ! Je ne suis bonne à rien si ce n’est à danser ! C’est vraiment mal me connaître !

Pourtant, je dois bien avouer qu’elle a vraiment l’air intéressée ! Cette femme dégage un charme dont elle seule a le secret. Une particularité propre à elle-même qui me fait frissonner. Je suis certaine que dans sa vie de tous les jours, c’est une dame très persuasive et j’ai, tout à coup, très peur qu’elle me fasse tomber dans ses filets.

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