Point dessous, point de croix, l’aiguille de Maïa traversait le tissu avec autant de grâce que de justesse et bientôt, la nouvelle tenue de Terik serait terminée et prête à portée. Enfin elle le serait si le jeune homme acceptait de baisser d’un ton au lieu de s’énerver de la sorte.

-Encore une ville où on ne va pas pouvoir danser tout ça parce que les gens sont incapables de s’entendre ! cria-t-il en se laissant tomber dans un tas de paille destiné aux Marvanais.

La jeune femme, tranquillement assisse non loin de lui le fixa d’un regard accusateur avant de soupirer. Elle se leva, se dirigea vers son ami et brandit sa tenue.

-Aller, assez râlé ! Lève-toi et essaie ça plutôt. Ça te changera les idées et comme ça je pourrai faire les retouches.

Le jeune homme s’exécuta et rentra dans la roulotte pour enfiler son nouvel habit. Il en ressorti quelques minutes plus tard, les bras ballants et marchant en canard. Avant qu’il n’ait pu faire la moindre remarque, Maïa avait déjà commencé à corriger certains défauts, son aiguille dans une main et un mètre ruban dans l’autre.

-Au lieu de t’énerver ainsi, et si tu essayais de les comprendre plutôt ? Nous passons nos journées sur les routes et à danser, il est tout à fait normal que nous ne soyons pas concernés. Mais si cela se trouve, il y a peut-être un véritable problème, qui sait ?

-De quel style ? lui demanda celui qui servait de mannequin et qui n’osait pas bouger d’un pouce.

-Je n’en sais absolument rien ! lui répondit-elle en rigolant. Je suis danseuse et couturière, pas une experte dans les relations entre les peuples. Et...voilà ! C’est terminé, t’en penses quoi ?

Terik souleva ses bras, examinant chaque centimètre carré de sa nouvelle tenue et répondit à son amie par un simple sourire. Alors occupés respectivement à nourrir les Marvanais et à laver leurs tenues, Tri’liss et Glalien s’approchèrent, souhaitant voir à leur tour à quoi ressemblerait leur nouveau look. Tous deux finirent par applaudir leur amie et sa création, rapidement suivis par Terik qui en fit de même.

-Tu te surpasses comme toujours, lui dit Tri’liss. On ne pouvait rêver mieux comme couturière et amie !

Maïa, simplement gênée, ne sut trouver les mots adéquats pour lui répondre et préféra les remercier tous trois plus d’une fois. Contente de sa création et de la fascination que cela suscitait chez ses amis, elle s’assit sur son tabouret, replaçant une mèche de cheveux qui pendait devant ses yeux. Là où sa famille n’avait pu reconnaitre ses talents et ses ambitions, ses amis le faisaient. Son cœur battait rapidement tandis que la jeune femme tenta de cacher sa joie excessive.

-D’ici quelques jours, j’aurais fini toutes nos tenues et nous serons prêt pour l’entrainement, rassurez-vous ! Mais vous auriez déjà une idée d’où on pourrait aller si se présenter à Créos n’est pas possible ? On sera bientôt à court d’argent avec les dernières dépenses...

Aucun des danseurs n’avait réellement réfléchi à la question. Réfléchissant tous de leurs côtés, Glalien leva la main.

-J’ai peut-être une idée, dit-il de sa petite voix. On pourrait aller danser chez mes amis Drols, au village de ... . Je suis sûr que nous voir danser les émerveillerait et puis ça me ferait extrêmement plaisir de les revoir par la même occasion. Ah et puis ça serait une bonne façon pour vous de découvrir leur culture non ? Vous verrez c’est vraiment splendide chez eux !

-Et bien pourquoi pas, répondit Terik. Je me demande simplement s’ils seront réceptifs à notre danse, surtout que nous allons leur présenter une nouvelle chorégraphie. Es-tu sûr que cela les amusera autant que tu ne le penses ?

-Assurément ! Je ne vois pas en quoi cela les dérangerait, loin de là même.

N’ayant aucune autre alternative, le petit groupe acquiesça. Ils partiraient le lendemain matin pour un trajet d’une semaine vers le pays Drol.