Chapitre 3

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L’atmosphère était lourde. Les tensions entre les espèces se voyaient dans l’air. Les visages crispés, les regards noirs, il n’était pas bon de chercher des noises par les temps qui courraient. Entre deux grognements lâchés par des Drols, un peuple d’hommes-oiseaux, aux montagnes de pierres sur pattes que sont les Diopères, une petite frimousse brune soupira en constatant l’augmentation que les prix avaient subie depuis sa dernière venue en ville.

-Vous ne pouvez pas nous faire un prix ? Dix pièces la partition, il y a de quoi appeler ça du vol si vous me permettez, s’exclama une Tri’liss alors en prise avec un vendeur Drol.

Des plumes volèrent dans sa direction, tant bien que la jeune femme dû se protéger le visage pour ne pas en recevoir dans les yeux.

-Bon si vous y tenez, je vous prendrai les tissus mais hors de question de payer cette partition, voleur !

Le vendeur, fort content de sa vente du jour, se dirigea à l’intérieur de son stand pour préparer la commande. Tri’liss s’appuya sur le comptoir pour contempler ce monde désarticulé qu’était la ville de Créos, apercevant du coin de l’œil une silhouette ramper non loin d’elle. La jeune femme n’y prêta pas attention et préféra se concentrer sur l’agitation de la place du marché. Deux Drols étaient en passe de s’en prendre à un Natran, un homme plante aux membres racines qui était venu tenter sa chance à Créos, lui dont le peuple était d’ordinaire peu ouvert aux relations extérieures. Ni une ni deux, tout s’accéléra et les trois principaux intéressés finirent dans une mêlée qui devint bientôt générale. Tri’liss se dépêcha de récupérer son bien pour filer à toute vitesse et, profitant du désordre, l’ombre encapuchonnée vint à ses côtés.

-Alors, tu l’as ? lui demanda la jeune femme qui ne semblait pas inquiète d’une présence si funeste à ses côtés.

Une voix masculine lui répondit positivement et sortit de dessous ses habits un petit cristal aux reflets dorés qu’il tendit à Tri’liss. De la joie pu se lire sur son visage et elle n’attendit pas de se faire prier pour le prendre en main.

-Toujours aussi doué à ce que je vois, bien joué Glalien !

L’ombre enleva sa capuche et les mèches rousses du jeune homme apparurent aux yeux de son amie.

-Merci, lui répondit-il après avoir passé une main dans ses cheveux. C’était relativement simple, ce Drol ne surveillait rien une fois dans l’arrière-boutique alors voler un cristal c’est un jeu d’enfant.

Glalien avait beau donner l’impression d’être un garçon aussi sage qu’une image, la réalité était tout autre. Habile, beau-parleur, silencieux, le jeune homme avait tout l’attirail du petit voleur en herbes et il ne lui fallut pas longtemps avant de devenir l’informateur du groupe, sillonnant auberges et bars à la recherche de tout ce qu’il lui semblait utile.

Tout en esquivant les coups portés par les autres personnes présentes en ville et accélérant le pas pour rejoindre les portes de la cité, Tri’liss lâcha quelques regards à son ami. Mélange de sympathie mais aussi de tristesse, elle ouvrit la bouche, hésita à poser sa question l’espace d’un instant puis s’exécuta.

-Dis-moi, comment ça se passe au village ?

Glalien la regarda, étonné, ne s’attendant à aucun moment à recevoir une telle question.

-Et bien... Oui, je suppose. Tu sais bien qu’il ne se passe jamais rien là-bas alors tout doit bien se passer.

La jeune femme le fixa d’un regard plus mélancolique encore avant de reprendre.

-Je sais que tu reçois des lettres de tout le village par l’intermédiaire de tes Fainios alors raconte-moi un peu tout au lieu de rester pantois.

Glalien racla le fond de sa gorge, passa une main sur son visage et reprit.

-Tout va bien, la Cheffe se porte toujours aussi bien malgré son âge et m’a souhaité... Nous a souhaité de réussir partout où nous mettrions les pieds. Mes parents aussi vont bien, ils sont même sur le point d’avoir un second enfant. Je t’avoue que la perspective de devenir grand frère m’a énormément fait réfléchir à si je devais oui ou non rentrer au village. Sinon... Les récoltes ont été bonnes, les échanges avec les autres villages n’ont pas été impactés par les problèmes du royaume, je pense avoir fait le tour.

Tri’liss finit de le fixer, regardant droit devant elle. Elle savait que son ami lui avait caché certaines choses et que leur Cheffe n’avait sûrement souhaité que son bonheur à lui. Elle fit mine d’être heureuse de cette réponse mais rester ainsi sans nouvelles de sa propre famille pesait sur son moral. Une petite Fainios vint alors se poser sur son épaule. Ces petites fées resplendissantes de mille couleurs s’occupant de transmettre le courrier de tout le royaume s’étaient rapidement attachées au quatuor et s’empressaient à chaque fois qu’une lettre leur était destinée. Elle sourit à la jeune femme, portant en ses mains un bout de papier qu’elle lui tendit avec bienveillance. La jeune femme le prit avec tendresse tandis que la petite fée battait des jambes, profitant du voyage.

-Ça vient de Terik, dit la jeune femme alors que les deux comparses arrivaient doucement à la porte de la cité. Apparemment les esprits se sont aussi échauffés aux abords des murs et ils auraient été obligés de bouger pour se protéger. On va devoir marcher un peu !

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