Chapitre 2

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La nuit était toujours aussi calme. Aucun dragonnet en vue, rien. Rien à part Glalien et Maïa. Le benjamin du groupe était concentré sur le petit chemin de terre qu’ils empruntaient actuellement. Ses yeux braqués vers l’avant, une main de la jeune femme vint le sortir de de ses esprits. Le réveil fut si brusque qu’il en lâcha les rennes qui reliaient les Marvanais, de grands cervidés à la peau grise et aux bois noircis de par leur exposition à la magie humaine, à la roulotte. C’est le souffle saccadé qu’il tourna la tête vers elle.

-Préviens la prochaine fois, j’ai failli faire un infarctus !

-Y a pas mort d’homme voyons ! lui répondit la jeune femme en souriant. Tu m’avais l’air assez concentré, je me disais donc que détendre un peu l’atmosphère ne serait pas si mal que ça non ?

Glalien marmonna entre ses dents des mots d’un dialecte mystérieux que seuls les Drols, d’étranges hommes-oiseaux vivant au sud, pouvaient comprendre. Ses yeux se reposèrent sur la route, guettant chaque potentiel danger.

-Dis-moi Glalien, quel était ton rapport avec Tri’liss avant que vous n’intégriez la troupe ?

-Mon lien avec Tri’liss ? lui demanda le jeune homme quelque peu déboussolé. Pour tout t’avouer, je ne la connaissais pas. Personne ne la connaissait. Dans notre village, on avait pour coutume de l’appeler « L’âme errante » tant elle apparaissait et disparaissait sans laisser aucune trace. Des rumeurs que j’ai pu entendre, elle n’avait aucun ami, ou du moins, personne ne voulait le devenir. Elle était là mais sans l’être non plus, à s’intéresser aux autres sans que personne ne s’intéresse à elle en retour. Je suppose que c’est ça qui l’a poussée à devenir danseuse, rien ne la retenait là-bas après tout.

Les paroles du jeune homme avaient rendu la scène bien moins joyeuse que ne l’aurait voulu Maïa. Mais elle ne se découragea pas pour autant, son sourire resplendissant toujours sur son visage.

-Je vois, devenir enfin quelqu’un doit énormément lui tenir à cœur pour avoir laissé derrière elle tout ce qu’elle avait. C’est un but plus qu’honorable, je l’envierais presque...

Maïa ferma doucement les yeux, essayant d’imaginer tout ce que son amie avait subi jusque-là. Que ce soit la solitude ou encore le sentiment de ne jamais arriver à rien faire, tout cela peinait la jeune femme qui s’en voulait d’être née dans un cadre de vie plus que prisé. Elle qui était née dans une famille bourgeoise originaire de Sastis, une des plus grandes villes du pays, née d’un père diplomate et d’une mère archéologue, tout la prédestinait à vivre une vie des plus similaires. Et pourtant, cette vie de rêve tomba en morceaux le jour où elle décida de partir de la maison à la recherche d’aventures. « Mon but n’est pas aussi beau que le sien, pensa-t-elle. Je ne suis qu’une riche qui souhaite ne plus l’être après tout. »

Quelque chose lui chatouilla alors le nez. D’une main, elle tenta de se défaire de ce qui la dérangeait mais rien n’y faisait, sa peau la démangeait de plus en plus. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Glalien fixait le ciel, répétant à tue-tête « Il va pleuvoir. »

-Pleuvoir ? s’exclama Maïa interloquée.

Elle leva la tête et là, elle comprit les paroles de son ami. La pluie, cette fameuse pluie de poussière aux mille couleurs qui tombe chaque nuit lorsque la lune est au firmament. D’après les contes et légendes qui circulaient en Fréol, cette pluie serait l’œuvre d’une ancienne civilisation féérique depuis disparue dont les ailes avaient la particularité de produire une poussière que l’on disait magnifique. Cette pluie serait là afin que personne ne les oublie jamais et que leur mémoire resplendisse chaque nuit.

Tous contemplaient ce ciel de rêve, danseurs comme Marvanais. Le spectacle dura une petite demi-heure et, une fois celui-ci finit, la caravane se remit en route sans plus attendre. Le voyage dura jusqu’à l’aube où les premiers rayons du soleil éclairaient de leur douce étreinte la fameuse place de marché la plus connue du royaume. La ville de Créos était le lieu de rencontre inter-espèces le plus florissant que l’on connaisse tant la popularité de son marché n’était plus à refaire. Toutes les espèces de Fréol se réunissaient en ce lieu pour commercer tous types de produits, allant de la plus belle soie au minerai le plus solide qu’il soit.

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