Chapitre 1

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Une fois de plus, la soirée battait son plein. Les braseros disposés ci et là soutenaient l’ambiance chaleureuse de la scène, les badauds ne cessant de rigoler et de festoyer.
Dans le monde de Fréol, il était coutume que les races dites étranges se servent de l’art pour se faire accepter partout où ils passent. Que ce soit peinture, théâtre ou encore chant, tous y trouvaient leur compte et la paix régnait autrefois ainsi entre les peuples. La danse y était un milieu très prisé. Beaucoup de troupes avaient déjà tenté leur chance mais très peu avaient réussi à s’attirer les faveurs des foules.

Tri’liss n’avait que faire des ouï-dire. Son visage était perlé de sueur quand ses cheveux châtains lui tombaient devant le visage. La chaleur des planches était étouffante mais pourtant, ses membres se mouvaient seuls, comme animés d’une volonté propre. La jeune femme d’une vingtaine d’étés enflammait la scène de sa chorégraphie millimétrée, sa tenue rouge vif attirant les regards de tous ceux qui osaient s’approcher. À ses côtés, Terik ne se ménageait pas non plus. Le jeune homme était en symbiose avec sa camarade, à se demander s’il ne s’agissait pas là d’une seule et même personne. Si tous les regards étaient braqués sur les deux danseurs phares, il ne fallait pas non plus en oublier les deux ombres mouvantes du fond. Glalien, le benjamin du groupe, avait beau n’avoir que 16 étés, tous s’accordaient à le qualifier d’étoile montante de la danse tant ses mouvements étaient emplis de justesse et de fluidité. À son opposé se trouvait Maïa. Si celle-ci ne brillait pas par ses talents de danseuse, c’était bien sa beauté qui se chargeait de tout. Sa longue chevelure violette n’avait d’égal que ses yeux légèrement ambrés qui, disait-on, faisaient tomber qui que ce soit sous son charme.

Les dernières flammes s’éteignirent et l’obscurité reprit enfin ses droits. Le spectacle fini, l’attroupement s’était défait mais certains étaient restés, échangeant avec la troupe de troubadours. Tri’liss jeta un coup d’œil à son amie, elle qui était encore une fois interpelée par un nombre incalculable d’hommes, puis sourit. Surgit alors une rose devant le visage de la jeune femme. Une petite fille, pas plus haute que trois pommes, la tendait du bout des bras. « Tenez ! » s’exclama-t-elle alors que la danseuse était encore surprise d’un tel cadeau.

-Merci petite… lui répondit-elle, émue. Dis-moi, le spectacle t’a plu j’espère.
-Beaucoup ! Vous dansez vraiment bien avec vos amis ! J’adorerais pouvoir vous revoir alors revenez d’accord ?

Ce furent là les derniers mots qu’elle reçut avant que sa petite fan disparaisse à nouveau dans la foule. Encore émue de ce qu’il venait de lui arriver, Tri’liss serra la rose dans le creux de sa main avant de retourner près de leur tente afin de s’y reposer, tapotant l’épaule de son amie au passage. Enfin assise après un tel effort physique, elle put lâcher un soupir et ferma les yeux.

-Ce serait dommage de t’endormir maintenant, prononça ce que l’on supposait un homme. Tu t’en es super bien sortie aujourd’hui partenaire.

Comprenant qu’il s’agissait là de Terik, Tri’liss rit légèrement.

-Merci… Tu t’en es bien sorti aussi. Il faut dire que les tenues de Maïa étaient superbes. Je me suis sentie libre de mes mouvements pour une fois. Il faudra que je pense à les remercier eux aussi pour le travail qu’ils ont accompli.

Terik acquiesça, se disant lui aussi que le travail fourni par leurs deux amis avait été plus que mémorable. Quelques paroles furent échangées avant que le silence s’installe entre eux deux. La fatigue prenait le dessus et ne laissa plus place qu’à la nuit noire et froide qui les entourait. Pas un bruit n’était entendu, seule résonnait la respiration quelque peu haletante de la jeune femme qui peinait à se calmer. Un coup de vent se fit sentir. Une des courtes mèches brunes aux reflets roux de la jeune femme passa sur son visage, obligeant celle-ci à rouvrir les yeux pour la dégager. Alors qu’elle ne s’attendait qu’à percevoir la voute céleste, que ne fut sa surprise quand elle remarqua d’étranges lueurs orange perçant les environs. Cette fameuse teinte orangée était due à la torche que tenait Glalien, debout derrière son amie. Á ses côtés, la douce Maïa regardait tendrement la scène, poussant le jeune garçon à s’assoir près d’eux lui aussi. Tous les quatre discutèrent alors de leur prestation, se félicitant l’un l’autre.

-Au fait, il faudrait penser à changer l’orchestra, je commence à ne plus pouvoir supporter cette musique, s’offusqua quelque peu Glalien en pointant du doigt une étrange boite en marbre.

L’orchestra, un objet magique célèbre dans toutes les contrées pour sa faculté à recréer les plus grandes musiques de ce monde. Il suffisait d’acheter un cristal contenant la mélodie pour que celle-ci soit jouée à la perfection, permettant à chaque danseur d’assurer sa représentation où qu’il soit.

Celui-là même que Terik utilisait depuis des années n’avait pas été changé depuis des lustres. En cause, la symphonie qui en sortait collait tellement à leur danse qu’il n’avait pu se résoudre à utiliser un autre cristal.

-Tu as sûrement raison, lui répondit le principal intéressé. Une fois en ville, je me chargerai d’en acheter un nouveau. J’espère juste pouvoir en trouver un qui corresponde à notre style et qui ne nous coutera pas trop cher parce que les finances ne se portent pas pour le mieux.

Depuis quelques années maintenant, l’art perdait de sa superbe. Les relations entre les espèces se détérioraient au fil du temps et les troupes comme celle de Terik et compagnie peinaient à trouver public. Si la prestation de cette soirée fut un succès pour notre groupe, il n’en était pas toujours de même.

-Si on change de musique, vous savez que l’on devra inventer une nouvelle chorégraphie pour l’accompagner n’est-ce pas ? continua Maïa. Personnellement ça ne me dérange pas mais peut-être que vous oui.

Ses trois autres compagnons lui répondirent que cela ne les dérangeait absolument pas. Le programme était décidé. Glalien et Maïa s’occuperaient de conduire la roulotte à bon port tandis que les deux autres se reposeraient de leur dure soirée à l’arrière. Leur but était simple : arriver en ville au lever du jour pour répéter toute l’après-midi.

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