Vertikal[6][6] { In Awe Of }

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—   Blondinette, la radio ! Grouille !

—   Le seul gars qui savait faire fonctionner ce truc est sous tes pompes ! En plus, il a foutu du sang partout !

—   Je veux pas le savoir !


<n1l> Rouge. Du rouge sur le sol. Du rouge sur les murs. Du rouge dans mes mains. Les couleurs avaient explosé, vives et soudaines. Leurs bonnes odeurs, étaient souvent épicées d’un peu de colère relevée d’un brin de peur. Puis, peu à peu, les mouvements s’étaient ternis, ils avaient gagné en viscosité, ils étaient devenus mous. Parfois, un éclat plus bruyant que les autres surgissait des ombres et peignait le monde à grand coup de cri et de morceaux de métal. Alors je dansais avec, et je finissais par dévorer leurs couleurs. J’ouvrais leur corps, faisait sortir ce qu’ils avaient à l’intérieur. Dans ces moments-là, c’est la fin que j’adorais. Tout à la fin, il y avait ce petit point de vie, qui battait furieusement, plus furieusement qu’il n’avait jamais battu toute sa vie. Ensuite, il s’arrêtait, le cumul de toute une vie, condensé en un seul moment, le temps d’un mouvement.

 

Mais là, il ne reste que le décor désespérément immobile qui m’entoure. J’en veux plus. Encore plus.

 

—  Pourquoi, tu crèves pas salope ?

 

Tiens, il en reste un, de battement.

 

—  Qu’est-ce que t’es bordel ?

 

Étrange, il y a quelque chose autour de lui. Comme un cri, mais en moins passionné. Ça sent un peu la peur, mais surtout la colère. Je comprends que ce sont des mots, qu’il est en train de me parler. À quoi bon, cela ne va que gâcher son dernier mouvement. Je m’apprête à l’achever, quand je sens un changement. Une rage s’allume, violente et soudaine, rouge.

 

—  Putain, tu veux pas causer c’est ça ? Ramène ta sale gueule par-là, papa Livingstone à un cadeau pour toi.

 

Une grenade roule de ses mains ouvertes. Je ne peux pas m’empêcher de sourire. C’est donc le sacrifice qui teinte sa rage ? Le sacrifice pour la victoire ? Une odeur forte et épicée me remplit aussitôt, pendant quelques instants, je savoure : la satisfaction, une colère assouvit, une pointe d’assurance.

 

Et si on y ajoutait du désespoir ?

 

D’un coup sec, je le tire vers moi, au-dessus de sa grenade. Il a encore la force de hurler quand ces ongles, désespérément fixé au carrelage poussiéreux se décollent soudain. Il sait qu’il va mourir, alors quand il a son dos sur sa propre grenade, il fait de son mieux pour ne pas bouger. Il me fixe de ses yeux exorbités, il crache du sang par tous ses orifices. Ses dents sont peintes en rouge, alors que sa bouche dégouline de bave. Il a encore la force de me haïr, pour le moment. Mais comme tous les autres, il va finir par réaliser. Son corps commence à se débattre, malgré ma botte collée sur sa gorge, ses doigts sanguinolents en grattent frénétiquement le cuir. Je retiens mon souffle, je m’ouvre en grand. Bientôt, toute bravade va le quitter, sa haine va se dégonfler, et la peur va éblouir à sa place. De cette transition naîtra un mouvement intense, fait de contradiction, et d’émotions trahies. Puissant et délicieux. Maintenant, meurs et deviens !

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