Chapitre 1 - Will

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Sur la route du retour, je profite du ronronnement de ma bécane et du vent dans mes cheveux pour essayer de me détendre. Putain, ces derniers jours ont été intenses. La cargaison d'armes a bien été livrée dans les temps et les irlandais ont été réglos.

On rentre au bercail et à cet instant, je ne rêve que d'une chose putain : une bonne bière et une bonne baise. Rien de mieux pour se détendre. Quand on se gare enfin dans la cour du club, je m'allume une clope et observe la bâtisse. Elle est immense et imposante. Il fallait ça pour les Road Angels. Gros club. Grosses queues. Grosse barraque. Ma connerie m'arrache un sourire. Toute en pierre, elle trône au milieu d'un parc de plusieurs hectares de bois. Mes frères maqués avec une régulière et des gosses ont pu construire leur chalet sur le terrain.

Moi, j'ai toujours ma piaule au QG. Et ouais, malgré mon étoile, mon bébé, ma fille Lorie, je ne me suis jamais laissé passer la corde au cou ou la bague au doigt. Ah putain, non ! Quelle connerie ! Rester toute sa vie avec la même gonzesse, à baiser la même chatte ! Ils sont complètement cons ! J'ai jamais compris ce besoin de rentrer auprès de la même gonzesse chaque soir. Et quand je vois mes frères jouer les canards avec leur femme, putain ça me colle des envies de gerber ! Sans déconner ! Oui chérie ! Non chérie ! Bien sûr chérie ! Elles les tiennent par les couilles ou leurs couilles ont foutu le camp, au choix. Alors quand je les entends parler de ce qu'ils vivent en couple, putain je suis trop content de pouvoir les faire chier en baisant tout ce qui bouge. Bordel, on a qu'une putain de vie, autant en profiter ! Moi, je suis libre et je compte bien le rester ! Pas de gonzesse pour me faire chier ! Je bois. Je baise. Aucun compte à rendre. La putain de liberté.

Bon, j'évite juste quand mon bébé est dans le coin. Lorie n'a pas besoin d'être témoin de ça, même si elle sait depuis longtemps que je ne suis pas un ange. Après tout, même si c'est sa mère qui l'a élevée, elle a passé toutes ses vacances ici. Et puis quand sa mère s'est mariée avec ce gros bâtard qui pensait pouvoir lever la main sur ma gosse, c'est parti en couille. Lorie est venue vivre ici après que j'ai dérouillé cet enfoiré. Alors, elle connaît bien le club, ses règles et habitudes et mes frères. Pas que ça m'enchante. J'aurais préféré qu'elle ne foute jamais les pieds ici.

Pour ses études, elle a dû prendre un appart près de l'hôpital. Et putain, je l'aime plus que tout au monde, mais j'étais pas mécontent qu'elle se casse. Faut dire que mon bébé est devenue une putain de nana. Belle comme le jour et le regard de mes frères sur elle commençait à me rendre dingue. On ne touche pas à ma gosse. Alors le plus souvent, c'est moi qui vais la voir. Pas évident avec ses horaires de dingue. Mais je préfère.

Taylor, mon meilleur pote et Road Captain me sort de mes pensées en me collant une bourrade dans le dos.

- Tu rêves mon frère ? Me demande-t-il en haussant un sourcil.

- Non, je pensais à ma poupée, réponds-je.

- Quand est-ce que tu me la présentes ?

- Quand tu te seras fait couper les couilles mon frère. Personne n'approche mon bébé, lâché-je en lui adressant un regard noir pour que les choses soient claires.

- Arrête tes conneries, merde. Je pourrais être son père.

- Bah tu l'es pas ! Et t'as une queue, même si t'as pas l'air de t'en servir !

Taylor m'adresse son majeur, ce qui m'arrache un sourire, avant de déguerpir en direction du QG. Même si c'est mon meilleur pote et que sa loyauté envers le club ou envers moi n'est plus à prouver, personne ne touche à mon bébé ! Ça reste un mec et un biker, ça suffit à le tenir éloigné de Lorie. Je veux mieux pour elle. Qu'elle rencontre un mec bien, qui la traite comme une reine, sinon je veillerai à lui faire ravaler ses dents !

Taylor est un mec bien, droit, discret, loyal. Il a rejoint le club il y a plus de deux ans maintenant. Il évoluait dans un autre chapitre et a demandé son transfert après une sale histoire. Il n'en parle jamais, mais je sais que même s'il a encaissé, il n'a plus jamais été le même après ça.

Depuis qu'il a intégré le MC, on fait une sacrée équipe. Je suis aussi taré qu'il est calme, aussi impulsif qu'il est réfléchi, aussi queutard qu'il est puceau ou gay. C'est vrai, j'aime les femmes et la baise et je ne m'en prive pas. Taylor, personne ne l'a jamais vu avec une gonzesse. Au début, j'ai tout essayé pour qu'il s'essaie aux vides couilles que sont les brebis, j'ai vite abandonné. C'est un putain de cas désespéré. Aucune ne semble l'attirer. Pire, aucune ne le fait bander. Moi, en revanche, je ne me fais pas prier. De toute façon, dès qu'elle ont goûté à l'anaconda, elles en redemandent toutes.

Je rentre au QG et retrouve Taylor. Quelques-uns de nos frères sont au bar à parler et se marrer, pendant que d'autres disputent une partie de billard en bonne compagnie. Mais j'ai pas vraiment le temps de m'attarder. Je suis encore en mission jusqu'à ce que je rende des comptes à mon Prez. Je traverse la salle et me dirige vers le couloir du fond, où se situe son bureau. Arrivé devant la porte, je frappe et attends qu'il m'autorise à entrer. J'ai fait l'erreur une fois d'entrer sans frapper et l'ai trouvé en pleine action avec Cathy, notre première dame, sa régulière, sa femme et ça m'a valu de bouffer liquide pendant un bon mois. Même si ce souvenir m'arrache un sourire, ma mâchoire s'en souvient encore.

Personne ne touche à Cat. Vic, notre Prez y veille. Elle est tout pour lui. Il en est raide dingue depuis le lycée. Presque trente ans que ça dure. Il ne parle jamais d'elle. Pas son genre. Mais putain, y'a qu'à voir comment il la regarde pour comprendre. J'ai jamais compris mes frères qui choisissent de se passer la corde au cou avec les emmerdes qui vont avec, mais quand on voit Cat et Vic putain, ça me filerait presque des complexes. Ils baisent comme des lapins. Mais le plus beau, c'est la complicité qui les unit. Ils se parlent et se comprennent en un regard. Notre Prez, c'est pas un bavard. Je dirai même qu'il fout carrément les jetons. Mais quand elle est là, il a cette lueur dans les yeux qui ne trompe pas. Ça donnerait presque envie. Mais non putain, qu'est-ce que je raconte ! N'importe quoi ! La liberté y'a que ça de vrai !

Cat, c'est notre rayon de soleil. Toujours de bon poil. Chaleureuse, attentionnée, bienveillante avec chacun d'entre nous. Elle et Vic n'ont pas eu la chance d'avoir de gosses. Alors elle nous bichonne. Une vraie mère poule. Mais ne vous trompez pas, si quelqu'un touche à ses petits, elle est pire qu'une louve. Elle pourrait vous arrachez un bras avant que vous nous ayez approché !

- Entrez !

J'entre dans le bureau avec Taylor pour un débrief que j'espère rapide. J'ai besoin d'une bonne douche et de me détendre entre les cuisses d'une gonzesse.

- Alors? me demande Vic assis derrière son bureau, alors que Jo, notre VP, nous observe le cul posé sur l'angle du meuble.

- C'était tendu. Mais tout s'est bien passé. On était dans les temps et ils ont été réglos. Ils veulent vingt caisses de plus le mois prochain, l'informé-je.

- S'ils veulent augmenter la quantité, il va falloir revoir notre marge et le transport lâche Jo.

- Je vais y réfléchir, tranche Vic.

J'hoche la tête, Taylor aussi. La discussion est terminée. Vic ne nous en dira pas plus. Alors que je tourne les talons, la voix de Jo m'arrête.

- On va faire un tour au Dark Roses ce soir, vous en êtes ? questionne Jo avec un sourire carnassier en me fixant.

- C'est une putain de question mon frère? dis-je en haussant un sourcil avec un sourire de chacal, alors qu'ils se marrent tous.

Non mais sans déconner ! Est-ce que j'ai une gueule à refuser une soirée avec mes frères à picoler et baiser ? Non putain. Et ce soir en particulier. J'ai vraiment besoin de me détendre. Ces derniers jours ont été intenses. Il a fallu resté zen pour cette putain de livraison et c'est pas dans ma nature. Je sors du bureau, traverse le club house avant de me faire alpaguer par Trina, une brebis.

- Will, susurre-t-elle d'une voix aguicheuse, où t'étais passé? Je me suis ennuyée sans toi.

Je ne lui réponds pas et l'embrasse à pleine bouche, histoire de la lui faire fermer, sinon j'en ai pour des plombes. Je la relâche à bout de souffle et me barre en direction des escaliers pour rejoindre ma chambre.

Une fois la porte fermée, je sors mon portable et envoie un message à mon étoile. Je lui donne toujours des nouvelles. Ça la rassure. Et ça évite surtout qu'elle débarque ici. Pas que je veuille pas la voir, hein. Mais pas ici... J'aime pas qu'elle vienne au club. Mes frères la matent comme des affamés. Ça me rend barge ! J'ai envie de les défoncer! Merde, mon bébé mérite mieux que ça !

Je me dessape et file sous la douche avant d'avoir des envies de meurtres. Hors de question qu'elle fréquente le club ! Elle a sa vie maintenant, loin de tout ça. Elle va se dégoter un gars bien, genre médecin ou un truc comme ça et elle sera heureuse loin du club. C'est pas une vie pour une gonzesse. Si certaines s'y font comme Cat, pour la plupart, c'est la vraie merde. Mon étoile, c'est une rêveuse. Une idéaliste. Elle veut être pédiatre. Et puis c'est la douceur. La gentillesse. La fragilité. C'est ma princesse quoi. Ce monde est trop sombre et violent pour elle.

Je me savonne en essayant de penser à autre chose. Aux petites chattes qui m'attendent déjà sûrement au Dark Roses. Putain, faut vraiment que je baise. Quatre jours de mission à cran. Je suis une putain de grenade dégoupillée. Je me rince en quatrième vitesse, me sèche et m'habille. J'enfile juste un jean noir déchiré. Ouais, je suis comme les scouts, toujours prêt ! Un tee-shirt noir prêt du corps. Un coup de cire dans les cheveux, un coups de peigne dans la barbe, déo, parfum. Ouais je sais, pire qu'une gonzesse ! Mais putain, on attrape pas des abeilles avec du vinaigre ! Allez, mon corps d'Apollon et ma belle gueule feront le reste. Sans parler de l'anaconda.

Je choppe une poignée de capotes - ouais je suis optimiste et surtout réaliste - et descends rejoindre mes frères au club house avec l'envie vissée aux tripes de me taper tout ce qui bouge. Putain, ils sont tous déjà là. Vic, Cat, Jo et Taylor m'attendent en buvant une bière.

- Putain mon frère, t'es pire qu'une nana ! Des plombes qu'on t'attend ! grogne Jo.

- Jo, le gronde Cat.

- Allez, on décolle, tonne Vic en roulant une pelle à Cat.

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