9.

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C'est dans la solitude que cette deuxième semaine de l'année commença en ce lundi huit janvier pour Cédric. Depuis la veille où la jeune rouquine était venue lui porter conseil, il n'avait plus adressé la parole à qui que ce soit, comme à son habitude. Il lui était reconnaissant d'avoir jugé bon de tenter de le guider pour qu'il puisse se sentir ne serait-ce qu'un peu mieux, même s'il n'allait jamais l'avouer à personne, lui-même comprit. Il avait repensé à l'idée d'aller parler aux deux énergumènes, malheureusement, elle était loin de l'enchanter. C'était pour cette simple raison que le garçon ne tenta pas d'approche envers eux. Il l'avait précisé à la fille le jour précèdent, il avait eut les réponses à ses questions et il n'estimait pas nécessaire d'ajouter d'avantage de troubles dans son esprit déjà bien malade. Loin de lui l'envie et l'idée de donner à cette insupportable Cassy une raison pour ne plus le lâcher.

Cette après-midi, la cour était vide au contraire du préau, sous lequel Cédric s'était installé, qui lui était emplie de vie. Les voix des quelques pensionnaires présents dans l'endroit raisonnaient. Le garçon s’exerça au seul passe-temps qu'il pratiquait depuis son arrivée ici ; l'observation. Le regard de celui-ci se porta sur un groupe de quatre garçons qui semblaient faire plus de bruits que les autres. Trois d'entre eux, armés d'un des ballons délaissés dans un coin du préau, embêter un jeune garçon en visant la tête de se dernier sans défense.

« Quel bande de cons. » Pensa-t-il sans même intervenir.

Le quatrième, bien que plus discret que ses camarades, ne tentait rien non plus pour défendre la pauvre victime des trois autres. Il était négligemment adossé contre un mur, juste à coté de l'endroit où se déroulait la scène. Cédric s'arrêta un instant sur les cheveux de celui-ci qui paraissaient étrangement violets, une couleur de cheveux loin d'être habituelle. Le petit aux cheveux châtains qui se faisait harceler, couvrait sa tête ronde de ses bras fins pour la protéger des tires de ses trois agresseurs qui paraissaient beaucoup plus âgés que lui.

-Mon frère ! Laissez-le bande d'idiots !

Une fille à lunettes venait de sortir du bâtiment principal d'un pas rapide en hurlant ces mots. Elle était accompagnée par une fille insolite ayant ce qui paraissait être des cornes sur la tête. Elles s'étaient précipitamment interposées entre deux d'entre eux et le plus petit.

-Ravi de te voir aussi Sophie. Lança le plus grand d'un air dédaigneux.

-Ta gueule Clark, laisse Ulrich tranquille ou c'est à moi que t'auras à faire.

Le petit clan rit joyeusement face à cette menaça qui n'avait aucunement l'air de les indisposer.

-On ne frappe pas les filles nous. Répliqua Clark en jonglant d'une main à l'autre avec son ballon.

Sans dire un mot de plus, la jeune fille aux lunettes agrippa le bras de celui qui semblait être son petit frère avant de l'entraîner à l'intérieur sous les rires des trois abrutis qui s'étaient amusés à le tourmenter. Celle avec les cornes était restée immobile. Avant de suivre son amie, elle avait lancé un bref regard en direction du garçon aux cheveux violets qui s'était redressé, désolé, en la voyant. À présent seuls, ce dernier s'approcha plus près des trois autres qui avaient commencés à s'envoyer la balle.

-Salut le nouveau ! Avait hurlé Cassy en sautant brusquement dans le champ de vision de Cédric.

Celui-ci sursauta. Ça n'arrivait donc jamais à cette fille de venir vers lui sans sortir de nulle part ? Sans qu'il eut le temps de prononcer le moindre mot, la jeune fille prit place sur le banc à ses cotés. Elle était accompagnée de son fidèle copain, l'incompréhensible Eric qui, lui, s'était automatiquement installé à terre en face d'eux. Lorsque celui-ci prit place, les pupilles de Cédric furent instantanément attirées par la partie de la fine mâchoire du garçon qui s'était momentanément découverte. Il n'eut pas le temps d'apercevoir grand-chose si ce n'était qu'une curieuse marque rouge qui semblait parcourir une bonne partie de son visage. Était-ce là la fameuse cicatrice dont on lui avait parlé, la raison pour laquelle ce jeune homme se cachait du monde ? Le rouge de cette blessure contrastait beaucoup avec sa peau pâle. Cédric eut le temps de constater que la partie de sa peau blessée ne semblait pas aussi lisse et nette que celle des parties découvertes de son corps.

« Qu'est-ce que c'est ? Une brûlure ? » Pensa-t-il.

Une fois installé, le fragile garçon réajusta sa casquette sur le haut de son crâne. Il porta la main à celle-ci, laissant Cédric percevoir une autre blessure. Une marque traversait l'entièreté de son avant bras d'une ligne bien droite. Le jeune brun se posa pleins de questions concernant celui qui était assit devant lui. D'où lui venaient ses marques ? Comment en était-il arrivé là ? Quoi que puisse être les réponses à ces questions, elle ne devaient pas être agréables à entendre.

-Tu vois Eric? Toujours à te fixer celui-là. Fit remarquer la fille du trio.

Cédric secoua la tête, comme pour sortir de sa transe, avant de porter son regard sur elle.

-Qu'est-ce que vous me voulez ? Dit-il sèchement, quelque peu étonné que son compagnon, d'ordinaire solitaire, se soit joint à eux.

-À ce qu'il paraît tu mènes une enquête le nouveau.

-Comment t'es au courant de ça ?

-Tout fini par se savoir ici, le nouveau. Annonça-t-elle amusée. Pourquoi ne pas être venu nous voir, on aurait pu y répondre nous à tes questions.

Cédric lança un regard lourd de sens à l'égard du garçon assit par terre.

-Bon, « j'aurais pu y répondre » plutôt. Corrigea-t-elle en ayant comprit où il voulait en venir. Alors, qu'est-ce que tu veux savoir ?

-Plus grand-chose à vrai dire.

Agacé par leur simple présence, il se leva sans attendre. Cassy le retint soudainement par le bras.

-C'est une habitude chez toi de t'enfuir sans dire un mot. Tu vas où encore ?

-Je n'ai plus rien à faire ici on dirait bien, alors je m'en vais. Dit-il calmement.

-Tu peux rester avec nous tu sais ?

-Sans façon, merci…

La voix du garçon laissait paraître de plus en plus son impatience.

-Aller, qu'est-ce qui t'empêche de rester avec nous ? Tu es toujours tout seul, ça te changera un peu.

-Disons que je n'ai aucune envie de rester là à sympathiser avec une fille qui passe son temps à faire chier son entourage et un gamin à problèmes défiguré ! Répliqua-t-il plus énervé sans avoir prit la peine de réfléchir.

Il ne fallu qu'une fraction de seconde pour que Eric, visiblement vexé, se relève et s'en aille d'un pas rapide, la tête baissée. Cassy, indignée se leva à son tour, le bras de Cédric toujours dans sa main. Celui-ci profita de l'occasion pour se dégager de sa prise.

-À quoi tu joues petit con ? T'es fier de toi ? T'avise plus jamais de lui parler de cette manière ! Avait-elle pratiquement hurlé avant de commencer à s'éloigner.

Cassy se ravisa et fit demi-tour, s'approchant à nouveau de lui, le poussant à l'occasion.

-Tu sais quoi ? Vas te faire foutre ! Tu veux être seul ? Parfait ! Tu te crois au-dessus de nous mais si t'es bloqué ici aussi c'est que tu vaux pas mieux, abruti !

La jeune brune s'éloigna encore une fois, en colère. Elle semblait plus avoir été toucher par ce qu'il avait dit sur son ami que sur elle-même. Cédric, pour qui tout s'était produit trop vite se laissa tomber sur le banc. Qu'est-ce qui lui avait prit ? Il n'avait jamais osé parlait à qui que ce soit de cette manière auparavant. Marie, qui sortait du bâtiment pile à ce moment là, avait croisé Cassy, mécontente. La rousse leva la tête en direction de celui qui l'avait chassé. Inquiète, elle fit un pas en sa direction. Au loin, celui-ci lui fit un léger « non » de la tête, lui indiquant qu'il préférait rester seul. C'est en soupirant que celle-ci se rétracta, respectant la décision de ce dernier d'être esseulé. Clark, à quelque mètres de là semblait intéressé par ce qu'il venait de se passer. C'est en fusillant Cédric du regard qu'il continuait à se passer le ballon avec ses camarades.

Le brun passa le reste de cette journée en retrait sur son banc, malgré la fraîcheur de l'hiver qui se fit de plus en plus ressentir. Seul l'obligation de se rendre au réfectoire à l'heure du repas le fit bouger de l'endroit où il stagnait, enfermé dans sa bulle. L'appétit lui avait était coupé. En temps normal il ne manger déjà pas énormément, mais ce soir là, il n'arriva à rien avaler. Il sentit un étrange sentiment au fond de lui, curieusement familier, la sensation qu'il ressentait former une boule dans son ventre lui semblait être... du regret.

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