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La cour impériale déployait ses fastes, comme à l’ordinaire. Alors qu’il suivait l’un des vastes couloirs peu fréquentés, il parcourait d’un œil blasé le décor de marbre poli et de colonnades blanches. Il pensait à autre chose. Lors de son arrivée à la cour, l’Empereur avait paru ravi de le voir. Ce n’était pas le fait de recevoir le troisième prince du royaume voisin qui l’avait réjoui – après tout il se murmurait que l’Empereur appréciait peu le Roi –, mais plutôt celui d’accueillir un prince exilé, qu’il pensait pouvoir utiliser au besoin. Il lui avait donc offert une place à l’Armée pour signifier à tous qu’il l’acceptait au sein de l’Empire. Seulement, il se trompait lourdement. Le jeune soldat avait voué sa vie à cette nation, certes, mais pas à son souverain. Après son accueil à la cour, un autre personnage s’était intéressé au prince déchu : le Président de l’Académie Militaire. Cet homme était intriguant. Il avait apparemment décidé de protéger l’étranger alors que celui-ci n’avait aucun lien au palais. Il l’avait promu adjudant et assuré de son soutien. Le jeune officier s’était demandé pourquoi il suivait avec autant d’attention son évolution à l’armée. Ce n’était sûrement pas dû à la faveur de l’Empereur, car le Président était un homme très indépendant. La seule explication possible demeurait la réelle identité du prince. Cet homme avait dû enquêter et découvrir les raisons de son exil. Restait à savoir comment il s’était débrouillé pour obtenir ces informations. Peut-être faisait-il partie des invités de ce fameux bal où feu l’Impératrice lui avait rendu la mémoire.

Le jeune homme remarqua qu’il était arrivé. Après avoir fait son rapport à ses supérieurs, ils se rendait au bureau du Président qui l’avait convoqué. Il n’avait pas précisé ses intentions mais le soldat pressentait une requête qui allait lui déplaire. Il toqua à la porte.

« Entrez. » répondit une voix à l’intérieur.

Il suivit l’injonction et passa dans le bureau. La pièce de taille moyenne contenait des rayonnages entiers de livres militaires, que venaient éclairer de grandes fenêtres. Au fond, entre deux bibliothèques, se trouvait une grande table de travail en bois massif. Assis derrière, un homme d’apparence âgée et vêtu d’un grand manteau pourpre triait des documents. Il leva un regard vers le nouvel arrivant, qui le salua.

« Vous m’avez fait appeler, Président Miroku ? commença le jeune officier.

- En effet. J’ai un service à te demander, Ayanami. »

L’étranger cilla. Il ne s’était pas encore habitué à son nouveau nom. L’autre égalisa une pile de dossiers et reprit :

« Tu n’ignores pas que dans quelques jours aura lieu une réception au palais. Elle sera donnée pour les commémorations de la Croisade de Schedel. De nombreuses personnalités y assisteront, et j’aimerais que tu surveilles l’une d’elles.

- S’agit-il d’une autre mission d’espionnage ?

- Non, sourit le vieil homme, pas cette fois-ci. Je sais à quel point elles te déplaisent, d’autant que tu n’apprécies pas que je t’utilise ainsi. À ce sujet, je dois dire que je te comprends tout à fait, cependant j’ai besoin ponctuellement de tes services car tu es plus libre de tes mouvements que moi.

- Il faut bien que je vous remercie pour ce que vous faites pour moi. dit le soldat d’un ton neutre.

- Ne t’en fais pas, ajouta l’autre, une fois que tu auras suffisamment monté en grade tu seras toi aussi trop en vue pour ce genre de missions. Mais revenons à notre sujet initial. Ton objectif sera simple : il s’agira de veiller sur une dame de la cour, qui ignore que certains cherchent à lui nuire. Elle s’appelle Lieva Adalweiss, et est la fille adoptive de Eva Trirhodes et Markus Oak. Sa véritable mère, Aliza Werner, portait le titre de Marquise de Yumekawa.

- Ce nom m’est familier.

- On a assez parlé d’elle il y a quelques temps, car elle avait participé à un complot, ce qui lui a coûté la vie. Et à présent ses adversaires veulent s’en prendre à sa fille. Bien sûr, la demoiselle ignore tout de ces sombres intrigues.

- Quels étaient les enjeux de ce complot ? s'enquit le jeune officier.

- La famille Yumekawa est rivale avec la lignée Von Nebelmond. Entre eux, ce sont de perpétuels jeux de pouvoir. Il faut croire que cette fois-ci la vendetta a pris de l’ampleur.

- Et donc, résuma le soldat, je vais devoir veiller sur Mademoiselle Adalweiss pendant le bal. Mais que se passera-t-il après ?

- Elle ne se rend que rarement à la cour. Ses parents la protègent. Tu n’entendras peut-être plus parler d’elle. »

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