Indifférence Notoire

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[ Les propos tenus ne sont en aucun cas à prêter à l'auteur]

Dans la masse, on passe pressé, tiré en avant par la menotte du temps. Il fait soir et les bureaux refluent dans les rues. On sort pour regarder devant soi, au loin, en pensant à demain, ou à hier, on ne sait plus bien.

Après une journée fatigante, on marche mécaniquement, les oreilles fermées et les yeux détournés de ces rejetés de la société qui troublent, interpellent et mendient.

Il faudrait les aider ?

Non, on a déjà donné à la croix rouge !

Mais il sera peut-être trop tard, le froid pourrait les emporter cette nuit ?!

De toute façon, qui sait ce qu'ils feront de cet argent ?
Bière ?
Cigarette ?
Drogue ?

Ce n'est pas un bon moyen de les aider !

On devrait trouver un meilleur moyen, il est à chaque fois plus dur de les ignorer. Ce n'est pas une situation tenable. On pourrait leur trouver un endroit meilleur. Quelque chose de mieux que ce qui leur sert de "vie"...

Pas d'existence. Pas de reconnaissance. Les pas contournent. Les regards fuient. Et quand les pièces sonnent, ce n'est que pour acheter la bonne conscience, l'indulgence divine. Pauvres fantômes condamnés à paver les trottoirs.

Vous passez, sans jamais nous voir. Regardant au-dessus, du haut de ces jambes vives et de ces habits bien en plis. Jamais, nous ne semblons à votre hauteur, digne d'intérêt. C'est à peine si parfois, vous ne nous écrasez pas.

Et quand la nuit se fait glaciale, que le froid en paralyse certains, nous nous efforçons de venir en aide aux plus faibles, à ceux souffrant à l'ombre de vos fenêtres. De les transporter dans un endroit un peu plus chaleureux.

Nous œuvrons dans l'ombre. Personne pour nous remercier. Personne pour s'y intéresser. Et quand notre action se fait enfin visible, seuls des pas plus tranquilles et des regards plus flâneurs, nous sourient une gratitude démangeante, dérangeante.

Et bien que nos locaux ne soient pas spacieux, ni même confortables, ils sont baignés d'un doux chauffage géothermique. Nous les installons au mieux dans ce que les faibles dons humanitaires nous ont permis de construire.

Parfois, nous n'avons pas été assez rapides et des engelures se forment. Craquelés de froid, nous sommes forcés d'amputer, pour préserver la vie.

Dans ce doux foyer au grand toit goudronné, nos enfants grandissent peu à peu, nourris de produits frais et naturels. Pour qu'un jour, quand leurs mandibules seront assez grandes, ils puissent poursuivre notre œuvre humanitaire à plus grande échelle, dont tu seras le futur donateur.

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