Chapitre 22 - Alice

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An 500 après le Grand Désastre, 3e mois de l’été, la Place des Cinq, le Noyau.

De toutes mes forces, j’essayais d’empêcher les nuages de se rassembler. Faire appel à l’éclair qui allait tuer Achalmy était au-delà de ce dont j’étais capable. Pourtant, une partie de moi s’était résolue à le laisser mourir. Après tout, c’est ce que nous avions convenu : la victoire devait nous revenir, quel que soit le prix.

Malgré ces convictions, mon cœur hurlait d’effroi tandis que le ciel grondait de rage au-dessus de nous. Je savais que c’était trop tard : la main d’Aion posée sur mon épaule était là pour m’obliger à ne pas fléchir. C’était moi qui avais commencé à rassembler des nuages afin de créer un orage, mais je n’aurais pas cru que notre meneur se servirait de cette opportunité pour porter le coup fatal. Peut-être assez naïvement, je m’imaginais qu’Al allait enfoncer son sabre dans le cœur de Calamity, ou qu’Aion lui arracherait ses pouvoirs.

Mais, à présent, l’issue du combat me semblait scellée.


D’un gris sombre et terne, les nuages qui claquaient au-dessus de la Place des Cinq semblaient prêts à cracher leur foudre. Le visage tiré par l’effort et la concentration, Aion maintenant en place sa poigne sur mon épaule. Ce contact faisait passer sa propre puissance, qu’il jetait dans le ciel afin de rassembler le plus d’électricité possible. Bien que bref, l’échange entre son corps et le mien m’épuisait de seconde en seconde. Accablée par sa présence divine, l’épuisement brouillait ma vision, faisait trembler mes muscles et engourdissait mes sens.

Je compris avec dépit que je n’avais pas la force de sauver Al. Simplement de l’honorer dans la mort, en aidant Aion à abattre Calamity et à redevenir le Dieu qu’il était autrefois.

Je retins les sanglots qui comprimaient ma gorge alors qu’Aion, qui faisait de son mieux pour empêcher la divinité mineure d’user de ses pouvoirs, me jetait un coup d’œil.

— Il est temps, Alice.

Sa voix, distante et grave, me parvint tout juste entre les grondements des cieux. Malgré le soulagement qui se lisait sur ses traits, je distinguais, dans son expression mystérieuse, un soupçon de regret. Que ressentait-il alors que son lointain descendant allait mourir pour l’aider ?

Peut-être seulement un léger dépit divin face au sacrifice d’un mortel.


Un déferlement de puissance me traversa le bras lorsqu’Aion resserra son emprise sur mon épaule. Je hoquetai sous l’afflux soudain de pouvoir et observai, avec un mélange de fascination et d’horreur, l’arc électrique qui s’échappa de mes doigts pour parvenir jusqu’au ciel. Plusieurs flashs bleutés m’aveuglèrent tandis que les nuages claquaient de manière assourdissante.

— Enfin, souffla le Dieu déchu à mes côtés d’une voix douce.

Je sentis l’éclair arriver avant qu’il n’apparût. Les poils de ma nuque se hérissèrent tandis que, instinctivement, je reculai. À peine tombais-je en arrière que la foudre éclata. Une fraction de seconde, une brûlure sur ma rétine, une explosion à mes oreilles, une tempête contre mes sens d’Élémentaliste. L’arc électrique, d’une puissance inouïe, alla fracasser la Place des Cinq à l’endroit où Al retenait Calamity prisonnier.

Le souffle de l’impact me fit rouler dans l’herbe et me rendit sourde au monde qui m’entourait pendant une bonne minute. Les oreilles sifflantes, j’apposai mes paumes sur le sol pour retrouver mes repères. Un goût de fer me polluait la bouche. Avec un gémissement, je crachai un filet de sang devant moi et m’essuyai les lèvres. Je me sentais vidée de force.

Vidée de tout.

Péniblement, je me redressai sur les genoux pour observer les alentours. Un nuage de poussière s’élevait du point d’impact, masquant la lumière déclinante du jour et les dégâts occasionnés. Néanmoins, à voir l’expression jubilante d’Aion, je me doutais que nous avions gagné.

Mais qu’avions-nous perdu ?


Avec inquiétude, je m’assurai que Wilwarin et Soraya Samay étaient sains et saufs. Je les trouvai tous deux, évanouis, près de l’arbre où je les avais laissés. Ils n’avaient pas l’air d’avoir été touchés par les conséquences de l’éclair.

Merci mes Dieux.

Encore fébrile, je m’avançai vers la Place des Cinq. Des pavés avaient volé en éclats et s’étaient répandus un peu partout. L’une des fontaines avait été pulvérisée et seul un reste de jambes subsistait au-dessus du bloc de marbre.

À l’aide mes dernières forces, j’appelai un petit courant d’air pour qu’il chassât le nuage de fines particules qui me cachait la vue. Lorsque le cratère commença à se révéler, une serre de peur se referma autour de mon cœur. Agenouillé près de la silhouette défigurée de Calamity, Aion ne bougeait plus. Il avait les deux paumes appuyées sur la poitrine meurtrie de la divinité des désastres. Était-il en train d’effectuer l’échange des essences ?

Même si je savais déjà à quoi m’attendre, je cherchai Achalmy du regard. Sa glace, celle qui avait enfermé Calamity quelques minutes plus tôt, avait été pulvérisée sous l’impact. Seules quelques particules bleutées, qui brillaient dans les derniers rayons du jour, subsistaient. Ainsi que les deux sabres élémentaires, dont les lames semblaient ternies. Quant au jeune homme qui m’avait accompagnée sur les routes il y avait des mois, il avait disparu.

Tétanisée, je descendis avec prudence la pente du cratère pour rejoindre Aion. Penché en avant sur le corps figé de son ancien Élu, son visage était caché par sa longue chevelure écumeuse.

— Aion… commençai-je avant de laisser mourir ma voix lorsque je le vis se redresser brutalement.

Le visage tendu vers le ciel, il souriait d’une joie intense. Ses iris changeaient constamment de couleur, passant du bleu marine au jaune-orangé. La marque de la maîtrise des éléments. S’il était déjà capable de faire changer la couleur de ses yeux auparavant, cela n’avait pas été fréquent. À présent, je n’étais pas certaine qu’il contrôlât ce changement. C’était la preuve divine de sa puissance. Aion était redevenu le Dieu de la matière et des éléments.

— Alice.

La voix, d’un timbre plus grave qu’autrefois, d’Aion me fit sursauter. Délicatement, la divinité se releva, chassa d’un revers de main les mèches qui le gênaient, puis m’observa avec attention.

— Nous avons gagné.

De nouveau, il laissa un large rictus jubilant lui déchirer le visage. Sa satisfaction et son allégresse me semblaient déplacées. Je savais que j’aurais dû être heureuse pour lui, être fière de ce que nous avions accompli. Non seulement l’un des grands Dieux d’Oneiris venait de retrouver ses pouvoirs, mais nous avions aussi abattu une divinité mineure néfaste.

Cependant… c’avait été au prix d’une vie qui m’avait semblé trop précieuse pour ce sacrifice.

Je m’en voulus aussitôt d’avoir cette pensée : une vie n’était pas plus précieuse qu’une autre. Chacun méritait de vivre, de s’épanouir. Si cela n’avait pas été Al, c’aurait été une autre personne, qui aurait tout autant mériter la vie.

Malgré tout, une envie de hurler me chatouillait les lèvres. Je crevais de terreur, d’injustice, de douleur. Pourquoi lui ? Et pourquoi moi ? Pourquoi nous ?


Incapable de les retenir plus longtemps, ma colère et ma peine me firent avancer vers Aion. Il me regarda approcher d’un air inquisiteur et ne fit pas mine de se défendre lorsque j’abattis mon premier coup dans sa poitrine. Je n’avais guère de force physique. Encore moins après ce combat. Néanmoins, autant Aion que moi savions que ces coups étaient symboliques.

— Vous n’aviez pas le droit, marmonnai-je entre mes dents, la tête baissée.

— C’était le seul moyen, répliqua-t-il sans brusquerie. Tu le sais, Alice. En face-à-face, j’étais incapable de surpasser Calamity. Il fallait qu’Achalmy, qui était doué en corps-à-corps, prenne ma place. Pour que je puisse préparer notre attaque finale.

— Nous aurions dû établir un plan dans lequel nous pouvions immobiliser Calamity à distance.

— Noua aurions pu. Mais j’ignore si nous aurions réussi.

Avec un nouveau pic de rage, je relevai soudain les yeux pour le dévisager. Il avait l’air plus altier que jamais, plus divin qu’il ne l’avait jamais été. Déstabilisée par son expression distante, j’agrippai sa chemise bouffante.

— Vous vous fichez de la vie humaine.

Avec un soupir, il attrapa mes mains pour me faire lâcher le tissu. Sa peau, toujours froide, me fit frissonner. Pourtant, il me touchait sans brusquerie.

— Tu sais que c’est faux, Alice. Mais la mort de ton ami était nécessaire.

— Mon ami ? Al était plus que mon ami ! (Voyant son expression se lasser, j’ajoutai avec dépit :) N’avez-vous donc aucune pensée pour votre descendant ?

Cette fois, il me rit au nez.

— Achalmy avait peut-être un fragment de mon sang dans les veines, mais nous n’avions rien en commun. N’imagine pas un instant que je l’ai un jour considéré comme étant de ma famille.

Sa froideur m’arracha de nouvelles flammes de colère. Néanmoins, cela ne servait à rien de m’énerver contre le Dieu : non seulement il ne prêtait guère attention à mes dires, mais il ne pouvait rien faire pour m’aider.

J’étais seule avec notre victoire.

Le pouvoir ou l’amour, qu’ils disaient tous.

— Allez tous vous faire tailler par la faux de Lefk ! hurlai-je en me laissant tomber à genoux.

— Allons, tu sais qu’il peut nous entendre ? lança d’un ton taquin le Dieu derrière moi.

— Ce que j’ai dit vous concernait aussi, répliquai-je sèchement sans le regarder.

Je l’entendis soupirer au-dessus de mon épaule puis s’éloigner lentement. Je me demandais s’il allait immédiatement retourner auprès des autres Dieux. Qu’allait-il faire du corps de Calamity ?

Un cri guttural de rage explosa derrière moi.

Une vague de panique me submergea alors que j’appelais de faibles étincelles pour les faire courir entre mes doigts. Je pensais Calamity mort, mais peut-être m’étais-je trompée.

Néanmoins, la silhouette de l’homme n’avait pas bougé. C’était Aion qui avait hurlé.

Recroquevillé sur lui-même, il se tenait la tête en marmonnant. Que lui arrivait-il ?

— C’est faux ! beugla-t-il soudain en fixant le ciel assombri par l’arrivée de la nuit.

Mon cœur battait à tout rompre contre mes côtes. À qui parlait-il ? Aux autres Dieux ?

— Tu mens, ma sœur, lança de nouveau la divinité d’une voix plaintive. Galadriel, c’est impossible.

C’était bien ce que je soupçonnais : il communiquait avec les Dieux.

Aion, je t’assure dire la vérité.

La voix, douce, ferme et féminine, m’emplit l’esprit sans prévenir. Désemparée, je reculai, trébuchai, et tombai sur les fesses.

— Kan et Eon ne peuvent… reprit Aion en secouant le crâne d’un air incrédule.

Je crus d’abord qu’il parlait des sabres d’Al avant de me raisonner : Kan et Eon étaient avant tout les Dieux jumeaux du temps et de l’espace. Les katanas de mon ami avaient hérité de leurs noms.

Il n’y a plus que Lefk et moi, mon frère, reprit la Déesse d’un ton désolé. Les jumeaux ont fui Oneiris il y a cinq cents ans, après le Grand Désastre. Ils craignaient trop les Humains et ne leur faisaient plus confiance. Crois-moi, c’était avec douleur, mais ils ont préféré s’exiler.

Stupéfaite par les propos de la divinité de la vie, je gardais les yeux rivés sur la silhouette recroquevillée d’Aion pour observer sa réaction. Je m’imaginais à sa place, devant apprendre que deux des miens étaient partis pendant que j’étais loin d’eux.

J’avais beau détester les Dieux à cet instant précis, je ne pouvais m’empêcher de ressentir de la peine pour le maître des éléments.

— Je ne peux pas ? lança Aion d’un ton agressif en se redressant brusquement.

Son regard bascula sur la silhouette immobile de Calamity, allongé au creux du cratère. D’un pas féroce, il s’approcha puis posa le pied sur sa poitrine.

— Dayen est mort, proclama-t-il tout haut d’une voix autoritaire. J’ai récupéré mes pouvoirs. Alors pourquoi ne puis-je redevenir un Dieu ?

De nouveau, Galadriel s’adressa directement à nous :

Lefk et moi sommes trop faibles pour te faire revenir à l’aide de nos seules essences. Nous avons besoin d’être réunis, d’être tous les quatre, pour te réaccorder ta place.

Le menton levé vers le ciel, tout aussi figé que feu son ennemi, Aion ne disait rien. Ses traits se crispaient à intervalles réguliers, comme s’il s’efforçait de prendre conscience de la situation.

Pardonne-moi de n’avoir pu les retenir, reprit la Déesse dans une souffle brisé.

— Non, lâcha Aion en baissant les yeux. Non, ils ne peuvent… Leur propre berceau…

Aion, ils avaient peur. Nous avons été trahis et meurtris par les Humains. L’un des nôtres a été déchu. Nous ne pouvions plus leur faire confiance.

— Mais les Humains sont notre principale source de puissance ! Ce sont leurs prières, leurs temples, leur dévotion, qui nous accordent pourvoir et immortalité, répliqua le Dieu avec colère.

Je le sais bien. Mais ces paroles n’ont pas été suffisantes pour les garder près de nous.

— Qu’ils tombent dans l’oubli, c’est tout ce qu’ils méritent ! siffla Aion en se détournant de Calamity pour grimper furieusement la pente du cratère. Alors, Galadriel, dis-moi, qu’est-ce que je fais à présent ? Pourquoi tu ne m’as pas prévenu plus tôt ?

Aion, je… Il n’y a que dans le Noyau que je peux m’adresser à toi. Il fallait que j’attende que tu reviennes jusqu’ici.

Le ton blessé de la Déesse me faisait mal au cœur. Elle semblait sincèrement attachée à son ancien égal. Et c’était compréhensible : il n’y avait pas de vie sans matière à laquelle l’insuffler.

— Tu aurais dû m’envoyer l’un de tes Sages.

— Aion, cesse.

L’inflexion était la même, mais le timbre, très différent. Étonnés, Aion et moi nous tournâmes vers le sous-bois qui entourait la Place des Cinq. Wilwarin se tenait debout là où je l’avais laissé quelques minutes plus tôt. D’un pas tranquille, il se dirigea vers le Dieu, qui le regardait venir le visage fermé.

— Je ne peux pas prendre le risque de m’exposer à la traîtrise des Humains de nouveau.

— Il y a une Humaine ici-même, marmonna le Dieu déchu en se tournant vers moi.

Silencieux, le Sage – ou plutôt, la Déesse dans le Sage – m’observa un petit moment, comme pour me jauger. Mal à l’aise sous ce regard divin, je baissai les yeux. Je n’avais rien à cacher, si ce n’étaient d’amers remords.

— Je ne crains rien de la jeune femme qui t’a aidé à abattre Calamity et qui a accepté de sacrifier son ami pour le bien commun.

Le rappel de la mort d’Al fut un poignard dans mon estomac. Déchirée de douleur, je posai les mains sur ma bouche pour ne pas éclater en sanglots. Ce n’était pas le moment. Pas devant les Dieux.

Avec un gémissement de frustration, Aion s’élança vers le Sage pour l’agripper par les épaules.

— Pourquoi tu ne viens pas me voir directement, Galadriel ?

— Parce que je ne veux plus me manifester directement sur Oneiris. Je préfère passer par mes plus proches fidèles.

— Je te rappelle que le mien m’a trahi.

Un éclat de colère luisit dans les yeux de Wilwarin, qui semblaient maintenant habités par des flammes.

— Je sélectionne soigneusement mes Sages. Je leur accorde le don de communiquer avec les animaux et ils savent s’en montrer digne.

L’air dépité, Aion secoua la tête.

— Alors, tout ce que j’ai fait jusqu’ici, les centaines d’années à attendre, mon plan, la sélection des Élémentalistes qui allaient m’accompagner, ma victoire contre Calamity… Tout ça, pour rien ?

Tes centaines d’années d’attente ? Ta victoire ? Tu imagines que Lefk et moi nous sommes tournés les pouces pendant cinq cents ans ? Nous assurions à deux ce que nous avions toujours assuré à cinq. Quant au combat contre Dayen… Tu n’étais pas seul à ce que sache. (Galadriel, par le biais de Wilwarin, leva le bras dans ma direction.) Alice Tharros a perdu son père, ses gardes, et ses amis pour t’assurer la victoire. L’as-tu au moins remerciée ?

Avec agacement, elle agrippa le col du Dieu déchu.

— Quant à Achalmy des Dillys, il ne devait pas mourir aujourd’hui.

— Qu’est-ce que tu en sais ? répliqua Aion d’un ton narquois.

— Lefk a été surpris de l’accueillir. Certaines âmes sont destinées à accomplir plus, à pousser les limites humaines. Il faisait partie de ces âmes.

— Il y a des centaines de Chasseurs aussi doués que lui, maugréa Aion en saisissant à son tour Galadriel par le bras. Ma sœur, pourquoi t’inquiètes-tu de ces mortels ? Ils n’étaient que mes pions.

— C’est justement ce mépris et cet égoïsme qui t’ont mené jusqu’ici ! s’exclama Galadriel d’un ton furibond. Aion, il est temps que tu te remettes en question. Les Humains ont changé. Ils ne nous font plus confiance à la suite du Grand Désastre.

Avec une tendresse étonnante après tant de violence, Galadriel alla déposer la paume d’Aion contre le cœur de Wilwarin.

— Nous avons changé aussi, Aion. Nous devons nous montrer moins distants, moins méprisants, envers nos croyants. Nous sommes peut-être leurs créateurs, mais ils sont la source de notre pérennité.

Plutôt que de répondre, Aion s’arracha à la poigne de Galadriel et lui tourna le dos en s’éloignant de quelques pas. Il semblait abattu. Comme je l’étais.

Une satisfaction mesquine était née en moi : il avait beau être un Dieu, Aion souffrait autant qu’un simple mortel.


Alors que j’avais observé à distance le conflit divin, je fus soudain propulsée au centre de la scène lorsque Wilwarin s’approcha de moi. Craintive, je reculai de quelques pas, ce qui fit aussitôt s’arrêter la Déesse.

— Comme je l’ai dit, je ne te veux aucun mal, Alice Tharros.

C’était très étrange d’entendre ces mots de la bouche du Sage.

— Accepterais-tu de parler avec moi… un peu plus loin ?

Méfiante, je jetai un coup d’œil à Aion, qui s’était figé en haut du cratère. Ses épaules étaient basses.

— O-Oui, finis-je par bredouiller d’une voix presque inaudible.

De toute manière, je ne pouvais pas dire « non » à une Déesse, qu’elle représentât la Vie ou pas. Avec un hochement de tête reconnaissant, Wilwarin fit demi-tour pour nous mener vers les sous-bois. Le cœur battant, je suivis la Déesse sans rien dire.

— Ce que je vais te proposer ne plairait pas à Aion, alors il ne doit rien savoir – du moins, jusqu’à ce que toi et tes compagnons soyez partis.

La Déesse avait lâché ces paroles d’un ton rauque. Les yeux rivés sur mon visage pour observer ma réaction, Galadriel ne bougeait plus en attente de ma réponse.

— Pourquoi est-ce que ça ne plairait pas à Aion ?

— Parce que je vais enfreindre nos lois divines et remettre son destin entre les mains d’une jeune Humaine.

Pendant quelques secondes, je cessai de respirer, avant de reprendre une goulée d’air nerveuse. J’avais le sentiment que je n’étais pas près de revoir ma famille.

— Tu es prête à m’écouter ?

Le menton tremblant d’appréhension, je hochai la tête malgré tout. J’étais prête à l’écouter.

Prête à accepter ses termes ? j’en étais moins sûre.

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