Après avoir rempli les verres, j’en pose un devant elle sans qu’elle ne réagisse. Les cinq petites minutes qu’il m’a fallu pour aller chercher à boire et l’attitude bizarre de Sophie m’ont un peu calmé. Je m’assoie dans un fauteuil face au canapé.

- Bon, déjà, si tu m’expliquais comment tu es arrivée jusqu’à moi ?

- C’est le hasard. Je l’ai juste un peu aidé.

- C’est-à-dire ?

- Karine m’a raconté l’histoire de Céline avant de me quitter. Je connaissais son nom, je savais qu’elle est mariée, séparée. Je connaissais le métier de son mari. Quand tu as postulé sur le marché, j’ai fait le lien, sans trop y croire. Il m’a suffi de faire en sorte que mon patron choisisse ton entreprise.

Elle parle toujours tête basse, les mains posées à plat sur ses genoux serrés, le dos droit.

- Et donc, l’idée est de te servir de moi pour récupérer ton ex. Tu m’as juste manipulé.

- …

- Je vois. Et pourquoi je t’aiderais ?

- Parce que tu pourrais récupérer ta femme du même coup.

- Récupérer ma femme ? Et qui te dis que j’en ai envie ? En particulier avec ce que tu viens de m’apprendre.

- Tu dois m’aider. Et tu dois l’aider elle aussi. S’il te plait.

- Je ne dois rien à personne. Ni à elle ni à toi. Et en ce qui la concerne elle a fait ses propres choix.

- Tu dois l’aider. Ils sont en train de la manipuler.

- Et tu t’y connais dans ce domaine. Mais rassure-toi, Céline est une grande fille.

- Elle est juste amoureuse. Et aveugle.