Promesse

6 minutes de lecture

8 PL

Affinité Elisa : 10/10

Affinité Roi : 6/10

- Je ne suis pas un objet à votre convenance. Mais j'essayerai d'obtenir ce que vous désirez... autrement que par la séduction.

Le silence suivant mes propos me mit très mal à l'aise. Puis, contre toute attente, le roi éclata de rire.

"Ah ! On peut dire que nous avons ça en commun. Tu n'hésites pas à dire ce que tu penses. Eh bien ! Puisque tu es à ce point déterminée, c'est parfait, je te laisserai gérer à ta manière." Il se pencha vers moi, assez soudainement, me surprenant.

"Par contre... si tu n'obtiens aucun résultat, au contraire de tes frères et soeurs je ne serai pas aussi clément et je prendrai toute la mesure de l'irrespect de tes propos précédents..." Ce ton menaçant me glaça. Qu'avais-je dit là ? Il me semblait pourtant qu'il avait eu l'air d'apprécier. Je ne me trompais pas, c'était clair : il attendait beaucoup de moi. Il voulait seulement ne pas se faire marcher dessus, ce qui était tout à fait normal pour un roi (et n'importe quelle autre personne d'ailleurs.) Ces certitudes étaient toutefois brouillées par des souvenirs qui, songeais-je, ne m'appartenaient pas.

Je me relevai et m'inclinai avant de quitter la pièce, inquiète. Dans quoi venais-je de me fourrer ?

Elisa était confrontée à une jeune femme l'air impatient.

"Ah ! Te voilà... Alors, que t'a dit père ?" me questionna celle-ci. Je n'aimai ni son visage ni son ton. Pire que celui du roi. Qui était-elle ? Comme je l'observai sans mot dire, impénétrable, elle s'agaça:

"Allons ! Parle ! Vas-tu m'ignorer à présent que père t'a accordé un peu de son attention ? Te crois-tu importante ? Tu n'es que la fille d'une esclave, ma pauvre."

Je vis Elisa crisper les poings, retenant à grand-peine les injures que je voyais presque tourbillonner dans son crâne. Je haussai les épaules et entraînai ma servante par le bras.

"Je dois me préparer, Elisa, allons-y.

- Hey ! Je te parle !" fulmina la jeune femme aux coquettes boucles blondes. Elle me tira violemment par le bras, déchirant pour de bon l'autre manche. Décidément, ce n'était pas ma journée. Fichue robe !

"Ah, tu n'as que ce que tu mérites, espèce de... catin !

- Quoi ? Catin ? s'étouffa Elisa, au bord de l'explosion.

- Elisa, laisse, elle ne mérite pas notre énergie. Viens.

- Tu OSES ?"

Encore un peu et les yeux de cette immonde blonde allaient sortir de leurs orbites. Elle m'énervait, je devais l'avouer, mais ce n'était pas la peine de faire une scène, le roi m'avait donné du pain sur la planche et j'avais intérêt à ne pas le décevoir. Après tout, je ne voulais pas que ma mère ait des soucis à la suite de cela. Malheureusement, nous n'eûmes pas le temps de nous éloigner, le jeune homme de la dernière fois revenait vers nous. Zut.

"Hector, tu as entendu ce qu'elle a dit ? Elle mérite une punition. Tu n'es rien qu'une misérable, je vais te faire passer le goût de ton arrogance...

- Ma chère soeur, ne t'emporte pas ainsi, ce n'est pas bon pour ton image. Par contre, je suis curieux, et tu as plutôt intérêt à satisfaire cette curiosité : que t'a confié père ?" ajouta-t-il en se tournant vers moi, yeux plissés.

Ils n'allaient pas me lâcher comme ça, je devais leur répondre.

"Il m'envoie au manoir des Du Pinson", rétorquai-je le plus platement possible. Ils n'avaient certes pas besoin des détails. Toutefois, ma réponse ne sembla pas leur plaire, et pour cause. Le roi n'avait-il pas dit qu'ils avaient tous échoué jusqu'à présent ?

Alors que l'affaire paraissait vouloir tourner au vinaigre, une belle dame que je reconnus immédiatement comme étant ma mère vint à nous par l'autre côté du couloir, s'interposant.

"Vous dérangez sûrement Sire Georges à vous chamailler ainsi devant sa porte, ce n'est plus de votre âge, si ?"

Le jeune homme siffla et sa main se porta à la garde de son épée. Je ne bougeai pas, mais mes yeux le fixèrent avec toute l'intensité colérique dont j'étais capable. Ce n'était sans doute pas la bonne façon de calmer le jeu, mais je ne pouvais laisser passer un tel affront. Je le détestais, oh comme je le détestais ! Mais pourquoi ? Je ne le connaissais même pas. Ma mère me tira en arrière.

"Sahara ma chérie, va te préparer, je m'occupe de ces deux-là.

- Comment ? levai-je les yeux vers elle, turlupinée.

- S'il te plaît." À son regard, je hochai la tête et m'esquivai, laissant rugir la péronnelle. Bon, clairement, ce vêtement bleu était un mauvais choix, très encombrant. Qu'allais-je bien pouvoir mettre ? Je ne me voyais absolument pas séduire un duc inconnu, encore moins aller à une fête en apparat... Ah là là, que ce monde était étrange !

"Princesse... Je suis vraiment désolée, je n'ai pu l'empêcher de vous insulter." Elisa en pleurait presque. Je me retournai instinctivement vers elle et lui pris le visage entre les mains :

"Non, ne te fais pas de souci. Je vais bien ! Je détestais cette robe, en plus. Et puis, je me fiche de ce qu'ils disent ! Allez, souris, on va à la fête des Du Pinson, non ?

- Heu, justement, ils m'inquiètent, ces gens-là. Ah ! Je ne devrais pas parler comme ça, se reprit-elle en se frappant la bouche.

- Dis-m'en plus sur eux ?" l'incitai-je alors que nous rentrions dans ma chambre.

"Ils ont tous deux la quarantaine, apparemment, mais ils ne la paraissent pas du tout ! On dirait plutôt qu'ils ont à peine plus de vingt ans. Ils sont beaux, mais froids. Et leur réputation... est à la fois bonne et... (elle frissonna) inquiétante.

- Comment cela ?

- Je ne sais pas... Quelque chose d'étrange. Les gens adorent leurs liqueurs de fruits, c'est un fait. Ils sont très riches et enviés. C'est sans doute pourquoi Monseigneur le roi souhaite en savoir plus à ce sujet...

- En vain, n'est-ce pas ?

- Oui. Oh, j'espère que nous réussirons à en sortir quelque chose.

- En effet", répondis-je sombrement. La gouvernante entra à cet instant, portant un panier empli de victuailles.

"Merci pour ton travail, Elisa, tu peux retourner auprès des autres, ils ont besoin de toi au service en cuisine.

- Bien Madame." La jeune fille s'inclina face à moi, face à la grande dame puis s'en fut.

"Voici de quoi vous remonter le moral, princesse, sourit mon aide, découvrant le panier. Je crois que vous en aurez besoin."

Il y avait là de délicieuses denrées, des pains chauds, de la confiture, du beurre, du miel, des fruits et des pâtés. J'avais terriblement faim, aussi fus-je plus que ravie des proportions. La gouvernante m'installa le couvert sur une petite table laquée aux pieds courbes, recouvertes d'une nappe blanche brodée. Je m'installai sur la chaise rembourrée, salivant.

"Merci..." Je n'osai lui demander son prénom, de peur qu'elle se fâche. J'étais censée la connaître, après tout, non ? Elle secoua la tête :

"Ce n'est rien. Souhaitez-vous une compagnie ?

- Eh bien, restez, je vous en prie, et dites-moi, quand devrais-je partir à la fête ?

- Princesse, ce soir même. Vous semblez oublier beaucoup de choses importantes, aujourd'hui. Êtes-vous stressée ?

- Heu... oui...

- Je vous accorde que ce "rendez-vous" n'est pas anodin. D'ailleurs, si vous permettez, j'ai ici quelque chose qui pourrait vous aider, une fois sur place. Vous savez que ma mère était une botaniste réputée. Je conserve toujours de ses habitudes. Evitez seulement d'en parler autour de vous, les gens du château n'aiment guère la sorcellerie naturelle.

- La... heu... d'accord." J'avais failli lui demander à ce sujet, mais me retins. Peut-être en saurais-je plus lorsque Elisa et moi partirions pour le manoir, pas maintenant. La grande femme posa sur notre table trois jolies petites fioles délicatement gravées de décorations champêtres. Une rouge, une bleue, une verte.

"Vous n'aurez pas la place pour les trois, malheureusement, dans votre corset. Il ne faut pas que cela se voit de trop, des rumeurs pourraient courir, et nous voulons à tout prix éviter cela.

A. La rouge élimine toute magie de base sur votre propre esprit, telle que l'ensorcellement basique, l'illusion ou l'hypnose.

B. La bleue ici stimulera votre force physique. Je ne sais si elle vous sera véritablement utile, mais...

C. Enfin, voici la verte, dont le goût, quoique peu ragoutant à l'état naturel, se mêle très bien à n'importe quelle boisson et permet de soumettre la cible à une confusion passagère.

Laquelle désirez-vous prendre avec vous ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Ruby Neige ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0