Canidia

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Magicienne, sorcière de l'Antiquité romaine, qui apparaît dans les Satires et les Épodes d`Horace.

Qui aurait prédit que je le devienne ? Ancienne princesse lagide déchue pour devenir une esclave dans cette cité.

La Canidia, l’horrible femme aux cheveux détachés et hirsutes, au teint pâle et blême, portant une robe noire, marchant pieds nus. Imaginez- là bien, elle est tellement laide qu’elle effraie les passants et terrifie les enfants. Ne vous promenez pas la nuit, car c’est à ce moment-là qu’elle déploie ses armées de l’ombre…

Hiboux, chouettes, chats et loups sont ses véritables amis.

Voilà ce que j’ai lu, voilà ce que j’en sais…

Mais je ne ressemble en rien à cette sorcière. Je suis juste une jeune femme, amoureuse d’un homme qui ne sait pas qu’il l’aime. Je veux lui ouvrir les yeux, lui montrer qui, il aime vraiment. Ce n’est pas cette femme, cette patricienne timide et sans saveurs…

Mais il ne me voit plus, aveuglé par elle.

Elle, il pense l’aimer mais c’est faux. Il m’aime moi. On n’oublie pas son premier amour, il est gravé en nous.

C’est pourquoi, je suis devenue une Canidia : une sorcière qui tuerait par amour. Je tuerai les femmes qui s’approchent de lui, je vais lui montrer le vrai visage de sa femme, qui deviendra laide.

Vous me demanderez comment j’en suis arrivée là, à une telle extrémité. Comment apprend-t-on à devenir une Canidia ? Tout simplement en, en côtoyant une depuis votre plus tendre enfance.

Ma nourrice, ma mère de substitution : une ancienne princesse Thrace[1], devenue esclave suite à la mort de son seul amour : Aya. Elle me l’avait portant répété, de ne pas leur faire confiance, elle m’avait prévenu mais je ne l’ai pas écouté, car mon cœur et mon âme étaient encore purs.

Le jour de l’annonce, mon monde merveilleux s’est effondré. Je ne pouvais pas y croire, je m’imaginais en plein cauchemar, mais il n’en était rien. Salone allait se marier dans la plus pure tradition romaine et moi, je devenais une des esclaves : une ancillia[2], une domestique de maison, au service de la jolie Luccia, sa femme de seize ans comme moi.

J’ai fait front devant lui, mais lorsqu’il est parti en me disant simplement que nous nous étions bien amusés ensemble, je me suis effondrée.

Disait-il vrai ?

Est-ce que j’étais qu’un simple amusement ?

Pourtant, lui était tout pour moi et je le lui disais.

Aya m’a relevé et elle m’a tout expliqué. Je n’ignorais pas qu’elle sortait la nuit, je savais qu’elle utilisait les plantes et les herbes de la forêt pour nous soigner, je n’ignorais pas qu’elle était différente. Mais je ne mettais pas les mots dessus. Ce soir-là, elle m’a dit en me prenant dans ses bras et en me caressant le dos :

—Je vais t’apprendre à être plus forte, ma princesse. Tu ne mérites pas ta condition… Seules, les forces de la nature t’aideront. À elles, tu peux leur donner toute confiance, elles ne te trahiront jamais. Écoute-moi et deviens une Canidia : l’œil de la nuit et ils paieront !

[1] A cette époque, les Thraces étaient considérés comme un peuple de barbares. Nombre de sorcières ont des origines thraces (Hécate, la sorcière des enfers ). C’était une terre empreinte de magie.

[2] Ancillia : étymologie latine pour définir une esclave, une servante

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