Le petit Parisien

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Basile Cherel baignait dans un de ses fameux moments de pression, bien qu'amoindrit par l’habitude. Depuis plusieurs mois, il vivait à Paris, dans l’espoir d’avancer dans ses projets. Le tout juste trentenaire essayait en effet tant bien que mal depuis un bout de temps de devenir comédien professionnel. Ce rêve s'était emparer de lui depuis l'enfance et cette grande aspiration n’avait pas diminué depuis lors, jusqu’à aujourd’hui.

Non pas que Basile surfait actuellement sur un élan de défaitisme, mais tout de même : son ambition commençais à s’amoindrir. Il fixait le plancher de son deux pièces un brin miteux du 15ème arrondissement dont il s’efforçait tant bien que mal de payer le loyer chaque mois en bossant dans le Subway d’en face. A côté de ce labeur fait sans passion, il enchaînait divers castings pour apparaître dans des films, séries, et clips. Et jusqu’à présent, rien n’était concluant. À tel point que le pauvre bougre commençait à douter de la finalité de ses projets.

Cette réflexion ne lui plaisait pas du tout, étant donné qu’à défaut de tout laisser tomber, il savait qu’il ne pourrait jamais cesser de continuer à fantasmer sa vie d’acteur. Et c’est un sentiment bien triste que de se savoir incapable de parvenir à un objectif mais de continuer à y rêver malgré tout. Pour Basile, c’était comme marcher vers un idéal qui semblait si proche mais qui pourtant reculait au fur et à mesure qu’il avançait.

Aujourd’hui encore il devait aller passer un casting, dans le septième arrondissement, pour un rôle important dans un film, qui plus est. Basile avait du en avertir Pierre la veille, son supérieur chez subway, qui une fois encore lui avait taillé un joli costard dans sa réponse :

  • Tu fais vraiment chier, Cherel. On va encore devoir se passer de toi dans un aprem bondé, tout ça pour que tu rates encore un d’tes castings. Quand est-ce que tu vas laisser tomber tes conneries et revenir sur terre ?

Cette tirade avait valu à Basile des rires moqueurs de quelques autres membres du personnel. Il aurait bien voulu répondre à cette grande asperge de Pierre quelque chose comme : « Si être sur terre c’est bosser chez Subway avec toi comme supérieur, autant tout de suite perdre espoir en tout ce qui compose la vie et aller se jeter du haut d’un building, espèce d’enfoiré. » Mais bien trop gentil pour ça, il s’était abstenu. Alors à la place il avait répondu à ce type qu’il détestait par un faux rire se voulant le plus vrai possible, pouvant se traduire par : « Ouais, t’as trop raison mec ». Basile savait à quel point il eut l’air pathétique en riant. C'est parfois le prix à payer quand on refuse d’aller contre soi-même. Et en plus de ça, aussi dur que ce soit, il avait besoin de ce travail pour payer loyers et factures.

Le moment de partir pour un bâtiment chic du septième arrondissement arriva, et Basile avait décidé d’y aller à pied. Il n’était pas rebuté par l’idée d’une assez longue marche, au contraire.

Il avait besoin de bouger et de respirer, ça lui faisait toujours du bien avant une futur déception.

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