Chapitre 4 : Un rêve décisif

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— Mais vous savez très bien que je ne pourrai pas être là éternellement !

La voix de James avait augmentée. Son ton haussé. Depuis quelques jours, il répétait sans cesse la même chose à Louise. Depuis l'arrivée de cette lettre. Il lui rappelait combien c'était important pour la Maledictus d'y aller, et elle le niait en se bouchant les oreilles, telle une enfant capricieuse. A quoi bon aller dans une école et apprendre des choses pour qu'un jour vous ne puissiez plus les utiliser ?

James, lui, était furieux. Elle devait impérativement accepter. Voilà que quelques jours plus tôt, il avait reçu une lettre du Ministère, lui informant qu'on venait de lui confier une nouvelle mission. Il devait repartir travailler, encore. Mais il ne pouvait pas emmener la jeune fille avec lui. Où irait-elle ? Poudlard était décidément la seule solution.

— Louise, écoutez-moi, s'énerva-t-il, j'ai reçu une lettre du ministère. Ils m'envoient une nouvelle mission. En Autriche en plus ! Vous ne pouvez pas venir avec moi, Louise. Alors où irez-vous si vous refusez Poudlard ? Là-bas on vous logera et on vous nourrira. Je ne vois pas pourquoi vous refusez !

La jeune fille évita son regard, lui tournant la tête. Elle était assise sur le lit, bras croisés. Non, elle était résignée à ne pas y aller. C'était beaucoup trop risqué ! James se pencha vers elle, attristé.

Du bout de son doigt, il remit une des mèches blondes de Louise derrière son oreille, essayant de lui faire comprendre que lui non plus n'avait pas le choix. Un geste qui ne la laissa pas indifférente. La jeune fille avait l'habitude qu'on l'évite ou qu'on la frappe, mais elle ignorait tout de la tendresse de ce geste. Elle rougit et tourna son regard vers le sien. Les mêmes yeux qu'elle.

— Je vous en prie, continua-t-il d'une voix suppliante, vous me devez bien ça, non ?

Il se soupira, se leva, la regarda quelques instants, puis repartit de la chambre, la laissant seule. Elle se leva à son tour, avança lentement vers la fenêtre et tira légèrement les rideaux. La nuit commençait à tomber. La lumière vive de la pièce ressortait sur le verre, assombri par le soir. Elle le fixa, et tomba nez à nez avec son reflet. La seule chose qui ne l'avait jamais quittée. Elle l'imaginait un peu comme une personne, différente d'elle-même. Pourtant, c'était elle. C'était bien son visage rose, ses cheveux blonds presque châtains, ses yeux océan et ses petites taches de rousseur. C'était elle, et elle ne pourrait pas la quitter.

Elle baissa les yeux, incapable de faire face à quelqu'un, même à elle-même. Elle retourna sur son lit et fixa le plafond, portant une main à son front. Que devait-elle faire ? James avait raison, il ne serait pas là éternellement. Cependant, Poudlard était bien la dernière chose à faire ! L'auror avait des arguments qui tenaient la route, mais elle aussi, non ? Sa présence à Poudlard serait un danger pour les autres élèves, elle en était plus que consciente. L'auror ne semblait pas y faire attention, tout comme le professeur dont il parlait. Elle n'avait pas rencontré beaucoup de jeunes personnes de son âge, mais ce n'est pas pour cela qu'elle souhaitait leur mort.

Elle se mit sur le côté et se recroquevilla, frissonnant à l'idée du futur, qui n'était pour l'instant guère réjouissant. Elle posa sa tête sur ses mains en creux, éloignée de l'oreiller dont elle n'était pas encore assez bien habituée. De même pour la couverture. La lumière de la chambre était encore allumée. Cette lueur la réconfortait, alors que le noir la terrifiait et l'engloutissait de son manteau sombre. Elle était encore une petite fille. 

Elle laissa ses paupières lourdes se fermer, encore épuisée de tout ce qu'il venait de se passer. Elle ne parvenait pas beaucoup à récupérer la nuit : les cauchemars la dévoraient. Elle se réveillait toutes les heures, en sueur, haletante et tremblante. Elle l'aurait volontiers dit à James, mais la lettre avait mis une tension entre les deux amis. Cela lui déplaisait énormément. S'il lui restait peu de temps à passer avec lui, mieux valait que cela soit dans la bonne humeur.

Elle s'endormit, tentant tant bien que mal de penser à de bons moments, essayant de les incruster dans ses rêves. Mais des bons moments, ce n'est pas une chose que l'on trouve facilement dans ses souvenirs. En avait-elle déjà eu vraiment ? Elle vivait dans le passé, angoissée par ses actes et ses faits. Mais elle pensait également dans le futur, stressant pour son dur destin qui l'attendait trop tôt, déjà tout tracé.

Une chose est sûre, elle ne profitait pas de la vie et du présent qui s'offrait à elle.

***


Les yeux de la jeune fille s'ouvrirent comme un robot prêt à l'emploi. Elle se redressa de la même façon, déboussolée. Elle tourna la tête vers la petite l'horloge grise accrochée au mur de droite, tentant de savoir combien de temps elle avait dormi. Dix heures du matin. Elle avait dormi toute la nuit. Elle porta une main à son front, encore bouillant. Elle ne se souvenait d'aucun de ses rêves, sauf d'un. Le plus étrange de tous. Elle mit une main sur son cœur. Il battait vite. Très vite.

Elle soupira et passa son visage dans ses mains, tentant de se calmer. Contrairement aux autres fois, elle ne tremblait pas et n'était pas trempée de sueur. Elle se leva, tranquillement, se mettant d'abord sur le bord du lit et tendant ses petits orteils blancs pour atteindre le sol. Lorsqu'ils se posèrent sur la surface lisse et plane du sol, elle frissonna en découvrant sa température. Une fois debout elle retira soigneusement la chemise de nuit qu'elle portait, offerte par James, un peu trop grande pour elle, et la fit tomber au sol. Elle prit ensuite la petite robe bleue et la mit, tandis que son rêve ne quittait ses pensées.

Ce rêve, elle ne le raconterait pas. Pas à James en tout cas. Mais si lui n'était pas au courant, alors personne d'autre ne le serait. Bien que ce rêve l'ait effrayée, qu'il l'ait réveillée en sursaut, ce rêve avait été utile : elle avait maintenant pris une décision. Une lourde décision, qui serait irréversible. Mais maintenant, elle en était sûre, c'est ce qu'elle voulait. Du moins pour l'instant.

Lorsque James entra, Louise s'attachait les cheveux devant la fenêtre. Il la salua et s'assit sur une chaise face à un bureau, juste à côté de son lit. Il déplia le journal et lui parla des nouvelles, même si elle n'était pas vraiment intéressée par les faits divers. Elle aimait bien qu'il lui parle de la routine, pas pour avoir des informations mais pour l'entendre parler. Sa présence la rassurait, comme un oisillon qui ne veut pas quitter le nid. Avec la tension qui régnait, c'était préférable de ne rien dire. Il se tut et continua de lire son journal en silence, comme à son habitude.

Louise s'approcha d'un pas hésitant, et dit d'une voix faible :

— James ? murmura-t-elle.

— Oui trésor ? répondit-il en relevant les yeux du journal.

— C'est d'accord, j'accepte.

— Pardon ? demanda James, incrédule.

— J'accepte d'aller à Poudlard.

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