Chapitre 3 : Lettre de Poudlard

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Lorsque Louise ouvrit les yeux, il lui fallut un peu de temps pour réaliser où elle était. Le plafond gris de l'hôtel l'avait un peu effrayée au début, pensant se retrouver à nouveau dans sa cage. Elle se redressa et regarda autour d'elle, heureuse de voir que c'était bien réel. Hier soir, elle avait paniqué et refusé de dormir, de peur de se réveiller à nouveau au cirque. Cela semblait trop beau pour être vrai, et pourtant c'était la réalité. Ce n'était pas un rêve, elle en était plus que consciente à présent.

Soulagée, elle se laissa retomber d'un coup sur l'oreiller. Ses cheveux blonds détachés s'éparpillèrent en nuage autour de sa tête. Elle pencha la tête sur le côté. Elle les huma lentement. Ils sentaient bon. Une odeur de jasmin, ou peut-être d'amandes. Dans tous les cas, cela ne sentait pas la terre humide du cirque. James les lui avait soigneusement lavés hier, puis coiffés et peignés entièrement. Un geste gentil, dont elle ne savait pas décrire ses ressentiments. Il s'occupait d'elle comme si c'était sa propre fille. Et ça, dans le cœur de Louise, c'était la chose la plus attentionnée qu'on lui ait jamais faite.

Alors qu'elle refermait les yeux, fatiguée, on toqua à sa porte. Elle se releva subitement. Quelle heure était-il ? Avait-elle dormi toute la matinée ? Elle se leva et entrouvrit les rideaux de la fenêtre. Dehors, le soleil était déjà bien levé. Elle secoua ses cheveux, qui étaient un peu trop en bataille, puis alla ouvrir la porte.

— Bonjour Louise, salua James, bien dormi ?

Il entra, passant une main sur la tête de la jeune fille, comme on fait à un enfant. Il devait s'être levé de bonne heure ; il était déjà habillé et coiffé. Louise acquiesça et referma la porte derrière lui. Il marcha doucement vers la fenêtre, regardant les moldus -les êtres sans pouvoirs magiques- se presser et se bousculer. Il ne les détestait pas, mais on ne peut pas dire qu'il les appréciait beaucoup. Il se contentait seulement de ne pas les approcher. Louise l'avait remarqué lors de leur fuite. Était-il un sang-pur ? Voilà encore une question dont elle ignorait la réponse. Mais un sang-pur n'aurait jamais libéré de Maledictus.

  • Louise, dit-il, vous avez reçu une lettre.

Le cœur de Louise rata un battement. Elle crut avoir mal entendu. Une lettre ? Qui pouvait bien lui écrire ? Était-ce une erreur, ou bien un piège ? Elle se retourna vers lui, apeurée. Non, cela devait forcément être une erreur. Elle n'avait pas de famille, pas d'amis, rien.

Monsieur Wilcox vit bien la réaction de sa petite protégée, et il n'en était pas étonné. Lui même avait réagi de cette manière en découvrant la lettre, ce matin, en bas de la porte. La petite n'avait pas de famille, personne ne pouvait lui écrire. Il avait longtemps hésité à ramasser cette lettre, debout devant la porte. Puis, il avait fini par la prendre dans ses mains. Lorsqu'il l'avait retournée, un sentiment de soulagement l'avait envahi, en découvrant l'envoyeur.

  • Ne vous inquiétez pas, la rassura-t-il d'une voix calme, tout va bien.

Il s'approcha d'elle et lui tendit le courrier, retourné. Louise hésita avant de le prendre, puis approcha ses doigts de l'enveloppe blanche. Lorsqu'elle la retourna, elle n'eut aucune réaction. La seule chose qu'elle remarqua ce fut son prénom, écrit en belles lettres fines, ainsi que le lieu où elle se trouvait en ce moment même. L'enveloppe était signée d'un blason.

Poudlard

Louise releva la tête vers James. Poudlard était une école de sorcellerie magique, pour les sorciers et sorcières. Pourquoi lui envoyaient-ils une lettre ? Louise était une Maledictus, pas une sorcière. Elle ne pouvait donc normalement pas manier de baguette. Et, on y entrait à onze ans, et non à treize comme elle.

Elle déchira le haut et déplia la lettre, laissant tomber l'enveloppe au sol sans s'en soucier. Elle la lut pendant quelques minutes, silencieusement.

Le message était tout simple. Il l'invitait à se rendre à la gare de Londres le jour de la rentrée, et disait qu'elle était la bienvenue à l'école. Une lettre d'administration tout à fait banale. Cependant, au bas était marqué un message personnalisé lui étant adressé, venant du directeur. Il disait vouloir la voir le premier jour dans son bureau. Louise n'y fit pas plus attention que le reste.

Elle regarda James, incrédule. Ce genre de lettres étaient envoyé sans demande, à chaque jeune fille et jeune homme ayant des pouvoirs magiques, de manière presque automatique. Une Maledictus était considérée comme un membre de la communauté magique, mais pas comme une sorcière à proprement parler. Ses droits et libertés n'étaient pas les mêmes. De plus, les Maledictus ne possèdent pas de pouvoirs magiques, et ne peuvent utiliser ni baguette ni sorts, comme les moldus en quelque sorte.

— Louise, je comprends votre étonnement.

— James, murmura la petite fille, je ne suis pas une...

— Oh, si vous l'êtes, assura-t-il en la coupant. Bien plus que vous ne le pensez. J'ai envoyé un hibou ce matin au directeur, pour lui expliquer l'erreur. Il m'a bien assuré qu'il n'y en avait aucune. Vous êtes bel et bien une sorcière, dotée de pouvoirs et pouvant manipuler la magie. Vous l'êtes autant que vous êtes une Maledictus.

Elle pencha la tête sur le côté. Comment se faisait-il qu'elle ne l'ai jamais remarqué ? Elle aurait très bien pu s'enfuir dans ce cas ! Et pourtant, rien ne s'était manifesté. D'habitude, les enfants sorciers ont des sortes de crises où leur magie s'échappe, créant des choses étranges qui inquiètent les moldus. A part sa malédiction, tout était normal, si on pouvait utiliser ce mot pour elle.

Même si cette histoire était vraie, elle ne voulait pas aller à Poudlard. Elle ne pouvait pas se mêler au monde. Elle avait peur. Elle craignait les sorciers. Les sangs-purs tuaient des gens comme elle pour le plaisir, quant aux autres sorciers, ils les fuyaient. Non, jamais elle n'irait là-bas. De plus, elle risquait de mettre la vie des élèves en danger. Ou même sa propre vie.

— Je sais à quoi vous pensez, dit James. Écoutez, je pense que c'est la meilleure solution.

Louise ramassa l'enveloppe et y rangea la lettre. Elle posa le tout sur la petite table de chevet de l'hôtel et vint se poser devant la fenêtre. Ce monde... Ce monde si beau qui lui offrait des milliers de possibilités. Elle ne pouvait pas s'y mêler. Jamais. Sa triste malédiction de sang l'en empêchait.

James Wilcox se mit à côté d'elle, posant une main protectrice sur son épaule. Il aimait beaucoup la jeune fille, mais il ne pouvait pas se résoudre à la garder secrètement avec lui pour toujours. Il fallait bien qu'elle aille quelque part. Un endroit où elle serait en sécurité. Poudlard était le lieu parfait. Le professeur Dumbledore saurait l'aider, c'était quelqu'un de bien. Oui, il avait confiance en lui. Et elle pouvait lui faire confiance elle aussi.

— Louise, vous savez que vous ne pourrez pas rester éternellement cachée ici. Pas avec moi.

Elle inclina la tête vers lui. Ses petits yeux bleus pétillants l'attristaient. C'était la seule personne qu'elle aimait et qui l'aimait en retour. Sa seule famille. Elle ne pouvait pas se résoudre à se séparer. Tout comme lui.

— Le professeur Dumbledore est un grand sorcier, continua-t-il, et un grand sage. Il saura vous aider. Croyez-moi, il est digne de confiance. Il m'a déjà aidé autrefois, comme moi je l'ai fait pour vous. À Poudlard vous serez en sécurité. Quant à vos transformations, je suis sûr qu'il trouvera une solution.

N'étant pas convaincue, Louise baissa les yeux. Non, elle voulait rester avec lui. Triste, elle posa finalement sa tête sur l'épaule de l'auror. Il y répondit en l'entourant d'un bras, protecteur envers celle qu'il considérait à présent comme sa fille.

Elle ne se sentirait en sécurité avec personne d'autre. Jamais.

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