Chapitre huit : Je suis seul./Solus sum.

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-Bonjour, père.

« Père »... Quoi ?! Non...

-Bonjour, mon fils. Je vois que tu es accompagné, dit cet homme à l'aura autoritaire, presque menaçante en s'approchant de nous.

Le Gouverneur était le père de mon domini[1] ?! Ce n'était pas possible... J'étais l'esclave de son fils... L'esclave du fils de l'homme qui avait détruit ma vie... J'avais l'impression que de la glace coulait dans mes veines, j'étais pétrifié.

-Oui, père. Il s'agit de mon servum[2]. Il se nomme Nathan. J'en ai fait l'acquisition il y a peu.

Cet homme me détailla alors plus attentivement, semblant intrigué. Et moi, je ne comprenais rien. Je savais que le Gouverneur Wolf avait un fils mais je n'aurais jamais imaginé qu'il s'agissait de l'homme qui m'avait acheté ! Surtout que le Gouverneur n'était pas typé contrairement à mon domino[3]. Cet homme avait les mêmes cheveux noirs et la même carrure mais il n'avait pas les yeux bridés. Son fils tenait-il de sa mère ou avait-il été adopté ?

De toute manière, ses origines n'avaient pas d'importance. Par contre, ce qui en avait était que je l'avais laissé me toucher, je l'avais laissé partager mon lit... Maintenant, ça me dégoûtait au plus haut point. La colère montait en moi alors que je regardais son père, le Gouverneur, me détailler de la tête aux pieds comme pour juger si son fils avait fait une bonne acquisition. Son inspection s'arrêta à mes yeux qui devaient refléter ce que je ressentais.

-Ton servus[4] ne t'a pas l'air soumis, dit cet homme en s'approchant encore de nous.

« Servus »... « Soumis »... Objet sans importance... Le souvenir de ma mère pleurant et suppliant me revint à l'esprit et sans réfléchir, je lui crachai à la figure. Il se figea durant un instant avant de me foutre une gifle si violente que j'eus l'impression de voler avant de tomber durement sur le sol, un peu assommé.

-Eh bien... J'attendais mieux de toi, Ethan. J'espère que tu vas le punir comme il se doit ou je me ferai un plaisir de remettre ce servum[5] à sa place. Et c'est seulement parce que tu es mon fils que je te laisse le privilège de le punir toi-même, alors ne me déçois pas encore une fois.

« Encore une fois » ? Parlait-il du fait que je venais de lui cracher ma salive en plein visage ou... d'autre chose ? Sa voix était si dure...

-Oui, père...

J'avais l'impression que mon dominus[6] était troublé. Il ne devait évidemment pas s'attendre à ma réaction, mais il sembla se reprendre bien vite.

- Je m'excuse pour ce qu'il vient de se passer. Nathan est arrivé dans ma demeure il y a seulement quelques jours. Je n'ai pas fini de lui apprendre les bonnes manières.

-Bien. Je te laisse choisir la punition, tu connais mes goûts, mais je préfère te prévenir que si l’envie m’en prend, j'y participerai. Ce servus[7] doit être éduqué et je ne laisse personne me manquer de respect. Je ne serais pas où j'en suis si cela était le cas. Nous nous verrons ce soir au banquet, dit son père en retirant un mouchoir en tissu de sa poche et en essuyant sa joue.

Pour montrer que la conversation était terminée, il partit jusqu'à son bureau, ne montrant plus aucune attention envers son fils. Ça puait l'amour paternel, ici... Je ne m'étais pas trompé en devinant que leur relation était compliquée.

Durant tout le temps où cet homme avait pris la parole, il ne m'avait pas jeté un regard, comme si je n'étais pas là ou que je ne méritais pas son attention. Seul le maître était considéré comme une personne à part entière et il venait de m'en faire la démonstration...

Je vis mon dominum[8] hocher la tête en signe d'assentiment avant qu'il ne se dirige vers moi, un air effrayant sur le visage. Il paraissait très en colère et il m'attrapa durement pour me remettre sur mes pieds avant de me tirer jusqu'à la sortie. Nous marchâmes un moment puis, arrivés dans une grande chambre, il me jeta sur le sol sans ménagement.

-Explique-toi tout de suite, m'ordonna-t-il d'une voix menaçante.

À quoi bon ? Est-ce que cela allait changer quoi que ce soit à ma situation, de toute manière ? Je n'avais pas envie de parler. Certainement pas au fils de cet homme qui me répugnait à cet instant même. Et s'il comptait me punir comme il l'avait affirmé au Gouverneur, il le ferait, que je parle ou non. Je ne le savais que trop bien. Tous mes domini[9]... Tous les mêmes...

Wolf n'attendit pas plus de quelques secondes avant de m'attraper et de me jeter sur le grand lit, me coupant presque le souffle. Il ne perdit pas plus de temps pour venir m'écraser de son poids. Il prit mes poignets et les croisa au-dessus de ma tête d'une seule main puissante. Je me sentais si choqué d'avoir été tellement près de l'homme qui avait détruit ma vie, que je n'arrivais pas à réagir, mon corps ne m'obéissait plus. Je ne faisais que penser à ma famille. Je n'avais plus l'énergie pour lutter...

-Peut-être ai-je été trop gentil avec toi, Nathan. Je t'ai bien traité pourtant et je t'avais prévenu que si tu ne m'obéissais pas, je te punirais.

Je sentis une main chaude se faufiler sous mon pull, une décharge sembla me traverser et l'énergie me revint enfin. Je voulus la repousser mais mes mains étaient bloquées. Il était bien plus fort que moi... Mon cœur s'emballa. Il se pencha alors à mon oreille.

-J'aurais dû te prendre il y a deux jours. Tu ne m'aurais pas résisté. Ou encore la nuit dernière... Tu serais sans doute plus obéissant si je ne m'étais pas retenu. Je peux encore me rattraper.

Quoi ?! Il se redressa et sans me quitter des yeux, entreprit de retirer sa veste et commença à déboutonner sa chemise. NON, NON, NON ! Tétanisé au début, je finis par me redresser. Je tentai de le repousser pour m'échapper mais sans que je ne m'y attende, je reçus une nouvelle gifle et retombai sur le lit, de nouveau un peu assommé. Tel père, tel fils... Toujours un peu dans les vapes, je sentis qu'il me retirait rapidement mon pull et déboutonnait mon jean.

- Non... tentai-je piteusement en attrapant sa main qui partait sous mon sous-vêtement.

-Pourquoi je me retiendrais ? Je me suis montré gentil avec toi, Nathan. Et c'est comme ça que tu me remercies ? En m'humiliant ? En crachant au visage du Gouverneur ? De mon père ?

-Ha !

Sa main venait d'attraper ce qu'elle cherchait et elle ne perdit pas de temps pour commencer de vigoureuses caresses, cherchant à me faire devenir dur.

-Tout ceci m'appartient, désormais. Il faut que tu le comprennes.

-Humm...

Même s'il me dégoûtait, il savait s’y prendre et mon sexe était devenu dur dans sa main. Je manquais tellement d'expérience dans ce domaine que je n'arrivais pas à contrôler mes soupirs ou les réactions de mon corps. Des sensations agréables commencèrent à me parcourir, me faisant trembler. Je ne voulais pas le voir, j'avais les yeux clos, la tête tournée sur le côté.

-Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ?

Sur cette question qui n'attendait sans doute pas de réponse, il accéléra encore la cadence de ses va-et-vient, me faisant gémir. J'en avais envie de pleurer...

-Tu as craché sur le visage du Gouverneur, Nathan. Il aurait pu te condamner à mort. Il en avait le droit. La seule chose qui t'a sauvé la vie, c'est que tu es à moi, tu m'appartiens.

Mon corps se tendit sous la jouissance qui me traversa pendant que ma semence s'étalait sur mon ventre en quelques jets chauds. Dans le brouillard, j'entendis comme un bruit de fermeture éclair et ouvris les yeux, effrayé. Je ne m'attendais absolument pas à ce qui allait suivre...

Il sortit son sexe imposant en érection de l'ouverture de son pantalon, prit une de mes mains qu'il glissa sur mon ventre ou plus précisément sur... ma semence avant de la poser sur son sexe et d'entamer sans tarder des va-et-vient rapides. Je le vis fermer les yeux sous la sensation de mes doigts entourant sa chair. Je n'avais jamais touché le sexe d'une autre personne. J'en étais si gêné... C'était tellement étrange tout ce qui se passait, j'avais l'impression que rien n'était réel.

Wolf finit par se pencher de nouveau sur mon corps et posa sa bouche humide sur mon cou. Il me lécha, embrassa ma peau comme s'il me savourait. Ça dura un petit moment et puis soudainement, je ressentis une douleur qui me fit crier et me tendre contre lui. Il... Il m'avait mordu !

Alors que j'étais sous le choc, je le vis se redresser. Il accéléra ensuite les mouvements de ma main sur son entrejambe. Son regard était fixé au mien que je n'arrivais pas à détourner comme cela avait été le cas lors de la soirée qu'il avait organisée. C'est ainsi que je le vis fermer les yeux, pencher la tête en arrière et la bouche entrouverte, il jouit à son tour sur mon ventre.

Après avoir subi sa morsure et en sentant sa jouissance me recouvrir, j'eus l'impression qu'il me marquait une nouvelle fois. Son regard satisfait en regardant ma peau recouverte de son sperme confirma mes pensées. Je me sentais si humilié...

-Nathan.

Sous la voix dure qui m'appelait, je levai ma tête que j'avais de nouveau baissée, ne voulant plus voir ce spectacle dégoûtant. Malgré ce qui venait d'arriver, son visage était dur comme de la glace, il paraissait toujours très en colère contre moi.

-Ceci était un avertissement. Je n'irai pas plus loin parce qu'une autre épreuve t'attend et je sais que les contacts physiques te répugnent, alors je pense que c'était bien suffisant pour cette fois. Aujourd'hui, tu ne mangeras pas et tu resteras enfermé dans ma chambre. Ce soir, je viendrai te chercher. Je te mettrai un torquem[10], le collier des esclaves que tu porteras toujours pour te rappeler où se trouve ta place. Tu seras nu et en laisse lorsque je t'amènerai devant les invités de mon père. Ensuite, je t'attacherai et te fouetterai. Et quand j'en aurai terminé, tu resteras complètement nu, les jambes écartées, montrant à tous ce que tu aimes que tes vêtements cachent, vulnérable et livré à leurs regards.

En l'écoutant énumérer ce qu'il allait m'infliger, des larmes mouillèrent mes yeux et coulèrent sur mes joues. Jusqu'ici, je croyais que cet homme était le moins pire de tous ceux qui m'avaient acheté. Je savais que c'était idiot mais je me sentais trahi. Quel naïf j'avais été... Son attitude avait été si différente de celles de mes précédents dominorum[11] !

-Tu me trouves sans doute dur mais tu ne comprends pas... commença-t-il d'une voix adoucie. Tu crois savoir ce dont le Gouverneur est capable mais tu te trompes... Mon père...

Il s'interrompit, laissant sa phrase en suspens. De toute façon, ça ne m'intéressait pas, je voulais seulement qu'il me laisse seul... Tout à mes tristes pensées, je sursautai lorsque je sentis une main caresser délicatement ma joue. Mon réflexe fut de la repousser en fusillant du regard cet homme avant de me redresser et de laisser ma haine s'exprimer.

-NE ME TOUCHEZ PAS ! VOUS ME RÉPUGNEZ, VOUS COMME TOUS LES AUTRES ! VOUS VOUS CROYEZ TOUS SUPÉRIEURS MAIS VOUS N'ÊTES QUE DES IDIOTS ! LA SEULE RAISON POUR LAQUELLE JE SUIS UN SERVUM EST QUE MON PÈRE A DÉSOBÉI AU VÔTRE ! VOUS CROYEZ QUE PARCE QUE J'AI ÉTÉ JETÉ DANS LE SYSTÈME ESCLAVAGISTE, JE VAUX MOINS QUE VOUS QUI ÊTES NÉ SOUS PRIVILÈGES ? VOUS AVEZ TORT ! TOUT CE QUE ÇA PROUVE À MES YEUX, C'EST QUE VOUS AVEZ MOINS DE VALEUR EN TANT QU'ÊTRE HUMAIN VIVANT DANS VOTRE FRIC PUANT PENDANT QUE LE RESTE DU PEUPLE SOUFFRE !

Lorsque j'eus terminé ma tirade, j'étais essoufflé mais je me sentais soulagé que mon énergie combattive soit revenue et d'avoir surtout pu dire ce que j'avais sur le cœur. Cet homme étrange me perturbait réellement et je me sentais différent depuis qu'il m'avait acheté. Il... me faisait ressentir toutes sortes d'émotions et je n'aimais pas ça. Je ne savais pas comment me conduire avec lui ni à quoi m'en tenir.

À mon plus grand étonnement et alors que je m'attendais à être frappé ou pire, je vis un sourire en coin s'afficher sur ses lèvres. Hein ?! Je n'arrivais décidément pas à le cerner... Il ne dit rien, se détourna de moi et ramassa ses vêtements qu'il remit avant de se diriger vers la porte. Là, il se retourna.

-N'oublie pas, je viendrai te chercher ce soir. Garde cette combattivité, tu en auras besoin.

Sur ces mots que je ne comprenais pas, car en huit années en tant qu'esclave, c'était bien la première fois que je voyais un dominum[12] désirer que son servus[13] ne lui soit pas complètement soumis, il sortit et j'entendis le bruit d'une clé que l'on tourne. Je m'affalai alors sur le lit en découvrant que je venais de lui cracher mon venin avec le sexe à l'air ! Génial...

Quelle journée de merde ! Dire que je me trouvais actuellement sur un des lieux de travail et une des demeures du Gouverneur ! Jamais je n'aurais pensé être un jour proche de lui ! Le Gouverneur Wolf... Un des pires dictateurs qui aient existé. Je ne pouvais pas ne rien faire. Non... J'avais toujours pour projet de m'enfuir et de retrouver ma famille mais maintenant, à cet instant précis, une nouvelle idée me vint en tête. Être ici était une occasion en or. C'était pour moi, un moyen de mettre un terme à ce gouvernement ! Un moyen de... tuer l'homme qui avait détruit tant de vies. Celui qui avait détruit MA vie ! Oui... Je ne pouvais pas rater une occasion pareille...

[1] Génitif singulier de « dominus »=maître.

[2] Accusatif singulier de "servus"=esclave.

[3] Datif singulier de « dominus »=maître.

[4] Nominatif singulier=esclave.

[5] Accusatif singulier de "servus"=esclave.

[6] Nominatif singulier=maître.

[7] Nominatif singulier=esclave.

[8] Accusatif singulier de "dominus"=maître.

[9] Nominatif pluriel de "dominus"=maîtres.

[10] Accusatif singulier de "torques"=collier.

[11] Génitif pluriel de "dominus"=maîtres.

[12] Accusatif singulier de "dominus"=maître.

[13] Nominatif singulier=esclave.

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