Chapitre cinq : Je suis désiré./Cupior. (Partie 2)

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-Quel est ton nom ?

Sa voix me fit légèrement sursauter et me sortit de mes réflexions. Je le regardai alors quelques secondes avant de lui répondre.

-Je m'appelle Nathan.

-Nathan, ravi de te rencontrer dans d'autres circonstances que la vente aux enchères. Mon nom est Marc, Marc Larcher. Je suis un partenaire commercial de ton domini[1] et une relation de longue date, nos familles se connaissent depuis longtemps. Wolf te traite bien ?

-Heu... Oui. Ça ne fait que deux jours que je suis ici mais je n'ai pas à me plaindre pour l'instant.

-"Pour l'instant" ? Eh bien, tu n'es pas très optimiste mais je peux le comprendre ! Tu es un servum[2], après tout et Ethan ne doit pas être ton premier dominum[3] et... Est-ce que ça va ? Tu n'as pas l'air bien, tout d'un coup.

Je commençais à avoir la tête qui tournait. J'avais bu trop vite ! Mais qu'est-ce que j'avais bu, d'ailleurs ?

-Je... J'ai un peu la tête qui tourne, dis-je en posant mon verre sur la table la plus proche.

-Viens avec moi, je vais te trouver un siège.

Il m'attrapa par la taille sans que je ne puisse réagir, pris dans un nuage de bien-être et de légers vertiges mais il n'y avait pas que cela, je commençais à avoir chaud aussi.

-Que... Qu'est-ce que j'ai bu, exactement ? demandai-je.

-Je...

-Qu'est-ce qui se passe ici ? interrompit une voix dure que je connaissais.

Wolf ! Mince... J'allais être puni si je causais des problèmes. Cependant, à cet instant précis, je me sentais si bien que je n'arrivais même pas à avoir peur.

-J'étais venu tenir compagnie au joli Nathan et je lui ai fait goûter de l'absinthe mélangée mais ça a l'air d'agir un peu trop vite sur lui. Le manque d'habitude sans doute. J'allais le mener à un siège pour qu'il se repose un peu et reprenne ses esprits. Tu peux nous laisser, je m'occupe de lui.

Sur ces mots, il me tira doucement dans la direction que nous suivions avant que Wolf arrive mais celui-ci attrapa durement le bras de Marc afin de nous stopper.

-Certainement pas, fit sa voix dure. Nathan est à moi, Marc. Je ne te laisserai pas t'amuser avec lui. Tu lui as fait boire de l'absinthe mélangée, tu savais quel effet cela aurait sur lui. Ne fais pas l'innocent, cette image ne te sied tellement pas...

À ces paroles, l'homme blond lâcha un petit rire sarcastique.

-Contrairement à ce que tu as l'air de penser, je voulais seulement qu'il se détende ! Ce genre de soirées a l'air de le mettre mal à l'aise. Mais tu t'en fous sans doute, non ? Ses états d'âme ne t'intéressent pas ! Après tout, il s'agit seulement de ta nouvelle acquisition ! Tu es bien le fils de ton père, non ?

Sous le ton très méprisant de Marc, surtout sur la fin de sa tirade, je vis Wolf serrer les poings et le fusiller du regard. Il se retenait apparemment de lui casser la figure, ce que je pouvais comprendre car il s'agissait de sa soirée, il aurait été très mal vu que l'hôte se batte avec un invité. Durant l'antiquité, surtout l'antiquité grecque, l'hospitalité était quelque chose de très important et le Gouverneur Wolf avait rétabli cette manière de penser qui faisait de nous, selon lui, de meilleures personnes civilisées. Ce que je trouvais complètement ironique puisque à l'opposé, il avait trouvé normal de rétablir l'esclavage ! Un paradoxe total...

Je vis alors Wolf se pencher jusqu'à l'oreille de l'homme blond et j'entendis avec du mal ce qu'il lui murmurait :

-Je sais qu'il te plaît et que tu voulais profiter de lui. Tu peux faire semblant devant les autres mais tu ne me tromperas jamais, Marc. Je ne te connais que trop bien.

Il se redressa et reprit la parole sur une intonation normale, tout en étant toujours froid et menaçant.

-Maintenant, va-t’en avant que je ne me contrôle plus et que je te fasse regretter tes paroles. Ou faut-il que je te fasse escorter par mes agents devant tout le monde ?

L'homme blond parut hésiter de longues secondes puis il me lâcha doucement. Je compris que Wolf avait gagné et qu'il allait partir.

-Excuse-moi, Nathan. Ne crois pas tout ce que Wolf raconte sur moi. D'accord ? Je vais devoir y aller mais nous nous reverrons bientôt.

-Ça m'étonnerait ! siffla mon dominus[4], ce qui provoqua un léger sourire de Marc.

Et il partit, me laissant seul avec l'homme qui m'avait acheté. Bizarrement, je préférais quand il était là, je le trouvais gentil, il n'était pas méprisant avec moi, à me rappeler que je lui devais obéissance parce que je n'étais qu'un esclave, contrairement à Wolf. Oui, j'étais un peu déçu qu'il soit obligé de partir déjà.

-Bon. Je vais t'amener à ta chambre, me dit justement celui-ci en m'attrapant fermement par le bras afin de me guider.

Arrivé aux escaliers, je dus ralentir, ma tête me tournait encore plus et j'avais si chaud... J'avais l'impression que ma tunique me caressait le corps, que chaque mouvement que je faisais était comme un effleurement du tissu enflammant ma peau.

-D'accord... Je vais te porter.

Avant même que je puisse dire quoi que ce soit, il me prit dans ses bras, ma tête se cala contre son épaule et je ne trouvai pas cela désagréable, au contraire. Sans réfléchir à ce que je faisais, me rappelant son tatouage et voulant voir ce qu'il représentait, je posai ma main sur son torse, là où sa chemise était ouverte, et tirai dessus. Je découvris sans réelle surprise qu'il s'agissait d'une tête de loup noir à l'air féroce qui recouvrait son pectoral, l'emblème de la famille Wolf. Je le sentis frissonner sous mon toucher mais je n'y prêtai pas attention, je me sentais si bien sous l'effet de l'alcool. Il n'y avait plus de peur ni de dégoût à être touché.

Nous arrivâmes à ma chambre et il tira les couvertures avant de me déposer délicatement sur le lit. J'avais si chaud... Il me retira mes chaussures et il posa sa main sur mon front dans une caresse qui me fit frissonner à mon tour avant de partir dans mes cheveux qu'il semblait aimer, il me les caressait dès qu'il le pouvait. Sa main descendit ensuite lentement sur mon torse, me provoquant des sensations très agréables sur son passage et elle s'arrêta au lacet qui fermait mon vêtement. Il finit par en défaire le nœud.

-Je vais te retirer ta tunique, ce sera peut-être plus confortable pour toi.

Envahi de son odeur, de la chaleur que dégageait son corps, frissonnant sous ses gestes doux, me sentant si bien et ayant si chaud, je sentis que je devenais dur... Même sous l'effet de la boisson que j'avais bue, je me sentais gêné d'avoir une érection en présence d'une autre personne.

-Qu'est-ce qui m'arrive ? gémis-je sous la sensation inconfortable.

Il arrêta alors tout geste et plongea ses yeux dans les miens.

-Marc t'a fait boire de l'absinthe mélangée. Il s'agit d'un alcool fort dilué avec un aphrodisiaque puissant. J'aurais dû mieux te surveiller. Quand Marc t'a approché, un collègue m'a abordé et le temps que je termine de répondre à ses questions, tu avais déjà bu ton verre.

Il fit une pause et me caressa doucement la joue avant de reprendre.

-Les effets passeront rapidement, ne t'inquiète pas, me rassura-t-il en terminant de me retirer ma tunique.

Je le vis alors découvrir mon érection sur laquelle son regard s'attarda un petit moment. Puis il se redressa, prêt à partir et sans que je ne réfléchisse à ce que je faisais, j'attrapai sa main, je ne voulais pas être seul, j'avais peur de ce que je ressentais... Je n'avais jamais été drogué ou saoul de toute ma vie et cette boisson que j'avais avalée causait un mélange intense de leurs effets ! Ça m'effrayait même si je ne ressentais pas tout à fait de la peur, il s'agissait plutôt de l'angoisse d'être seul en ce moment précis...

-Restez...

Il me regarda, l'air réellement surpris.

-Nathan, tu n'es pas dans ton état normal, tu devrais dormir, me dit-il sans toutefois essayer de retirer son bras de mon emprise.

Je refusais de l'écouter, je voulais le sentir contre moi, je voulais qu'il me rassure, je... Je voulais qu'il... me touche... Et toujours sans réfléchir, je fis un geste dont j'aurai sûrement honte le lendemain mais mon sexe commençait vraiment à me faire mal, j'avais besoin d'être soulagé. Alors je tirai sur sa main et la posai sur la bosse de mon sous-vêtement, un geste que je n'aurais jamais eu si j'avais les idées claires mais je n'arrivais plus à penser correctement, complètement submergé par les réactions de mon corps que je ne pouvais contrôler. Je me sentais si bizarre ! Tout mon corps n'était que sensations ! J'avais l'impression d'être comme un animal en chaleur et que la seule chose importante était de soulager mon désir ! Je le vis regarder sa main sur moi et je pus remarquer que sa poitrine se soulevait à intervalles rapides, sa respiration devait s'être accélérée.

-Soulagez-moi... murmurai-je.

Il sembla hésiter un moment. J'avais l'impression qu'il n'arrivait pas à se décider et se livrait un combat intérieur.

-S'il vous plaît...

-Nathan... souffla-t-il avant de s'allonger contre moi, pour se mettre contre mon dos. Tu devrais te soulager, seul.

Sentir son corps contre le mien me soulagea un peu, ça me réconfortait aussi.

-Ça fait si longtemps que je ne me suis pas touché... Et j'ai toujours la tête qui tourne... S'il vous plaît...

Je compris que j'avais gagné car je l'entendis soupirer avant qu'il ne se cale plus confortablement contre mon dos et pose sa main sur mon ventre, me provoquant mille frissons. Il la descendit ensuite, sans perdre davantage de temps, lentement jusqu'à l'élastique de mon boxer mais là, j'eus un sursaut de conscience et je posai ma main sur la sienne afin de le stopper. Mais qu'est-ce que je foutais ? C'était trop intime ! Et c'était dégoûtant ! Je ne voulais pas qu'il me touche là ! Mais... Je me sentais si bizarre et... j'avais besoin d'être soulagé...

-Je... Je ne veux pas que vous me touchiez directement...

Après ce que ce que je venais de lui dire, je pensais qu'il allait se vexer et partir ou me toucher sur le tissu de mon boxer mais à la place, il retira sa main qui était sous la mienne pour la poser dessus avant de les glisser sous mon sous-vêtement. Il plaça alors mes doigts autour de mon sexe dur et je gémis sous le contact. Sa main toujours sur la mienne, il commença tout de suite des va-et-vient. J'étais si sensible que je ne pus retenir mes gémissements, totalement pris dans les sensations, dans les frissons qui parcouraient mon corps. Et puis, je sentis une bouche humide déposer des baisers dans mon cou et quelque chose de dur se frotter contre mes fesses. Je savais ce que c'était mais à cet instant précis, je m'en foutais complètement, seul comptait le plaisir que je ressentais. Cela faisait si longtemps que je ne m'étais pas caressé, ça me semblait si bon !

En étant la plupart du temps enfermé dans une petite pièce sale chez mon esclavagiste dans des conditions épouvantables, me masturber était bien la dernière chose à laquelle je pensais. De plus, s'il m'avait vu en train de me donner du plaisir, qui sait si cela ne lui aurait pas donné l'idée d'en profiter...

On disait que pendant notre adolescence, nos hormones étaient en ébullition mais pour moi, cela n'avait pas été le cas. Devenir esclave à 15 ans avait comme endormi mon corps, je n'avais même pratiquement jamais d'érection matinale contrairement à l'époque précédent mon enlèvement. Alors, ce moment durant lequel il n'y avait plus que du plaisir dans un lit confortable avec un homme doux, me paraissait particulièrement intense.

Je savais aussi que toutes les sensations étaient encore multipliées par le corps que je sentais contre moi, par sa main qui imprimait la cadence des caresses, comme s'il s'agissait de sa main à lui qui était posée sur mon sexe et non la mienne. Et ce que j'avais bu devait renforcer les sensations car je me sentais si sensible... Sentir son souffle rapide contre ma nuque alors qu'il se donnait lui-même du plaisir, m'excitait encore plus, à tel point que je ne tardai pas jouir contre lui dans un long gémissement, le corps tendu par l'orgasme qui me dévasta.

Près de l'inconscience, sentant mon corps savourer les tous derniers frissons avant de m'endormir, il retira nos mains de mon sous-vêtement avant de tirer les couvertures sur nous. J'entendais les battements de son cœur et sa respiration qui étaient rapides alors que je reprenais mon souffle. Il ne s'était pas soulagé et avait même arrêté de se frotter contre moi une fois que j'avais joui. J'étais vraiment étonné qu'il n'essaie pas de profiter de la situation. Dans mon état de faiblesse, j'aurais été incapable de me défendre s'il avait tenté quelque chose.

-Dors, maintenant, chuchota-t-il contre mon oreille.

Oui... Je ne le comprenais décidément pas.

Je sentis qu'il déposait avec douceur un baiser sur mon épaule avant de poser sa tête derrière la mienne tout en me gardant serré contre lui, ses bras autour de moi. Je préférais ne pas m'appesantir sur le sujet à essayer de le comprendre et je laissais le sommeil m'envahir, enlacé dans ses bras, m'endormant pour la première fois de ma vie dans les bras d'un autre homme...

[1] Génitif singulier de « dominus »=maître.

[2] Accusatif singulier de « servus »=esclave.

[3] Accusatif singulier de « dominus »=maître.

[4] Nominatif singulier de « dominus »=maître.

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