Chapitre 21

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Gwenaelle et Franck étaient allongés dans l’herbe, sur une colline au-dessus des cultures maraichères. La nuit était tombée, belle et transparente. Sous les étoiles ils pouvaient avoir enfin un peu de fraicheur.

- Tu as eu des soucis avec les grands-parents de Mathis ce soir ? Ils avaient l’air gênés et plutôt tendus quand ils sont venus te voir à la sortie de l’école.

- Rien de grave. Ils avaient des remarques à me faire sur une dissertation, un travail parlant des atomes. Je leur ai expliqué qu’ils passent d’un organisme à l’autre, un peu comme s’ils se réincarnaient dans d’autres formes de vie. Les atomes sont éternels, contrairement aux cellules qui meurent. Les grands-parents de Mathis ne sont pas les seuls à être choqués par ce genre de propos, mais tant pis si cela va à l’encontre de certaines croyances. Je trouve le fonctionnement de la nature bien plus beau que tout ce que les religions pourraient raconter. Si les humains ont inventé les religions, seul Dieu aurait pu inventer la nature… Et Mathis a écrit une très belle dissertation sur la mort de sa maman. Il la compare à une étoile qui s’est éteinte.

- Il faudrait que je la lise.

- D’accord. Je dois penser à t’amener son cahier. Ils restent à l’école, je préfère les corriger là-bas, ça m’évite de le trimbaler partout.

- Et ta vie à toi, quand tu étais enfant, pourquoi tu ne m’en parles jamais ?

- Parce que je n’ai pas envie d’en parler.

- Mais comment est-ce que je peux te connaître vraiment si je ne sais rien sur ta famille, tes amis d’avant, tes études ? On dirait que ta vie a commencé avec ton boulot de professeur…

- Il n’y a rien à dire d’intéressant sur ce qui s’est passé avant, crois-moi.

- Tu as bien une famille quelque part quand même ? C’est incroyable ça, on dirait qu’elle n’existe pas !

- Ma vie d’avant a été compliquée. J’essaie de ne pas en tenir compte, de vivre dans le présent. Dis-toi que cela me permet de mieux apprécier les moments avec toi.

- Si tu crois que tu vas t’en tirer comme ça, c’est mal connaître les femmes ! J’ai besoin de savoir avec qui je vis. À propos de femme, tu n’en n’as pas connu d’autres avant moi ? Si ça se trouve, tu as même des enfants d’une autre. C’est pour ça que tu ne me dis rien ?

- Je te l’ai déjà expliqué. Je ne veux pas avoir d’enfant. Et je n’en ai pas eu d’une autre, rassure-toi.

- Tu as de la chance que moi aussi je n’en veuille pas. Dans le monde dans lequel nous vivons, quel avenir ils pourraient avoir ces pauvres gosses ? Au milieu de plus de sept milliards d’autres, sur une planète où il y aura bientôt plus de plastique que de poissons dans les océans, avec un climat qui est en train de se dérégler complètement, une biodiversité qui disparaît, des riches toujours plus riches et insouciants, et des pauvres toujours plus nombreux. Comme tu dis, Carpe Diem… Je t’ai, toi, c’est déjà bien.

Et elle roula sur lui pour l’embrasser, recouvrant leurs têtes de ses longs cheveux bruns. Il ressentit sa chaleur à travers les vêtements. Ses jambes et ses pieds nus glissaient doucement sur les siens. Ses seins contre son torse, s’écrasaient entre eux deux. Ses lèvres étaient douces, fragiles, humides. Elle se redressa pour enlever son tee-shirt. Elle n’avait pas de soutien-gorge, et ses seins généreux se détachèrent sur le ciel étoilé de cette nuit sans Lune. Elle ôta le reste de ses habits et se retrouva en une fraction de seconde complètement nue sur lui. Il posa ses mains sur elle pendant qu’elle l’embrassait à nouveau. Leur paume parcourut alors son dos, ses fesses, ses cuisses. Elle enleva alors son tee-shirt en tirant dessus presque avec brutalité, et le reste de ses vêtements suivit. L’air frais du soir lui fit ressentir encore plus intensément la présence de son corps chaud. D’une peau à l’autre l’énergie passait, la chaleur de la vie. Elle glissa sa main derrière elle pour s’emparer de son sexe devenu dur, et s’enfonça dessus avec volupté. Il sentit aussitôt l’humidité de son ventre avaler son pénis. Puis, elle se mit à bouger le bassin d’avant en arrière, lui offrant ses seins au niveau du visage. Il les prit dans ses mains en redressant la tête et aspira l’un des tétons avec sa bouche, le suçant et le mordant tour à tour. Tous ses sens s’affolaient simultanément. Il goûtait son sein, les effluves de sa peau remontaient par ses narines jusque dans son cerveau, leurs corps se frottaient, et il l’entendait respirer. Sa tête se découpait sur les étoiles qui les surplombaient quand il levait les yeux. Il n’existait rien de plus intense, c’était presque trop fort… Par moment, il fermait les yeux pour se concentrer sur l’un de ses sens en particulier, pour ne pas être submergé. Les gens ne parlaient pratiquement jamais entre eux de plaisir sexuel, cette expérience sensorielle ultime. Peut-être était-elle trop belle pour pouvoir être décrite avec des mots ? Les mouvements de son pubis, plaqué, écrasé sur le sien étaient de plus en plus puissants, à lui faire presque mal. L’intérieur de son sexe devenait piquant. Elle se redressa pour saisir ses testicules d’une main glissée derrière ses fesses. Et tout en le caressant, elle se mit à jouir, longuement, intensément, étouffant un cri qui sembla plus un râle intérieur, une pure vibration de son corps entier qu’il ressentit. Il se cambra pour s’enfoncer au plus profond de ce ventre, livrant de longs jets de sperme qui inondèrent le gouffre resserré et tressaillant qui l’emprisonnait à présent. Ils mélangeaient leurs eaux, leurs odeurs, leurs corps, jusqu’aux battements de leurs cœurs… Elle se découpait en ombre noire sur le fond du ciel inondé d’étoiles à présent. Il lui sembla que son sperme allait monter jusqu’à cette immensité constellée de points brillants. Il était en train de faire l’amour avec le ciel.

Puis elle s’effondra sur lui et resta immobile, toujours empalée sur son sexe. Il percevait l’air chaud de sa respiration sur son cou. Les battements de son cœur reprenaient peu à peu un rythme normal à travers sa peau. Elle finit par se coucher dans l’herbe, sur le ventre, à côté de lui, le bras allongé sur son torse. Il ne la voyait pratiquement pas tant la nuit était noire, mais il la devinait, étendue dans l’obscurité. Cette planète était un paradis. Gwenaelle en était le plus beau fruit.

Il effleura son mollet avec les ongles de sa main, remontant avec une extrême lenteur le long de sa jambe, sur la peau fragile de l’arrière de la cuisse. Quand il arriva sur sa fesse, il ne put résister à l’envie de toucher cette courbe avec la pulpe de ses doigts, pour en ressentir tout le moelleux. Sa main accéléra imperceptiblement en descendant dans le creux de ses reins, comme un enfant sur une luge. Il rencontra alors la délicate étendue du dos, infime épaisseur de chair recouvrant l’arrière de la cage thoracique, et ses ongles reprirent leur travail. Griffant plusieurs fois avec soin le dos en remontant, laissant des traces rouges qu’il ne pouvait pas voir dans l’obscurité, mais bien présentes sur la peau après le passage de cette charrue à cinq griffes qui labourait la chair. Gwenaelle ne bougeait plus du tout, ce qui la trahissait… Elle en oubliait de respirer, savourant chaque millimètre de peau parcouru. Il recommença sa caresse plus en bas, en partant à nouveau du mollet. Sur le haut de sa jambe, sa main fut attirée cette fois par la chaleur de la partie interne de la cuisse. Cette zone si douce, polie par les frottements de la marche, que rien n’était censé toucher à part elle, des vêtements, et lui. Elle s’arrêta là un instant. Puis elle glissa, comme de l’eau entrainée par la gravité qui venait de trouver un passage. Son poigné pivota pour atteindre le pubis encore moite. Ce contact humide attisa son désir, et il sentit son sexe se raidir à nouveau. Le bout de son majeur glissait entre les deux grandes lèvres pour atteindre le clitoris endormi. Sa main lui sembla s’allonger démesurément à la recherche de son but. Dans un premier temps il savait qu’il ne devait pas bouger. Juste poser son doigt dessus. Attendre. Après de longues secondes, il sentit le premier mouvement du petit nerf qui se réveillait, infime contraction de plaisir dans cette zone si secrète. Son doigt commença alors son travail sur la terminaison nerveuse qui se mit à gonfler et durcir à chaque passage. Il avait l’impression de faire rouler une bille sur une surface dure tant le clitoris était tendu. Il n’en pouvait plus, et il plongea de tout son corps cette fois. Sa tête, attirée par l’odeur, glissa entre les cuisses de Gwenaelle toujours couchée sur le ventre, les écartant un peu plus. Sa langue trouva en premier la petite bille, puis sa bouche engloba le merveilleux joyau pour lui faire un écrin de douceur et de salive. Elle frissonna en redressant un peu la tête. Elle devait accepter le contact de la salive acide et chaude sur la partie la plus sensible de son intimité. Mais elle finit par reposer lentement la tête dans l’herbe, tout en creusant le dos pour relever ses fesses en signe d’acceptation. Il commença alors le travail de la bouche. D’abord en pinçant doucement le nerf entre ses lèvres à plusieurs reprises pour l’habituer à sa présence, puis en l’aspirant dans un mouvement plus puissant. Il s’appliquait à maintenir Gwenaelle à la limite de l’orgasme, se concentrant sur les infimes réactions du petit bout de chair. Tel un chat tenant un oiseau entre ses griffes, lui donnant des coups de patte pour le faire bouger de temps en temps pour voir s’il était toujours en vie, ou en le plaquant au sol quand il s’agitait trop. À bout de patience, le minuscule organe finit par céder à la tyrannie de ce jeu. Il se contracta, comme pour disparaître dans son capuchon. Alors il le prit entre ses lèvres, à peine serrées, et immobiles. Il le laissa sautiller dans tous les sens, jusqu’à ce qu’il retrouve enfin son calme de lui-même, au milieu de gémissements que Gwenaelle ne put étouffer cette fois-ci.

Elle venait de jouir pour la deuxième fois. Il resta un long moment encore, immobile, les cheveux dans l’herbe, plié en deux la tête entre ses cuisses dans une posture inconfortable et à la limite de la crampe, mais heureux. L’odeur de ce sexe ruisselant se mélangeait à celle de l’herbe et de la terre. Il se sentait en communion avec le sol, comme il l’avait été avant avec le ciel. Il venait de faire l’amour à la Terre. Le dos, les bras, les fesses de Gwenaelle était des collines, des montagnes, des plaines… son sexe était une cascade. En une nuit, à travers son corps, il avait réuni le Ciel et la Terre. Leurs eaux mêlées formaient ce pont délicat entre Ouranos et Gaïa, l’origine de tout. Il se sentait si vivant. La dopamine, cette merveilleuse hormone du bonheur submergeait les nanotubes de carbone de son cerveau artificiel.

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