Chapitre 18

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L’ambulance s’éloigna dans la nuit sur le parking de l’hôpital de Nice, sous les yeux de l’infirmière. Dans l’ancienne procédure, le cœur était prélevé, et véhiculé d’urgence auprès du receveur pour diminuer autant que possible le temps ischémie. Ce temps pendant lequel, retiré du corps du donneur et placé dans un liquide de conservation réfrigéré, il était privé de sang et d’oxygène. C’était une course contre la montre. Elle avait elle-même parfois accompagné le caisson de transport en avion privé. Elle avait aussi été escortée par des gendarmes sur des motos, toutes sirènes hurlantes. Quand on disait le mot transplantation, les portes s’ouvraient, les gens trouvaient des solutions, même au milieu de la nuit. Tout le monde semblait concerné par cette priorité absolue. Le cœur représentait la vie, et la vie était quelque chose de sacré pour beaucoup de monde. En amenant le donneur, placé sous respirateur, au plus près du receveur, on diminuait ce temps de survie du greffon hors du corps, et on augmentait d’autant plus les chances de réussite de la greffe. Dans le cas de Lucien, cela n’avait de toute façon pas d’importance puisqu’il avait fait don de son corps à la science. Celui-ci ne devrait pas être rendu à la famille. Mais elle ne se sentait pourtant pas à l’aise en voyant partir l’ambulance.

Les trois ambulanciers qui accompagnaient le corps de Lucien arrivèrent quatre heures et demie plus tard au CHU de Grenoble. Il faisait encore nuit. Deux infirmiers les attendaient dans le hall pour prendre le relai et l’amener au bon endroit. La fiche informatique qui était sortie de l’ordinateur du CHU leur indiquait de le descendre au deuxième sous-sol, pour la préparation à la transplantation. Ce n’était pas leur secteur habituel, mais au milieu de la nuit cela ne les avait pas beaucoup surpris. Le service des transplantations devait être en effectif réduit en attendant le matin, et les gens déjà sur place devaient se préparer à l’intervention. De plus, il n’y avait aucune urgence, puisque le corps du donneur était sous respirateur, et dans un état stable. Mais lorsqu’ils entrèrent dans une sorte de sas de stérilisation où ils étaient censés laisser le corps sur son brancard, comme leur indiquait la fiche, ils commencèrent à se poser des questions. Heureusement, un écran de contrôle dans le mur s’alluma, pour leur expliquer qu’il s’agissait d’une nouvelle procédure mise en place par l’hôpital pour rendre le bloc opératoire plus stérile. La voix était rassurante, et l’écran affichait le visage d’une jeune infirmière souriante qui semblait disposée à répondre à toutes leurs questions. Alors ils laissèrent le corps avec le respirateur dans le sas, et remontèrent dans leur service habituel, pour reprendre leur garde.

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