Chapitre 13

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~ POINT DE VUE JOHN~

Je roule jusqu’à être arrivé au QG. J’espère qu’Alex a fait libérer les filles et qu'elles sont en sécurité.

Une fois arrivés, nous entrons et allons dans la salle à manger. Alex lève la tête de son livre quand il nous voit arriver. Il s’aperçoit que son père a été touché et se lève aussitôt de sa chaise.

— Que s’est-il passé ? questionne-t-il.

— Il y avait des flics partout qui nous attendaient, lui répond Eva.

— Va me chercher l’infirmière en bas, ordonne Chris.

— Aide-Soignante.

Chris se tourne vers moi. Je protégerai ma sœur au péril de ma vie, quitte à mourir maintenant.

— C’est du pareil au même. Va me la chercher, dit Chris à Eva.

Elle s’exécute aussitôt et revient dans la salle en tenant Marie par le bras cinq minutes plus tard.

Ma sœur me regarde, elle vérifie visuellement que je vais bien et je la vois souffler avant de se tourner vers Chris.

— Qu’est-ce qui vous arrive ? demande-t-elle.

— Touché par une balle. Tu vas me soigner ça tout de suite.

Je la vois sourire. Elle va le pousser à bout, je la connais.

— Qui a eu l’honneur de vous faire ça ? Que je puisse lui envoyer des fleurs.

Ne supportant pas l’ironie de Marie, il sort son arme et la pointe sur elle.

— Tu vas me soigner ça vite fait bien fait. C’est clair ?

Je vais pour m'avancer mais elle me fait signe avec son doigt de ne pas bouger.

— Il me faudrait des compresses stériles, de quoi désinfecter, un couteau à bout rond, du sparadrap, un bocal pour y placer la balle, une aiguille et du fil pour recoudre.

Eva et moi allons chercher le matériel dont Marie a besoin, pendant qu’elle lui retire le gilet ainsi que son t-shirt ensanglanté. Nous revenons quelques instants plus tard et plaçons notre butin sur la table. Marie prend une chaise et s’installe face à Chris qui pointe toujours son arme vers elle.

— Si vous voulez que je vous soigne correctement, ça serait sympa de baisser votre arme ?

— Au moindre mouvement suspect, je te colle une balle entre les deux yeux, lui répond-t-il, en abaissant l’arme.

Elle ouvre la protection dans laquelle est la première compresse, ôte le bouchon de la bouteille d’alcool modifié et mouille la compresse. Elle repose la bouteille et prend le couteau. Elle passe la lame du couteau dans la compresse imbibée d’alcool modifié pour la désinfecter. Une fois que cela est fait, elle repose la compresse et approche le couteau de la plaie à l’épaule de Chris.

— Je vais introduire la lame du couteau dans la blessure pour faire sortir la balle, informe Marie.

Elle commence à introduire la lame du couteau et sort la balle de l’épaule de Chris au bout d’un quart d’heure. Elle met la balle dans le ramequin qu’Eva a ramené et ouvre une seconde compresse pour désinfecter la plaie.

Ensuite, elle prend la troisième et dernière compresse dont elle a besoin et recoud la plaie puis met un pansement pour protéger la blessure des infections.

— Voilà, j’ai terminé. Si ça vous fait mal, je vous conseille de prendre des antidouleurs. Maintenant, je vous déconseille de vous servir de ce bras pendant au moins une bonne semaine.

— Et si je ne respecte pas ce délai ? lui demande Chris.

— Votre blessure va continuer à saigner, ça va peut-être s’infecter, voire une mauvaise cicatrisation.

— Et pour les antidouleurs ? Questionne-t-il.

— Ça, je ne peux rien pour vous.

— On peut s’en procurer dans un hôpital ?

— Oui, lui répond-t-elle.

— Alors, tu vas aller m’en chercher demain matin.

— Certainement pas, lui dit Marie, sèchement.

— Je crois que tu n’as pas bien saisi.

— Je ne volerai pas pour vous.

Chris se lève et l’attrape par le t-shirt.

Je souhaite intervenir pour défendre ma sœur, mais Alex me retient. De quel droit il touche à ma sœur lui ?

— Tu feras ce que je te dirai de faire, que ça te plaise ou non. Dans le cas contraire, on retrouvera ton corps dans un caniveau.

Marie, qui est d’un caractère têtu, n’a pas l’habitude de se laisser impressionner et encore moins de se laisser marcher sur les pieds sans rien dire. Tout le monde reste de glace, quand elle lui crache au visage.

La seule personne qui a eu le courage de tenir tête à Chris est mon père et tout le monde dans cette pièce sait ce qu’il lui est arrivé.

Chris repose Marie à terre et lui donne un coup au visage. La gifle est tellement forte qu’au moment où il la touche, elle s’effondre. Quand elle relève la tête, tout le monde voit qu’elle saigne de la bouche.

Je commence à perdre le contrôle de moi-même. Je me lève et bouscule Chris qui recule de plusieurs pas.

— Tu touches pas à ma sœur

Je jette un regard noir à Chris puis je prends une compresse sur la table et rejoins ma sœur. Je la lui mets sur le coin de la bouche qui saigne et l’aide à se relever pour l’installer sur une chaise.

Chris, pendant ce temps, fait signe à Eva de ramener Marie dans la cave. Elle l’attrape par le bras et la traîne jusque dans la cave où elle referme la porte à clef.

Quand elle revient dans la salle, Chris est toujours énervé. Avec Alex, nous allions partir lorsque Chris nous demande :

— Où allez-vous ?

— Planquer la voiture. À mon avis, ils ne vont pas mettre longtemps à faire une recherche de véhicule, lui répondis-je.

— Et toi ? Demande t-il à son fils.

— Je rentre chez moi. Je reviendrai demain matin.

Nous sortons et montons dans la voiture. Alex met le contact et me suit pour que je puisse le récupérer une fois qu’il se sera débarrassé de la voiture. Après la journée que nous avons eue, le repos est bien mérité. Nous allons nous coucher sans avaler un morceau et nous nous endormons aussitôt.

Le lendemain matin, quand nous nous réveillons, le soleil illumine déjà les pièces et nous nous levons. À nous regarder marcher, on dirait que nous sommes saouls. Nous n’arrivons pas à mettre un pied devant l’autre. Alex va dans la cuisine et prépare le café, pendant que je mets la table pour le petit déjeuner. Quand nous avons terminé, nous passons à la salle de bain et retournons au QG dans le Chemin des Mésanges.

Chris est toujours de très mauvaise humeur. Il ne sait toujours pas lequel d’entre nous est responsable de la descente au Chemin des Iris. Il doute de tout le monde et le fait que sa blessure lui fasse mal n’arrange pas les choses. Cela va continuer tant qu’il n’aura pas pris les antidouleurs.

— Va me chercher ta sœur, m'ordonne Chris, quand il entre dans la pièce.

— Bonjour à toi aussi. Tu me donnes la clef ? lui dis-je, avec ironie.

Chris me fixe pendant un moment puis me la donne et me suit des yeux jusqu’à ce que je disparaisse et que je retrouve ma sœur en bas.

— Si c’est pour avoir des médicaments, il va se faire voir.

— Marie, s’il te plaît. Il faut que tu sois coopérative.

— Tu rêves.

— Si tu ne fais pas ce qu’il te demande, tu vas mettre en péril notre mission.

— Je ne vois pas le rapport.

— Il sait qu’il y a des fuites, mais il ignore de qui ça vient.

Elle croise les bras en fronçant les sourcils.

— Tu me demandes de te sauver les fesses quoi ?

— Laisse ton caractère bien trempé de côté et je t’en serai très reconnaissant, lui dis-je.

Elle me sourit pendant un court moment et il s’efface lorsque nous arrivons dans la pièce principale.

Je repose les clefs sur la table et attends que Chris prenne la parole.

— Tu sais où sont rangés les médicaments dans ton hôpital ?

— Ma réponse n’a pas changé depuis hier. Vous pouvez vous les mettre où je pense.

— Tu préfères que je te colle une balle dans ton joli visage ? lui demande Chris, en caressant son visage avec son arme.

Elle réfléchit quelques secondes et lui répond en le regardant droit dans les yeux. Même si Chris est focalisé sur les yeux de ma sœur, j’arrive à distinguer son petit sourire même s’il ne dure que quelques secondes.

— Vous en voulez combien ?

— Tu vas y aller maintenant … avec Alex.

Tout le monde reste bouche bée par les propos de Chris. D’habitude, il confie ces tâches-là à Eva. Quelle idée a-t-il en tête ? Personne ne le sait.

Alex prend donc ses affaires et fait un signe à Marie pour qu’elle le suive. Elle le rejoint tout en regardant Chris. Elle lâche son regard de lui quand elle passe dans le couloir d’entrée.

~ POINT DE VUE MARIE~

— Qu’est-ce qu’il a, ton père ? questionnais-je.

— Il est malade.

— Ce ne sont pas des antidouleurs qu’il lui faudrait, mais un internement.

— L’internement n’est pas possible pour un gars comme ça. Le seul moyen de l’arrêter, c’est de le tuer.

— Et tu penses avoir les épaules pour ça ?

— J’ai appris à tirer et à m’y préparer.

Je rigole. Il est tellement sûr de lui quand il dit ça. À l’écouter, ôter la vie c’est une chose simple mais il se trompe. Je me rappelle quand mon frère a été confronté à ça la toute première fois … j’ai vraiment cru qu’il allait sombrer.

— La préparation mentale n’a rien à voir avec le fait d’ôter la vie à quelqu’un … la première fois que John s’est servi de son arme, il l’a très mal vécu.

— Comment ça ?

— Il en a été malade pendant des semaines. Il a mis un moment avant de revenir sur le terrain.

— Comment il a fait pour s’en sortir ?

— On lui a fait prendre rendez-vous avec un psychologue. Ça lui a fait beaucoup de bien et au bout de quelques mois, il est revenu en forme.

Alex n’ouvre plus la bouche jusqu’à ce que nous sommes arrivés à l’hôpital. Il doit sentir mon regard sur lui, mais il fait comme si de rien n’était. Il essaie de ne rien laisser paraître mais je vois bien qu’il est préoccupé. Il doit avoir une telle pression sur les épaules.

Arrivés au parking de l’hôpital, il tente de trouver une place pour s’y garer.

— Il va falloir être prudent, prévient-il.

— Comme d’habitude pour ce genre de chose, j’imagine.

Alex me montre la voiture qui nous fait face.

— Qu’est-ce qu’elle a cette voiture ? demandais-je.

— Stéph.

— Ah… on improvisera sur place, lui répondis-je, en sortant de la voiture.

Alex met quelques secondes pour sortir et me rattrape.

Nous passons par l’entrée qui se situe à l’arrière de l’hôpital. Alex pensait que ça se passerait sans encombre, car je connais l’hôpital par cœur, mais il se révèle que non. Nous avons dû nous cacher à chaque fois qu’un membre du personnel se montre.

Nous allons voir dans toutes les pharmacies de chaque étage, nous avons pris tout ce que nous pouvons mais il n’y a pas d’antidouleurs assez puissants pour ce genre de blessure.

— La morphine, ça ne fonctionnerait pas ? demande Alex.

— Si, mais il faut aller en chirurgie. On va prendre les escaliers, viens.

Nous montons les deux étages supplémentaires pour atteindre le quatrième étage afin d’accéder au service de chirurgie.

J’ouvre la porte et entre dans le service avec Alex, qui me suit comme son ombre.

À peine avons-nous fait quelques mètres que Stéph apparaît. Alex est plus rapide que moi et ouvre la première porte à sa droite et y entre en me poussant à l’intérieur.

— Où est-ce qu’il va ? La chambre de Nicole est de l’autre côté du couloir, lançais-je.

— Je ne crois pas qu’il soit là pour Nicole.

— Qu’est-ce que tu en sais ? On est coupé du monde extérieur. On ne sait pas ce qui s’y passe.

— Il y a des bruits qui courent.

— Quels bruits ?

— D’après ce que je sais, un ex-codétenu de mon père s’est fait coffrer par Stéph et Matt. Apparemment, il sait beaucoup de choses.

— Quel est le rapport ? demandais-je en regardant Alex dans les yeux.

— S’il est au courant de certaines choses qui peuvent nuire à mon père, il a forcément dû vouloir le faire taire.

— Il est en soins intensifs, alors et pas en chirurgie.

En me retournant, je découvre que nous sommes venus nous réfugier dans la pharmacie. J’en profite pour ouvrir la porte du placard.

— Qu’est-ce que tu fais ? questionne Alex.

— Je me sers. Morphine et antidouleurs à haute dose. Prends un de ces cartons, on va les mettre dedans.

Je sais que ça l’embête mais il s’exécute et ouvre le carton. Je vide l’étagère d’un coup de main, remplis le carton et le ferme à coup de gros scotch.

— On y va, dis-je.

— Mais… ça ne va pas manquer sur l’étagère ? Il y a beaucoup de patients dans le service, demande-t-il.

— Il y a toujours un carton ou deux qui traînent. Ça sert de réserve, t’inquiète pas pour ça.

J’ouvre la porte et passe la tête pour vérifier que la voie est libre. Quand c’est le cas, j’ouvre la porte en grand et nous sortons. Nous arrivons au milieu du couloir, quand le docteur Cruz sort d’une des chambres du couloir. Je baisse automatiquement la tête pour que mes cheveux tombent sur le visage. Je n’ai jamais autant aimé avoir les cheveux longs.

— Matthews ? questionne le docteur, étonné.

Je m’arrête net de marcher et Alex me rentre dedans.

— Continue à marcher et ne t’arrête pas, me conseille Alex.

Il agrippe mon bras et nous continuons à avancer avec le docteur qui nous suit tout en m’appelant.

— Marie, je sais que c’est toi. Arrête-toi tout de suite.

Sentant qu’il avance de plus en plus vite sur nous, Alex nous fait accélérer le pas. Nous marchons si vite qu’on peut donner l’impression de courir. En arrivant sur la porte qui ouvre sur les escaliers, Alex jette un rapide coup d’œil derrière lui. En voyant son regard je décide de faire la même chose et vois que le docteur Cruz se sert de son beeper.

— Il est en train d’appeler la sécurité, cours, me lance Alex.

Nous dévalons les escaliers à grande vitesse et nous prenons la direction de la voiture. Alex me lance les clefs et je mets le moteur en marche, recule et sors de l’enceinte de l’hôpital en trombe. En regardant dans le rétroviseur intérieur, je vois que le docteur Cruz a effectivement prévenu la sécurité. J’essaie de ravaler les quelques larmes qui menacent de tomber … c’est sûr que là je vais me faire virer pour faute grave et peut-être même perdre mon diplôme.

— C’était qui, lui ? questionne Alex, en reprenant son souffle.

— Mon chef de service.

Je me rends compte que je lui réponds d’un ton sec qui ne me ressemble pas. Je ne vais pas m’excuser alors que je vais tout perdre à cause d’eux.

Mon ton met fin à la conversation jusqu’à ce que je trouve une place pour me garer à cette maudite planque. Pendant le trajet, j'ai pensé à prendre un autre chemin et à me barrer d'ici mais je mettrais mon frère, la mère de Nicole et ma propre mère en grand danger. Mieux vaut faire ce que ce taré demande jusqu’à ce que mon frère nous donne enfin le feu vert pour nous barrer.

Nous sortons de la voiture et avant que je puisse tourner la poignée de la porte d’entrée, Alex pose sa main sur la mienne.

— Attends une seconde, s'il te plaît.

Je tourne la tête vers lui et je constate qu’il me regarde. Je détourne aussitôt le regard.

— Qu’est-ce qu'il y a ? T’as pas dit un mot depuis qu'on est partis de l’hôpital. D'habitude tu es plus bavarde que ça.

Apparemment il n'a pas compris la gravité de nos actes là. Je peux aller en taule si mon supérieur décide de porter plainte pour vol de médicaments.

— J'ai commis un vol pour ton père au cas où t’aurais oublié. Je viens de perdre mon poste et mon diplôme aussi alors excuse-moi si je ne suis pas très bavarde comme tu dis. D'autant plus, que si une plainte est déposée je peux aller en taule. J'ai volé de la morphine, des stupéfiants, de la drogue pour ton putain de père.

— Je te promets que tu n'iras pas en taule à cause des conneries de mon père.

— Si c'est comme la promesse que tu m’as faite quand ton père t’as recontacté, tu peux oublier. Une promesse, c'est fait pour être tenue ce n'est pas juste de belles paroles.

Il lâche ma main pour poser la sienne sur ma joue. Il sait parfaitement que je peux capituler dès qu'il pose la main sur moi mais là pas question de céder. Il y a trop d'enjeux pour que je le laisse gagner cette fois.

— Tant que tu auras peur de ton père, ça ne pourra pas fonctionner nous deux.

— Marie, je te promets que bientôt tout ça sera derrière nous.

— Fais ce qu'il y a à faire alors.

Je repose ma main sur la poignée de la porte et entre. Alex reste encore quelques secondes sur place puis me rejoint dans l’entrée avec le carton de médicaments. Nous allons dans la pièce principale et Alex pose le carton sur la table et son père ouvre la bouche.

— C’est quoi, ça ?

— La morphine et les antidouleurs qu'on a récupérés, lui répond Alex.

— Qu'on a volé oui, marmonnais-je entre mes dents.

Alex me regarde en fronçant légèrement les sourcils. Je sais que je ne dois pas énerver Chris mais merde quoi, j'ai perdu mon boulot à cause de lui et je ne suis même pas sûre de rester en vie avec ces deux fous en face de moi.

— Il faut que je vous refasse le pansement, informais-je.

— Pourquoi ? Il n’est pas bon celui-là ? questionne Chris.

— Il faut le changer tous les jours. Mais si vous souhaitez avoir une infection et en mourir, c’est vous que ça regarde.

S'il pouvait me tuer avec ses yeux je serais morte sur le coup croyez-moi.

Chris se rassoit sur la chaise et dégage toute la partie concernée.

— Tu as intérêt à faire vite.

Le revoilà qu'il grogne de nouveau. Franchement si ça ne tenait qu’à moi je le laisserai crever d'une infection.

— Je prendrai le temps qu’il me faut pour bien faire mon travail, lui dis-je, d’un ton sec.

~ POINT DE VUE STEPH~

Le docteur Cruz vient de me certifier que je peux enfin poser toutes les questions que je veux à Bell. J'entre donc dans la chambre indiquée par la secrétaire à l’accueil et me présente à ma façon.

— Bonjour, Monsieur Bell. Vous vous souvenez de moi ?

— Sacré coup droit. Où vous avez appris à faire ça ?

— Avec de l’entraînement, on arrive à tout faire. Mais je ne suis pas venu ici pour parler de moi.

— Ouais, vous êtes là pour que je vous parle de la drogue que vous avez trouvée chez moi. C’est ça ?

— Vous vous souvenez de Chris Cook ?

— Qui ne se souvient pas de lui ? Qu’est-ce que vous voulez savoir ?

— Tout ce que vous pouvez m’apprendre à son sujet.

Bien sûr je ne vais pas passer à côté de la drogue qu'il a en sa possession mais le plus urgent est d’avoir un maximum d'informations sur Chris. L’interrogatoire dure deux bonnes heures et à ma sortie de la chambre je suis assez content de moi, même si Bell m’ a dit ce que les autres détenus nous avaient raconté.

En sortant, je croise le docteur Cruz.

— Ah, Commandant. Je voulais vous voir.

— À quel sujet ?

— Est-ce que vous avez des nouvelles concernant Marie Matthews ?

— Pas pour le moment. Pourquoi ?

— Elle est passée à la pharmacie du service Chirurgie pour prendre des médicaments. Elle était accompagnée d’un homme assez grand.

— Qu’est-ce qu’ils ont pris ? questionnais-je.

— Toute une étagère de morphine, d’antidouleurs et des sets à pansements.

— Vous avez prévenu quelqu’un de ce qui s’est passé ?

— Je ne voulais pas la mettre dans l’embarras pour un vol de médicaments alors que c’est une excellente soignante, mais quand j’ai essayé de la rattraper, elle s’est enfuie.

— Ça devient de plus en plus tordu cette histoire mais bon la bonne nouvelle c’est que Chris a bien été touché.

Cette situation commence à m’agacer.

~ POINT DE VUE NICOLE~

J’arrive enfin dans ma chambre, je vais pouvoir me reposer après avoir pris une bonne douche bien chaude. Enfin, je pouvais me reposer jusqu’à ce que je trouve un dossier sur mon lit. Qu’est-ce que c’est ce que ça encore ? Je pensais que ma chambre était bien surveillée. Qui a osé me ramener du travail, non pas que ça me déplaise mais quand même. Dès que j’ouvre la première page, la réponse est toute trouvée.

Si je vous dis que le dossier concerne le passé de John et son présent, vous me dites … Stéph !! Il n’y a qu’une seule personne capable de faire un coup aussi bas. Je prends mon téléphone et me prépare à le massacrer.

— Camelin, j’écoute.

— Je te conseille de ramener tes fesses tout de suite.

— Pourquoi ? demande-t-il.

— Dépêche-toi.

Je repose le dossier sur le lit avec rage.

Je sais très bien qu’il le fait exprès pour me rendre chèvre surtout quand je le vois arriver avec son petit air décontracté.

Éric le laisse passer et referme la porte aussitôt. Je crois que le regard que je donne à Stéph lui a fait comprendre que ça allait chauffer.

— C’est quoi, ça ? demandais-je, avant même qu’il ouvre la bouche.

— Un dossier.

— J’ai bien vu que c’était un dossier. Pourquoi tu as fait ça ?

— Pour que tu saches à qui tu as à faire, me répond-il.

— Ah… parce que tu crois que je ne sais déjà pas tout ce qui se trouve dans ce dossier ?

Il croit m’apprendre des choses sur l’homme que j’aime à travers ce dossier ? Le voilà qu’il change de position, s’il croit m’impressionner il se trompe. Il m’a mise en rogne, il va le regretter.

— Il est l’homme parfait, c’est ça ?

— Ce n’est pas ce que j’ai dit. Personne n’est parfait. Il a des défauts comme tout le monde, mais il a été honnête avec moi depuis le départ.

— S’il avait été aussi honnête avec toi, comme tu dis, pourquoi il a attendu que ressorte cette histoire pour te parler de son passé ? Tu t’es posé la question ? Pourquoi est-ce qu’il a attendu ?

— Il voulait me protéger et protéger notre histoire.

— Ça, c’est lui qui le dit. Son baratin qu’il a eu le temps de peaufiner pendant presque 20 ans.

— C’est moi qui te le dis. Il sait que j’ai terriblement souffert de la disparition de mon frère...

— Et c’est à cause de qui, ça ? Qui te dit qu’il n’est pas avec toi simplement pour venger la mort de son père ? me demande-t-il, en s’avançant vers moi.

Ma main part plus vite que je ne l’aurai cru. Elle est tellement forte qu’on voit la trace de mes doigts sur sa joue. Il ne l’a pas volée celle -là.

~ POINT DE VUE ERIC~

Oh tiens y’a du grabuge dans la chambre. Je vais juste jeter un coup d’œil et au pire j’interviendrais. Au moment où je jette un œil à travers la baie vitrée de la chambre, mon téléphone se met à sonner. Faut vraiment qu’il sonne maintenant celui-là. Je le sors de ma poche et décroche sans regarder le nom de l’appelant.

— Trudot.

— Oui, c’est Matthews.

— Salut, ça fait longtemps. Comment tu vas ?

— Ça peut aller. Dis-moi comment va Nicole. Elle ne décroche pas son téléphone et avec ce qui se passe en ce moment, je m’inquiète un peu pour elle.

— Elle vient de rentrer dans sa chambre et elle discute avec Camelin.

— Ah d’accord. Et ça se passe bien la cohabitation ? demande John.

— Bah, au départ elle a essayé de me soudoyer, mais apparemment, elle a compris qu’elle n’aurait aucune chance.

— Méfie-toi de l’eau qui dort, quand même.

Je m’apprête à lui répondre, mais je suis interrompu par des cris provenant de la chambre.

— Qu’est-ce qui se passe ? me demande John.

— Ils doivent être en désaccord sur un point. Je vais voir, prévins-je.

J’ouvre la porte et vois avec stupeur Stéph plaqué au mur avec un couteau sous la gorge. Ok, ça dérape vraiment là.

— Posez ce couteau tout de suite.

— Pourquoi est-ce qu’elle a un couteau ? Éric ? demande John, inquiet.

— Je te rappelle plus tard, dis-je avant de raccrocher.

~ POINT DE VUE JOHN~

— Éric… Éric ?

— Qu’est-ce qui se passe ? questionne Alex, après avoir vu ma tête.

— Nicole se dispute avec Stéph.

— À propos de quoi ?

— Aucune idée. Mais ça doit être assez important pour qu’elle sorte le couteau.

Nous sommes assis sur le canapé de la planque.

J’ai pris la fâcheuse habitude de me manger la peau du pouce quand je suis anxieux et là avec tout ce qui se passe depuis plusieurs jours, j’ai recommencé. Ca fait des années que je ne l’ai pas fait et il suffit qu’on me remette Chris dans les pattes.

— Vas-y, me lance Alex, en me donnant les clefs de sa voiture.

Je lève la tête et le regarde.

— Nicole est plus importante que la mission. Vas-y.

Je prends les clefs et le remercie. Je monte aussi vite que je peux dans la voiture et roule jusqu’à l’hôpital.

~ POINT DE VUE NICOLE ~

Éric a bien essayé de me calmer, mais rien n’y a fait.

— Tu sais que tu es en train de me faire du mal, mais t’en as rien à faire. Tout ce qui t’intéresse, c’est ta petite personne, comme d’habitude.

J’enfonce le couteau un peu plus sur son cou. Ses yeux changent de teinte.

— Mais tu sais quoi, je ne vais pas m’abaisser à ton niveau de médiocrité. Tu y arrives très bien tout seul.

Je retire doucement le couteau de la gorge de Stéph et le plante à quelques millimètres de sa tête.

Je le lâche et recule de quelques pas pour me laisser respirer. Je ne m’en étais pas aperçu mais j’avais coupé ma respiration depuis tout à l’heure.

— Dégage de cette chambre.

Il s’avance de quelques pas et dit :

— Un jour où l’autre, tu verras que j’avais raison. Et ce jour-là, ce sera trop tard pour toi.

Je suis tellement énervée contre lui que le coup part tout seul, mais il l’arrête mon poing à quelques centimètres de son visage, comme s’il savait ce que j’allais faire.

— Trop prévisible.

Il commence sérieusement à me gonfler là et pas qu’un peu.

— Et celui-là, tu l’as vu venir ? lui demandais-je, en lui donnant un coup de pied dans les parties génitales.

Il se plie en deux et Éric en profite pour le faire sortir de la chambre et le fait asseoir sur une des chaises dans le couloir.

— Et encore elle a été très gentille, lance Éric avant de revenir dans la chambre.

J’essaie de me calmer, car je suis très énervée et dans mon état, la colère n’est pas la bienvenue. Éric me fait faire des exercices de respiration pour m’aider à me calmer jusqu’à ce que la porte de ma chambre s’ouvre à la volée.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? Ça va ? Tu n’as rien ? s’empresse-t-il de me demander.

— S’il te plaît, une question à la fois, lui dis-je.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? s’inquiète-t-il.

Je jette un coup d’œil à Éric qui comprend le message et sort de la chambre, nous laissant tous les deux seuls.

Je prends le dossier qui est posé sur le lit et le lui donne.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Ton dossier, de A à Z.

— Qu’est-ce qu’il fait là ?

Il l’ouvre et regarde à l’intérieur.

— C’est … Stéph qui me l’a déposé sur le lit avant que l’on revienne avec Éric.

— Pourquoi est-ce qu’il fait ça ?

— Il veut me récupérer et me montrer que tu n’es pas aussi bien que tu prétends l’être.

— Je vais aller le voir et lui casser la gueule.

— Non, non, non. C’est ce qu’il cherche. Laisse courir, il finira par s’arrêter.

— Je ne vais pas le laisser te bousiller la santé. Il faut qu’il comprenne.

Il continue à regarder le dossier et ajoute :

— Comment il a eu toutes ces informations ?

— Je n’ai pas vraiment eu le temps de lui poser la question.

— Et d’où tu sors ce couteau d’ailleurs ?

— De mon sac. C’est juste au cas où il y aurait un problème.

— C’est le seul ? questionne-t-il.

— Oui, c’est le seul.

Je ne suis pas vraiment sûre qu’il me croit vu le froncement de sourcils mais il a l’air de se contenter de ma réponse.

Il repose le dossier sur la table et me serre dans ses bras aussi fort qu’il peut, comme pour m’empêcher de partir et/ou pour se rassurer.

— Comment tu as su ? lui demandais-je.

— J’étais au téléphone avec Éric à ce moment-là.

Comment ça il a son numéro ? Depuis quand ils se connaissent tous les deux ?

— Depuis quand tu as son numéro ?

— On s’est rencontré pour une enquête et on est resté en contact.

— Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu le connaissais ?

— Je ne veux pas que tu fasses de bêtises.

Cette fois c’est à mon tour de le serrer dans mes bras. Il m’a trop manquer. Je desserre mon étreinte et l’embrasse.

On passe un bon moment là tous les deux ça fait du bien mais y’a quand même une question qui me dérange.

— Et ta mission ? Ça ne va pas te causer du tort ?

— T’inquiète pas pour ça. Tu es plus importante pour moi que cette mission. Tu as vu le médecin pour l’échographie ?

Il détourne la conversation, je sais qu’il a peur que ce soit pour sa mission et pour moi, pour nous mais il ne peut pas se voiler la face. Moi je suis en sécurité ici avec Éric et mon père Là le plus important c’est la mission, alors je vais le rassurer un maximum.

— Pas encore, mais dès que j’ai une date et une heure, je te le dis. C’est promis.

~ POINT DE VUE MARK~

J’ai fait placer Laurent dans une salle d’interrogatoire. Ça fait une bonne demi-heure qu’il patiente. J’espère au plus profond de moi qu’il va parler.

Deux ou trois collègues sont dans la pièce qui se trouve derrière la baie vitrée. Ils ont essayé de passer en douce dans la pièce mais personne ne me l’a fait à moi.

J’arrive dans la pièce avec un énorme dossier que je pose sur la table après avoir fermé la porte et m’être installé face à Laurent. Je place le dossier face à lui et l’ouvre puis commence l’interrogatoire. Comme Nicole dit, autant rentrer dans le lard directement, au moins on ne perd pas de temps.

— Depuis quand tu bosses pour Chris ?

— Longtemps. Très longtemps.

— Qu’est-ce que ça t’a apporté de faire ça ?

— D’avoir un peu de reconnaissance pour le travail que je fais.

Il travaille pour ce cinglé de Chris pour avoir un peu de reconnaissance pour le boulot qu’il fait ? Est-ce que j’ai bien entendu ?

— Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ?

— Parfaitement, me répond Laurent, en souriant.

— Et comment tu expliques tout le mal que tu as provoqué autour de toi ?

— Quel mal ? Personne n’a souffert.

Personne n’a souffert ? Ok, il est resté trop longtemps en compagnie de Chris.

— Tu parles pour toi, là mais … est-ce que tu n’as pas pensé à Julie, à Marie et à John quand ils ont appris la vérité ?

— Marie et John ils font confiance à n’importe qui. Mais Julie, elle a mis très longtemps avant de m’accorder sa confiance, de s’ouvrir à moi.

— Et c’était quoi ton but ? Ton objectif ?

Avant de répondre, il rigole tout haut.

— Surveiller et recruter.

— Recruter ?

— Chris … voulait par mon intermédiaire que John le rejoigne. Ce mec n’a pas de parole, il a changé d’avis quand sa relation avec ta fille a évolué.

Je m’apprêtais à lui poser une nouvelle question lorsque Greg entre dans la pièce. Bon sang, ils savent pourtant que je n’aime pas quand on me dérange pendant un interrogatoire.

— Monsieur, il y a un appel pour vous et c’est très important.

— Prends le message.

— Mais Monsieur, c’est le Marshall Trudot. Il veut vous parler, c’est urgent.

Laurent me fixe en souriant. Il exulte.

Je referme le dossier et sors de la pièce. Je m’arrête un instant au niveau de la pièce qui se trouve derrière le miroir et ouvre la porte.

— Matt, tu me le surveilles. Je ne veux pas qu’il sorte de là.

— C’est compris, monsieur.

Matt sort de la pièce et entre dans celle où se trouve Laurent. Je le vois se placer devant le mur à gauche de la porte d’entrée.

Avec Greg nous arrivons à son bureau et il me donne le téléphone.

— Oui, Éric. Qu’est-ce qu’il y a ?

— Il faut que tu règles certaines choses avec Camelin, que tu lui parles.

C’est pas vrai, qu’est-ce qu’il a encore fait celui-là ?

— Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a encore fait ?

— Il a monté un dossier sur Matthews et il l’a apporté à ta fille.

— IL A FAIT QUOI ? demandais-je, en criant.

— Je ne sais pas exactement ce qu’il y avait à l’intérieur, mais lorsque je suis entré dans la chambre, elle le menaçait avec un couteau. Elle était très en colère. Honnêtement je ne sais pas ce qui se serait passé si je n’étais pas intervenu.

— Comment elle va, là ?

— J’ai eu du mal à la calmer, puis Matthews est arrivé.

— Comment ça Matthews est arrivé ? Il est venu à l’hôpital ?

— J’étais au téléphone avec lui quand ça s’est produit.

— Et Stéph, il est où ?

— Aucune idée.

— Merci de m’avoir prévenu, en tout cas.

— À ton service.

Nous raccrochons tous les deux en même temps.

— Stéph a encore fait des siennes ? me demande Greg.

Je m’apprête à lui répondre quand la porte d’entrée du commissariat s’ouvre, et Natasha, la fille de Stéphane, entre.

Greg s’excuse, va à sa rencontre et l’amène dans la salle où ils font les photocopies.

~ POINT DE VUE GREG~

— Tu ne devais pas finir à seize heures ? lui demandais-je.

— Il est seize heures passées. Tu n’as pas vu l’heure ?

— C’est un peu la pagaille, ici. Désolé, lui répondis-je en passant la main dans mes cheveux.

— T’en as pour combien de temps encore ?

— Au moins deux bonnes heures, je pense.

— Ça avance au moins ?

— Pas trop mal. Mais tu sais que je n’ai pas le droit de te parler de l’enquête. Et toi, ta journée ?

— Ça peut aller. J’aimerais bien me relaxer pendant une heure ou deux, avant de m’y remettre.

Elle place ses bras autour de mon cou et m’embrasse quand des cris retentissent dans la pièce principale. Nous y accourrons et nous nous apercevons que Mark a réussi à mettre la main sur Stéph.

Bon ça ne va pas être beau tout ça. Ils sont descendus à la salle de sport ou plutôt Mark a traîné Stéph à la salle de sport pour y être en paix, mais quelques curieux les ont suivis et ont informé les autres qu’il y avait une dispute à haute voix.

Comme c’était à prévoir, Mark est en train de cogner sur Stéph et personne ne les sépare ou ne tente de le faire en tout cas. Je parie que certains ont ouvert les paris pour savoir qui sortirait vainqueur. Avec Natasha nous nous risquons à les isoler l’un de l’autre, quitte à se prendre des coups. Nous y arrivons au bout de quelques minutes.

Nous nous mettons entre les deux et Natasha essaie de comprendre la situation.

— Qu’est-ce que tu as encore fait ? demande-t-elle à son père.

J’aime pas trop son ton, elle est énervée. Merci beaucoup.

Stéph reste muet comme une carpe. Ce silence veut tout dire pour elle.

— Qu’est-ce que tu as fait à Nicole ?

Là encore, aucune réponse.

— Il faut que tu passes à autre chose, papa. Jamais tu ne la récupéreras. C’EST TERMINE, TU ENTENDS ?

— Ce ne sont pas tes affaires, lui dit-il.

— Si, justement. Tu n’arrêtes pas de faire n’importe quoi, j’EN AI MARRE.

— Je sais ce que je fais.

— Tu trouves ? C’est pour ça que tu rentres pratiquement tous les soirs en puant l’alcool à plein nez ?

Là non plus, il ne répond pas.

— Et tu sais quoi ? Au lycée, tout le monde est au courant que j’ai un père alcoolique. Et quand je sens tous les regards tournés vers moi, j’ai honte que tu sois mon père.

Stéph attend qu’elle ait fini puis la gifle. Elle est donné tellement rapidement que personne ne peut réagir à temps. Même moi, je suis encore sous le choc. Il a osé levé la main sur sa fille.

— Alors là … tu viens de faire la plus grosse erreur de toute ta vie. Tout ce que tu viens de gagner c’est que je vais prendre mes affaires et je m’en vais. J’en ai plus que marre. Evan et moi, on rentrera à la maison quand tu seras complètement sobre et que tu seras redevenu comme avant.

— Tu n’as pas intérêt à faire ça, lui ordonne Stéphane.

— Sinon quoi ? Tu vas encore me gifler ? BAH VAS-Y, TE GENE SURTOUT PAS. Tout ce qui t’arrive est entièrement de ta faute.

Elle s’éloigne de son père, prend son sac de cours et sort de la salle en essuyant ses larmes.

Je dévisage Stéph du regard et suit Natasha jusqu’à la sortie.

— Ça va aller ?

— Ouais, ça va aller. Il fallait que ça sorte, me répond-t-elle.

— Tu comptes aller où ?

— Chez une amie, elle habite pas très loin.

— Tu peux venir chez moi si tu veux.

— Non, je ne veux pas que tu te sentes obligé.

— Obligé de quoi ? Ça me fait plaisir, puis tu sais qu’il y a la place.

— T’es bien sûr ?

— Oui.

Je l’embrasse et lui donne les clefs de ma voiture.

— Va t’installer. Je vais me changer et j’arrive.

Nous nous embrassons une dernière fois et nous partons chacun de notre côté. Je m’attarde quelques secondes en la regardant. Je ne savais pas que Stéph buvait, ça ne devait pas être tout rose à la maison. Pourquoi elle ne m’a rien dit ? Pourquoi je n’ai rien vu ? On passe beaucoup de temps ensemble, j’aurais forcément vu quelque chose et pourtant …

En rentrant je tombe presque tout de suite sur Mark et j’en profite pour lui demander quelque chose avant qu’il ne le fasse lui-même.

— Je voulais vous demander, monsieur, si je pouvais partir plus tôt ce soir ?

— Si tu as terminé ce que tu devais faire, oui.

Je vois Stéph sortir de la salle de sport et aller dans son bureau. Il a l’air un peu amoché.

— Si j’étais toi, la prochaine fois que sa fille vient te voir au bureau, assure-toi que les stores soient bien fermés.

C’est vrai qu’on n’a pas réfléchi et si Stéph avait vu ça, il m’aurait sauté dessus et j’aurai peut-être fini aux urgences mais bon il va bien falloir qu’il se fasse à cette idée. Je ne compte pas la laisser.

— J’y penserai monsieur.

— Neuf heures demain matin.

— Merci monsieur.

Je vais me changer et rejoins Natasha à la voiture. Nous allons chercher Evan à la sortie d’école et nous nous rendons chez Stéph pour y récupérer des affaires. C’est la première fois que je viens ici.

Une fois que Natasha a réuni ses affaires et celles de son frère nous partons chez moi. Je ne sais pas ce que Stéph a fait à Nicole mais Mark avait l’air très en colère, j’espère qu’il va se réveiller sinon il va perdre sa fille avec ses conneries.

~ POINT DE VUE JOHN~

Une fois que je suis sûr et certain que Nicole va bien, je retourne à ma planque. J’espère y trouver Alex, mais visiblement il n’est pas là. Tout est éteint. Il a dû vouloir aller faire un tour pour s’aérer un peu, il a bien raison.

J’ai pourtant fait le tour mais j’ai comme le sentiment de ne pas être seul.

— T’es sorti bien tard.

Cette voix … Je me retourne vers Chris.

— Qu’est-ce que tu fais là ? Comment tu as trouvé ? lui demandais-je, en essayant de sortir mon arme.

— Pose ton arme au sol, et tu me l’envoies. Ensuite, on va discuter.

Je m’exécute et attends.

— Tu croyais que je n’allais pas m’en apercevoir ? Un flic en mission. J’aurais dû le savoir depuis le début.

— Maintenant que tu me tiens, je pourrais savoir comment tu as compris ?

— Je t’avais dit que j’avais des yeux partout. Tu n’as pas été assez prudent. Tu vois, c’est ça qui fait la différence entre ton père et toi.

— Tu te trompes. Mon père et moi, on est exactement pareil. Même force de caractère, même tempérament. Il est toujours là, avec nous.

Je vois son visage de sale rat se décomposer. Il a peur … peur de mon père.

— Il est mort, je l’ai vu.

— Non … Tout ce que tu as vu, c’est Mélissa lui tirer dessus. Tu n’étais pas présent pour la mise en terre.

Je crois que je viens de lui mettre un doute.

— Tu veux dire qu’il est toujours vivant ?

Je décide de ne pas lui répondre tout de suite.

— REPONDS.

Bon, il est en train de s’énerver et ça ne sent pas trop bon pour moi ça.

— Oh non. Il est bien décédé, ma mère l’a identifié, t’inquiète pas pour ça.

— Alors, à quoi tu joues ?

— Avant de mourir, mon père a monté un dossier sur toi … et sur vos petits trafics.

— Qu’est-ce que tu dis ? demande Chris, visiblement inquiet.

Il doit cacher encore plus de choses qu’il ne veut bien le faire croire.

— Je dis que j’ai de quoi te faire tomber pour le restant de ta vie. J’ai mis l’original dans un coffre et à l’heure qu’il est, Mark a dû le trouver.

Comment Chris peut-il savoir si je dis la vérité ? Le doute plane, mais je ne devais pas prendre de risque, ce sont les consignes de Mark voir même sa première règle dans ce genre de missions mais je n’ai pas le droit de faillir à ma mission.

Chris s’avance vers moi pour m’embarquer, mais je lui fais une prise que Nicole m’a apprise qui fait perdre son arme à Chris.

Je suis un novice en ce qui concerne les arts martiaux et les sports de combat, mais Chris, lui, est un as. Je résiste autant que je le peux, mais il m’assomme par-derrière.

— Je te jure que tu vas me le payer. Petit salopard, lance Chris, après s’être essuyé la bouche, qui saigne.

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