Chapitre 1

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17 ANS PLUS TARD


~ Point de vue Nicole ~

« Tut Tut Tut ».

Je tâtonne sur la table de nuit à la recherche du réveil. Si je mets la main dessus il va passer un sale quart d’heure. Pourquoi est-ce qu’il sonne déjà ?

Je passe ma main à côté de moi mais je n’y trouve que le drap.

— Roo, il est déjà parti !

J’ouvre les yeux et je vois l’heure.

— Déjà 7h30 … !

Je me lève doucement, prends la direction de la cuisine en vue d’un bon petit-déjeuner. La 1ère chose que je vois en arrivant c’est le beau bouquet de fleurs qui trône sur le comptoir de la cuisine. Je m’y approche avec le sourire aux lèvres. J’attrape l’enveloppe qui dépasse, l’ouvre et en ressors une carte.

« Il paraît que les fleurs parlent d’amour bien mieux que des mots, surtout lorsqu’elles sont offertes à la plus belle des fleurs ! Joyeux anniversaire mon amour. »

Toujours aussi attentionné, il est mignon. Je regarde autour de moi et je vois qu’il a préparé le petit-déjeuner. Dommage qu’il soit déjà parti, je l’aurais bien remercié à ma façon.

Une fois repue, je me faufile jusqu’à la salle de bain où une bonne douche m’attend. Je me prélasse sous l’eau chaude un petit moment, avant de me rappeler que c’est lundi et que j’ai du boulot.

Je récupère ma voiture garée en bas de l’immeuble et un homme de taille moyenne traverse, se tourne vers moi et continue son chemin.

— Non mais les gens alors, sans aucune gêne.

Tandis que je continue à rouler, une voix parle et me fait sursauter.

Ben alors Bernard, un truc à te reprocher ?

— Appel à toutes les voitures, cambriolage d’une galerie d’art dans la rue Saint-Martin. Trois hommes armés ont pris en otage des clients et une employée. Une équipe est déjà sur place.

— Allô central, ici le Commandant Bernard, j’arrive dans dix minutes. Terminé.

Lorsque j’arrive sur les lieux, tout est déjà terminé. Je n’ai même pas la joie de participer aux festivités. Il y a beaucoup de monde autour de cette galerie. On me fait un bref résumé de ce qui s’est passé et on me dit qu’une personne a vu le visage de l’un des trois preneurs d’otage en essayant de s’échapper.

— Allez, Matt, c’est l’heure du Briefing. Je t’écoute. dis-je.

Ah oui, je vais vous présenter un peu. Matt c’est un stagiaire. Il est parmi nous depuis 4 mois à peu près, il apprend le métier. J’aime bien former les nouvelles recrues -rectification, les stagiaires, je n’ai pas vraiment eu cette chance quand j’étais à sa place alors je me donne à fond pour les former.

Enfin, revenons à nos moutons, le briefing de la prise d’otage.

— Rose Müller, 30 ans, célibataire. Elle réside à Marseille depuis sa naissance. Elle est employée dans cette galerie d’art.

— Et pour ce qui est de la prise d’otage ? lui demandais-je.

— Elle nous a dit qu’elle avait essayé de s’enfuir, que l’un des trois hommes l’a rattrapée et qu’elle lui a arraché sa cagoule. Le commandant Matthews est en train de l’interroger.

J’attends que John termine de l’interroger pour venir à eux.

Je le prends à part en gardant un œil sur elle.

— Qu’est-ce que tu as pu en tirer ? lui demandais-je.

— Elle est capable de nous faire un portrait-robot. Je vais demander à la placer sous protection policière, le temps de l’enquête.

— Elle a reçu des coups ? demandais-je en la scrutant de la tête aux pieds.

— D’après les médecins, elle a plusieurs ecchymoses sur le corps, mais rien de bien méchant.

— Et en ce qui concerne les braqueurs ? On a quelque chose ?

— On a tout passé au peigne fin et rien du tout. Même pas une empreinte ou un bout de tissu.

— Et les vidéos de surveillance ?

— Elle m’a dit qu’ils avaient eu un dysfonctionnement il y a quelque temps donc une équipe est en train de regarder ça.

— Comme par hasard.

— Toi aussi, tu ne crois pas à la coïncidence ? interrogea-t-il.

— Je n’ai jamais cru aux coïncidences. Dès que l’examen du médecin est terminé, je l’amène au poste en attendant que les Marshall arrivent.

— Ils ne devraient pas tarder.

Je le regarde en souriant.

— Qu’est-ce qu’il y a ? me demande-t-il.

— Pourquoi est-ce que tu es parti comme un voleur ce matin ?

— J’avais du boulot mais je te promets que je te ferai oublier ça.

— C’est dommage … je t’aurai bien remercié pour les fleurs et le petit-déjeuner, lui dis-je en souriant.

— Tu pourras me remercier ce soir si tu as envie.

— Programme très intéressant Commandant.

Lorsque l’examen de Mlle Müller est terminé, je l’amène à ma voiture et commence à rouler. Soudain, un bruit éclate dans la rue. Je me gare sur le côté en mettant les warnings.

— Restez dans la voiture, je vais voir ce qui se passe.

— Compris, me répond-elle.

À peine je suis sortie de la voiture que je vois avec horreur ce qui a causé ce bruit. Le pneu arrière gauche vient de rendre l’âme. Par chance, il y a un garagiste au coin de la rue. Je réouvre la portière de ma voiture et demande à Mlle Müller de me suivre. Sans hésitation, j’entre dans le garage. Il est grand avec toutes sortes de voitures à l’intérieur. À l’accueil, il n’y a personne, mais j’entends des voix, des bruits. Je m’apprête à repartir, quand un homme arrive au comptoir.

— Commandant Bernard, ma cliente favorite, que me vaut le plaisir ? questionne le garagiste.

— J’ai encore un problème avec ma voiture. Le pneu arrière gauche a éclaté.

— Pourquoi vous continuez à torturer cette pauvre voiture ?

— Elle aime bien passer entre vos mains, dis-je en essayant de l’amadouer.

— Où est-ce que vous avez abandonné cette pauvre voiture ?

— De l’autre côté de la rue. L’ennui c’est que j’en ai besoin rapidement.

— Je ne peux pas vous en prêter, mais je peux vous la faire pour ce soir. Je suis très débordé aujourd’hui, me dit-il, en regardant son agenda.

— Vous m’appelez dès qu’elle est prête, lui suggérais-je.

— Pas de soucis. Bonne journée.

— Bonne journée. lui dis-je, en souriant.

Je lui donne mes clefs et sors mon téléphone de ma poche afin d’appeler un collègue, qu’il vienne nous chercher avec Mlle Müller.

En tant normal, je serais repartie à pied jusqu’au commissariat mais là avec cette enquête en cours, je ne peux pas mettre une innocente en danger.

Nous arrivons enfin au commissariat où nous tombons nez à nez avec Greg.

— Salut ! Les autres sont arrivés ? lui demandais-je.

— Une partie seulement. Qui est-ce ? me questionna-t-il en regardant Rose.

— Mlle Müller, témoin clé de l’affaire de la galerie d’art.

— Vous avez mis longtemps pour venir.

— J’ai eu un petit souci avec ma voiture.

— Les Marshall sont dans le bureau du chef. Ils n’en ont plus pour longtemps, je pense. Avant que j’oublie, John t’ a laissé un paquet sur ton bureau.

J’entre dans mon bureau et y découvre une lettre posée dessus. Je la lis.

Désolé d’être parti comme ça ce matin. Sois prête pour 19 h 30, je t’enlève pour la soirée.

Je t’embrasse, John

J’esquisse un sourire. Malgré toutes ces années, il arrive encore à me surprendre. Je reviens dans la salle principale.

— Je peux te la confier ?

— Tout à fait ...

— Tu t’occupes de prendre la déposition de cette demoiselle et tu me fais le portrait-robot aussi, s’il te plaît, dis-je à Greg.

Je sors du commissariat et marche le long de la rue. J’arrive à la galerie en une demi-heure.

Ce que j’apprécie dans cette galerie c’est qu’on peut y trouver des tableaux célèbres par exemple Cézanne, Dali ou encore Delacroix.

— Tu as du nouveau ? demandais-je à Stéphane, qui est dans la galerie.

Stéph est le troisième commandant du commissariat et c’est mon meilleur ami depuis notre plus tendre enfance. On se connait par cœur.

— Aucune empreinte et les caméras bof quoi, me dit-il.

— On commence bien la semaine.

— Et le portrait-robot, il a donné quelque chose ?

— Aucune idée, j’ai laissé Mlle Müller avec Greg. Il tape la déposition et il s’occupe du portrait. On verra tout à l’heure, lui répondis-je, en regardant autour de moi.

— Tu le laisses faire ?

— Tu n’as pas l’air très sûr de ton élève.

— C’est un bleu, alors... commence Stéph, un peu gêné.

— Faut bien qu’il apprenne et il s’en sortira très bien. Nous, on n’a pas eu cette chance.

Le silence tombe, mais il le rompt quelques secondes après.

— Au fait, bon anniversaire.

— Merci, lui répondis-je, sans vraiment le regarder.

— Vous avez prévu de faire quelque chose ce soir ou pas ?

— Moi pas vraiment, mais je pense que John a prévu quelque chose. Il était un peu préoccupé ce week-end et ce matin, il est parti un peu rapidement, déclarais-je.

— Il était peut-être en retard dans ses dossiers.

— C’est ce qu’il t’a demandé de dire si je posais trop de questions ? lui demandais-je, pendant que je regardais une toile posée sur le comptoir.

La toile se nomme Le Cœur volé et a été peinte par Dali. Elle a un contraste assez foncé entre les éléments. Ce contraste donne à la toile un caractère étrange. Elle montre également un homme qui nous tourne le dos, qui est allongé. On pourrait croire qu’il est en suspension dans les airs et il est nu.

Un éclair me traverse comme si cette peinture me rappelait mon passé.

« Un 1er coup de feu qui retentit, un homme à terre … une bagarre … un 2ème coup de feu … j’ai mal … j’ai froid … des sirènes … des murs blancs … des fils partout … »

— Ça va ? me demande Stéphane.

— Oui, ça va, lui répondis-je, après un moment d’hésitation.

Quelques minutes plus tard, je revois mon passé défiler devant mes yeux comme si on faisait un retour en arrière. C’est alors qu’une question me vient en tête.

Comment ce souvenir a-t-il pu soudainement me rattraper ?

Je ne sais pas comment expliquer ça, mais j’ai l’impression que cette toile a été peinte par mon passé, mon cauchemars d’il y a dix-sept ans.

— Excuse-moi Nicole, mais cette toile fait partie des pièces à conviction, évite de mettre tes empreintes dessus, commente Stéph, en interrompant mes pensées.

— Excuse-moi.

Je le laisse prendre le tableau.

— Tu es sûre que ça va ? s’inquiéta Stéph.

— Ce tableau me rappelle des choses.

— Quelles choses ? me demanda-t-il, en fronçant les sourcils.

Tout se mélange dans ma tête comme si une personne s’amusait à remuer mes souvenirs. Puis tout se remet en place, sauf que je suis retournée dix-sept ans en arrière.

— Nicole ... commence Stéph.

— Je … je vais aller faire un tour, lui dis-je, alors que l’horloge de la galerie sonne midi.

— Si ça ne va pas, tu m’appelles.

Je sors de la galerie afin de prendre l’air sans vraiment écouter ce qu’il me dit. Je veux chasser ce mauvais souvenir de ma tête et je commence à avoir faim. Je décide de me rendre dans une boulangerie pour y prendre un sandwich.

En sortant de la boulangerie, un homme de taille moyenne m’attrape par le bras et essaie de m’entraîner à l’écart avec lui. Je lui fais une clé de bras et le plaque contre le mur.

— Qu’est-ce que t’essais de faire là, mon gars ?

— Il faut que je te parle.

— Ce n’est pas comme ça que l’on entame une conversation avec quelqu’un.

— Commandant, je n’ai pas beaucoup de temps.

Je lui retire son chapeau et découvre mon stagiaire. Je desserre ma prise et le relâche.

— Alex … Tu devrais être au bureau à cette heure-ci. Qu’est-ce que tu fais là ?

— Il faut que je te parle, c’est très important.

— Et tu as besoin de te déguiser pour ça ? lui demandais-je, en le regardant de la tête aux pieds.

— J’aurais voulu faire autrement, mais je n’ai pas eu le choix.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Je préférerais qu’on en parle au poste.

— Je vais d’abord prévenir les autres que je rentre, lui répondis-je, en nous rendant à la galerie.

Une fois arrivée, je retrouve Stéphane.

— Je rentre au poste. dis-je.

— Ça ne va pas ?

— Si si, c’est juste qu’il faut je parle à mon stagiaire. Alors si tu pouvais te rendre généreux et me prêter ta voiture, tu serais génial, suggérais-je.

— Qu’est-ce que tu as fait de la tienne ?

— Elle est au garage.

— Je veux la revoir entière ce soir, c’est clair, implore Stéph, en sortant les clefs de sa poche.

— Mais oui, tu me connais.

— Ouais bah, justement …

Je sors de la galerie, les clefs à la main.

Nous montons dans la voiture et je prends la route pour le commissariat. Je me gare devant et ferme la voiture à clef.

En entrant dans les bureaux, plusieurs regards se tournent vers nous. Je referme la porte de mon bureau et demande à Alex de s’asseoir. Je m’assois à mon tour et attends quelques secondes.

— Alors ? Qu’est-ce que tu voulais me dire ?

— Je détiens des informations qui pourraient t’ intéresser.

À cet instant, Matt ouvre la porte après avoir frappé.

— La réunion est terminée, ils vont nous faire part de la décision.

Je me lève de la chaise et le rejoins dans la pièce principale.

Tout le monde s’est tu et le commissaire prend la parole.

— Comme vous le savez tous, ce matin a eu lieu un braquage à la galerie d’art dans la rue Saint-Martin. Une personne a pu identifier un des braqueurs après lui avoir arraché sa cagoule, et en attendant de boucler cette affaire, nous avons décidé de la placer sous protection policière. Sachez que cette mesure est plus que nécessaire. C’est pourquoi nous avons demandé aux Marshall, ici présents (le commissaire les montre d’un signe de main), de l’emmener avec eux dans un lieu hautement sécurisé.

Il jette un rapide coup d’œil dans la salle et poursuit.

— Maintenant, je vais m’adresser aux chefs d’équipe qui sont présents. Si vous souhaitez que cette personne vous donne plus d’informations, vous pouvez venir me voir et j’examinerai votre demande.

J’attends qu’il finisse de parler pour retourner à mon bureau.

— De quoi tu me parlais ? questionnais-je.

— J’ai des informations qui pourraient t’intéresser.

— À propos de quoi ?

— Avant que je ne te dise quelque chose, je veux que tu me promettes que tu ne me jugeras pas, implore Alex.

— D’accord, lui dis-je en ne comprenant pas où il voulait en venir.

À cet instant, le commissaire entre dans mon bureau.

— Dites, ça vous arrive de frapper avant d’entrer ? criais-je.

— Il faut que je te parle.

— Je suis occupée là, lui dis-je, en montrant Alex d’un signe de main.

— Qu’est-ce qu’il a fait ?

— Ça fait plusieurs jours qu’il arrive en retard, mentis-je.

— Et tu crois que c’est le bon moment pour parler de ça ?

— Ce n’est pas toi qui répète sans cesse que la ponctualité est une chose primordiale dans ce boulot ? Si tu veux avoir des hommes qui te respectent, il faut d’abord qu’ils respectent le règlement. Tu ne crois pas ?

Il reste sans voix en me regardant dans les yeux.

— Je te rappelle que nous avons une enquête en cours et qu’il est très important pour nous de ne pas la rater.

— Si tu veux que l’on avance, laisse-moi m’expliquer avec lui pour que je sois opérationnelle, lui répondis-je avec un sourire.

Il me regarde encore pendant un moment et sort de mon bureau en fermant la porte.

— Je t’écoute.

— Je te raconte tout depuis le début ?

— Ce serait bien.

Alors qu’il me récite son histoire, John arrive au commissariat et va à son bureau. Il tape son rapport sur son ordinateur.

~POINT DE VUE ALEX ~

J’essaie de lui expliquer les choses avec le plus de détails possible. Je lui décris les événements qui se sont passés dans la galerie d’art et je vois bien dans ses yeux qu’elle se pose des questions.

— Excuse-moi, mais comment tu peux avoir des précisions comme ça ? me demande-t-elle, interpellée par les détails que je viens de lui donner.

— … je suis le deuxième homme.

— Très drôle ta blague, Alex, me dit-elle en ne me croyant pas.

— Je ne plaisante pas.

Je vois son visage se fermer et en règle générale, ça ne sent pas trop bon pour celui qui se trouve en face.

— Pourquoi tu viens me raconter ça, dans ce cas ?

— Parce que tu es mon supérieur et que j’ai confiance en toi.

— ... je devrais t’arrêter pour m’avoir fait de tels aveux.

— J’assume mon choix, dis-je.

— Et l’autre homme dont tu as parlé, il a un nom, une identité ? demanda-t-elle.

— C’est mon père, marmonnais-je.

Son visage se crispe encore plus que d’ordinaire. Je ne pensais pas que cela était possible. Elle me fait un peu peur, à vrai dire.

— Oh, tu as finalement pris les rênes. C’est génial.

— Tu as promis, répliquais-je.

— Où est-ce qu’il est ?

— Je ne sais pas, mais il doit m’appeler.

— C’est pour cela qu’il s’est évadé de prison ? questionna-t-elle, en grinçant des dents.

— Pas seulement. Il veut finir ce qu’il a commencé. Quand ton père l’a coffré, je me.... commençais-je.

Je laisse un silence se poser, je sais que la suite ne va pas lui plaire.

— Pourquoi tu t’arrêtes ?

— Je voudrais être sûr que tu tiendras ta parole et que je ne risque rien en face de toi.

— Parle, siffla-t-elle entre ses dents.

— Quand ton père l’a coffré, je me suis rendu à la planque où il séquestrait ses victimes et c’est là que … je l’ai libéré.

Il y eut un long, très long moment de silence.

— Tu as fait quoi ?

— J’ai libéré ton frère.

— Tu te fiches de moi ?

Je vois bien qu’elle fait de son mieux pour se contenir et honnêtement, je l’en remercie. Ou je remercie ma bonne étoile, je ne sais pas trop encore.

— T’es en train de me dire que mon frère est dans la nature depuis dix-sept ans ?

— Oui.

— Tu mens… il serait rentré à la maison s’il avait été libéré.

— Je ne mens pas. Je sais qu’on aurait dû y réfléchir plus, mais nous savions tous les deux que mon père finirait par sortir d’une manière ou d’une autre et qu’il voudrait finir ce qu’il avait entrepris. Il était d’accord avec moi. Il ne voulait pas mettre sa famille en danger encore une fois, lui répondis-je.

— Je veux une preuve de ce que tu avances.

— Une preuve ? Ok … David a une tâche de naissance dans le dos qui ressemble à une étoile. Et il a une cicatrice sur le ventre côté droit.

— Pourquoi est-ce que ton père nous a fait subir ça ? questionna-t-elle, après un moment de silence, les yeux remplis de colère.

— D’après ce que j’ai entendu quand mon père en parlait, ton frère aurait vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû.

— Et tu sais ce qu’il a vu ?

— Non.

— Est-ce que tu sais que je fais énormément d’efforts pour ne pas te sauter dessus ?

— Ton visage est assez expressif.

— Je suis au bord de commettre un meurtre.

— Je voulais te demander aussi si tu étais d’accord pour monter une opération d’infiltration pour avoir de quoi le garder au chaud pour le reste de ses jours.

Elle rit jaune à ce que je viens de lui dire.

— Si je dois monter une opération comme celle-là, je dois en informer la hiérarchie.

— Tu n’es pas obligée de leur en parler.

Elle s’apprête à me répondre, mais je l’interrompt.

— Si c’est une question de te conformer au règlement, ce n’est pas un problème. Il me semble que ce ne serait pas la première fois que te ne le respectes pas.

— Ce n’est pas une question de règlement. Je me fous du règlement, tu le sais.

— Il est où le problème, alors ?

Elle réfléchit un instant et John entre dans le bureau.

~ POINT DE VUE NICOLE ~

— C’est une manie chez vous de ne pas frapper avant d’entrer ? demandais-je, exaspérée.

— Le livreur t’a apporté quelque chose et il faut que tu signes le reçu.

— D’habitude, c’est Greg qui s’en charge.

— C’est pour ça qu’il est venu me chercher, mais même moi je ne peux pas. Il faut que ce soit toi.

Je me lève du fauteuil de bureau et m’arrête devant l’encadrement de la porte.

— S’il bouge, tu le descends, dis-je à John.

Pendant que je me rends à l’accueil, John va s’asseoir dans le fauteuil.

— Alors, c’est quoi le problème ?

— Vous êtes Nicole Bernard ? me demande le livreur.

— Jusqu’à preuve du contraire.

— Signez là et le paquet est à vous.

— Quel paquet ?

— Signez là et vous l’aurez.

Je signe le reçu et il me donne le paquet puis part. La boîte est petite avec quelque chose de plutôt lourd à l’intérieur. Je l’ouvre et découvre ce qu’il y a dedans. Je sursaute et reste là sans bouger.

— Ça ne va pas ? me demande Greg.

Je le regarde quelques secondes avant de lui répondre.

— Si si, ça va

— On ne dirait pas.

— Je ne suis plus très sûre de grand-chose aujourd’hui.

Je détourne mon regard pour le porter sur Alex qui discute avec John. Je reste un moment-là, sans bouger puis je regagne mon bureau.

— Tu peux nous laisser, s’il te plaît ? J’ai encore des choses à voir avec lui.

John lève la tête et voit sur mon visage que ça ne va pas.

— Tout va bien ?

— Tu peux nous laisser s’il te plaît ? répétais-je.

Il continue à froncer les sourcils, regarde Alex pendant un instant puis sort de la pièce. J’attends qu’il sorte et qu’il ferme la porte pour venir m’asseoir à mon bureau.

— C’est d’accord.

— Qu’est-ce qui t’as fait changer d’avis ? me demande-t-il.

Je réouvre la boîte en carton et la retourne. La chose qui est dedans tombe sur le bureau avec un bruit sec.

— Mais c’est toi qui va mener à bien cette mission.

— Ce n’est pas comme ça que je voyais les choses, bredouille Alex.

— On apprend tous un jour et c’est l’occasion pour toi de mettre en pratique ce que je t’ai appris depuis le début de ta formation.

— Ça ne fait que quelques mois que je suis ici. Il y a sûrement quelqu’un de plus qualifié que moi pour faire ça, non ?

— Tu veux remettre ton père derrière les barreaux, oui ou non ? Tu as une chance de pouvoir le faire toi-même et tu te trouves des excuses à deux balles pour ne pas le faire, m’indignais-je.

Je le laisse réfléchir pour qu’il puisse me répondre, mais il ne semble pas vouloir le faire.

— Écoute … quand je suis arrivée ici, il n’y avait personne pour me former. J’ai dû apprendre toute seule et vite pour me mettre au niveau de tout le monde. J’ai attendu très longtemps pour que mon supérieur me laisse gérer une affaire. Quand il a vu que je me débrouillais très bien toute seule, il a fini par me laisser prendre mes décisions. J’avais toujours peur de me tromper et j’ai fini par prendre confiance, parfois un peu trop d’ailleurs … Mais le principal, c’est que j’ai réussi à prendre sur moi. Tu as la chance d’avoir quelqu’un pour te former, pour te permettre de prendre certaines décisions, même si elles sont difficiles à prendre. Tu as une chance unique de montrer à tout le monde ce que tu vaux, ce que tu es réellement. Alors, profite de l’opportunité qui s’offre à toi parce que ce sera peut-être la dernière que tu auras.

Pendant que je lui parle, il reste là à regarder le cœur inerte qui est sur mon bureau et le fixe sans cligner des yeux puis, enfin, il parle.

— J’ai peur de mon père et de ce qu’il peut me faire s’il apprend que je le double.

— Moi aussi, j’ai peur de mon père.

— Ton père ne joue pas dans la même catégorie, me dit-il en esquissant un sourire nerveux.

— Ce que je veux te dire, c’est que j’ai confiance en toi. J’ai appris à te faire confiance et …tu n’es pas comme lui.

— Et tu es bien la seule.

— Je pense que tu devrais le faire au feeling, je te laisse carte blanche sur la façon de gérer cette affaire. Fais attention à toi quand même. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu m’appelles. Je te lâche dans la nature, mais je suis là pour toi.

— Merci.

Il se lève et part. Je remets le cœur dans sa boîte et la range dans un des tiroirs de mon bureau puis je vais voir le commissaire dans son bureau.

Je frappe à sa porte et y entre.

— Tu voulais me voir ?

— Oui. Installe-toi.

Je m’assois dans le fauteuil qu’il vient de me montrer et attends.

— Comment tu te sens, parmi nous ?

— En règle générale, quand tu tournes autour du pot, c’est que ce n’est pas bon signe alors accouche, lui répondis-je.

— Bon OK, je vais jouer cartes sur table. J’ai reçu un courrier te concernant.

— Qu’est-ce qu’il disait ?

— Tu te rappelles certainement des deux personnes qui sont venues la semaine dernière ?

— Comment aurais-je pu les oublier ?

— Tu leur as fait bonne impression, si je peux m’exprimer ainsi.

Il marque une courte pause puis continue.

— Tu es mutée dans un de leur service.

— Pardon ? demandais-je, croyant que j’avais mal entendu.

— Tu as très bien entendu.

— Je pourrais savoir pourquoi ?

— La liste est longue Nicole, tu ne pouvais plus continuer comme ça, dit le commissaire.

— Je ne suis pas la seule dans ce cas.

— Oui, mais tu as fait déborder le vase.

— Tu m’as défendu au moins ou tu as juste écouté ? interrogeais-je.

— Tu les connais, quand ils ont une idée derrière la tête, on ne peut rien y faire.

— Ouais, tu as juste écouté, quoi. Merci pour le soutien.

— Nicole, je t’assure que... commença le commissaire.

— Laisse tomber. Je sais très bien que tu m’as dans le collimateur depuis un moment. J’ai combien de temps pour finir mes affaires en cours ?

— Deux semaines.

— Tu aurais pu me prévenir avant, lançais-je, énervée.

— Nicole, je t’assure que j’ai fait tout mon possible, siffle le commissaire en essayant d’avoir bonne conscience.

— Et à tout hasard, leur service se trouve où ?

— Paris. Il se trouve à Paris.

— Magnifique ville, très bon choix de mutation. dis-je, ironiquement.

— J’ai essayé de t’aider du mieux que je pouvais, mais tes méthodes de travail ne font pas l’unanimité.

— De toute façon, depuis que je suis arrivée dans ce commissariat, tout le monde me met des bâtons dans les roues. Je vois qu’ils ont réussi. Mes méthodes ne plaisent peut-être pas, mais aucun d’entre vous ne regarde les résultats obtenus, lui dis-je en me levant.

— Nicole...

Je sors du bureau et regarde ma montre, qui annonce 17 h 30.

Faut que je me dépêche, je ne suis pas en avance, me dis-je.

Je commence à écrire mon rapport quand le téléphone sonne.

— Bernard, j’écoute.

— Bonsoir commandant, je vous appelle au sujet de votre voiture.

— Je peux passer la récupérer ?

— Oui. Je viens de la finir.

— J’arrive d’ici une demi-heure.

Je raccroche et finis mon rapport. Je le range dans le dossier et vais à l’accueil.

— Il faut que j’aille chercher ma voiture au garage. Quand Stéph arrive, tu lui donnes le dossier et ses clefs de voiture.

— Il est toujours là-bas ? demanda Greg.

— Il travaille avec l’expertise, et tu sais comment ils sont.

— Bonne soirée, commandant.

Je sors du commissariat et vais chercher ma voiture au garage puis je rentre à la maison. Je regarde l’heure en fermant la porte, il est déjà 18 h 30. Il ne me reste plus beaucoup de temps pour me préparer avant que John n’arrive. Je file à la douche, m’habille, me coiffe et me maquille. J’ai à peine le temps de poser la brosse que j’entends la porte d’entrée s’ouvrir.

— Pile à l’heure.

J’ouvre la porte de la salle de bain et le vois attendre de l’autre côté.

— Tu es vraiment magnifique dans cette robe.

— Merci. Toi aussi, tu es très classe. lui dis-je, après l’avoir examiné de plus près.

Il est vêtu d’un costume assez chic. Sa veste est ouverte sur sa chemise blanche qui lui colle au corps.

— Il faut que je sois à la hauteur… et là tout de suite, si je m’écoutais, j’annulerais le resto et…

— On verra ça plus tard, dis-je en l’embrassant.

Lorsque nous arrivons à la voiture, je sens quelqu’un qui nous observe. Je me retourne brusquement et vois une silhouette.

— Qu’est-ce qu’il y a ? me demande John.

— Quelqu’un nous observe.

— Où ça ?

— Derrière la benne à ordure.

Je pose mon sac dans la voiture et vais voir.

— Non, mais où est-ce que tu vas ?

En arrivant à la benne à ordure, je vois qu’il n’y a personne, mais il y a par terre des mégots de cigarette qui fument encore. Je regarde autour de moi, mais il n’y a personne. Je retourne à la voiture en jetant des coups d’œil aux alentours.

— Alors ? me demande-t-il.

— Personne.

Je ferme la portière de la voiture et John démarre aussitôt. La route est interminable. Une demi-heure plus tard, il gare la voiture devant les portes d’un restaurant. Lorsque nous y entrons, le garçon d’accueil nous conduit à la table que John a réservée. Le serveur nous donne la carte où se trouve le menu et part. Il revient quelques minutes plus tard pour prendre notre commande.

— Ça va mieux ?

— Oui. Pourquoi tu me demandes ça ? lui demandais-je.

— Tu avais une drôle de tête cette après-midi.

— Ce n’est rien.

— Si Alex te cause des ennuis, je peux aller le voir et...

— Ce n’est pas à cause de lui … enfin pas directement.

— Tu...

— On pourrait éviter de parler boulot, ce soir ?

— Si... si tu veux. De quoi veux-tu parler, alors ?

— Ben, tu pourrais me dire pourquoi tu nous as amenés ici ? lui demandais-je.

— Je sais que je vais me faire tirer les oreilles … mais je me suis dit qu’on devait fêter ton anniversaire dignement. Et puis, ces derniers temps, on n’a pas vraiment eu de soirée à nous, à part le week-end dernier.

— C’est vrai qu’on a été surmenés, mais on s’est assez bien rattrapés ce week-end, non ?

— Ça a été le plus beau week-end que l’on ait passé depuis des mois. J’aimerais beaucoup en avoir d’autres comme ça.

À cet instant, le serveur arrive avec nos commandes et nous commençons à manger. Durant la soirée, de nombreuses personnes entrent et sortent du restaurant. Nous en sommes au dessert quand John fait signe au serveur de venir et lui chuchote quelque chose à l’oreille.

— C’est quoi ces messes basses ? demandais-je à John, en souriant.

J’ai ma réponse quelques instants plus tard. Le serveur revient dans la salle, les bras chargés d’un gros gâteau, avec beaucoup de bougies dessus. La musique du joyeux anniversaire retentit et le serveur chante. Je ne sais plus où me mettre, tellement je suis gênée. Il pose le gâteau sur la table, John le remercie et lui donne quelque chose, puis il part.

— Tu n’aurais jamais dû... commençais-je.

— Tu me feras toutes les remontrances que tu veux, tout à l’heure … je suis prêt à accepter la punition.

Je le regarde droit dans les yeux avec un sourire coquin et souffle les bougies qui s’éteignent du premier coup.

Je le vois se lever, se mettre devant moi et s’agenouiller.

— Qu’est-ce que….

Toutes les conversations autour de nous s’arrêtent.

— Ça fait déjà plusieurs semaines que j’y pense et je crois que ce soir, c’est le bon moment.

Il sort une petite boîte de sa poche et l’ouvre. Mes yeux s’ouvrent et j’essuie les quelques larmes qui coulent sur mes joues. Si je m’attendais à ça.

— Aujourd’hui ça fait dix-sept ans et trois mois que l’on partage nos vies ensemble et j’aimerais qu’on officialise cette union. Je sais que toutes ces années n’ont pas toujours été roses, mais je voudrais qu’on les efface et que l’on recommence une nouvelle histoire tous les deux. Est-ce que tu me ferais l’honneur de devenir ma femme ?

Je passe un rapide coup d’œil dans la salle et vois que tous nous regardent. Je baisse mon regard.

— Oui.

— Oui, c’est oui ?

— C’est ce que j’ai dit.

Il me passe la bague au doigt et m’embrasse puis se relève sous les applaudissements des autres personnes présentes dans la salle. Il est tout aussi gêné que moi. Je n’ai pas l’habitude d’être aussi démonstrative en public et je sens le rouge me monter aux joues. Honnêtement, après 17 ans de vie commune je ne pensais pas qu’il ferait sa demande un jour. Je suis très heureuse qu’il l’est faite.

Une heure après, il demande l’addition et nous partons après les félicitations du personnel.

— Où tu nous emmènes ? lui demandais-je, en le voyant prendre une autre route.

— Tu verras.

— Encore une surprise ?

Il ne me répond pas, mais il me regarde en souriant. Un quart d’heure plus tard, il arrête la voiture devant l’Hôtel American.

— Ouah, tu ne fais pas les choses à moitié.

— Quand on aime, on ne compte pas.

— D’accord, mais là … le resto puis l’hôtel. Tu as prévu quoi pour la suite ?

— Tu as juste à profiter.

Il va à l’accueil et demande la clé de la chambre qu’il a réservée puis m’y amène. Il ouvre la porte et me fait entrer. Elle est très grande et magnifique. En plus du reste, elle donne vue sur la mer. J’en ai des étoiles plein les yeux. John va au mini-bar pour y prendre une bouteille de champagne et prend deux coupes.

— Tu en veux une ?

— Je crois que tu devrais attendre avant de boire ce verre.

— Pourquoi ? C’est une bonne bouteille.

— Viens t’asseoir, s’il te plaît.

Il me rejoint à la terrasse et s’assoit sur un des transats.

— Moi aussi, j’ai un cadeau pour toi.

— Ce n’est pas à toi d’en faire aujourd’hui, me dit-il.

— C’est un cadeau assez particulier et c’est plutôt toi qui nous le fait ce cadeau … on n’a jamais vraiment évoqué le fait de pouvoir s’agrandir depuis ce qui s’est passé la dernière fois …

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? demande-t-il, soupçonneux.

— Je veux dire par là que … je suis enceinte.

— Attends … le médecin nous avait dit qu’on ne pourrait pas en avoir, alors comment c’est possible ?

— Non, il avait dit qu’il y avait une chance sur des milliards. Écoute… j’ai du retard, j’ai des nausées depuis plusieurs jours et je suis fatiguée, rectifiais-je.

— Tu as du retard tous les mois … puis tu devais aller voir le médecin pour les nausées et la fatigue. Je pensais que tu avais la grippe ou autre chose.

— Il m’a fait faire une prise de sang et j’ai fait un test de grossesse. Ils sont positifs.

— Tu es sûre que ce test est fiable ? bégaya-t-il.

— Je l’ai fait trois fois avec des marques différentes. Elles disent toutes la même chose.

— Et le médecin, il a dit quoi ? questionna-t-il, sans vraiment y croire.

— Que je suis bien enceinte.

Il reste un moment sans parler. Il est figé.

— Alors ça, c’est...

— Tu sais, je commençais à désespérer de tomber enceinte.

— C’est une nouvelle chance que le destin nous offre. Il ne fallait pas désespérer, tu vois.

— Ouais, en revanche j’aimerais qu’on garde ça pour nous, pour l’instant.

— Pourquoi ? Ce n’est pas un secret.

— Je voudrais attendre la prochaine échographie, si tu veux bien.

— On fait comme tu veux. C’est une super soirée, me dit-il en m’embrassant.

— Ça me fait plaisir qu’on puisse passer cette soirée rien que tous les deux. Au départ, je pensais que tu voulais faire un truc avec tout le monde.

— J’y ai pensé, mais ton père m’aurait tué avant que je pose le genou à terre, me dit-il en riant.

— Je pense aussi... dis-je pendant qu’il m’embrasse.

Le lendemain matin, quand nous nous réveillons, le téléphone annonçait neuf heures moins le quart.

— On est en retard, me dit-il.

— Quelle heure il est ?

— Neuf heures moins le quart.

— On ferait mieux de se dépêcher si on doit aller se changer.

Nous nous dépêchons de nous habiller puis descendons les escaliers qui mènent à l’accueil de l’hôtel. John donne la clé à la personne qui se tient au comptoir et il règle la note. Pendant que nous entrons dans la voiture, j’appelle le commissariat pour les prévenir de notre retard.

— Commissariat de Marseille, j’écoute.

— Greg ?

— Oh bonjour Commandant, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?

— Voilà euh, Matthews et moi, on va arriver en retard.

— Ce n’est pas dans vos habitudes.

Je regarde John qui fait de même.

— On a un problème avec la voiture, mentis-je.

— La voiture ?

— Oui, la voiture.

— D’habitude vous êtes plus convaincante que ça, commandant, me dit-il, en rigolant.

Je raccroche aussitôt et John me dit :

— La voiture a un problème ?

— Tu avais mieux ?

— Ouais, la vérité.

— De toute façon, il ne m’a pas crue.

Il rigole de plus belle et vingt minutes plus tard, il gare la voiture devant l’immeuble où nous habitons. Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés devant la porte d’entrée qui, par surprise a été forcée. John pousse la porte avec la clé et en l’ouvrant, nous découvrons que rien n’a été saccagé.

— C’est la première fois que je vois une porte fracturée et un appartement nickel.

— Il a peut-être été dérangé.

Il va voir dans les autres pièces pendant que je regarde autour de moi. Quand je pose mon regard sur la table basse du salon, je remarque une petite boîte qui n’était pas là lorsque nous sommes partis. Je la prends et l’ouvre.

— Aaaaaaahhhhh... , criais-je, en lâchant la boîte tandis que John arrive en courant.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Je m’assois sur le canapé et lui sur la table basse, puis je mets ma tête dans mes mains.

— Il y a un cœur humain dans cette boîte, il appartient à quelqu’un. Il est venu finir son travail. L’histoire recommence … ça recommence … tout recommence.

Je lui montre le papier qui a glissé de la boîte lorsque je l’ai jetée par terre.

Bonjour Mademoiselle Bernard,

J’espère que tu te souviens de moi, après tout ce temps. Je n’ai pas oublié ce que vous m’avez fait subir durant toutes ces années passées à ruminer dans ma toute petite cellule.

J’ai enfin retrouvé la liberté et le grand air. Comme tu dois t’en douter, j’ai encore un travail en cours et j’ai bien l’intention de le finir, une bonne fois pour toutes. Personne ne pourra l’aider à s’en sortir, cette fois. Nous nous reverrons bientôt pour ce petit face à face.

Ton ami du passé

Il pose le papier sur la table et me fixe avec un regard effrayant.

Quand est-ce que cette histoire va cesser ?

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