All our hidden gifts – La gouvernante (Caroline O’Donoghue)

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Résumé : Maeve Chambers, lors d’une corvée dans son lycée, découvre un mystérieux jeu de tarot divinatoire. Elle se prend au jeu et ouvre un petit cabinet occulte, gagnant ainsi une popularité nouvelle dans son établissement. Jusqu’au jour où elle invoque une entité funeste… L’irruption de cette mystérieuse « gouvernante », une carte inconnue qui apparaît quand ça lui chante, coïncide avec la disparition de son ancienne meilleure amie. Avec le frère de la disparue – qui ne la laisse pas indifférente – et sa nouvelle copine Fiona, elle fera tout pour retrouver Lily… quitte à devenir une véritable sorcière et affronter la terrifiante « gouvernante », cette entité invoquée qui revient annoncer transformations et catastrophes.

Ce roman jeunesse de La Martinière a été pour moi une agréable surprise, découverte grâce à l’opération Masse Critique de Babelio (on est tiré au sort, et les gagnants reçoivent un livre choisi dans une liste, à lire et commenter).

Le décor m’a tout de suite plu : l’Irlande, un pays qu’on ne voit pas souvent en jeunesse, au folklore fascinant. Mais ici, il ne sera pas question de faës ou de leprechauns : toute la trame magique se rapporte aux tarots et au wicca, ce que j’ai trouvé très original. L’héroïne ne se change pas non plus en Harry Potter découvrant un monde inconnu, puisque la magie est accessible à tous et à toutes, à travers des bouquins new age, des bougies de supermarché et un peu de romarin. Quelque part, cet ancrage très réaliste et concret m’a semblé rafraichissant. Ici, la magie n’est ni spectaculaire ni omnipotente, elle donne juste une interprétation, une vision des choses, et le lecteur pourra douter jusqu’au bout de sa réalité, dans la bonne tradition de la littérature fantastique.

On suit donc une gamine tout à fait ordinaire, un peu suiveuse, mais qui n’en pense pas moins, ni trop jolie, ni trop intelligente, sans passé trouble ni destin particulier. Elle est entourée d’une famille aimante et fonctionnelle, et vit ce que vivent des millions de jeunes au lycée : injustice des profs, cruauté banale des gamins, disputes entre copines. Elle aimerait bien être originale et populaire, mais n’a pas eu la force de défendre son amie d’enfance un peu à part, Lily, face aux hyènes du lycée. Elle trouve le groupe des meneuses peu intéressant et admire en secret une fille arty qui ose être elle-même, Fiona, mais continue à suivre la masse par habitude. Et puis il y a le frère de Lily, Rory, qui l’intrigue et l’agace à la fois, avec son look bizarre et son goût pour le vernis à ongles… Évidemment, la découverte du jeu de tarot viendra rebattre les cartes, justement !

On partage le quotidien de cette héroïne ordinaire dans l’Irlande contemporaine, tiraillée entre progressisme et rigorisme catho (j’ai appris à l’occasion que les Irlandaises n’avaient obtenu le droit de divorcer qu’en 1995…), au milieu des manifestations de jeunes réactionnaires en mode Civitas, les rassemblements queer et des boutiques de magie. Le décor, très réaliste, nous renseigne sur le réel propos de cette l’histoire : la quête identitaire d’une ado qui se cherche dans un monde en mouvement perpétuel, tiraillée entre les différentes propositions qui s’offrent à elle comme autant d’arcanes majeures.

L’intrigue aux accents fantastiques et le mystère de la disparition de Lily insufflent un rythme trépidant au récit et nous incitent à tourner les pages de plus en plus vite. Les chapitres, courts et efficaces, s’enchaînent facilement. Je déplore un petit essoufflement aux trois quarts du bouquin, et la résolution trop rapide dans les derniers chapitres, qui sent un peu le deus ex machina. Jusqu’au bout, l’histoire reste tout de même très ancrée, sans faire dans le sensationnel, la mièvrerie ou la facilité. Les choses suivent leur cours, comme elles le font dans la vraie vie. Chaque action porte ses conséquences, à l’image des lois du wicca.

À l’instar de son héroïne qui apprend à s’affirmer au fil de l’histoire, l’auteure présente dans ce livre quelques partis pris et les assume jusqu’au bout, droite dans ses bottes. Cela pourra déplaire à certains. Mais ça m’a plu à moi, et peut-être que ce bouquin pourra servir de boussole à certains gamins qui ressentent un décalage diffus sans vraiment parvenir à le situer. Un livre que je recommande volontiers, et qui s’adresse à un lectorat plutôt jeune !

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