Le concert

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Les premières notes retentissent, presque silencieusement. Tout doucement, les accords se plaquent sur les touches du piano. La salle est silencieuse. Tous ont les yeux rivés sur la scène. Une pianiste, fluette, dissimulée derrière une longue chevelure blonde platine, semble se fondre avec son intrument. Ses doigts effleurent l'ivoire et produisent quelques notes douces. Tout le monde attend. L'ambiance est pesante. Les spectateurs sentent que ça ne s'arrêtera pas à cette délicatesse. Leur coeur bat à l'unisson, lentement, au rythme lento du tempo.

Quelques cordes s'y ajoutent bientôt. Crescendo, tout s'accélère. La musique transmet un étonnant mélange d'empressement, d'attente, d'espoir, de calme.

Certains se laissent bercer, les yeux clos. Qui sait ce qu'ils ont en tête à cet instant. Peut-être s'imaginent-ils une scène de cinéma ? Peut-être se disent-ils que cette musique émouvante, puissante aurait pu être la bande originale d'un moment de leur vie ? D'autres admirent les instrumentistes si dévoués.

Les cordes, les cuivres, les percussions s'agitent. Tout s'accélère. Le rythme cardiaque aussi. Les coeurs se sentent oppressés dans ces cages thoraciques étroites. Une femme serre la main de son époux. Une enfant contracte sa mâchoire.

Puis, plus rien. Tout se calme. Brusquement. La douceur du piano seul revient. Tous les autres instruments se taisent et le laissent conclure. La fréquence cardiaque du public retrouve sa lenteur apaisante. Le stress disparait. Une dernière note, stridente, métallique retentit. Elle ressemblerait presque à la lumière d'un phare dans la nuit noire.

Quatre minutes trente. Un flot d'émotions, une tempête qui fait rage dans les esprits, puis le ciel se découvre. Il n'y a plus un bruit. Aucun applaudissement ne vient perturber ce soulagement. La pianiste relâche sa note. Le public semble souffler d'une même inspiration. L'air est à nouveau respirable.

Elle adresse un sourire timide à son audience, puis disparait derrière le rideau noir. Les autres instrumentistes, eux, restent. Ils ont encore quatre morceaux à jouer avant la fin du concert. Le chef d'orchestre, quant à lui, tourne déjà la page de sa partition.

Quatre minutes trente. Le temps d'une respiration et tout s'arrête, pour laisser place à de nouveaux sentiments, au détour d'une nouvelle composition.

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