Chapitre 24

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Après plus de vingt minutes de trajet, Cynthia n'avait pas dit le moindre mot. Bien calée sur son siège, le regard perdu sur la route, elle était on ne peut plus concentrée dans ses pensées. Elle réfléchissait à qui pouvait vraiment être Jo. Était-ce quelqu'un de bien, comme l'avait pressenti son père ? Ou quelqu'un de mauvais ? Elle ne connaissait pas grand chose de lui hormis cette histoire "d'incident de Wattrem" qui aurait eut lieu alors qu'elle n'avait que sept ans. Elle ne savait même pas à quoi il ressemblait réellement. Elle voulait en savoir plus et décida de questionner le jeune homme sur la seule chose qu'il semblait connaître concernant Jo.

—Qu'est-ce qui s'est passé à Wattrem ?

Le policier comprit à quoi la petite fille faisait allusion.

—Je crois que personne ne sait vraiment ce qui s'est passé. Sauf ceux qui l'ont vécu. Et encore...

La réponse étonna Cynthia qui était bien déterminée à en savoir plus.

—Mais... Tu as dis qu'ils s'étaient battus contre quelque chose. C'était quoi cette chose ?

—C'est ce qu'un témoin a raconté oui. Un fermier qui habitait juste avant la forêt. Il a dit avoir vu et entendu des choses étranges. Il parlait de "démons". La Police ne l'a pas cru bien evidemment et a décidé de classer l'affaire lorsque ce fermier lui-même est revenu sur ce qu'il a dit. Il a annoncé qu'il avait pu avoir des hallucinations. Vu que je m'intéresse à tout ça, j'y suis allé peu de temps après les évènements. Et je suis tombé sur des traces de combat. Il y avait des griffes sur certains tronc d'arbre, des arbres cassés. Pour moi il y avait vraiment quelque chose dans cette forêt le huit octobre 2007. Et quelque soit cette chose elle devait être assez puissante.

Cynthia s'attarda sur le dernier mot prononcé par le policier. Pour elle un simple groupe d'adolescents n'auraient jamais pu battre une entité maléfique sans l'aide d'un puissant paranormal. Quelqu'un comme... elle.

Elle comprit qu'elle n'en saurait pas plus sur cet "incident" et que c'était quelque chose de très floue. Elle décida alors de changer de sujet et de questionner le jeune homme sur les raisons qui l'avaient poussé à s'intéresser aux phénomènes paranormaux.

—Pourquoi tu t'intéresses aux choses étranges ? demanda-t-elle les yeux toujours rivés sur la route.

La question replongea le policier dans ses souvenirs d'enfance. La raison pour laquelle il s'intéressait au domaine paranormal était encore très présente en lui. Il y repensait presque tous les jours.

—À cause d'un truc que j'ai vécu quand j'avais ton âge.

Cynthia tourna la tête vers lui, attendant la suite avec impatience.

—Et... je suppose que tu as envie que je t'en dise plus, c'est ça ?

—Oui.

—Bon très bien... De toute façon à toi ça ne te paraîtra pas bizarre. Chaque nuit, pendant plusieurs mois, je voyais des yeux rouges dans ma chambre. Ils m'observaient... me fixaient. C'était terrifiant. Au début, j'appelais toujours mes parents à l'aide. Mais lorsqu'ils arrivaient, plus rien. Ils allumaient la lumière, me rassuraient en me disant que j'avais fais un mauvais rêve, ils restaient un peu avec moi puis retournaient se coucher. Et quelques minutes plus tard, ces... "yeux" réapparaissaient de nulle part. Ils ne restaient pas toute la nuit. Au bout d'un moment, ils finissaient toujours par disparaître, pour revenir le lendemain à la même heure. Voyant que ça me perturbait, mes parents ont fini par faire le tour de ma chambre, pour voir ce qui aurait pu causer cette "illusion". Pour eux ça n'était qu'une illusion. Mais il n'y avait rien qui pouvait l'expliquer. Ils ont fini par m'emmener voir un psychologue, une personne qui s'occupe de nous quand on se sent mal. Mais j'allais très bien... Je n'avais pas besoin de voir cette personne. Puis mon père a eu l'idée d'installer une caméra dans ma chambre. Une caméra pointée vers l'endroit où j'avais l'habitude de voir ces horribles yeux rouges.

—Et la caméra les a filmés ?

Matthias se mit à rire.

—J'aurais voulu... Mais non. La chose était plus maline que ça. Elle se doutait bien que l'engin était là pour apporter la preuve de son existence. Elle a continué à apparaître. Mais dans un autre coin de ma chambre. Dans un endroit que la caméra ne filmait pas.

Cynthia voyait bien que cette histoire avait affecté son ami. Elle le ressentait dans sa voix. Il avait envie de pleurer, elle le sentait. Mais elle le laissa continuer.

—J'en avais marre qu'on me prenne pour un cinglé. Jusqu'au jour où... où...

Le policier avait du mal à trouver ses mots. Il se repassait la scène dans la tête.

—Le jour où ma mère a enfin eut la preuve que ce que je voyais était réel.

L'histoire intéressait de plus en plus la petite fille.

—Une nuit, alors que je m'étais habitué depuis longtemps à voir cette chose rester dans ma chambre, elle n'apparaissait pas. J'en étais presque inquiet de ne pas la voire. Puis j'ai vu cette... cette ombre noire, une espèce d'homme portant un très grand chapeau. Il se trouvait au pied de mon lit. J'étais terrifié. Je me suis mis à hurler le plus fort que je pouvais. Cette ombre est venue sur moi, me plaquer sa main contre ma bouche afin de me faire taire. C'est là que ma mère qui m'avait entendu crier, est arrivée. L'ombre s'est tournée vers elle et fit quelques pas pour la rejoindre. Mais c'est là que mon visiteur nocturne habituel est arrivé. J'ai vu réapparaître les yeux rouges. L'ombre n'a pas put atteindre ma mère. Elle a été stoppée par cette entité aux yeux rouges. Elle et l'ombre au chapeau se sont livré l'une des plus grandes bagarres que j'ai vu. Ma mère a réussi à se faufiler jusqu'à moi pour me prendre la main et me sortir de là. On a passé la nuit chez mes grands parents. Le temps que ma mère nous trouve un autre logement. Mon père lui, n'était pas là. Il était policier lui aussi. Et ce jour-là, il était de nuit. Lui comme tous les gens, ont refusé de croire ce qu'avait vu ma mère. Pour eux, c'était des cambrioleurs qui s'en étaient pris à elle. Même si mon père admettait quand même qu'il y avait quelque chose d'étrange dans cette histoire. En tout cas, depuis cette nuit, je n'ai plus jamais revu ces yeux rouges ou même cette ombre.

—Elle fait peur ton histoire de monstres.

—Tu crois que c'étaient des monstres ?

—Ils voulaient te faire du mal et ils avaient une apparence terrifiante... alors oui.

—Parfois je pense que la chose aux yeux rouges savait qu'un jour cette ombre débarquerait chez moi et qu'elle me voudrait du mal. Je crois qu'elle était là pour me protéger.

—Tu crois ?

—J'en sais rien. Mais après tout, elle ne m'a jamais fait de mal. Et après cette bagarre, ni l'un ni l'autre n'est revenu me voir.

Un silence s'installa de nouveau dans le véhicule. Il dura quelques secondes avant que Matthias ne le rompe.

—Bon... On y est. C'est ici. Enfin, je veux dire, c'est là qu'on s'arrête. Il faudra ensuite continuer à pied.

Cynthia observa les environs. Ils venaient de passer quelques maisons construites près de la route et entourées par la forêt. Peut-être que c'était ces constructions qui avaient servi de point de repère au policier.

Matthias arrêta la voiture sur un petit sentier, aux abords de la forêt. En y pénétrant sur quelques centaines de mètres, Cynthia et lui arriveraient là où se serait passés les évènements de "l'incident de Wattrem". La petite fille tourna la tête sur sa droite et regarda la forêt au travers de la vitre. Elle ressentit quelque chose, comme s'il s'était effectivement passé quelque chose à cet endroit. Comme si l'entité était toujours plus ou moins présente. "À moins que..." pensa la petite fille avant d'être sortie de ses pensées par son ami, qui était déjà descendu du véhicule.

—Tu viens ? demanda-t-il en tapotant sur la vitre de la portière, faisant sursauter la petite fille.

Cynthia sortit à son tour de la voiture. Dès qu'elle posa les pieds au sol, elle réalisa qu'elle était peut-être sur le point d'atteindre son objectif : retrouver Jo.

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