Chapitre 15

7 minutes de lecture

Complexe du Refuge, 6 avril 2010

Après le vol de l'armure X, Hal s'était débrouillé pour se libérer du temps afin de se rendre de toute urgence au complexe du Refuge. Lorsqu'on lui apprit la nouvelle il s'était mis hors de lui. Il réussit toutefois à se contrôler et à ne pas dévoiler ses dons sous l'effet de la colère. Chose que sa fille ne se serait pas privée de faire. Mais au bout de quelques heures, sur le chemin qui le séparait du complexe, il était passé de la colère à la surprise, à l'incompréhension. Il était intrigué par ce "garçon", celui qui avait réussi à dérober ce qui était très certainement sa plus grande création. Qui était-il ? Comment avait-t-il fait ? Comment savait-il pour l'armure ? Qui étaient ses éventuels complices ? Tant que questions dont il espérait trouver les réponses en arrivant sur place.

La première chose qu'il fit une fois au complexe, fut de demander des nouvelles de sa fille. Sans toutefois aller la voir. On lui répondit qu'elle allait bien, que l'intrus ne s'en était pas pris à elle. Après quoi on le conduit dans le poste de commandement de la sécurité où se trouvaient déjà Ross et Hirsch.

—Monsieur Damon, dit Ross pour saluer son patron avant de lui indiquer l'écran principal où s'afficha le visage du voleur. Voici celui qui a emporté l'armure X.

Hal reconnut le garçon. Il s'agissait de l'une des personnes présentes lors de l'incident de Wattrem en octobre 2007. Une personne qu'il avait découvert en faisant espionner Leslie, la fille que lui avait confié son ancienne amie Olympe, par l'intermédiaire de Grant Kodyn, le Commando MOCH. Un garçon qui était selon les informations recueillies par ses agents, originaire d'Utopia.

—Je connais ce garçon, dit-il.

—Vous en êtes sûr ? demanda Kathleen tout en tournant la tête vers lui.

—Absolument. Il s'appelle Jo et était présent à Wattrem il y a trois ans.

Le docteur Rathburn ainsi que le chef de la sécurité étaient familiers de cet incident. Hal leur en avait parlé. Il se souvenait de cet événement comme s'il avait eut lieu la veille. Ce jour-là, il eut peur que la jeune Leslie, perde la vie. Il ne se l'aurait jamais pardonné. C'est d'ailleurs en faisant surveiller cette dernière qu'il avait découvert l'existence de Jo. Et c'est depuis l'événement de Wattrem qu'il avait également des soupçons sur la possible présence de son ancien ami paranormal utopien, ici sur Exotis. Même si en trois ans, il n'en avait pas obtenu de preuve formelle.

—C'est donc lui qui a volé l'armure X. Passez moi la vidéo complète.

—Oui monsieur. Bien sûr.

Ross indiqua à Hal l'écran sur lequel la vidéo allait être passée. Le Dragon se plaça alors en face de l'écran, après quoi la séquence fut lancée.

—Regardez comment il observe l'armure... C'est comme s'il l'avait déjà vu avant même d'entrer dans cette salle, dit Hal impressionné.

—Mais c'est impossible, dit Kathleen, qui ignorait, comme tous les autres, que son employeur s'était inspiré de l'armure que portaient un groupe de mercenaires utopiens, les commandos MOCH. Comment c'est possible ? Quelqu'un d'ici a dévoilé des infos sur l'armure ?

—Voilà qui est intéressant, poursuivit le Dragon en continuant de regarder la vidéo et sans tenir compte des remarques de sa collaboratrice.

Hal avait des soupçons concernant l'origine de ce jeune garçon. Depuis qu'il connaissait son existence, il s'était toujours demandé s'il ne venait pas, lui et sa petite bande, d'Utopia. La façon dont il se comportait face à l'armure lui en avait presque donné confirmation. Cependant, même si le garçon semblait connaître les Commandos MOCH, ça n'expliquait pas comment il avait entendu parlé de l'armure X ni comment il avait obtenu sa localisation exacte. Sur ce point, Kathleen avait sûrement raison. Quelqu'un avait certainement vendu des informations voire même donné gratuitement les renseignements quant à l'endroit où elle se trouvait. Hal soupçonnait le gendre de Hirsch ou Hirsch lui-même d'y être pour quelque chose là-dedans. Mais il ne savait pas comment s'y prendre pour le prouver. En attendant, il devait cacher ses soupçons puisque l'un de ses deux suspects était présent avec lui dans la salle.

—Je crois que nous avons trouvé le bon candidat, dit le créateur de l'armure X à Harlan qui tourna la tête vers lui en fronçant les sourcils.

—Mais voyons, même si vous semblez avoir déjà entendu parler de ce garçon, vous ne le connaissez pas. Je veux dire... Qu'est-ce qui vous dit qu'il en est digne.

Hal Damon se tourna à son tour vers son interlocuteur pour lui répondre d'un ton solennel :

—Je le sais, c'est tout.

—Mais c'est insensé. Il a quoi... quinze ans ? Seize tout au plus... Vous n'allez pas confier cette armure à un gamin ?

Harlan semblait agir comme s'il était vraiment furieux à propos du vol de l'armure. Peut-être était-ce vraiment le cas. Il n'était peut-être pas à l'origine de cette "fuite".

—Non. Bien sûr que non, répondit le paranormal. Je ne lui ait pas vraiment "confié" l'armure. C'est lui qui est venu la chercher. Disons que je la lui laisse pour le moment. À nous maintenant de retrouver sa trace et de le surveiller afin d'être certains qu'il en soit "digne", comme vous dîtes.

L'ex-militaire qui, il y a encore quelques jours recherchait des profils de personnes susceptibles de porter cette armure, se mit à rire.

—Ecoutez monsieur Damon. J'ignore ce que vous vouliez faire de cette armure, quel rôle son porteur aurait eu à vos yeux, vous ne m'en avez jamais parlé. Mais vous croyez sérieusement que ce garçon pourrait tenir ce rôle ?

—Nous le saurons. Mais pour ce que j'en sais de lui, il en est tout à fait capable. Peut-être pas aujourd'hui. Mais dans un futur proche. Et c'est pour ça que je vous ordonne de ne pas lui nuire. Nous devons le retrouver afin de le surveiller, de garder un œil sur l'armure. Mais en aucun cas, nous devons lui reprendre cette armure. Est-ce que c'est bien clair ?

—Evidemment, répondit Kathleen.

Harlan Hirsch resta quant à lui, muet. Le Dragon se tourna vers lui attendant qu'il se manifeste. Qu'il lui dise qu'il ne fera rien pour nuire au garçon.

—C'est d'accord, finit par dire l'ex-militaire. J'espère que vous avez raison et que vous n'êtes pas en train de faire une connerie.

Hal se posait également la question. Est-ce qu'il avait raison ? Ou est-ce qu'il était en train de faire une "connerie" ? Pour lui, Jo était capable de tenir ce fameux rôle qu'il tenait encore secret. Après tout, il avait entendu dire qu'il avait sauvé la vie de Leslie après les événements de Wattrem. Hal ne se l'aurait jamais pardonné s'il était arrivé malheur à la jeune fille. Il avait promis à Kodyn qu'il veillerait sur elle. Il avait fait en sorte que l'un de ses employés Harry Longbriand, puisse l'adopter et continua à veiller sur elle en la faisant surveiller, afin d'être sûr qu'elle ne manque de rien. Mais ces dernières années, il avait été moins vigilant. Leslie avait grandi et avait commencé à sortir seule. Ce qui la conduit à être au mauvais endroit au mauvais moment. Sans l'intervention de Jo et les siens, Leslie ne serait plus. En y repensant, Hal avait comme une "dette" envers le garçon. Il pouvait donc bien lui laisser sa chance.

Mais il savait que ce qu'il venait de dire serait compliqué à mettre en oeuvre. Comment pourrait-il suivre un garçon qui voyageait fréquemment entre Exotis et Utopia ? Certes il pourrait avoir vent de ses actes lorsqu'il se trouverait sur Exotis. Mais tout ce qu'il ferait sur la planète voisine resterait secret pour lui. Et c'est peut-être en ça qu'il était en train de commettre une erreur.

—Mais... il y a autre chose, reprit Rathburn. Votre fille a été en contact avec lui.

—Comment ça ? Elle n'était pas enfermée dans sa chambre lorsque ça s'est passé ?

—Si... bien sûr. Mais... lorsqu'il fuyait, ce... Jo, est passé à côté de la chambre de votre fille. Et d'après les caméras, c'est elle qui aurait en partie facilité sa fuite en lui indiquant le chemin à prendre.

Hal réfléchit quelques secondes. Le docteur Rathburn avait raison de lui parler de cette "rencontre" entre Cynthia et l'armure X. Elle avait raison de s'en inquiéter. Après avoir vu l'armure ainsi que les hommes de la sécurité tenter de l'arrêter, elle avait sûrement compris que l'intrus venait de l'extérieur du Refuge. Et que par conséquent, si n'importe qui pouvait s'y introduire, elle n'y était probablement plus en sécurité. Il devait lui montrer que c'était toujours le cas.

—Vous n'aviez pas une séance de "bilan" à faire avec elle aujourd'hui ?

—Oui, c'est exact, répondit Kathleen qui ne voyait pas où son employeur voulait en venir.

—Faites la. Ne lui parlez pas de ce garçon. J'irai la voir après votre séance. Pour le moment, faisons comme si rien ne s'était passé. Montrons lui que nous maîtrisons la situation et que cet incident était quelque chose qui ne se reproduira pas.

—Bien monsieur.

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