Chapitre 2

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Après le test, Hal était retourné dans son bureau. Le complexe, ce "refuge" dans lequel il cachait Cynthia n'était pas le siège de son entreprise, mais une pièce lui était tout de même réservé. Il était assis face à un écran d'ordinateur. Il avait ressorti un enregistrement vidéo datant de septembre 2008. C'était à peu près la période à laquelle sa fille avait commencé à faire ce fameux cauchemar. Sur cette vidéo, Cynthia était dans la salle d'interrogatoire, celle-là même où il venait de voir sa fille quelques dizaines de minutes plus tôt avant qu'elle n'aille réaliser le test. À chaque fois qu'elle y passait, tout ce qu'il s'y déroulait était enregistré. Ainsi, sur cette vidéo, Cynthia était face au docteur Rathburn qui lui avait demandé de décrire son cauchemar. Hal se souvint qu'il était derrière cette vitre blindée et teintée, où il avait l'habitude d'être lors de ces moments-là, à écouter ce que disait sa fille. Ce qu'elle décrivit ce jour-là lui avait glacé le sang. Aujourd'hui encore, il s'en inquiétait.

— Alors... Est-ce que tu veux me parler de ce cauchemar ? Est-ce que tu veux bien me le raconter ?

La jeune fille resta sans réponse.

— Bon, reprit Rathburn en ouvrant un carnet. C'est pas grave.

— Papa m'a dit que ce n'était qu'un mauvais rêve. Mais je pense qu'il a tort.

Rathburn tourna la tête vers Cynthia en fronçant les sourcils et en refermant son carnet.

— Je pense, reprit Cynthia, qu'ils sont vrais.

— Vrais ? Pourquoi est-ce que tu crois qu'ils seraient vrais ?

— Je ne sais pas... Mais j'ai l'impression qu'ils le sont.

— Raconte-les moi.

Je suis dehors, comme sur les photos que vous m'avez montrées. Dans une ville. Tout est détruit, il y a des gens qui courent en criant. Ils crient beaucoup de choses différentes. Ils courent pour échapper à des monstres.

— Des monstres ?

— Oui.

Quels genres de monstres ?

— Il y en a plein. Je... Je ne les ai pas bien vus, mais d'autres personnes utilisaient des armes. Comme celles des gardes. Je ne sais pas ce que c'était. Mais ça faisait du bruit et ils pensaient pouvoir faire fuir les monstres avec. Mais ils n'y arrivent pas. Les monstres sont trop forts et continuent d'avancer. Dans la ville il y a du feu et du sang partout.

— Du sang ?

— Oui... Partout dans la ville, on marche dans le sang.

C'était cette phrase qui avait le plus marqué Hal. C'est celle-ci qui lui fit comprendre l'horreur que sa fille avait pu voir dans ce cauchemar.

— Et toi ? reprit Rathburn. Tu étais dans ce cauchemar ?

— Oui. Mais personne ne me voit. Même les monstres ne me voient pas. Je marche dans la ville, c'est tout.

— Et comment se termine ton cauchemar ? Tu t'en souviens ?

— Tout le monde meurt. Mais je continue de marcher. Et après, il y a... il y a...

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne t'en souviens plus ?

— Il y a...

— "Une grosse explosion..." compléta Hal, en fermant la vidéo.

Cette phrase n'était pas enregistrée. Tout simplement parce que Cynthia ne l'avait pas dite. Du moins pas oralement. Selon Kathleen, c'était ce que qu'elle lui aurait dit par télépathie, après qu'elle lui eut posé la question.

Au départ, Hal n'avait accordé aucune importance à ce cauchemar. Il avait simplement dit à sa fille qu'il ne s'agissait que d'un "mauvais rêve", que ça arriverait parfois. C'est la récurrence du cauchemar qui quelques mois plus tard, l'avait poussé à le prendre au sérieux. Il s'était dit qu'il était possible que sa fille avait pu voir l'avenir. Mais quel avenir ? Elle mentionnait la présence de monstres. Les monstres dont elle avait parlé, n'existaient pas sur Exotis. Mais peut-être existaient-ils sur Utopia ? Aurait-elle pu voir l'avenir d'Utopia ? Ou était-ce simplement un cauchemar tellement traumatisant qu'il lui arrivait de le refaire encore et encore ?

Le PDG de Rising Drake ne savait pas trop quoi en penser. Pour lui il s'agissait de la dernière option. Mais ça l'intriguait de voir sa fille aussi apeurée devant ce cauchemar. Et lui aussi avait ses craintes à propos de ce dernier. Car même s'il pensait qu'il ne s'agissait que d'un mauvais rêve, une partie de lui avait peur qu'il ne s'agisse d'une vision de l'avenir d'Exotis. Auquel cas ces "monstres" viendraient d'ailleurs. Des aliens en somme. Ce qui lui donnait une raison de plus pour accélérer la production d'armes capables de repousser ce genre de menace.

Soudain, son téléphone portable, posé sur le bureau, se mit à vibrer. Hal le saisit et reconnut le numéro. Il s'agissait du lycée de son fils. "Tobias a encore fait parler de lui", pensa t-il avant de décrocher.

— Monsieur Damon, j'écoute.

— "Monsieur Damon, c'est le lycée Calvin Devos, commença une jeune femme au téléphone. Excusez moi de vous déranger. Je vous appelle pour vous dire que Tobias s'est encore une fois fait exclure du cours d'EPS."

— Qu'est-ce qu'il a encore fait ?

— "Il s'est battu avec un autre garçon de sa classe. Ils se sont tous les deux fait exclure et ont eu deux heures de retenue".

— Je comprends. J'en parlerai avec lui ce week-end. Merci d'avoir appelé.

— "De rien, monsieur Damon. Bonne journée".

— Bonne journée.

Après avoir raccroché, Hal se leva de son bureau et glissa son portable dans la poche droite de son pantalon avant de se diriger vers la porte. Ces dernières années, avec la naissance de Cynthia, la mort de sa femme, le projet X et l'incident de Wattrem, il était conscient d'avoir un peu délaissé son fils. Le weekend arrivait, et il ne pouvait pas rester là, dans ce complexe. Il décida d'aller le passer chez lui, auprès de Tobias. Mais avant ça, il devait retourner voir sa fille.

Lorsqu'il arriva à l'entrée de la chambre de cette dernière, six gardes étaient postés. Ces derniers s'écartèrent pour laisser passer leur employeur. Lorsqu'il entra dans la chambre, Hal ne fut même pas surpris de voir sa fille assise au sol en train de dessiner. Au vu du nombre de feuilles étalées par terre, elle venait de réaliser une bonne dizaine de dessins. Des dessins très enfantins.

Lorsqu'elle vit son père, la petite fille cessa ses activités pour se diriger vers lui.

— J'ai réussi le test tout à l'heure, fit-elle.

— Je sais ma chérie. Je sais. Je t'en félicite.

— C'est pas pour ça que tu viens ?

— Je vais m'absenter quelques jours.

— Encore... Mais tu quittes encore le refuge ?

— Oui, répondit timidement Hal. Je suis obligé tu comprends ?

— Oui... je sais. Tu fabriques des armes pour rendre le monde meilleur. Pour le sauver, dit Cynthia comme s'il s'agissait d'une phrase qu'on lui avait dite et qu'elle récitait.

— Oui c'est ça.

— Mais... Quand ça sera fait... Tu m'emmèneras avec toi ?

— Oui Cynthia... je te le promet.

La petite fille sourit.

— Durant mon absence, reprit son père, je veux que tu sois sage, d'accord ? Tu feras tout ce que le docteur Rathburn te diras de faire.

"De toute façon, ils sont trop faciles ses tests", lui répondit Cynthia par télépathie.

— Je t'aime ma chérie, fit Hal avant de se retourner pour se diriger vers la porte de la chambre.

— Six, fit la petite fille.

Hal s'arrêta et tourna la tête vers elle.

— Les gardes, reprit la paranormale. Ils sont six.

Son père esquissa un sourire avant de reprendre la marche.

— Sois sage, Cynthia. Je reviens bientôt.

La petite paranormale garda le sourire jusqu'à ce que son père soit sortit de la chambre. Après quoi, le sourire se gomma de son visage et laissa place à une mine plus triste. Elle retourna ensuite s'asseoir au milieu de ses feuilles et de ses crayons puis recommença à dessiner tout en chantant des comptines pour enfants.

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