Chapitre 30

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Chapitre 30


  Ses bras s'ouvrent en grand, et il me fait signe de venir contre lui. Je m’exécute le cœur palpitant, et nous nous donnons une accolade amicale plutôt virile, ponctuée de petites tapes dans le dos. Il ne me serre pas dans ses bras tel que je pourrais le désirer, mais je suis contre lui et je me sens bien.

  J'aurais voulu que cette étreinte dure, j'aurais tant aimé déposer un baiser sur sa joue rougie par le froid et l'effort.


  Il se lève et me propose de repartir. Je le suis et nous rejoignons la rue où se trouve ma maison après quarante bonnes minutes de course. Louis s’arrête et me suggère de faire des étirements, j'en profite pour lui proposer un verre d'eau et une barre aux céréales avant qu'il ne reparte chez lui. J'aurais fait n'importe quoi pour qu'il reste plus longtemps.

  Nous retirons nos chaussures puis j'apporte à boire à Louis qui refuse de s'asseoir de peur de salir la chaise à cause de sa tenue imbibée de transpiration. Tandis que je le raccompagne dehors et que je le remercie pour cette belle sortie, une pensée m'effleure :


– Au fait Lou, j'ai complètement oublié de te rendre les affaires que tu m'as passées à ta fête. Ta chemise est… encore au sale, mais je peux aller te chercher ton bracelet.

– Oh, ça peut attendre. Et tu sais quoi, le bracelet, tu n'as qu'à le garder. Il te va mieux à toi qu'à moi.

– Mais tu m'avais dit que c'était un de tes préférés, tu es sûr que…

– Oui oui ça me fait plaisir de t'en faire cadeau.


  Je dévoile un sourire radieux, son cadeau me touche bien plus qu'il ne l'imagine. Et puis pour la chemise, je me fais à l'idée de la lui rendre.

  Louis repart en me saluant d'un geste de la main, puis il s'élance tel un athlète toujours en quête de performance.

  Avant le repas, il est impératif que je prenne une bonne douche. Je constate à l'odeur que j'ai bien transpiré. Mum ne devrait pas tarder à rentrer et Jonas est en train de faire ses devoirs. Je compte bien savourer cette douche à ma façon : après l'effort, le réconfort !


  À 13:30, Mum conduit Jonas à sa fête d'anniversaire. Je profite de cet instant pour humer une dernière fois la chemise de Louis dont l'odeur s'est peu à peu dissipée, puis je me résous à la mettre dans la machine à laver que je remplis avant de lancer le programme, puis je me dirige vers le meuble de salle de bain où se trouve le bracelet de Louis. Je le saisis et observe avec attention les vingt-quatre petites pierres de lave de couleur anthracite, puis je décide de le mettre à mon poignet droit.

  Mum est de retour, elle me demande de venir un instant. Cela me surprend, alors je m’exécute sans la faire attendre. Elle me dit de m'asseoir à côté d’elle sur le canapé, je devine à son sourire légèrement forcé que la conversation ne va pas me plaire. Après quelques minutes de discussion sur le lycée, sur mon intégration et sur d'autres sujets scolaires, Mum me demande de lui parler de Léonor.


– Comment ça, Mum ?

– C'est une jeune fille charmante et vous passez beaucoup de temps ensemble, alors j'aimerais apprendre à la connaître. Pourquoi tu ne l'inviterais pas un jour pour le repas ?

– C'est une très bonne idée Mum, mais tu sais, Léo est une amie. Ça ne va pas plus loin.

– Oui d'accord mon grand, de toute façon ça ne me regarde pas, mais j'aurais aimé qu'on ait une conversation. Ton frère n'est pas là pour laisser traîner une oreille, alors j'aurais aimé qu'on profite de ce petit temps à deux pour parler de sexualité.


  Oh non. Tout mais pas ça. Bien sûr je comprends la démarche de Mum, j'ai bientôt 17 ans et elle me voit proche d'une fille, alors quoi de plus normal qu'une conversation sur la contraception et le « reste ». Si elle savait.


– Euh, Mum je n'ai pas tellement envie de parler de ça, et on a des cours à l'école, alors…

– Oui bien sûr, mais j'aimerais quand même que tu saches que…


  J'écoute Mum sans rien dire, mon regard fuit le sien et mes joues s'empourprent à mesure qu'elle partage avec moi ce « moment privilégié ». L'anatomie féminine ne m'a jamais attiré, et je crois que grâce à Mum, c'est devenu définitif. Après une série de détails dont je me serais passé, je décide de mettre fin à cette conversation en prétextant une montagne de devoirs pour lundi. C'est une excuse banale mais qui fonctionne. Mum m'embrasse sur le front en me disant qu'elle est là si j'ai des questions, puis je la remercie. À aucun moment de la conversation je ne me suis dit que pour elle aussi, ça ne devait pas être un sujet facile à aborder.

  Je monte dans ma chambre en hâte, puis je saisis mon sac de cours pour en sortir mes affaires de sciences physiques. Alors que j'ouvre mon cahier, je vois un petit morceau de papier plié en tomber.

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