Chapitre 17

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Chapitre 17

  D'autres convives pénètrent dans le grand salon, je reconnais un garçon de ma classe et deux autres de celle de Louis. Les conversations et les rires se retrouvent vite couverts par le son d'une musique rythmée et entêtante. Le carillon retentit à nouveau annonçant l'arrivée de quatre nouvelles personnes, dont Elvira. Nous sommes alors une quinzaine lorsque Louis nous signale que tout le monde est arrivé. L'un des amis de sa classe lève sa bière fraîchement ouverte et dit :

– Joyeux anniversaire Lou !

  Nous l'imitons tous en levant nos verres, et dans un brouhaha festif, nous célébrons la majorité de Louis.

  Je m'autorise à boire une bière blanche à la framboise. Je ne suis pas très amateur, mais je la savoure en ignorant les effets que l'alcool aura éventuellement sur moi. Des petits groupes se sont formés, certains discutent, d'autres boivent et mangent. Je remarque qu'Hugo et Elvira sont toujours très proches. Léonor va de groupe en groupe comme si elle connaissait tout le monde, puis elle revient vers moi pour me proposer d'aller chercher des bretzels.

– Alors Nate, ça va tu t'amuses ? dit-elle alors qu'elle saisit une généreuse poignée de bretzels.

– C'est sympa oui, tout le monde a l'air content. En fait, c'est la première fois que j'assiste à une fête, lui confie-je.

  J'ai quelques rares souvenirs de fêtes, racontés par ma grande sœur Estelle. Elle me narrait les exploits accomplis en matière de litres de bière ingérés dans les pubs anglais, et comment de parfaits inconnus en début de soirée pouvait devenir des amis quelques heures plus tard.

  Tandis que nous buvons et mangeons, mes yeux se posent sur les différents groupes autour de nous. Hugo et Elvira sont toujours l'un avec l'autre. Elle semble regarder Hugo avec la même intensité qui m'anime lorsque je regarde Louis. Hugo quant à lui ne paraît pas remarquer ce que ses yeux veulent lui dire, alors qu'il essaie constamment d'attirer son attention en faisant le pitre. C'est pourtant si évident à les voir ainsi, Léonor a raison : ni l'un ni l'autre n'osent faire le premier pas. Mais pourquoi ? Ils sont normaux, eux. Tout pourrait être si simple.

  Perdu dans ma réflexion, je ne remarque pas la tache que je viens de faire sur ma chemise en renversant maladroitement le fond de ma bière. C'est pas vrai ! Léonor lève la tête des différents assortiments de pizzas et de quiches, et me regarde en haussant un sourcil.

– Pourquoi ça ne m'étonne même pas, dit-elle en secouant la tête. Attends on va la faire sécher.

  Elle se saisit d'une serviette en papier et c'est à ce moment que Louis s'approche et nous demande :

– Alors tout va bien pour le moment, vous vous amusez bien ? Nate, tu as pu manger quelque chose que Léo n'a pas encore goûté ? dit-il en la taquinant.

  Il se rapproche de moi en fixant la tache sur ma chemise, puis il me fait signe de le suivre à l'étage.

– Je vais te filer quelque chose de sec, viens on va dans ma chambre.

  Je m’exécute et le suis jusque dans les escaliers en bois sombre. Il me précède et tandis que nous montons, mes yeux se posent sur sa silhouette de dos, et je me remémore son short de course épousant parfaitement ses formes ravissantes. Ça ne va pas de penser à ça maintenant ! C'est certainement l'effet de l'alcool, essaie-je de me convaincre en sachant pertinemment qu'une bière fruitée ne pouvait pas causer une telle désorientation.

  Nous entrons dans une vaste pièce aux couleurs ternes. Les murs sont couverts de posters de films, séries, jeux vidéos et d'un gigantesque polyptyque sur toile dépeignant Londres, plus particulièrement le quartier de Soho avec le Palace Theatre que je reconnais immédiatement. Des taxis noirs et un double-decker surplombent une foule pressée. Un sentiment de nostalgie s'empare de moi à la vue de cette œuvre suspendue au-dessus du lit de Louis. Je me surprends alors à respirer avec un certain plaisir les odeurs de sa chambre, ses odeurs à lui. Louis jette un œil à ma chemise en souriant, l'air moqueur. Il me dit alors :

– Vas-y prends ce que tu veux. On fait à peu près la même taille alors ça devrait aller.

  Il ouvre les deux portes de son armoire et me fait signe de choisir. Ses vêtements sont proprement rangés et son armoire dégage un parfum frais de lessive qu'immédiatement j'associe à Louis. Mes yeux se posent sur ses chemises mais également ses sous-vêtements. Je me reconcentre et saisis la première chemise noire que j'hésite à enfiler devant lui. Il comprend ma gêne et se tourne immédiatement le temps que j'enfile ce vêtement. Pourquoi n'est-il pas simplement sorti ? Je boutonne méthodiquement chaque bouton et je frotte les manches de sorte à soigneusement couvrir mes poignets. J'aime la sensation de porter un vêtement qui vient de lui … et avoir son odeur sur moi.

– C'est bon Lou, je te remercie.

– T’inquiète Nate c'est normal. Je pouvais pas te laisser comme ça. Mais attends … je vais te montrer quelque chose avant qu'on y retourne.

  Il s'approche doucement de moi, puis il saisit délicatement ma main droite.

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