Chapitre 10

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Chapitre 10

  J'ai eu du mal à trouver le sommeil. Mes pensées semblent s'organiser, mais elles restent nombreuses et confuses. J'ose à peine mettre des mots sur ce que je commence à réaliser, sans ignorer certaines questions qui d’habitude se bousculent puis se lassent de ne trouver aucune réponse. Ce n'est pas la première fois que je trouve un garçon attirant, mais jusqu'alors je me disais que c'était passager, ou juste une question d'hormones incontrôlables. Est-ce normal pour un garçon de trouver un autre garçon beau ? Bien sûr je pense à Louis en disant cela. Est-ce normal que je sois attiré par Louis ? Ce n'est certainement pas de l'amour, mais j'aime être avec lui et le regarder.

  Je suis trop confus et fatigué pour réfléchir, je sais simplement que ce soir, j'ai commencé à accepter cette part de moi que je refoulais ou ignorais jusqu’alors.

  La matinée au lycée se passe tranquillement. Je découvre les cours de français et d'espagnol, qui me fascinent. Les langues sont tellement intéressantes, bien plus que les exercices donnés par Monsieur Edgar. Même s'il est un enseignant passionné, je n'arrive pas toujours à saisir l'utilité et le sens des formules qu'il nous donne. Avant la pause de midi, Léonor me demande de la suivre. Elle m’emmène dans un endroit isolé et me dit :

– Écoute Nate je suis vraiment désolée pour hier, je me suis rendue compte que je t'ai mal parlé et que je ne n'aurais pas dû. Tu sembles malheureux depuis que tu es ici et je sens que quelque chose ne va pas, je pensais qu'en étant franche avec toi je t'aiderais. Excuse-moi, ajoute-elle lentement, les yeux embués.

– Ça va Léonor, je t'assure. Je ne t'en veux pas.

– Tu sais, j'ai tendance à vouloir surprotéger mes amis, mes parents me disent que si j'avais eu des frères et sœurs j'aurais été un cauchemar ambulant pour eux.

  Léonor me fait sourire, et elle voit à mon visage que je ne lui en veux pas. Elle ouvre alors les bras et me fait signe de venir pour m’étreindre. Que c'est bon d'avoir une amie.

  Les autres nous voient arriver tous les deux, et nous nous dirigeons vers notre table habituelle. Hugo qui est déjà assis nous lance un sourire en coin et un clin d’œil suspicieux. Léonor lui répond par un regard noir, et il baisse les yeux, tel un jeune enfant qui se fait réprimander par ses parents.

  Nous projetons une autre sortie à Nancy pour la semaine prochaine, tandis qu'Hugo s'amuse à mimer la prof d’espagnol et se lève pour imiter des pas maladroits de flamenco qui rendraient malade n’importe quel professeur de danse. Ça ressemble plus à une caricature qu'autre chose, mais j'éclate de rire en le voyant et mes camarades se retournent vers moi. Hugo aussi semble surpris de m'entendre rire et s’arrête dans son imitation. Louis dit en souriant :

– Et moi qui commençais à me demander si les anglais savaient rire.

  Hugo se rassoit, et nous finissons de manger dans une bonne humeur partagée. Je m’apprête à finir mon verre lorsque Léonor me tend un petit paquet. Elle me dit :

– Oh attends attends ! C'est pour toi, c'est ton cadeau de bienvenue.

  Je rougis et la remercie, j'ouvre maladroitement le paquet et je découvre une paille en plastique rouge transparent pour enfant qui fait des spirales et des loopings.

  Je comprends immédiatement à quoi ce cadeau fait allusion et nous rions tous. Que c'est bon.

  Les cours de l'après-midi s'achèvent sous une pluie torrentielle, j'attends Jonas pour rentrer avec lui. Louis me rejoint à la grille, la capuche de son sweater protégeant sa chevelure blonde de cette météo qui me rappelle un peu l'Angleterre.

– Hé Nathan, je voulais juste te rappeler que comme demain on a EPS, tu as intérêt à te préparer pour notre petite compétition. Souviens-toi, un gage au moins bon coureur ! dit-il les yeux pétillants.

– Ah oui …

  J'avais oublié cet accord entre nous, ça m'apprendra à ne jamais rien répondre quand on me parle. Quel gage pourrait-il me donner ? pense-je, défaitiste. Je contemple son visage où quelques gouttes d'eau perlent le long de son nez. Un sursaut d'optimisme m'envahit sans que je ne comprenne pourquoi ; je m'autorise à entrevoir la victoire. Et si je gagne ?

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