Chapitre 9

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Chapitre 9

  Le repas se passe dans le calme. Mum travaille beaucoup, et malgré la fatigue, elle trouve l'énergie d'écouter les histoires aux infinies digressions de mon petit frère. Jonas est fier de nous dire qu'un de ses copains l'avait appelé « gros » et que cela était un signe d'affection en Lorraine. Ma mère continue de l'écouter en souriant. Quelle patience, me dis-je impressionné. Il explique qu'on peut aussi l'appeler « le Jonas ». Il est tellement volontaire pour s’intégrer, je devrais peut-être en prendre de la graine.

– Et toi mon grand, tu m'as dit que tu es allé à Nancy avec tes nouveaux amis. Tu as fait quoi de beau ?

– Nous sommes allés à la place Stanislas et à la Pépinière, on s'est installés dans le parc pour discuter.

– Tu leur as raconté ce qu'il t'est arrivé ? demande Mum avec un air sérieux tandis que Jonas baisse les yeux.

– Non, ils ne savent rien pour mes agressions, et je fais attention dans les vestiaires de ne pas montrer mes cicatrices.

– D'accord mon grand. Je ne veux juste pas que ça recommence, dit-elle la mine triste. Les ados sont parfois cruels et le mieux c'est de se faire tout petit, tu ne crois pas ?

– Oui Mum, lui dis-je en repensant au sermon de Léonor me conseillant d'être plus à l'écoute de mon instinct.

  Le repas s'achève sur une note un peu triste que Jonas dissipe par une énième découverte lexicale :

– Vous savez qu'un sac de courses, ben ici c'est un « cornet » ? Comme pour les glaces !

  Je file prendre ma douche, et je regarde machinalement mon corps apparaître dans le miroir de la salle de bain à mesure que je me déshabille . Mes cicatrices me rappellent quotidiennement ce que j'ai vécu à Canterbury, mais je fais semblant de ne pas les voir.

  L'eau chaude coule le long de mon corps, c'est une sensation agréable qui me donne envie de lâcher prise. Mon esprit ravive l'image de la silhouette imposante d'Hugo aperçue plus tôt, puis le visage de Louis m’apparaît. Son sourire radieux et son regard bleu azur si pétillant me procurent une sorte de fascination inexplicable.

  Je sors de la douche une dizaine de minutes après, enveloppé dans une grande serviette de bain. J'observe longuement mon reflet dans le miroir couvert de buée, perdu dans le vague. . J'essaie de comprendre cet étrange ressenti qui m'habite, puis les mots de Léonor refont surface et mes pensées s'articulent.

  Il serait peut-être temps que j’arrête de me voiler la face. Ce n'est pas sans raison si j'ai rejeté Abigail en Angleterre. Et depuis que j'ai rencontré Louis, il me fait ressentir des choses que je n'ai jamais connues … que je n'arrive pas à comprendre. Mais pourquoi je me suis senti mal lorsque je l'ai vu si proche de Marie ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

  Mon visage est encore humide. Sont-ce les quelques gouttes d'eau restantes de ma douche ou des larmes qui sillonnent mes joues ?

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