Chapitre 2

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Chapitre 2

  Je suis tellement surpris que j'en sursaute, et dans la violence de mon geste, mon poignet heurte le mur et je fissure le verre de ma montre.

– Oh ben merde ! Je suis désolée, je ne voulais pas te faire peur ! Tu ne t'es pas fait mal ?

  Une jeune fille à la silhouette plantureuse et à la chevelure noire s'approche de moi. Sa voix est douce et je perçois un léger accent qui n'est pas propre à la région. J'esquisse une réponse :

– Ça va, c'est moi qui suis désolé de cette réaction. J'ai juste un peu abîmé ma montre, j'ai toujours été très maladroit.

– Tu es nouveau à Sainte Marthe, non ? C'est la première fois que je te vois.

– Absolument, lui réponds-je, soulagé d'avoir esquivé sa première question. Je m'appelle Nathan, mais tout le monde m'appelle Nate. J'arrive d'Angleterre.

– Je trouvais que tu avais un accent, je comprends mieux ! Tu vas bien tu es sûr ? Je veux dire, avant que je te fasse peur, tu semblais …

  J'essaie d'esquiver à nouveau la question par un stratagème que je connais bien : faire parler les personnes d'elles-mêmes ; rien de mieux pour noyer une conversation que l'on souhaite éviter.

– Oh oui ça va, d'ailleurs, je ne connais même pas ton nom. Et il me semble aussi percevoir un accent dans ta voix ?

– Je m'appelle Léonor, et mes parents sont italiens. Je suis en France depuis bientôt huit ans.

  À mesure qu'elle s'approche, je distingue des reflets rouges sur sa chevelure d’ébène, son teint est légèrement halé et ses yeux bleu marine me parcourent de haut en bas. Je sens qu'elle scrute chaque détail de mon apparence. À 16 ans, je mesure 1,79 m (j’espère un jour atteindre 1,80 m !), je suis plutôt mince et légèrement musclé. Ma peau est claire, j'ai le visage et les traits fins de ma mère, des yeux verts et des cheveux raides de couleur marron. À mon grand désespoir, je suis totalement imberbe, et il arrive souvent qu'on me confonde avec un pré-ado, ce qui parfois me désespère. Léonor poursuit :

– Je suis née et j'ai grandi à Rome. Mon père a été muté dans la région pour le travail, il est militaire. Je me plais bien à Sainte Marthe, j'y ai fait mon collège et ma Seconde. Je suis en Première B, et toi ?

  Je constate que Léonor est bavarde, cela me sauve, ravi de ne pas avoir à me justifier devant elle. Je lui réponds :

– Moi aussi. Je ne connais personne cependant, et c'est un peu stressant, tu sais …

  Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase qu'elle ajoute en souriant :

– Si, tu me connais moi maintenant.

  Je ressens une profonde bienveillance et une certaine sincérité de sa part qui me rappelle ma grande sœur, Estelle, qui habite en Espagne et que je vois très rarement. Léonor me fait oublier un instant mon anxiété, et nous échangeons quelques mots.

  Du bruit se fait alors entendre à l'autre bout du couloir, des silhouettes approchent dans un joyeux brouhaha. Léonor jette un œil en direction du groupe qui s'avance vers nous. Sa bouche révèle des dents majestueusement blanches qui font oublier une légère asymétrie.

  Elle salue le groupe, ils semblent tous se connaître, je me mets volontairement en retrait. Je commence à faire un pas en arrière lorsque Léonor saisit mon bras et me tire vers le groupe. Je sens mes joues rougir telle une tomate au soleil. Elle me présente :

– Hé les gars, voici Nathan, il est anglais et il ne connaît personne.

  Je sens de nombreux regards se poser sur moi et je parviens à bredouiller un « Bonjour » timide, les yeux baissés. Mes camarades me saluent en retour. Certains reprennent alors leurs discussions, d'autres s'approchent de la salle de cours. L'un des élèves resté près de Léonor me lance :

– Oh chouette l'Angleterre, j'ai toujours rêvé d'aller à Londres. Bon, par contre je parle anglais comme une vache espagnole.

  Je ne peux m’empêcher de sourire en entendant cette expression française que je ne connaissais pas. J’essaie de comprendre cet idiome qui pour moi ne fait pas sens immédiatement en imaginant une vache en train de parler.

  Je me détends et lève les yeux. Je m'attarde sur chacune des trois personnes restées proche de Léonor et de moi. Le premier est un garçon costaud aux cheveux châtains, plus grand que moi et visiblement musclé. La seconde est une fille rousse, très petite et longiligne, avec des lunettes, ce qui lui confère un air sérieux. Le dernier garçon, celui à l’anglais de « vache espagnole » a la peau plus foncée que la mienne, il est assez petit et mince. Son visage est parcouru de quelques tâches de rousseur, et son front est couvert d'une mèche blonde légèrement décoiffée. Ses yeux bleu clair sont posés sur moi.

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