La main délicate de la Providence

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Flavia perdait peu à peu le compte du temps. Des minutes longues comme des siècles étiraient le supplice alors qu’elle était prise entre les deux hommes qui la martelaient, à genoux devant et derrière elle. La brûlure que lui avait vant etinfligée le Boss dévorait toujours son entrejambe, mais sa nuque, sa mâchoire, et ses reins la faisaient également souffrir, sous les assauts brutaux censés provoquer une jouissance bestiale.

Bestiale… c’était le mot approprié, car ils la baisaient comme des animaux, uniquement préoccupés de satisfaire leur propre appétit.

Elle n’était plus qu’un jouet entre leurs mains, deux antres humides qui devaient accueillir les instruments qui la torturaient avec une indifférence qui la blessait peut-être davantage que les à-coups qui la malmenaient. Cependant, être ainsi réduite à un objet faisait croitre, bien malgré elle, un sentiment d’abandon où son esprit abdiquait devant la toute-puissance des sensations qui agitaient son corps.

Le sexe qui heurtait sans répit les tréfonds du sien la meurtrissait moins qu’elle ne le craignait, et elle se surprit à se tendre vers l’homme qui lui éreintait les reins. Elle se haït de cette vile complaisance, quand l’homme se retira avec un râle de contentement. Les contractions incontrôlables de son bas-ventre avaient dû lui arracher ce qu’il recherchait avec tant de frénésie.

Et en effet, elle sentit un liquide visqueux couler le long de sa fente, tandis que la même sensation se propageait dans sa gorge, tiède et amère, par pulsations.

— Avale, sale chienne, lui intima une voix aux accents rauques et cassants.

De toute manière, Flavia étouffait, et sa réaction de déglutition donna bientôt toute satisfaction à l’homme.

Aussitôt, quelqu’un venant de l’arrière bouscula ce dernier, et sortit son membre pour le présenter devant la jeune fille. Ce faisant, il lui releva le menton pour qu’elle le regarde droit dans les yeux.

Flavia découvrit un individu blond d’âge moyen, aux cheveux coupés très courts, et aux pupilles d’un gris acier évoquant de manière frappante celles de Leandro, qui la fixaient. Elle s’absorba dans ce regard intense qui lui rappelait de délicieux souvenirs. Aucun homme n’avait été aussi doux avec elle que Leandro, même s’il l’avait quittée, il l’avait entourée d’une auréole de tendresse qui illuminait son passé.

L’homme ne força pas la bouche de Flavia comme le précédent, il se contentait de la dévisager silencieusement, le sexe découvert face à elle. La jeune fille se sentit emportée par ce regard familier, et avança les lèvres vers le phallus en érection pour l’en enrober de ses lèvres avides. Sans savoir exactement ce qu’elle faisait, elle l’enveloppa de sa langue gourmande comme elle l’avait jadis fait pour le mafieux napolitain, sous les ordres de son capo.

Elle s’abîma dans cette illusion en plongeant dans les prunelles grises, usant de tout son art, jouant sur la succion, léchant de bas en haut la hampe goulument. Captivée par ce mirage, elle ne s’aperçut pas qu’elle avait happé l’attention de l’assistance, dont bon nombre de mafieux qui avaient délaissé leurs compagnes d’un soir pour contempler la performance passionnée de Flavia.

De son côté, l’homme était fasciné par l’émotion qu’elle lui communiquait autant que par son ardeur, un curieux mélange entièrement inédit pour lui. Le sentiment d’être aimé, sa volonté à elle de se consacrer à son plaisir en une délicieuse communion le transportait au-delà de tout ce qu’il avait connu.

Il explosa dans un souffle en déversant sa semence dans la bouche offerte de la jeune fille. Celle-ci accueillit cette effusion de fièvre liquoreuse comme s’il se fut agi d’un témoignage d’amour du colosse aux cheveux argentés. Voulant fait perdurer cette transsubstantiation mystique, elle poursuivait son étreinte, redoublant de caresses pour le maintenir en elle.

Subjugué, le Russe ne parvenait pas à se résoudre à l’abandonner. Cette idée lui devenait de plus en plus insupportable alors qu’approchait le moment où il devrait laisser la place à quelqu’un d’autre.

Non, c’était impossible, il ne la céderait à personne, résolut-il, exalté par la cocaïne dont il avait usé en abondance toute la soirée.

La dévisageant, il lui caressa la joue avec douceur.

Leurrée par le fantôme de son passé, Flavia ne perçut pas l’étincelle de folie qui s’était allumée dans les pupilles de l’homme, de même qu’elle n’avait pas remarqué la menace qui pesait sur elle à travers les dessins à l’encre gravés dans sa peau, araignées, poignards et serpents entrelacés, revendiquant les abus et sévices dont il s’était rendu coupable.

En un éclair, il sortit une lame, obnubilé par le désir de s’approprier pour toujours ce regard qui le couvait avec tant de passion, et l’éleva au-dessus du front de Flavia qui ne réalisa pas le péril pourtant imminent.

Envoûtée, ses yeux semblaient contempler son amour perdu alors que la main qui tenait convulsivement l’imposant Kizlyar, affûté comme un rasoir, s’apprêtait à la frapper.

Subitement, le geste fut arrêté par une poigne de fer, qui effectuant un mouvement de torsion l’envoya au sol, percutant au passage le guéridon de terrazzo.

Le fracas produit par cette violente collision extirpa Flavia de son rêve éveillé et elle se tourna en sursaut vers la source de ce vacarme.

Le Boss s’était levé, et la dominait de sa large carrure, ses fines lèvres arquées témoignaient de son profond mécontentement. C’était là la première émotion qu’elle percevait en lui, lui qui arborait en permanence une façade de parfaite froideur. À sa gauche, le Russe gisait, inconscient, assommé d’un seul coup.

— Ce n’est pas le marché, Volodia, je n’ai pas donné un blanc-seing à tes hommes pour abimer ma chienne. En plus, tu sais très bien que les armes sont interdites ce soir, c’est un grave manquement que d’avoir brisé cette règle fondamentale, martela sèchement le Boss.

Mais le vor n’avait pas bougé d’un pouce devant cette algarade, il demeurait étendu, renversé sur le dossier du canapé, occupé à achever son cigare.

— Tu m’en vois navré, ce n’était pas intentionnel car j’avais donné des instructions très précises à mes hommes concernant la conduite à tenir ce soir. Il t’a manqué de respect, et il l’a fait également envers moi en me désobéissant. Sois certain qu’il sera puni comme il se doit, répliqua-t-il d’un ton égal en claquant des doigts.

Deux gorilles surgirent de la pénombre, presque surnaturellement, sembla-t-il à Flavia, et soulevèrent l’homme par les aisselles, puis le tirèrent vers une porte dérobée située près de celle de l’office. Nul doute que le sort qui lui était destiné serait des plus cruels et sans aucun doute fatal, si l’on considérait que le châtiment qu’il avait suggéré au Boss était le plus doux qui lui était venu à l’esprit.

Flavia avait appréhendé cette scène le souffle coupé, retenant sa respiration d’avoir entraperçu la profondeur du précipice où elle avait failli sombrer. Une nausée irrépressible la secoua et elle porta la main à la bouche pour la réprimer. Mais elle ne parvenait pas à calmer le soulèvement saccadé de sa poitrine qui suffoquait et se pencha pour le contraindre en se recroquevillant sur elle-même.

Alors qu’elle restait prostrée dans cette position, une douce main vint s’interposer entre les siennes pour l’inviter à se redresser. Puis, elle lui entoura les épaules de son bras rond comme celui d’une déesse.

C’était Maddalena, qui après avoir rapidement rajusté sa robe, l’entraînait loin du lieu de son supplice. Flavia, comprenant qu’elle agissait en amie, par compassion ou peut-être par pitié, la suivit sans opposer de résistance. En quittant la pièce, obnubilée par le brasier qui dévorait toujours son entrejambe, elle ne perçut pas le visage crispé du Consigliare. Celui-ci ne parvenait pas à dégager sa main de la poche intérieure de sa veste, le buste penché vers l’avant. Mais voyant Flavia hors de danger, il attira contre lui la jolie blonde qui l’accompagnait pour dissimuler ce mouvement qui aurait trahi la présence de l’Apache sur son flanc.

Sous les yeux ébahis de l’assemblée, les deux femmes sortirent précipitamment de la salle de réception pour s’engouffrer dans les vestiaires où la jeune fille avait déposé ses vêtements.

Maddalena l’appuya sur la paroi glacée d’un miroir pour s’assurer qu’elle avait bien regagné sa pleine conscience.

— Comment vas-tu ? Pourquoi n’as-tu pas réagi quand il a voulu te poignarder ? Est-ce que tu as pris quelque chose ? Est-ce que tu veux que je t’amène un verre d’eau ? l’interrogea-t-elle fébrilement.

Flavia leva ses yeux vers elle devant cette avalanche de questions, la retenue distinguée de Maddalena avait disparu, elle avait l’air de s’inquiéter sincèrement pour elle, pensa-t-elle. Et l’envie de s’en remettre à elle la prit, irrésistible.

Elle esquissa donc un geste négatif de la tête, ses forces l’avaient abandonnée, et elle glissa contre la poitrine voluptueuse de la prostituée.

— Hé! Ressaisis-toi… Je vais t’emmener chez moi… mais d’abord, j’ai besoin de ton aide. Où sont tes vêtements ? Peux-tu te rhabiller toute seule, ou veux-tu que j’appelle de l’aide ?

De l’aide… l’idée insupportable d’un mafieux touchant à nouveau son corps lui traversa l’esprit... Non, elle ne pourrait le tolérer, elle en avait la nausée d’avance.

Pour éviter ce répugnant contact, elle se ressaisit et atteignit péniblement le placard où étaient disposées ses affaires, puis enfila sa culotte et sa robe. Elle se contenta de saisir les talons de ses escarpins, et fit un signe à Maddalena pour lui signifier qu’elle souhaitait quitter cet endroit le plus vite possible.

Celle-ci sortit sans attendre de son corsage un minuscule téléphone et appuya simplement sur une touche, puis le rangea où elle l’avait pris. Pour prévenir une éventuelle défaillance de sa compagne, elle l’étendit sur un des sofas qui tenaient le centre de la pièce, puis lui passa le pouce le long de la ligne des cheveux jusqu’aux tempes en un lent va-et-vient pour la rasséréner. Ce massage suave fit bientôt effet, et Flavia ferma les yeux pour laisser l’onde de bien-être détendre son corps tétanisé.

Alors qu’elle regagnait enfin son état normal, un homme passa la tête par la porte d’entrée.

Padrona, votre voiture est prête, elle vous attend au sous-sol. C’est Giorgio qui va vous escorter ce soir.

À ce nom, Flavia fut prise d’un frisson désagréable. Savoir la présence du garde du corps auprès d’elle lui déplaisait presque davantage que son épouvantable expérience de la soirée. Elle se souvenait des dernières paroles qu’il lui avait adressées, débordant d’une haine féroce, de sa promesse de se venger de l’humiliation qu’elle lui avait infligée malgré elle.

Cette sensation de dégout se renforça encore quand elle pénétra dans la limousine stationnée directement à la sortie de l’ascenseur. Heureusement, la vitre séparative de l’habitacle du chauffeur était relevée, mais en jetant un coup d’œil fatigué sur le décor raffiné de boiseries vernies et de cuir de veau, elle remarqua une petite caméra qui devait reporter tout ce qui se passait là à l’avant.

Pour offrir le moins de vue sur elle, elle choisit la place la plus éloignée de l’objectif, et se retourna contre la banquette pour masquer son visage. Voyant cela, Maddalena crut qu’elle voulait s’endormir un instant et pressant un bouton, elle actionna l’interphone qui la reliait au conducteur.

— Giorgio, pouvez-vous nous mettre la Consolation n°3, s’il vous plait ? demanda-t-elle de la voix posée aux accents élégants que Flavia lui avait déjà entendue auparavant.

Les notes du piano vibrèrent, véhémentes, dans l’air immobile qui les entourait.

En son for intérieur, Flavia était stupéfaite d’entendre une prostituée réclamer un des plus beaux morceaux de son compositeur favori. Comment elle, une putain, pouvait-elle connaître l’œuvre de Liszt ? Cela semblait tellement éloigné de l’univers dans lequel elle gravitait, et des pratiques qui devaient être son quotidien…

Mais elle se gourmanda immédiatement d’avoir méjugé Maddalena de la sorte. Évoquer de tels clichés en ce moment était profondément indigne de la gentillesse qu’avait démontrée cette femme envers elle.

Il restait encore au fond d’elle-même des traces de l’oie blanche bourgeoise, bien que désargentée, qu’elle avait été, songea-t-elle. Au contraire, toute l’éducation classique qu’avait tenté de lui inculquer sa mère pour faire honneur à sa noble lignée faisait pâle figure en comparaison de la grâce et la distinction de sa compagne.

Certaines de ses lectures lui revinrent à l’esprit, les différentes époques de l’histoire avaient vu de semblables hétaïres, comme en Grèce antique, où elles étaient respectées des plus grands philosophes et dominaient les hommes politiques, selon les paroles de Plutarque lui-même.

Elle pensa aux plus célèbres d’entre elles, Aspasie, la compagne légitimée du puissant Périclès, et à la malheureuse Nééra. Peut-être, comme elle, la position de Maddalena oscillait entre l’esclave et la concubine, de toute manière rejetée aux marges de la société pour son activité si singulière. Son addiction laissait deviner des blessures, ou peut-être dissimulait-elle une face sombre à l’instar son illustre prédécesseresse.

Elle s’assoupit sur ces réflexions, bercée par les mouvements amortis de la voiture, oubliant la proximité hostile de Giorgio, et n’ouvrit les yeux à nouveau qu’au son chaleureux de la voix de la belle-de-nuit.

— Nous sommes arrivées, il faut que tu te lèves car je ne peux pas te porter là-haut. Je ne pense pas que ça te plairait d’être assistée de Giorgio pour monter chez moi, susurra-t-elle à son oreille.

À ces mots, Flavia fit un grand effort sur elle-même pour s’extraire de la confortable banquette dans laquelle elle s’était réfugiée. Les tempes lui battaient, et la nausée reprenait progressivement ses droits au fur et à mesure qu’elle s’éloignait de la limousine.

Maddalena se dirigeait vers une façade que l’on devinait charmante malgré la lumière vague que jetait un lampadaire à l’intersection de la place d’Espagne et de la Via Frattina. C’était une haute maison de ville à la façade enduite d’ocre et aux encadrements de porte et de fenêtres ornés de moulures blanches. Des balcons aux ferronneries délicatement ouvragées étalaient de longues jardinières suspendues agrémentées de fleurs luxuriantes, qui donnaient à l’ensemble un aspect simple mais ravissant, typiquement italien.

Toutefois, même si Flavia ne vivait pas à Rome depuis très longtemps, elle savait qu’il s’agissait du quartier le plus prisé de la capitale, et les nombreuses boutiques de luxe qui s’y trouvaient n’y avaient pas élu domicile par hasard.

Après être entrée dans le bâtiment, qui affichait de multiples systèmes de sécurité malgré son apparente banalité, elle salua le concierge d’une main et se dirigea sans sourciller dans les escaliers malgré la hauteur des talons de ses stilettos.

Il était inhabituel qu’un immeuble si petit dispose de son propre gardien, pensa Flavia en passant devant lui. D’ailleurs, il ne correspondait pas du tout aux canons de la fonction, au lieu de ressembler à un affable bonhomme, il arborait une haute stature et un visage patibulaire. Et pourquoi était-il toujours en poste à cette heure tardive ? Était-ce le standing du quartier qui l’exigeait, ou avait-il été missionné par le Boss pour surveiller sa précieuse maîtresse ?

Maddalena gravit avec une facilité déconcertante les quatre étages qui la séparaient de l’imposante porte de noyer de son loft. Alors que Flavia chancelait du haut de ses escarpins, la prostituée semblait survoler les marches, balançant ses voluptueuses hanches en un ballet félin.

Il lui suffit de déposer les doigts sur un discret écran tactile pour que le loquet s’actionne, livrant passage à un couloir revêtu de miroirs qui en étirait indéfiniment la longueur.

L’ayant parcouru, un vaste living s’offrit à leurs yeux, décoré dans un style tout baroque avec force velours et dorures, de grands candélabres coiffés de larges abat-jours l’éclairant d’une lumière tamisée, mais Maddalena ne s’y attarda pas.

Flavia avait l’impression d’avoir traversé les siècles pour revenir aux plus brillantes heures de Venise, quand les courtisanes exhibaient le luxe tiré de leur indécence aux yeux de tous sur un fastueux théâtre où elles régnaient en maître.

La prostituée guida la jeune fille vers une immense chambre meublée en son centre d’un lit à baldaquin aux tentures pourpres et fit un geste pour l’inviter à y prendre place.

— Nous sommes ici chez moi, en sécurité. Tu peux te reposer là jusqu’à demain. Tout le nécessaire se trouve dans cette commode, là, tu y trouveras une chemise de nuit et des dessous propres. La salle de bain est de ce côté, dit-elle en désignant une petite porte blanche, il y a également tout ce dont tu peux avoir besoin pour te rafraîchir. Dors autant que tu veux, nous parlerons sérieusement demain, quand tu auras les idées claires.

Et après avoir adressé un sourire bienveillant à sa compagne, elle sortit.

Restée seule, Flavia dut se retenir pour ne pas la suivre, prise d’une irrépressible envie de se confesser. Tout chez cette femme l’attirait, elle la voyait comme un homme providentiel et sentait le désir de se confier afin de chercher de l’aide auprès d’elle. Pourtant c’était déraisonnable, se morigéna-t-elle, elle était avec l’ennemi, et la trahirait sans aucun doute. Elle imagina Marco en train de la réprimander d’avoir eu une idée aussi folle et une boule se forma dans son ventre.

Se déshabillant brusquement, elle se rua dans la salle de douche pour faire disparaitre dans l’eau brûlante les stigmates de cette atroce soirée. Elle frotta avec frénésie l’antre de ses cuisses pour faire disparaitre jusqu’au souvenir de la semence qui l’avait souillée, et elle en fit de même avec la brosse à dents pour oublier ce goût qu’elle se détestait d’avoir trouvé agréable.

Faisant face au miroir en pied fixé au mur, elle inspecta sa vulve qui l'élançait abominablement, presque plus gênée par cet examen obscène que par la douleur. Dans le feu de l'action, elle l'avait oubliée mais l'emplacement de la brûlure était d'un rouge écarlate dont elle espérait qu'il ne soit pas le signe d'une trop grande gravité. Fouillant dans le meuble sous la vasque de pierre polie, elle découvrit avec soulagement un tube de crème cicatrisante qui l'apaisa temporairement.

Sur cette agréable sensation, elle se glissa dans les draps de satin qui sentaient bon un parfum de jasmin. Le raffinement de Maddalena était visible partout, songea-t-elle avant de s'assoupir.

Demain, toute l’abjection de ce qu’elle avait vécu la rattraperait certainement, redoutait-elle, mais pour l’heure, elle n’avait qu’une envie, s’abîmer dans le sommeil pour réparer ses forces.

Peut-être s'habituait-elle à toutes ces turpitudes, et finissait-elle par suffisamment s'endurcir pour y faire face? Au fond d'elle-même, une petite voix lui répétait, lancinante, qu'elle aurait préféré ne pas s'endurcir et ne pas avoir traversé toutes ces épreuves. C'était le remords de son innocence perdue.

Mais elle ensevelit tout cela, remords et turpitudes, sous l'édredon moiré, et ferma les yeux résolument.

Demain, pourquoi pas, elle essaierait de tirer quelque chose de son hôte.

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