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En fait, durant les mois qui passèrent, je me rendis compte d’une chose.

Tu étais trop public, pour être considéré comme sexué. Et je crois que nous étions peu nombreux, à connaître le vrai toi. Un jour, tes amis d’enfance sont venus passer le WE à la résidence. J’ai prêté ma chambre, vu que je dormais ailleurs. Alors ils m’ont considéré comme proche de toi. Et on a parlé. C’était drôle d’accéder à ta jeunesse et à tes frasques de lycée. Tu étais gêné. Je crois que ce fut la seule fois où je te vis comme ça.

Avec le printemps, les contrôles se succédèrent. Je n’avais pas trop de lacunes, sans trop briller non plus. La prépa intégrée était difficile. Je galérais souvent. C’est à cette époque là, si je me souviens bien, que tu me fis une confidence.

- Tu sais, j’essaierais bien avec un mec…

Je ne répondis pas. Parce que je ne savais pas à quoi je devais réagir. Au fait que tu te confies. Ou au fait que c’était à mon oreille que tu le faisais. Je ne dis rien, et tu passas à autre chose. Ce jour là je n’ai rien suivi du cours de thermodynamique. Toi tu notas tout, un sourire satisfait sur les lèvres.

Plus tard, tu m’as avoué.

- Je l’ai fait.

J’étais la seule personne à qui tu l’avais confié. Tu m’avais fait promettre de ne jamais rien dire. À personne. Je n’en ai jamais parlé. Jamais.

Ça m’avait travaillé. Tu m’avais raconté. Que tu aurais aimé plus de douceur, plus de préliminaires. Mais l’autre, hétéro comme toi, voulait juste essayer. Pas de fioriture. Juste du Sexe. Tu n’avais pas recommencé. Et en étais sorti mitigé.

Pour ma part, je sortais à présent avec un quatrième année, qui ne voyait pas que moi. Nous passions notre temps à nous déchirer, mais le sexe était torride. Génial. Suffisamment pour que je replonge à chaque fois.

Vers Mai, j’avais définitivement rompu, me promettant de ne plus jamais recraquer.

En juin, la pression des exams enfla. J’avais l’impression d’être une cigale, et d’avoir chanté tout l’été. J’avais un planning infernal. Un mois pour réviser toute une année. Et passer en deuxième année. Pas le choix. C’était ça ou l’exclusion. Je n’avais jamais connu l’échec. J’avais un an d’avance. Et je n’imaginais pas décevoir mes parents. Au point où j’en étais avec eux depuis un an…

C’est à ce moment-là, aussi, que j’ai développé des crises d’angoisse. Elles ne me quittèrent pas pendant 4 ans. Je ne dormais pas assez, et mangeais mal. J’étais devenu un zombi.

C’était un de ces dimanches de Juin, à quelques semaines des examens. J’avais passé des heures interminables à bosser, seulement entrecoupées de pause clopes, ou pour prendre des douches de déclochardisation.

J’étais naze, nerveusement à bout. Physiquement épuisé.

J’ai descendu les marches jusqu’à ta chambre, au milieu de l’après midi silencieuse.

Tu écoutais le Velvet Underground en bossant, les volets mi-clos.

Tu n’as pas paru surpris de me voir. Je faisais partie des proches. Des intimes. Tu as posé ton stylo, tes bouquins, et on a discuté. Tu avais ce pouvoir calmant sur moi qui vivais 1000 vies en même temps. Mes yeux se sont fermés.

- T’as qu’à te coucher si tu veux. Je ne ferai pas de bruit.

Je me suis couché dans tes draps, au ras du sol, pendant que tu continuais à bosser.

Ça avait une odeur rassurante. Familière. Douce. La tienne. Je ne sais pas au bout de combien de temps tu as soulevé la couette.

- Je peux ?

J’ai hoché la tête, pas bien réveillé. Et je me suis poussé. Tes épaules de sportif se sont étalées sur ce lit étroit. On a échangé 2 mots, et épuisé toi aussi, tu m’as rejoint dans un profond sommeil.

***

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